Cette page ne prétend pas recenser tous les aspects de l'art
gallo-romain mais seulement mettre en valeur quelques points qui complètent
l'art des Celtes et les pages précédentes.
Le
Pilier des Nautes :Découvert sur l'île de la Cité, sous le choeur de la cathédrale Notre-Dame de
Paris en 1711, il devait mesurer environ 6 mètres et était surmonté d'une statue
de Jupiter. Les blocs(il n'en subsiste que
cinq)
du pilier sont ornés de bas-reliefs sur les quatre faces. Quatre éléments
sculptés de forme cubique sont présentés isolément. Ils forment les vestiges
d'un monument qui fut dédié à
Jupiter sous le règne de Tibère (entre 14 et 37 ap JC, peu de temps après la
conquête romaine) par les nautesparisiens et remployé sans doute au Bas-Empire. Selon
un ordre difficile à rétablir, se côtoyaient les représentations de divinités
gauloises (Esus, Cernunnos, Smertios, Tarvos, Trigaranus, Eurises) et romaines
(Jupiter, Vulcain, Castor, Pollux, Mercure, Mars, Fortuna), désignées le plus
souvent par des inscriptions. Le don du monument à l'Empereur Tibère montre la
soumission des Gaulois au pouvoir romain. Si la culture romaine fut rapidement
assimilée, le mélange dans l'iconographie des dieux gaulois et romains prouve
qu'elle fut loin d'effacer l'ancienne culture celte des Gaulois.
Esus, en bûcheron, coupe les branches d'un arbre avec une serpe
Musée de Cluny -
(Photos Isabelle Didierjean)
Tarvos Trigaranus (= aux trois grues) est un taureau couronné de feuillages
entre les branches desquelles on distingue trois grues
Cernunnos, le dieu aux bois
de cerf (Photos Isabelle Didierjean)
Trois personnages d'âge mûr symbolisent les nautes (marins) les plus anciens
Les inscriptions de chaque dieu
sont en gaulois pour les divinités celtiques, en latin pour les autres, ce
qui tend à souligner la coexistence entre les deux religions et ce qui
pouvait faciliter l'identification des divinités gauloises mal connues du
public romain.
Traduction de la dédicace du pilier : " Sous le règne de Tibère, les nautes
parisiens ont élevé à frais publics ce monument à Jupiter Très bon et Très
grand".
En savoir plus sur le Pilier des Nautes et sur sa restauration.
Les Gallo-romains maintinrent leur
réputation dans les arts du feu en développant outre une métallurgie soignée, le
travail du verre et celui de la poterie. Les potiers développèrent plusieurs
techniques dont la plus raffinée est probablement la poterie sigillée
La verrerie : Les Gaulois sont, de très
bonne heure, passés maîtres dans l'art de travailler le verre.
La technique du verre moulé, qui consistait à modeler à la main des vases de
verre, était connue en Orient depuis la plus haute antiquité. Elle était en
usage chez les Gaulois qui fabriquaient des perles de colliers et des bracelets.
L'invention par les Syriens, vers le Ier siècle av JC, de la technique du verre
soufflé (canne à souffler) permit un nouvel essor de la verrerie. Ce nouveau
procédé fut introduit en Gaule par les Romains au Ier siècle. Des ateliers
(souvent d'artisans orientaux) se fixèrent en Narbonnaise, puis
dans la
vallée du Rhône; ils essaimèrent ensuite vers la vallée de la
Moselle et en Rhénanie. L’arrivée, à la fin du IIème et au début
du IIIème
siècle, de maîtres-verriers orientauxpermit d’obtenir des verres
parfaitement incolores, par addition de manganèse.
On a trouvé dans les régions
de la Seine et de la Moselle, des pièces remarquables. Les verriers gaulois
connaissaient tous les procédés pour décorer le verre, ils savaient le graver ou
l'orner de reliefs. Sur certaines pièces, ils appliquaient deux couches de
verre, de teinte différente, l'une sur l'autre pour produire des effets de
couleur étranges.Ils ont aussi excellé dans les diatrètes, verres épais
décorés de résilles ajourées, d’une aérienne légèreté, et taillées dans la
masse. Le musée de
St Germain-en-Laye possède
une collection remarquable de verreries de cette époque.
Verres trouvés dans une tombe de femme inhumée en
sarcophage, à Saintes (Charente-Maritime) vers 50 ap JC.
Saintes
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De gauche à droite :
- Coupe de Waben (Pas-de-Calais)
- Gobelet et bouteille : tombe d'Arcy-Sainte-Restitue (Aisne)
- Bol d'Andresy (Val d'Oise)
- Bouteille de Champlieu (Oise). Vers 500 ap JC
Les Gallo-Romains, comme
leurs ancêtres les Celtes, apportent un soin extrême à la parure : bijoux,
colliers, broches, amulettes pour écarter les mauvais esprits... La fibule,
qu'elle soit en fer, en or, en argent est d'abord à ressort, comme celle de
la Tène. Ensuite, elle se dote d'une charnière, plus solide et discrète, et
devient un véritable bijou au riche décor, souvent
émaillé.
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Quelques échantillons du
musée de
St Germain-en-Laye
La
céramiquesigillée 1. la technique de la sigillée
On appelle cette céramique
sigillée (terra sigillata) parce
qu'elle est décorée ou signée (les fonds sont souvent
estampillés au nom des potiers) avec des
poinçons (sceaux, latin : sigillum).
Par extension, on désigne de
ce nom tous les vases décorés ou non, signés ou non, d'une pâte fine
frittée, le plus souvent rouge ou
orangée (argile ferrugineuse). Les vases étaient faits au tour ou au moule.
Estampille (Vienne-en-Val, Loiret)
Estampille (Vienne-en-Val, Loiret)
a) les vases faits au tour :
la fabrication comporte
plusieurs phases: -
le tournage : le
vase
(lisse ou
décoré)
est monté à l'aide du tour du potier - le séchage : le vase est séché - l'engobage : le vase
est plongé dans une bouillie
fluide d’argile (l'engobe)contenant une forte proportion de sels de fer
(la même argile que pour faire le vase afin d'éviter l'écaillage).
-
La cuisson : le vase est mis au
four à haute température
(environ 1000° C).
Des tubulures répartissaient régulièrement la chaleur et canalisaient les fumées
hors du four pour obtenir, par une cuisson oxydante, la couleur rouge de la
pâte. A l'intérieur du four, de grande taille, les vases étaient empilés,
séparés les uns des autres et calés. En
fin de cuisson, le vase prend une belle couleur rouge
lustrée ou orangée (suivant la température de cuisson).
Le lustre est constitué par une «fritte» (semi-vitrification)
conférant au vase à la fois solidité, dureté et imperméabilité. b) les vases moulés :
- la fabrication du moule
: le
moule deterre était tourné puis
décoré, à l'intérieur, en creux à l'aide
de poinçons d'argile décoratifs. -
la cuisson du moule
- la fabrication du vase et de son décor : on appliquait à l'intérieur du moule
de l'argile qui façonnait le vase et donnait son décor en relief sur la partie
extérieure.
- le démoulage
: il s'effectuait après séchage (Le
retrait de la pâte au séchage permettait de démouler sans casser le moule
qui était donc réutilisable).
-
la finition du vase au tour
:
comme
le moule ne comportait que la partie décorée du vase, il fallait
compléter au tour le rebord, les lèvres, le pied et éventuellement les anses du
vase.
-
la cuisson : elle se faisait de la même manière que pour les vases faits
au tour.
On obtenait ainsi des grandes séries de vases
standardisés portant les mêmes décors en relief, à
l'extérieur.
Voir la céramique
sigillée de Vienne-en-Val.
Moule d'un vase sigillée avec le décor en creux
Musée de
St Germain-en-Laye
Le vase sigillée avec sa décoration en relief
Musée de
St Germain-en-Laye
2. les
lieux de fabrication (source principale : encyclopédie Universalis)
Voir aussi : ici
avec une carte
La technique de la
sigillée n'est pas une invention des Gallo-Romains. Dès le
IIIème siècle av JC,
des ateliers hellénistiques (Pergame, Antioche, Samos,
Délos, Mégare) fabriquent
des bols à décors moulés. Cette technique est
copiée en Italie et, vers la fin du
Ier siècle av
JC, les céramiques d'Arezzo (Toscane) atteignent
une grande renommée. Très vite les productions d'Arezzo sont
à leur tour copiées en Gaule.
En
Gaule, comme partout,
les potiers se sont installés dans des régions où ils pouvaient
puiser leurs matières premières :l'argile,
l'eau le bois. A l’époque gallo-romaine,
les artisans potiers sont rassemblés dans des ateliers regroupés en officines. Ce phénomène, apparu à la
fin de l’indépendance, et qui se développa au Ier siècle, doit être expliqué par
deux raisons principales: d’abord, la céramique de bonne qualité, bien cuite et
bien décorée, est un produit de haut niveau technique, qui réclame un assez long
apprentissage et des méthodes de travail rigoureuses. Ensuite, l’influence
culturelle de l’Italie, dès avant la conquête et à plus forte raison dans la
civilisation gallo-romaine, impose le goût de la pièce «standard», fabriquée
selon des normes bien établies jusque dans le décor. La
céramique à l’époque gallo-romaine obéit aux lois de la mode, où l’on fabrique
quantité d’exemplaires d’un modèle, jusqu’à ce qu’un autre le supplante.
Les premières officines
de la Gaule sont situées dans des endroits qui avaient produit de la
céramique gauloise de luxe:
La Graufesenque, Montans, puis Banassac (dans le midi de la
Gaule). La sigillée qui y est produite s’inspire encore beaucoup à ses débuts de
la céramique dite arétine, fabriquée à Arezzo et à Pouzzoles. Mais, au cours du
Ier siècle, les modèles gaulois supplantent les modèles italiens. Une véritable
industrie de série s’élabore. Le décor des vases est alors essentiellement à
base de motifs floraux. A la fin du Ier siècle, les grands centres de production
se déplacent vers le Massif central.
Lezoux
est le plus important. Vers 120, les
officines méridionales disparaissent devant la concurrence de Lezoux. Par
contre, des officines s’installent aux Martres-de-Veyre, à Vichy, à Lubié, à
Gueugnon. Le IIesiècle
est la grande époque de la sigillée. Les formes sont bien définies. Les décors
floraux et géométriques se mêlent à des représentations humaines et animales,
selon des principes de composition extrêmement stricts. Les températures de
cuisson obtenues sont étonnamment élevées. Lezoux et les ateliers du Centre
exportent non seulement en Gaule, mais dans tout l’Empire romain et parfois
au-delà du limes. Toutefois, dès le IIe siècle, des officines s’installent dans
le nord-est de la Gaule: dans l’Yonne, mais surtout en Argonne et en
Rhénanie.
Leur production est de moins bonne qualité que celle des officines du Centre.
D’abord destinée au marché local, elle est, au début du IIIe siècle, largement
exportée. D’ailleurs, les officines du centre de la Gaule disparaissent vers 250
ou 275, sans doute en raison des premières invasions barbares. La fin du IIIe
siècle marque une quasi-disparition des officines. Celles-ci réapparaissent
pourtant au IVe siècle dans la Gaule du Nord-Est. Mais la technique de travail
est bien différente: si de nombreuses formes sigillées sont conservées, si la
pâte est à peu près identique, l’engobe est de qualité très médiocre, la
température de cuisson bien moindre, et surtout le décor n’est plus moulé, mais
effectué à la molette. Cette céramique de mauvaise qualité est exportée dans
toute la moitié nord du pays. Il faut signaler en outre une céramique sigillée à
pâte grise, à décor estampé, fabriquée et utilisée dans les pays riverains de la
Méditerranée. La sigillée grise fut encore fabriquée au Vesiècle.
La sigillée rouge, ou plutôt orangée, semble avoir disparu au VIe siècle.
3. Le Site de la
Graufesenque
Source : site académique de Toulouse.
Il
se situe
près de Millau(Aveyron),
au confluent du Tarn et de la Dourbie. Des fouilles ont
mis au jour les restes d'une agglomération gallo-romaine appelé Condatomagus(le marché du confluent).
Au Ier siècle de notre ère, plus de 600 ateliers de potiers fabriquaient là une
vaisselle en terre cuite rouge, dite sigillée. Celle-ci était exportée dans tout
l'Empire romain. Millau était alors la capitale de la céramique antique. On y a retrouvé d'énormes fours (pouvant
contenir 40 000 vases) et de gigantesques dépotoirs de vaisselle cassée ou mal
cuite.
Vaisselle de qualité, la céramique sigillée de la Graufesenque était utilisée
dans tout l'Empire. Les motifs représentent des scènes
mythologiques, des combats de gladiateurs, des scènes de chasse, des animaux
exotiques ou familiers ainsi qu'une grande variété d'ornementations végétales.
Dans les tombes comme dans les temples, on offrait également aux morts ou aux
dieux de nombreux vases sigillés de la Graufesenque, reconnaissables par leurs
décors particuliers et par les signatures des potiers.
Les vases ont acquis très vite une renommée mondiale. D'abord dans toute
l'Europe occidentale (France, Allemagne, Suisse, Autriche, Italie, Belgique,
Pays-Bas, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal), en Afrique du Nord, et jusqu'aux
Balkans (Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie, Albanie, Grèce ) ou même au
Proche-Orient (Syrie, Israël, Egypte). Pour
en savoir plus :
http://www.ac-toulouse.fr/culture/divers/lagraufesenque.php3
et :
http://www.graufesenque.fr/ puis :
http://www.museedemillau.fr/tabid/111/Default.aspx
Source : http://www.lezoux.com/
Les ateliers de potiers antiques de Lezoux furent, avec ceux de Millau-La
Graufesenque, le centre de production céramique le plus important de l'Empire
romain. Sur plusieurs dizaines d'hectares, les fabricants lézoviens façonnèrent
plusieurs centaines de millions de vases. Ces produits étaient exportés, grâce à
un réseau commercial efficace dans tout le nord de l'Empire romain. C'est ainsi
que les poteries de Lezoux sont fréquemment découvertes en France, en
Grande-Bretagne, au Bénélux, en Allemagne, en Suisse, en Hongrie, en Roumanie et
même parfois en terre barbare, au-delà du Limes, comme en Pologne.
Parmi les productions, la plus importante et la plus notable est celle de la
sigillée. Il s'agit d'une céramique à vernis rouge brillant, dont les formes
(plus de 230) répondaient à des critères typologiques stricts. Un fort
pourcentage de vases était moulé et présentait des décors végétaux ou issus du
répertoire romain (mythologie, scènes de gladiature, etc.). La sigillée a été
fabriquée durant les cinq premiers siècles de notre ère, avec des techniques,
des styles ou des formes qui ont évolué ou changé. Aussi, le moindre fragment de
céramique sigillée de Lezoux découvert sur un chantier archéologique en France
ou en Europe est considéré comme une découverte importante, pouvant dater la
couche dans laquelle il a été trouvé avec une précision d'une ou de quelques
décennies. Par delà cette simple utilisation de la sigillée comme un chronomètre
pour les archéologues, ces tessons sont aussi le reflet direct de la diffusion
de la romanité à travers tout l'empire.
Alors que la production de la sigillée a fortement décru, voire cessé, vers
la fin du deuxième quart du Ier siècle, sous les Flaviens, Lezoux va connaître un important renouveau, tant au point de
vue des formes, que des styles décoratifs. Au début du IIème
siècle ce mouvement se
poursuivit et s'accompagna d'un grand changement technique; les potiers
employèrent alors une argile calcaire qui permettait d'obtenir des vases avec un
vernis parfaitement étanche. Durant tout le IIème et le début du siècle suivant,
les produits de Lezoux furent massivement exportés et occupent la part
principale du marché de la sigillée. Dans le courant du IIIème siècle, l'activité
régressa ; elle fut accompagnée d'une baisse de qualité et de l'arrêt des
grandes exportations. Celle-ci s'accrut jusqu'au début du Vème siècle, époque à
laquelle les potiers lézoviens fabriquèrent les dernières coupes sigillées
moulées de tout l'Empire romain, ces vases qui, durant
plusieurs siècles, ont véhiculé une certaine image de la romanité jusqu'aux
endroits les plus reculés des provinces.
Une activité potière est attestée à Lezoux depuis le Moyen Age jusqu'à la
période contemporaine, mais sans jamais atteindre l'ampleur et la spécificité
des ateliers romains.
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