Les
différentes langues celtiques
Les langues celtiques font partie des
langues indo-européennes. Elles sont apparues
aux environ de 2300 av JC, quelque part entre les Balkans et la mer Noire.
Vers 300 av JC, elles étaient parlées en Gaule, en Irlande, en Espagne, en
Italie du Nord, en Europe centrale et dans les Balkans.
Pour en savoir plus sur les langues indo-européennes :
https://sciencetonnante.wordpress.com/2012/09/24/quelle-est-lorigine-des-langues-indo-europeennes/
Il y existe trois grandes branches dans la langue celtique :
- La première, et sans doute la plus ancienne, est le celtique
q
ou le goidélique, le gaëlique
(des Goidels, les Irlandais). Cette langue a conservé le son
q de
l'indo-européen original, qui se prononça K par la suite, mais resta écrit c.
Cette langue des Irlandais fut introduite en Ecosse au Vème siècle av JC, elle
atteignit ensuite l'île de Man où certains continuent encore à la parler
aujourd'hui. (Irlande+Ecosse+île de Man = 600 000 locuteurs)
- La deuxième langue est le celtique
p
ou
brittonique
(des Brittons, anciens habitants de la Grande Bretagne). Cette langue est
apparentée au breton. Dans cette langue, le son k s'est transformé en p. Le
celtique p fut parlé en Grande-Bretagne mais le peuplement anglo-saxon la
confina au Pays de Galles, à la Cornouaille et à la Bretagne où la langue fut
réintroduite au Vème siècle. (Pays de Galles : 500 000 locuteurs, Cornouaille +
Bretagne : 250 000 locuteurs)
- La troisième langue est le picte,
langue qui reste énigmatique et qui n'est pas celtique pour certains. Nous
connaissons cette langue surtout grâce à des inscriptions sur les pierres où
l'on reconnaît des éléments celtiques. Les Pictes occupèrent l'Ecosse au nord de
l'isthme Forth-Clyde. Cette langue n'est plus parlée.
Il existe aussi le cornique
(Cornouaille) et le manxois
(île de Man) qui sont aujourd'hui pratiquement éteints, même si certains
essaient de leur redonner vie.
Toutes ces langues connaissent la mutation consonantique : certaines consonnes
initiales de mots peuvent se transformer sous l'action du mot qui précède, par
exemple, un b ou un m peuvent se transformer en v, ainsi "mille" devient "vil"
dans "daou vil" (deux mille).
L'écriture
On a l'habitude de dire que les Gaulois n'avaient pas d'écriture car les druides
en auraient interdit l'usage. Il est exact que les Celtes ne développèrent pas
d'alphabet mais ils utilisèrent quand même l'écriture en transcrivant leur
langue à l'aide d'alphabets étrangers. Les druides eux-mêmes utilisèrent
l'écriture dans le domaine profane (il n'était pas permis de transcrire les
textes sacrés). On possède cependant peu de textes écrits par les Gaulois, les
tablettes de cire (périssables) ont disparu et il ne nous reste que les
supports non périssables : le métal, la céramique, la pierre. Sur le continent,
seules quelques régions ont connu une épigraphie (inscriptions sur des pierres)
indigène en langue celtique. Ce sont la Gaule cisalpine et transalpine
(gaulois), la Castille (celtibère), et la région des Lacs en Italie du Nord
(lépontique). Les inscriptions celtiques ont utilisé un alphabet d’emprunt,
plus ou moins adapté: l’alphabet ibère en Celtibérie (à partir de 300 av JC env),
l’alphabet étrusque pour le lépontique (au même moment) et les alphabets grec et
latin pour le gaulois (du IIIème s av JC. au IIIème s ap JC). Peu de textes
possèdent des phrases entières, il s'agit le plus souvent de noms de personnes,
de dieux ou de peuples. Mais nous ne pouvons interpréter de façon sûre les
documents exceptionnellement longs, comme le Bronze celtibère de Botorrita
(trouvé en 1971), la Tablette gauloise de Chamalières ou celle de L’Hospitalet
du Larzac. L’interprétation de ces documents repose largement sur des hypothèses
comparatives, appuyées soit sur les autres dialectes indo-européens, soit sur
les langues celtiques insulaires qui, elles, sont beaucoup mieux connues.
Musée de
Clermont-Ferrand.
La
tablette de Chamalières
(6 cm x 4 cm) : inscriptions gauloises en cursive latine, provenant du
sanctuaire de Chamalières (Puy-de-Dôme).
Elle est après le calendrier de Coligny, le texte gaulois le plus long que
nous connaissions (336 lettres sur 12 lignes). Le texte concerne sans doute
une opération magique, des invocations.
Début du Ier siècle ap JC.
Musée de
Lyon
Cliquer sur le calendrier pour l'agrandir
Le
calendrier gaulois provenant de Coligny
(Ain) est gravé en capitales latines sur une plaque de bronze de 13 cm sur
20 cm, il date du Ier siècle ap JC et comportait initialement 2000 lignes.
Ce texte rédigé en langue gauloise résiste encore à toute traduction
intégrale. Le calendrier est divisé en mois lunaires comportant
alternativement 29 et 30 jours (le mois lunaire est de 29 jours et demi). La
correspondance avec le calendrier solaire était assurée par l'ajout de deux
mois revenant à des périodes différentes afin que les 2 calendriers se
rejoignent au bout de 30 ans. Un mot revient souvent "Atenoux", il semble
désigner la pleine lune. Des indications journalières "Matu" et "Anmatu"
indiquent les jours fastes et néfastes. Ce calendrier témoigne des
connaissances astrologiques des druides, sa complexité suppose une
élaboration pluriséculaire, il prouve aussi le maintien des traditions
gauloises après la conquête romaine.
Hypothèses sur le calendrier gaulois, de Coligny
Synthèse de lectures possibles de la plaque de Coligny et du Chaudron de
Gundestrup. P. Verdier
« Selon moi, l’un
ne se comprend pas sans l’autre : le Chaudron m’apparaît comme l’exposé en
images, en « logos », des fondements techniques de la plaque de bronze ;
tous les deux, médias différents d’une sorte de « publicité » pour un unique
ensemble, ils ne peuvent donc être dissociés… » P. Verdier
Les survivances de la langue gauloise dans le
français d'aujourd'hui
Du gaulois, il nous reste peu de mots (environ 80) ce sont surtout :
- des noms de lieux: Brive signifie "pont", dun "forteresse" (Verdun,
Châteaudun), magos "marché" (Rotomagus : Rouen, Catumagos : Caen), briga,
"colline (Brie, Brienne)
- des mots de la vie agricole : alouette, arpent, bouc, bruyère, cervoise,
charrue, chemin, chêne, lande, lieu, mouton, ruche, sillon,
tonneau, truie.
Le
breton aujourd'hui
L'actuel breton est apporté en Bretagne par des populations venues d'Angleterre
entre le Vème et le Xème siècle ap JC. Au IXème
siècle, il est parlé jusqu'à Rennes ; mais il est ensuite repoussé vers
l'ouest, sur une ligne allant de Paimpol à Vannes. Au XIXème siècle,
le romantisme suscite un mouvement de renouveau auquel le Recueil de poèmes
bretons Barzaz-Breiz (1849) du vicomte de La Villemarqué (1815-1895)
donne une impulsion décisive.
Le breton est parlé aujourd'hui par deux groupes de locuteurs : les personnes
âgées des zones rurales, et une minorité instruite de quelques dizaines de
milliers de personnes qui lutte pour son maintien et sa normalisation. Au total,
il est compris par environ 650 000 personnes et parlé par 250 000. On distingue
traditionnellement quatre variétés de breton, qui correspondent aux divisions
ecclésiastiques et féodales de la basse Bretagne : le cornouaillais, dans le sud
du Finistère, une partie des Côtes-d'Armor et du Morbihan ; le trégorrois, dans
les Côtes-d'Armor ; le léonard, au nord du Finistère ; le vannetais, autour de
Vannes. Le vannetais se distingue des trois premiers par sa prononciation
(l'accent porte sur la dernière syllabe et non sur l'avant-dernière), sa
grammaire et son vocabulaire. Cette fragmentation linguistique est l'un des
principaux obstacles à l'adoption d'une orthographe commune.
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