Les G A U L O I S - 14 pages L'histoire des Celtes La religion des Gaulois La religion gallo-romaine La mythologie
L'art celte L'art gallo-romain La femme gauloise Les langues celtes Sacrifices humains
 La religion des Gaulois

Plan de la page :

Les divinités des Gaulois (sur le continent)
Les divinités des Celtes insulaires (des îles)
Les animaux sacrés
Les plantes sacrées
L'au-delà
Le calendrier celtique
Les lieux de culte
Les druides                  Résumé de la page

     Les Gaulois étaient polythéistes, ils adoraient de nombreuses divinités qui étaient, à l'origine, des dieux de la végétation, de la guerre et en même temps des divinités tutélaires (protectrices). En vertu de cette triple fonction, les divinités étaient souvent représentées soit avec trois visages ou trois têtes différentes, soit sous l'apparence de trois personnes identiques.
Les dieux locaux étant également innombrables, il est difficile de faire la liste de tous les dieux. Ceux-ci se mélangeaient aux vivants de la terre, il y avait des échanges permanents entre les êtres imaginaires et les hommes.


Le dieu de Bouray

Hauteur 42 cm
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Le dieu de Bouray (Bouray-sur-Juine, Essonne), laiton, Ier siècle ap JC, retiré de la Juine. Musée de St Germain-en-Laye.
Le torque autour du cou désigne ce personnage comme un dieu ou un héros celte. Il est assis en tailleur (les jambes se terminent en sabots de cerf), dans une position fréquente chez les Gaulois (Cernunnos est presque toujours représenté assis de cette manière). La tête avec sa chevelure en mèches, à la gauloise, est en bronze coulé. L'œil qui demeure est en émail. Le corps, fait de deux coques soudées, est en bronze chaudronné (comme les sangliers de Neuvy-en-Sullias). Cette œuvre est un témoignage de l'habileté des artisans gaulois.
Le corps du dieu a été très hardiment stylisé, dans un mépris total des proportions d’ensemble et du détail des modelés anatomiques. Ce n’est pas autre chose qu’un support qui se substitue au tronc ou «xoanon» primitif. Mais la tête est admirablement traitée, à la fois juste d’allure et de proportions, belle dans son expression figée, grave, hautaine. Toutes les ressources de l’art du bronzier-orfèvre ont été utilisées pour rendre les cheveux, les sourcils et même les cils, qui sont évoqués par des striures parallèles sur le bord des paupières et l’art de l’émailleur a été mis à contribution pour rendre vivant le regard. Cliquer sur la photo pour l'agrandir.
     Les dieux que l'on retrouve le plus souvent, sont issus de la nature : forces cosmique (le dieu du tonnerre est omniprésent), fleuves, animaux, montagnes..., des monstres : serpent à tête de bélier, dieu aux bois de cerf, dieux à trois visages, des petits génies..., des déesses collectives : les Mères qui annoncent les fées.


H: 25.8 cm
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Le dieu* EUFFIGNEIX (Haute-Marne, calcaire fin, Ier siècle av ou ap JC, musée de St Germain-en-Laye)
Le dieu porte de nombreux symboles celtiques : un torque autour du cou, un sanglier hérissé sculpté (qui ressemble beaucoup à celui de
Neuvy-en-Sullias) sur le torse avec un œil prophylactique (qui protège) sur le côté. Sa coiffure est également gauloise : de longues mèches retenues en arrière. Cette sculpture sur une pierre calcaire est encore très proche de la sculpture sur bois, elle évoque la forme d'un tronc d'arbre, comme pour le dieu de Bouray. Cliquer sur la photo pour l'agrandir.
 * Il est difficile de savoir si cette représentation est celle d’un dieu, d’un ancêtre honoré par un culte funéraire, ou encore d’un héros divinisé de la tribu. Voir une sculpture de Yann Le Rousic alias Luernos qui s'inspire de cette statue.

  Les divinités des Gaulois (sur le continent)

- TARANIS : c'était la divinité principale, le dieu du tonnerre (taran) et des forces cosmiques (symbolismes : la roue et le foudre), il sera assimilé à Jupiter.


Détail du chaudron de Gundestrup : Taranis avec la roue, symbole de l'univers céleste. (musée de Copenhague).

 

Taranis
 

Statue de Taranis (Ier s av JC, musée de St Germain-en-Laye)
Il est nu, barbu, avec les attributs gaulois : il tient de la main droite le foudre et s'appuie de la main gauche sur la roue solaire. Il porte en bandoulière une spirale symbolisant la foudre.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.

Voir : La réminiscence de Taranis et l’anguipède dans un conte périgourdin : sur la piste du dieu tonnant gaulois ? Auteur : Michaël Tonon

- CERNUNNOS : dieu au crâne de cerf ("dieu au bois de cervidé"), c'était un dieu de la fécondité terrienne, du renouveau des forces de la nature, on le représentait assis en tailleur, la tête couverte d'une double ramure de cervidé, comme sur le chaudron cultuel d'argent de Gundestrup trouvé en 1891 au Jutland (Danemark) et conservé au musée de Copenhague. Il est souvent accompagné d'un serpent à tête de bélier et parfois d'un taureau, symbole de la reproduction. Voir aussi ici


Cernunnos

 Voir la page sur le chaudron de Gundestrup

- TEUTATES  ("tribu") : il était avec Esus et Taranis l'un des dieux sanguinaires de la Gaule (sacrifice des humains par noyade?). Les Romains l'identifièrent au dieu Mars. Il revêt autant de formes qu'il existe de groupes humains, on en a dénombré environ quatre cents, dont un grand nombre d'avatars féminins. Teutates a pu être simplement un nom de chef ou héros divinisé dans la tribu, ce qui expliquerait qu'on le trouve partout sous des noms et formes différents. Il est le protecteur de la tribu et symbolise le serment donné. A droite (détail du chaudron de Gundestrup), avant de partir au combat, les Celtes offrent un sacrifices humains au dieu Teutates. 
Voir la page :
Les sacrifices humains ont-ils existé chez les Gaulois ?

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- LUGUS ou LUG : le maître des techniques ("le polytechnicien"), son nom est généralement associé au mot "dun" (lieu fortifié, enclos). On le retrouve dans de nombreuses localités celtiques : Lugdunum (la citadelle de Lug : Lyon), Londres, Laon, Loudun... Lug est le dieu suprême du panthéon celte, il transcende toutes les fonctions des autres dieux, il sera assimilé soit à Mercure, soit à Apollon. Dispensateur de richesses, on le trouve souvent accompagné d'un corbeau, il dirige aussi les arts et préside aux combats.
- SUCELLUS : le dieu au maillet "le dieu frappeur". On ne trouve cette divinité qu'en Gaule. C'était le dieu Voir : La réminiscence de Taranis et l’anguipède dans un conte périgourdin : sur la piste du dieu tonnant gaulois ? Auteur : Michaël Tonon de la fécondité et en même temps des enfers (la mort étant nécessaire à toute renaissance). Il est toujours représenté sous l'aspect d'un homme d'âge mûr, barbu, tenant dans une main un maillet qui évoque le monde des morts et de l'autre un vase nommé "olla", symbole de fertilité, il porte souvent le costume gaulois orné de symboles astraux et est accompagné d'un chien. Sucellus est appelé Silvanus en Narbonnaise. Voir la statue de Sucellus du musée de St-Roman-en-Gal

- BELANOS :  ("brillant") dieu de la lumière et guérisseur qui s'apparente à l'Apollon gréco-romain.
-
EPONA : (dérivé du mot gaulois "epos" : le cheval et du suffixe "ona" indiquant le caractère divin), c'était la déesse des Equidés (chevaux) ainsi que de ceux qui les montaient ou les soignaient.

Sa caractéristique est de n’avoir jamais été assimilée à une divinité romaine et son culte a perduré pendant la plus grande partie de l’époque gallo-romaine. Les soldats romains l'ont même introduite en Italie. Il s’agissait d’une déesse très populaire, à en juger d’après le nombre important de figurations qu’on en connaît, en particulier des figurines en terre cuite de l’Allier, dont on sait qu’elles étaient particulièrement répandues dans toute la Gaule. Les représentations de la déesse sont diverses : tantôt une jument allaitant son poulain, tantôt une écuyère assise en amazone sur une jument ou parfois couchée, plus exceptionnellement debout près de la jument. Les auteurs latins voyaient dans Épona la protectrice des chevaux, des écuries et des voyageurs. De nos jours, une tendance en fait également une divinité protectrice du foyer, une divinité nourricière dans la mesure où la jument allaite souvent un poulain. Pour d’autres, elle évoque bien plus le voyage de l’âme vers l’au-delà (ce qui explique sa présence dans certaines tombes) et remplit une fonction de protection vis-à-vis des mortels. Epona est, sans aucun doute, une déesse aux multiples fonctions. En savoir plus sur Epona.


Epona sur son cheval III° ap JC, Champoulet - Loiret.
(musée de St Germain-en-Laye)


Epona sur son cheval
Provenance : Gaule romaine
(musée de St Germain-en-Laye)
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- OGMIOS ou OGMA ou OGME : savant en magie, il invente un système de signes écrits (l'ogham) qui peuvent paralyser.
-
ESUS ("bon") : dieu des bateliers de Lutèce, il est représenté sous les traits d'un homme barbu, habillé d'un vêtement court, ou d'un bûcheron en train d'abattre un arbre avec une hache (dieu associé à la nature). Il est accompagné d'un taureau et de trois grues, les textes le décrivent comme un dieu sanguinaire.
-
ROSMERTA : divinité inférieure associée à Mercure (sa parèdre), lui-même représentant le dieu LUG. Son équivalent masculin était SINERTRIOS, assimilé à Hercule ou à Mars.
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ROSMERTA  et MERCURE, ex-voto.
Provenance Champoulet - Loiret.
(musée de St Germain-en-Laye)
 
ESUS en train d'abatte un arbre
Pilier des Nautes découvert à Paris, sous le parvis de Notre-Dame (musée de Cluny)
Calcaire, début Ier s ap JC

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- MABON, le dieu Soleil, personnifie l'année nouvelle qui commence à l'équinoxe de printemps.
-
DISPATER : le père de la nation gauloise, la divinité de la Mort qui, un jour, fera périr le monde par l'eau et le feu. Il pourrait aussi s'agir de Sucellus.
-
LES DIVINITES FEMININES : elles étaient vénérées le long des fleuves et étaient généralement groupées par trois, on les représentait avec une corne d'abondance et portant des fruits. A l'origine on les considérait comme des divinités-mères et comme des déesses de la végétation. MATRONA était la déesse-mère de la rivière Marne.
 
Les déesses-mères
 (St Germain-en-Laye)

Assises dans un fauteuil d'osier, allaitant un ou deux enfants, Les déesses-mères de ce type ne se trouvent qu'en Gaule. Elles rappellent la fertilité dans le foyer. On a ici l'exemple d'une fusion caractéristique de la Gaule romaine : divinité indigène, technique romaine. Ces statuettes sont toujours en terre cuite moulée, technique bien adaptée à une vaste production, pour une déesse qui intéressait chaque famille.
Voir le savoir plus sur les déesses-mères.


Les divinités des Celtes insulaires (des îles) :

-
DANA : déesse irlandaise de la Terre et de la Fertilité.
-
DAGDA ou DAGDE ("le dieu bon") : dieu de la Science et des Druides, des Partages et des Traités. On l'appelait parfois EOCHU OLLATHIR (Eochu père puissant). Sa massue possédait deux extrémités, l'une pouvant tuer, l'autre pouvant ressusciter. Il était aussi le dispensateur de l'abondance, il nourrissait avec son chaudron et disposait d'arbres chargés de fruits.
-
BRIGIT : la fille de EOCHU OLLATHIR (ou Dagda) était la triple protectrice des poètes, des médecins et des forgerons. Elle était aussi gardienne du feu purificateur. Elle était connue sous le nom de BRIGANTIA sur le continent et a été assimilée à Minerve. L'un de ses surnoms est BELISAMA "la très brillante". La tradition chrétienne gaélique a perpétué son souvenir par Ste Brigitte et Ste BRIDE, la sage-femme de la Vierge.
-
GOIBNIU : le forgeron divin des Irlandais, son équivalent gallois était GOFANNON. Il sera assimilé à Minerve.
 

Les animaux sacrés :

- Le cheval : les Celtes avaient une grande admiration pour le cheval, ils l'associaient à certaines divinités (voir le trésor de Neuvy-en-Sullias) et l'ont fréquemment représenté sur leurs monnaies et leurs parures en métal.

 

- L'ours : les Celtes honoraient une déesse Artio, maîtresse du gibier, dont l'ours était l'attribut. Son nom dérivait d'un radical commun à toutes les langues celtiques : art (d'où le roi Arthur qui renvoie à la figure de l'ours). L'ours, le cheval et le taureau sont liés à la fonction royale. Selon la tripartition indo-européenne, l'ours et le sanglier forment un couple opposé, l'ours est l'emblème du roi et de la classe guerrière, tandis que le sanglier est celui de la classe sacerdotale (druid).
-
Le sanglier : symbole de la force et du courage. Animal plein de sagesse, il symbolisait aussi la Connaissance et on voit parfois des druides être appelés "sangliers". On plaçait dans la tombe des défunts un morceau de viande de sanglier pour leur donner la force nécessaire pour entreprendre leur voyage dans l'au-delà. Voir les sangliers de Neuvy-en-Sullias.
-
Le taureau : souvent représenté avec 3 têtes. Le taureau est le symbole de la souveraineté féminine, celle de la reine et s'oppose ainsi au cheval qui représente la fonction royale masculine. Ainsi, l'épopée irlandaise de "la rafle des boeufs de Cualgne" relate la rivalité de la reine Medb et de son époux Ailill, qui se disputent la possession d'un magnifique taureau sacré, le Beau Cornu d'Aé.


Le taureau
tricornu

Les Gaulois affectionnaient le chiffre trois, tels (à gauche) le taureau Tricornu (trois cornes) de Plassac (bronze gaulois, Gironde) et le "taureau aux trois grues" (à droite) qui figure sur le pilier des Nautes découvert à Paris, sous le parvis de Notre-Dame. Citons encore le taureau à trois têtes d'Auxonne (Côte-d'Or), le taureau de Champoulet et celui d'Avrigney.
Voir le taureau de Champoulet    Voir le taureau
d'Avrigney (Haute-Saône).


Les 3 grues

- La corneille : en Irlande, elle est le visage de la terrible Morrigane ("la grande reine"), épouse du dieu Dagda, sous son aspect de guerrière impitoyable.
-
Le cerf : il est la bête à cornes des fées, le messager entre le monde des dieux et des hommes.
-
Le corbeau : l'oiseau de la prophétie et de la guerre.
-
Les monstres marins.
Tous ces dieux sont adorés sous la forme d'idoles de bois, aujourd'hui disparues ; mais quelques représentations nous en sont parvenues par l'intermédiaire d'ex-voto de métal, de plaques votives ou de figurations romaines.

Les plantes sacrées :

-
Le chêne et le gui (Les Druides en faisaient des décoctions contre la stérilité des animaux et il faisait office de contrepoison).
Symbole de la religion druidique, le chêne joue un rôle doublement important. Taranis, le dieu du Tonnerre, y fait naître le gui que le druide, armé d'une faucille d'or, coupe. Par ailleurs, la mort et la renaissance annuelle de ses feuilles, est l'image de l'immortalité de l'âme.
-
L'if : symbole d'immortalité, les Celtes enduisaient l'extrémité de leur lance d'une substance paralysante contenue dans la graine de l'if.

L'au-delà :

Les Celtes croyaient en l'immortalité de l'âme
1 :
l'homme, à sa mort, part en direction de l'ouest, comme le soleil couchant, et s'installe sur des îles sacrées, où il attend que vienne l'heure de renaître dans un autre corps. Ils concevaient l'au-delà comme un monde sans mort et sans hiver. Les Irlandais pensaient que les âmes des morts étaient emmenées dans le sid ("paix") par une déesse messagère, la bansid, prenant l'apparence d'un cygne.
1
"La croyance en l’immortalité de l’âme est dans toutes les doctrines celtiques, mais, contrairement à une interprétation erronée, elle ne s’accompagne pas de la croyance à la métempsycose et à la réincarnation. On a le plus souvent confondu la réincarnation et la métamorphose (les dieux changent facilement de forme et ils ont des symboles zoomorphes : ours, corbeau, sanglier, cygne, etc.), la métamorphose et la théorie métaphysique des états multiples de l’être. La mythologie irlandaise ne connaît en fait que deux personnages ayant été sujets à des métamorphoses animales : Tuan mac Cairill («fils de Cairell») et Fintan (Vindoseno-s , «Blanc-Ancien»); ces deux druides primordiaux ont vécu plusieurs millénaires, depuis le Déluge jusqu’à saint Patrick et ses successeurs immédiats, à qui ils devaient transmettre tout le dépôt du savoir traditionnel de l’Irlande". (source : "Encyclopédie Universalis").

Le calendrier celtique, les fêtes :

Le calendrier celtique avait adapté
l'année lunaire au cycle solaire avec deux saisons (hiver et été) et quatre fêtes saisonnières principales :
- le 1er février :
l'imbole. Il comportait des lustrations : fête au cours de laquelle on procédait à la purification d'une personne ou d'un lieu à l'aide d'eau lustrale, de sacrifices ou de processions, c'
est la fête du feu, celle des druides, qui allumaient de grands bûchers.

- le 1er mai : le Beltene. Fête de la transhumance du bétail vers des pâturages estivaux.
- le 1er août : le
Lugnasad ("assemblée de Lug"). Fête de remerciement pour les récoltes.

C'est la fête du roi en tant que garant de l’abondance et de la prospérité. Fête des fruits et des récoltes, elle marque le commencement de l’automne et elle est l’occasion de réunions de toutes sortes, juridiques, administratives, ainsi que de jeux, de concours littéraires, de courses de chevaux, de compétitions sportives. Elle a beaucoup marqué le folklore irlandais. Son équivalent gaulois, le concilium Galliarum  («assemblée des Gaules»), se tenait à Lyon à la même date et a été tout de suite annexé au culte impérial d’Auguste.

- le 1er novembre : le Samain 2 ("récapitulation" ou "réunion", Samain ou Samhuin signifie en irlandais "affaiblissement" ou "fin de l'été"). Cette fête marquait la fin d’une année et le début de la suivante : la fin de la saison claire et le début de la saison sombre, le soleil était alors remercié pour la moisson qui permettrait d'affronter l'hiver et les troupeaux rentraient à l'étable. C'était la date de nombreux événements mythiques, par exemple le moment où avait lieu le meurtre rituel et symbolique du roi et son remplacement. Le 1er novembre n’appartenait en fait ni à l’année qui commence, ni à celle qui se termine, située ainsi en dehors du temps, elle était le moment des relations entre les hommes et les dieux de l'Autre Monde 3. Ce temps permettait la communication avec l'au-delà : le dieu de la mort rassemblait les âmes de ceux qui étaient morts durant l'année afin de leur révéler leur sort et les esprits pouvaient visiter leurs parents vivants, ces derniers pouvant également s'engager dans le domaine des dieux, des héros et des défunts. Cette première nuit de l'année rassemblait toute la société en une grande fête, on y pratiquai tout un cérémonial pour s'assurer une bonne année à venir : le feu était éteint dans chaque foyer et les druides faisaient de même pour le feu sacré de l'autel. Ils procédaient ensuite à l'allumage du nouveau feu en frottant des branches sèches du chêne sacré. Ce nouveau feu avait la mission d'effrayer les mauvais esprits et d'honorer le dieu du Soleil. Les Gaulois, ce jour-là, se grimaient et portaient des costumes repoussants dans le même but d'écarter ces mauvais esprits. Chaque famille recevait de la braise de ce feu protecteur pour rallumer le foyer qui devait durer toute la nouvelle année. Après ce cérémonial, la nuit se passait en beuveries et banquets somptueux (le festin se composait de deux taureaux blancs liés par les cornes et sacrifiés après la cueillette du gui; la bière, le vin et l'hydromel coulaient à flots).

2 Cette fête du Samain, typiquement celte, fut abandonnée en France mais survécut en Irlande. Les émigrés irlandais (en 1846-48, suite à une grande famine) apportèrent cette tradition aux États-Unis qui la récupérèrent (non sans arrière pensée commerciale) pour en faire une fête nationale le 31 octobre sous le vocable d'Halloween (All Hallows'day : "le jour de tous les Saints" et All Hallow Even : "la veille de la Toussaint").
L'Eglise catholique mit plusieurs
siècles à intégrer cette fête dans son calendrier. Au VIIIème siècle, le pape Grégoire III commença à  déplacer la fête des Saints de mai en novembre. En 835, Louis le Pieux institua la fête de la Toussaint le 1er novembre à la demande du pape Grégoire IV qui voulait donner une teinte de christianisme à l'ancien rite celtique en substituant aux âmes des morts les saints catholiques. Mais ce fut un échec et les autorités ecclésiastiques durent au XIème siècle instituer, à regret, une véritable Fête des Morts. En 1048, Odilon, Abbé du monastère bénédictin de Cluny, fut le premier à demander qu'une messe solennelle soit célébrée le 2 novembre pour "tous les morts qui dorment en Christ".
Il ne faut donc pas confondre :
- la fête du Samain (la nuit du 31 octobre) qui revit (abusivement?) en Halloween.
-
la Toussaint (le 1er novembre) : la fête de Tous les Saints, c'est-à-dire de la Communauté des vivants et des morts.
- l
e Jour des Morts (le 2 novembre)
où les catholiques vont honorer leurs défunts dans les cimetières.
La tradition de déposer des fleurs sur les tombes ne semble dater que du milieu du 19ème siècle. Il existait auparavant une autre coutume qui consistait à allumer une bougie sur la tombe des morts.
 

3 l’Autre Monde : "les relations des hommes avec les dieux de l’Autre Monde ont pour caractéristique d’échapper aux normes du temps fini : les humains qui se rendent dans l’Autre Monde pensent y rester quelques heures ou quelques jours et leur séjour dure plusieurs siècles; ils ne peuvent plus rentrer dans le temps normal sans en mourir. C’est que l’Autre Monde, le Síd , est à la fois la Paix (sens initial du mot síd ), la Perfection et l’Éternité. Les Irlandais le nomment aussi : Tir na mBéo  («Terre des Vivants»), Tir na mBán  («Terre des Femmes»), Mag Meld  («Plaine des Plaisirs»), parce qu’on y est éternellement jeune, sans souffrance, sans maladie ni vieillesse. L’un des thèmes les plus élégants de la littérature insulaire est celui — version celtique du mythe d’Éros et Psyché — de la jeune et jolie femme (la banshee, irl. bánsidh, ou «femme du síd » du folklore moderne) qui vient chercher, dans un vaisseau de cristal, un mortel à qui elle a promis amour et félicité sans fin" (source : "Encyclopédie Universalis").

Dans toutes les fêtes celtiques, les sacrifices avaient beaucoup d'importance, sacrifices d'animaux et même humains à l'origine. On faisait aussi des offrandes : or, argent... Tous ces rites étaient célébrés en présence d'un chaudron sacré.
Voir la page sur le chaudron de Gundestrup.

Les lieux de culte et sanctuaires :
 

 


Ils se situaient le plus souvent dans les bois ou les clairières, sur des collines ou près des lacs, des sources, des rivières. Dans les bois sacrés on trouvait de nombreux autels et souvent un seul arbre (chêne ou hêtre) tenait lieu de sanctuaire. Plus tard, les Celtes ont construit des temples, les fana (singulier : fanum) rectangulaires ou ronds. Les sanctuaires prennent des formes différentes selon les lieux : dans le midi de la Gaule, ils peuvent être en pierre et on y expose (ou cloue), à l'entrée, les têtes coupées des ennemis (Entremont, Nages, La Cloche, Roquepertuse); dans le nord et l'ouest de la Gaule, ils sont en bois et en terre et on y laisse pourrir des cadavres humains démembrés ou des animaux sacrifiés (Gournay-sur-Aronde, Ribemont-sur-Ancre, Estrées-Saint-Denis, Mirebeau, St Malo...). Ces pratiques sont loin d'être encore totalement élucidées et les dernières découvertes à Roquepertuse démontrent que les têtes coupées ornaient l'intérieur du sanctuaire et non l'extérieur, les têtes seraient alors celles des ancêtres ou des che fs de guerre et non celles des ennemis exposées à la vue de tous dans un but dissuasif. Ces sanctuaires sont le plus souvent localisés sur des points assez élevés et s'adressent à un ensemble de cités confédérées.
Voir le Savoir-plus sur les sacrifices humains.
Ci-contre, statues en bois découvertes à
Montbouy (Loiret) dans une source. Les figures féminines sont taillées dans des poutres grossièrement équarries. Le visage est réduit à une indication schématique des yeux, du nez et de la bouche. Ces statues étaient sans doute des ex-voto offerts à un dieu ou une déesse de la santé (hauteur 58 et 22 cm).
Voir le sanctuaire de Montbouy


Les druides (de "dru-wid": très savant)

     Les druides constituent un corps auquel ils accèdent après de longues études (elles peuvent durer 20 ans), ils sont les prêtres de la religion celtique, ce sont les détenteurs du savoir (notamment celui du temps et du calendrier) et de la mémoire (l' écriture : l'orgham). Selon César, l'usage de l'écriture est réservé aux druides, mais non à des fins religieuses. L'écriture sert uniquement à dresser des comptes, des registres publics et privés. Selon G. Dumézil, les druides privilégient la transmission orale parce qu'ils "n'ont pas voulu immobiliser dans des signes morts une science qu'ils considéraient comme sans cesse renaissante".

     Ce clergé est hiérarchisé : le druide, le devin et le barde. Les druides célèbrent les offices divins, offrent les sacrifices et pratiquent la divination. Ils sont aussi chargés de l'éducation des jeunes à qui ils apprennent les vertus morales et guerrières. Pour les besoins de cet enseignement, ils utilisent de longs poèmes rythmés qui retracent l'histoire de leur peuple et incluent des éléments de droit et, peut-être, d'astrologie, on peut penser qu'ils ont ainsi contribué à forger un sentiment national. Législateurs et juges, ils jouent aussi un rôle d'arbitre entre les tribus qui se soumettent à leur médiation.
     Durant les nuits de pleine lune, les druides se rendent dans les bois pour cueillir le gui (plante considérée comme miraculeuse) sur les chênes rouvres. Ces prêtres qui transmettent oralement leur savoir à de rares initiés, constituent une caste, placée sous l'autorité suprême d'un chef élu pour la durée de sa vie. Les druides gaulois se réunissent tous les ans (assises de justice) dans la forêt des Carnutes, près de Chartres (au centre supposé de la Gaule). Les druides sont exemptés de la fonction militaire (mais un guerrier peut être druide) et des chargesfiscales. Ils peuvent se marier.

Les dryades sont des devineresses (la femme a donc une place dans le clergé celte).
Les gutuatu ("gutu" : voix) sont chargés de chanter les prières car eux seuls étaient censés avoir le pouvoir de s'adresser aux dieux.
     Les bardes sont des poètes, compositeurs et chanteurs qui puisent leur inspiration dans des thèmes affectifs, ils s'accompagnent de la lyre et glorifient les princes auxquels ils sont attachés.

Les druides, par la religion, cimentent les différentes tribus. Ainsi, sont-ils considérés par les Romains comme la seule force pouvant leur résister. Pour les éliminer, Rome a accusé les druides de pratiquer des sacrifices humains. L'assimilation par Rome est rapide et les derniers vestiges de la religion druidique disparaissent vers le IIème siècle. C'est l'Empereur Claude (41 à 54 ap JC) qui abolit le druidisme. L'évangélisation de l'Irlande (Vème-VIème
siècle) porte un coup fatal au druidisme qui meurt progressivement au cours du
haut Moyen Age.
Pour en savoir plus : voir la page sur les druides
 

Résumé de la page :
     Les Celtes étaient polythéistes, ils adoraient une multitude de dieux dans des espaces sacrés (sanctuaires) naturels : bois, clairières, collines, lacs, sources, rivières, marais. Ils ont aussi construit des temples (fana) pour leurs dieux. Le dieu principal des Celtes est sans doute
Taranis, le dieu du tonnerre et des forces cosmiques (symbolismes : la roue et le foudre). Teutates (dieu de la tribu), Lug (maître des techniques), Sucellus (le dieu au maillet) Esus (le dieu bûcheron), Dispater (le dieu de la mort), Cernunnos (le dieu du renouveau de la nature avec ses bois de cerf), Epona (la déesse des chevaux) sont les dieux les plus connus. Les déesses-mères sont honorées dans chaque foyer, elles symbolisent la fécondité.
     Les druides sont les prêtres de la religion des Celtes, ce sont eux qui pratiquent les sacrifices pour les dieux (des sacrifices sous forme humaine ont pu avoir lieu aux époques les plus reculées mais sans doute exceptionnellement). Les druides sont aussi les détenteurs du savoir, ils enseignent (par la répétition orale de longs poèmes) et font office de juges et d'astrologues.
     Les Celtes ont aussi des animaux et plantes sacrés : le sanglier (il représente la force guerrière), le cerf (le messager entre le monde des dieux et des hommes), le corbeau, le cheval, le taureau, le chêne (pour la cueillette du gui, la plante sacrée qui guérit tout), l'if (symbole d'immortalité).
La religion des Gaulois
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