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La danseuse nue Une danseuse nue Femme nue avec une boule dans la main L'orante L'implorante Homme barbu nu, courant L'équilibriste Gaulois habillé L'orateur Hommme nu
LE TRESOR DE NEUVY-EN-SULLIAS

Les figurines gauloises


Alliage cuivreux, coulé, fonte pleine. H : 204 mm ; l : 10 mm
 Ier siècle av. J.-C. - Ier siècle ap. J.-C.

Le jongleur ou "Le Grand danseur" MHAO. inv. A.6290

     Il est nu, court ou danse, la chevelure est courte et taillée en bourrelet derrière la tête, la moustache est forte, la barbe en collier bien taillée. Les yeux sont en amande, le nez est droit et court. Les jambes sont fines et se rétrécissent vers les pieds, la musculature est bien rendue, les côtes sont bien marquées. Le sexe est représenté, le nombril est rond et creux.

     Ses avant-bras sont portés en avant, ils s'amenuisent et se terminent par des mains très petites qui tenaient un objet maintenant perdu (un cerceau, une corde?).

     Une trace de limage, au sommet de la tête, laisse à penser qu'il portait une coiffure ou une peau de bête fixée par un tenon.
     Sa cuisse droite porte l'estampille du fondeur :
SCOTO ou SCUTO ou SOVTO qui doit être un artiste de renom comme le confirme la qualité de cette sculpture. Tout le corps est en, mouvement : la tête inclinée à droite et qui regarde vers le haut, les bras, les jambes, tout bouge.

     La colonne vertébrale est représentée par un sillon tout le long du dos.

 


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Texte remanié en 2008

Ce que nous apprend l'étude scientifique (2003-2006)

     La signature du bronzier qui a réalisé la coulée du métal se trouve sur la cuisse droite et est bien visible. Toutefois, la lecture de l'estampille n'est pas facile, SOLITO apparaît comme la graphie la plus probable et c'est sans doute l'abrègement du nom complet "Solitumaros". Ce mot peut être pris comme un nom propre ou un nom de divinité : c'est le surnom gaulois de Mercure, dieu du commerce et protecteur des voyageurs. Le nom confirme donc bien la provenance gauloise de l'oeuvre mais malheureusement il n'apparaît sur aucun des autres objets qui ne sont pas estampillés et la localisation du fondeur, donc la provenance de l'objet, est impossible aujourd'hui.

Mémoire sur les BRONZES ANTIQUES de Neuvy-en-Sullias (P. Mantellier) - 1865

5. (Pl. VIII.} Homme debout (haut. 200 millim.), complètement nu, chevelure abondante, lisse sur la tête, ramassée en bourrelet circulaire a sa base, le col dégagé, moustache et barbe en collier.
    Ce personnage court, ou plutôt danse; ses deux bras sont portés en avant. Ses deux mains renversées et à demi-fermées tenaient un objet qui a disparu et qui devait être un cerceau ou une corde. J'ai été amené à le reconnaître en faisant passer un fil de fer dans l'une des deux mains, puis dans l'autre, ce fil de fer a pris entre les deux mains une courbure dont la prolongation m'a donné un cercle. C'est un jongleur, un gymnaste se livrant à des exercices d'agilité.
    Grivaud de la Vincelle a publié une statuette du cabinet Denon, bronze trouvé dans les environs d'Autun, qui représente un faune dans la même position, courant ou dansant, les bras en avant, les mains à demi-fermées. Entre les deux monuments, l'analogie est complète. Grivaud de la Vincelle a pensé, lui aussi, qu'une telle attitude indique une danse gymnastique, un exercice se rapprochant du jeu qu'on appelle de nos jours sauter à la corde ; et en reproduisant cette figurine, il a placé dans chaque main l'extrémité d'une corde dont la courbure elliptique encadre sa tête (1).

 (1) Rec. d'antiq; t. II, p. 208, pl. XXIIO, 1 et 2.

    Sur la cuisse droite de la figurine de Neuvy existe une inscription frappée à l'estampille ; de l'autre côté de la cuisse, au point opposé, on remarque une dépression produite par le contre-coup de la frappe.
     Les lettres de celte inscription sont confuses ; sa lecture est difficile. J'ai lu à grande peine Sovto, Scvto, Scoto, et dans ce mot j'incline à voir le nom du modeleur de la statuette, le sigle F (fecit) demeurant sous-entendu. Les marques de potier des vases à couverte rouge qu'on trouve dans l'Orléanais et le Bourbonnais fournissent un grand nombre de noms se terminant en o (2), et parmi ces noms se rencontre celui de  Scoto (3).
 
(2) Borillio f., Crururo f., Malluro f., Paulo f., Sevvo /ce., Serio /". TUDOT, Collecl. de figurines en argile, p. (67, 71.) Sevvo fec. (BOISSIEU, Inscript. ant  de Lyon, p. 442, n° 129.)
(3) TUDOT, p. 72. — Scotus sur un vase du musée de Lyon. (DE BOISSIEU, Inscript, ant., p. 442, n° 125.) Les listes données dans ces deux ouvrages contiennent un nombre beaucoup plus considérable de noms en o ; je me suis contenté de citer ceux qui sont suivis du sigle f. ou fec.

 Sans vouloir tirer de ce rapprochement une conséquence forcée, et en induire que le potier Scoto et le modeleur de la statuette de bronze, Scoto ou Scuto, si ma lecture est bonne, ont été nécessairement un même personnage, je ne peux cependant me détendre de considérer que l'art du céramiste et l'art du statuaire en métaux ont entre eux de grandes affinités ; que si l'épreuve du vase modelé s'obtient par le moulage et la cuisson de la terre, l'épreuve de la figurine de bronze par la fusion du métal, toutes les deux, malgré cette différence dans leur mise à exécution  industrielle restent de même origine artistique ; que l'une et l'autre elles  proviennent primitivement d'un travail plastique semblable, el que rien n'empêche d’admettre qu'elles sont sorties  d'une même main, tout au moins d'une même famille,  lorsqu'elles portent des signatures à peu  prés identiques.
    Dans l'antiquité, de même qu'aujourd'hui, les artistes étaient en possession du droit d'inscrire leur nom sur leurs œuvres, droit qui fut à de certaines époques subordonné à des règlements restrictifs, sans être jamais anéanti. Dans la mesure que les usages ou les lois  autorisaient, il a été exercé de tout temps ; les monuments de la Grèce et de l'Italie l'attestent (2). Les monuments de la Gaule l'attestent à leur tour.

 (2) LETRONNE,  Explication d'une inscription grecque trouvée dans l'intérieur d'une statue de bronze, p. 47. — DE WITTE, Notice sur deux vases peints, Bull. de la Soc. des Antiq. de France, 1863, p. 156

   En 1859, M. Tudot, conservateur du musée de Moulins, a publié une série considérable de moules et de figurines en argile qui avaient été trouvés dans département de l'Allier quelques années auparavant (1). Sur plusieurs de ces figurines, on lit les noms du modeleur ou du mouleur. Je signale les noms de Lubricus sur le dos d'un singe ; de Grecus sur le dos d'un homme vêtu d'un sagum, sur la bordure du sagum d'une autre figurine d'homme (2) ; de Pestika sur le dos d'une figurine de divinité, sur le socle d'une figurine de déesse dite Mérée (3) ; de Pistillus sur le dos d'un buste de femme, sur le socle de plusieurs figurines de déesses Mérées (4) ; d'Ioppios entre les plis du voile qu'une Vénus tient négligemment d'une main et laisse traîner à terre après s'en être dépouillée; d’Iopillo, dans le moule d’une Vénus de type semblable (5).

(1)Une mort prématurée a enlevé M. Tudot peu après l'apparition de son livre, sans lui laisser le temps de prendre parmi les antiquaires le rang que celle publication lui assignait.
(2) P. 64, pl. LXII, LXIII.
(3) P. 64, pL. X, XXXIII.
(4) P. 64 . pl X. Le même nom se rencontre sur le socle d'une figurine de déesse Mérée, publiée par Montfaucon. Suppl., V, p. 142, pl. LXXI.
(5) P. 64, pl. XXI

    Dans le bassin de la Loire, il était donc d'usage, parmi les statuaires en argile, de signer quelquefois son œuvre. La figurine du gymnaste au cerceau de Neuvy nous montre que cet usage fut également suivi par les statuaires en bronze.

    Le mode de procéder, toutefois, n'a pas été le même pour la signature des figurines d'argile et pour la signature de la figurine de bronze que je rapproche en ce moment.

    Sur les figurines d'argile, les inscriptions se présentent avec deux formes : les unes sont des graphiti, de véritables signatures tracées à la pointe sur l'épreuve humide sortant du moule ; les autres  sont des noms en lettres capitales modelées en relief ou gravées en creux dans le moule, reproduites sur l'épreuve en sens inverse par l'effet du moulage.

   Sur la figurine de bronze de Neuvy, le nom du modeleur a été imprimé à l'estampille.

   L'estampille était le mode de signature ou de marque employé par les fabricants de poterie, particulièrement par les fabricants de vases à couverte rouge qu'on trouve en si grande abondance dans le centre de la France ; il n'y avait pas eu jusqu'ici, je crois, un seul exemple de l'emploi de ce procédé pour la signature des œuvres de ronde bosse.

   C'est à la base des statues que le nom de l'artiste est le plus ordinairement inscrit (1). Si parfois on le rencontre sur le nu ou sur le vêtement (2), la place qu'il y occupe est néanmoins une place secondaire, modeste; il faut que l'œil le cherche. Les exemples en sens contraire sont rares. On pourrait citer une figurine d'Apollon, du collège romain, sur lequel le nom du statuaire est gravé au milieu de la poitrine ; un buste de Méduse, où il est gravé sur le col (3).

(1) F. LENORMANT, la Minerve du Parthénon, p. 9.
(2) LETRONNE, loc. cil.
(3) RITSCHELL Prisce latinitatis monum. epigraphica, pl. 1,I. c. — Une statuette d'Apollon du Muséum Elruscum, et une figurine du musée de Leyde;, publiées par C. O. MULLER (Monum. de l'art antiq., pl. LVIII, n°s 290 et 291), présentent l'une et l'autre une inscription gravée sur la cuisse ; mais ces inscriptions contiennent des dédicaces et non des signatures.

Sur les figurines d'argile publiées par M. Tudot, les noms modelés ou gravés, en caractères très-gros, sont placés sur le dos, sur le côté, à la face postérieure du socle, jamais en avant. Sur la figurine de bronze de Neuvy, il en est différemment : le nom du statuaire, inscrit en l'une des parties les plus apparentes, au plein de la cuisse, s'offre au premier regard. Mais il suffit d'un instant de réflexion pour reconnaître que c'est par nécessité et non par esprit d'ostentation que l'artiste a placé son nom en une telle évidence. Pour l'imprimer, il se servait d'une estampille ; or, on ne peut imprimer à l'estampille sur le métal froid qu'à l'aide du marteau et de l'enclume. Il en résulte une double empreinte, l'empreinte de l'estampille sur une face, l'empreinte de l'enclume sur la face correspondante. L'estampille, en outre, ne doit être appliquée que sur une partie assez épaisse, assez consistante pour soutenir le choc de la frappe.. Dans une statuette, il n'y a que le tronc ou la partie charnue des membres qui puissent offrir une surface et une résistance suffisantes. Mieux valait frapper à la cuisse qu'à la poitrine, et mieux valait imprimer sur le devant de la cuisse l'empreinte de l'estampille que l'empreinte de l'enclume, qui dégrade davantage.

LE TRESOR DE NEUVY-EN-SULLIAS

Les figurines gauloises


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