Quelques idées reçues sur les Gaulois

     Tous les Gaulois portaient des moustaches et de longs cheveux nattés ou flottants :
En réalité, les Gaulois ne portaient pas en majorité la moustache, ils préféraient les cheveux courts, en brosse raide, fixée à l'aide d'un gel à base de farine.

     Les Gaulois vivaient dans des huttes rondes, étaient indisciplinés batailleurs, ripailleurs, buveurs, ne savaient faire que la guerre.
Toutes ces affirmations restent à prouver, mais il est vrai que les Gaulois apprécient le vin que les Romains leur ont fait découvrir. Toutefois, leur bière, la célèbre cervoise, à base d'orge et de blé, continuera à être consommée jusqu'au Moyen âge.

     Les Gaulois ne savaient pas écrire :
C'est en partie faux.
Voir la page sur l'écriture.
Voir Argentomagus.

     Le coq gaulois :
Le coq n'a jamais été l'emblème des Gaulois. Ce symbole est né au XIIème siècle quand Anglais et Allemands récupérèrent un antique jeu de mots pour se moquer des rois de France. En latin, "Gallus" signifie à la fois coq et gaulois. Ainsi on compare Philippe Auguste, roi de France, à une volaille qui gesticule. Mais les rois de France utiliseront à leur profit cette comparaison peu flatteuse en exaltant les vertus chrétiennes de ce volatile. A la révolution française, le coq devient un emblème de la République.

     Vercingétorix, l'incarnation de l'unité nationale :
Au XIXème siècle, toute la France se passionne pour les Gaulois, Napoléon III fait placer sur le site d'Alésia une statue de Vercingétorix avec de belles moustaches. En même temps, tableaux (ex : "Vercingétorix jette ses armes au pied de César" par Lionel Royer en 1899), opéras, sculptures, littérature prennent pour thème Vercingétorix, le héros qui incarne l'unité nationale, sans se soucier de la vraisemblance historique. La défaite de 1870 est comparée par certains comme une nouvelle "Alésia".
En 1875, Henri Martin publie "Histoire populaire de la France " qui fixe les grands mythes gaulois repris dans les écoles de la IIIème République (il s'inspire, pour la Gaule de l'oeuvre d'Amédée Thierry qui fait de Vercingétorix un héros romantique)
"Il y avait en eux (les Gaulois) beaucoup de choses diverses et contraires. Ils étaient enthousiastes et moqueurs, mobiles en apparence, obstinés au fond, sociables et querelleurs, faciles à vivre et intraitables sur le point d'honneur, généreux et envahissants, cruels à la guerre et sensibles aux plaintes des malheureux, et toujours prêts à secourir le faible contre le fort; éloquents dans les assemblées, ils aimaient les combats de la parole comme les combats de l'épée, et ils n'avaient aucune peur de la mort. [...] Les chefs se paraient de colliers et de bracelets de bronze, ou même simplement d'os ou de bois. Ils combattaient, leurs cheveux flottant au vent, et nus jusqu'à la ceinture, pour montrer leur mépris des blessures et de la mort".
Dans le "Tour de France par deux enfants ", en 1877, César est peint sous les traits de Bismarck (l'Empire allemand est associé à l'Empire romain) et Vercingétorix comme le sacrifié qui résiste à l'occupant cruel. Mais pour certains, ce sacrifice personnel est expiatoire, il permet à la nation de renaître (la Gaule accède à un degré de civilisation plus élevé avec la romanisation). En 1900, Camille Julian, le grand historien de la Gaule, consacre un livre à Vercingétorix, il voit lui aussi un héros qui se sacrifie pour son idéal : la patrie gauloise.
La première guerre mondiale renforça encore l'idée de "Vercingétorix patriote": de nombreux monuments aux morts reprendront l'effigie de l'Arverne.
Mais cette image de Vercingétorix commence à être mise en doute. Le premier à la contester est l'historien Michel Rambaud. Pour lui, Vercingétorix n'est qu'un médiocre qui ne doit son prestige qu'à César qui l'aurait glorifié pour masquer l'ampleur de la résistance gauloise. Jacques Harmand propose une autre thèse : les échecs de Vercingétorix ne peuvent s'expliquer que par une complicité secrète avec César qui aurait conduit au désastre d'Alésia.
En fait, les sources historiques sur Vercingétorix manquent, la principale source est César, mais peut-on faire confiance à César?
Il reste que le Vercingétorix incarnant un "nationalisme gaulois" peut être mis sérieusement mis en doute.

    Astérix :
Le personnage Astérix reprend les qualités et défauts attribués aux Gaulois : guerrier valeureux, courageux, intelligent, rusé, mais aussi colérique.
Obélix fabrique des menhirs sous l'occupation romaine alors qu'ils ont été érigés entre 6000 et 2000 av JC. Mais cet anachronisme dénoncé fréquemment n'en est peut-être pas un vraiment (
Voir l'histoire des Celtes).
La chasse aux sangliers, puis le repas pantagruélique (le thème des Gaulois gros mangeurs et grands buveurs) de sangliers ne sont pas fondés. Les Gaulois ne mangeaient pas de sanglier, ils n'étaient pas des chasseurs mais ils étaient surtout des agriculteurs et des éleveurs. Ils mangeaient des porcs qu'ils élevaient en semi-liberté, des moutons, du boeuf, des chèvres et du chien (ils élevaient une race spéciale de chiens destinée à la nourriture). En fait, la nourriture carnée était surtout réservée à l'aristocratie. En revanche, les Gaulois pêchaient et mangeaient du poisson.
Les druides : Panoramix, avec sa
serpe d'or, coupant le gui sacré. A ce jour, aucune serpe d'or n'a été retrouvée. Voir la page sur les druides.
Abraracourcix se faisant hisser sur un pavois est également anachronique; cette coutume date des Francs qui se faisaient porter pour leur accession au pouvoir.

     Les sacrifices humains :
Les Gaulois étaient cruels, ils pratiquaient des sacrifices humains.
Cette affirmation est à nuancer nettement, surtout après les derniers apports de la recherche.
Voir la page sur les sacrifices humains.

Le guerrier celte sur son grand cheval :
Le guerrier celte ne possédait pas le grand cheval méditerranéen mais une sorte de poney (1 m 30 au garrot).

 Page réalisée principalement à l'aide de :
- la revue "L'Histoire" N° 176
-
"Nos ancêtre les Gaulois" Renée Grimaud
- "spécial Celtes" Sciences et Avenir (04/2002)