Le problème du vocabulaire : "Celtes" et
"Indo-européens" (mise au point 01/2015)
Ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a une remise en cause de ce vocabulaire,
mais deux ouvrages récents viennent de rappeler combien il était abusif de
parler de "Celtes "et "d'Indo-Européens".
Jean-Louis Brunaux (membre du CNRS), dans son ouvrage « Les Celtes, histoire
d’un mythe » chez Belin (2014), montre que
ce mot « celte » n’a pas grande consistance par rapport à la réalité. Si
César parle bien de « Celtes », il faudra attendre le XVII° siècle pour que
le mot réapparaisse à des fins politiques, comme par exemple en Bretagne
pour garder une certaine indépendance par rapport au pouvoir royal
centralisateur, c’est le début du conflit entre « Francs » et « Gaulois »
pour sceller l’identité nationale française. Puis au XVIII° siècle, des
savants et pseudo-savants construisent le mythe celtique en s’appuyant sur
le concept de langue celtique (attrait
pour le sanskrit). Au
XIXe le mythe se parachève, il s’agit de forger une identité qui ne soit ni
gréco-romaine, ni biblique : d’où le choix d’ancêtres qui seraient plus
anciens, sur fond de racisme et d’obsession de la pureté (on connaît la
suite avec le national-socialisme). Le poids du modèle des invasions
barbares, avec un déferlement imaginaire de peuples guerriers, a joué aussi
un grand rôle. Le terme « Celte »
ne peut, historiquement, s’appliquer qu’à un regroupement de communautés
d’origines diverses, déjà métissées, entre le 6ème et le 1er siècle avant
J.-C. Elles ont ensuite disparu, pour se fondre, avec d’autres peuplades
comme les Aquitains ou les Belges, dans l’appellation générique de Gaulois,
habitants de la Gaule, qui, eux, vont devenir une véritable civilisation.
Donc, pour J-L Brunaux, il n’y a pas de civilisation celtique.
Un deuxième
ouvrage vient compléter l’analyse de J-P Brunaux. Jean-Paul Demoule dans «
Mais où sont passés les Indo-Européens ? » aux éditions du Seuil (2014),
s’attaque à un autre mythe : celui des Indo-Européens. En fait, il s’agit du
même mythe fondé sur les mêmes raisons idéologiques.
Extrait de la présentation de l’ouvrage :
http://www.seuil.com/livre-9782020296915.htm
« Mais où sont passés les Indo-Européens ? On les a vus passer par ici,
depuis les steppes de Russie, ou par là, depuis celles de Turquie. Certains
les ont même vus venir du Grand Nord. Mais qui sont les Indo-Européens ? Nos
ancêtres, en principe, à nous les Européens, un petit peuple conquérant qui,
il y a des millénaires, aurait pris le contrôle de l'Europe et d'une partie
de l'Asie jusqu'à l'Iran et l'Inde, partout où, aujourd'hui, on parle des
langues indo-européennes (langues romanes comme le français, slaves comme le
russe, germaniques comme l'allemand, et aussi indiennes, iraniennes,
celtiques, baltes, sans compter l'arménien, l'albanais ou le grec). Et
depuis que les Européens ont pris possession d'une grande partie du globe,
c'est presque partout que l'on parle des langues indo-européennes - sauf là
où règne l'arabe ou le chinois. Mais les Indo-Européens ont-ils vraiment
existé ? Est-ce une vérité scientifique, ou au contraire un mythe d'origine,
celui des Européens, qui les dispenserait de devoir emprunter le leur aux
Juifs, la Bible ? Jean-Paul Demoule prétend dans ce livre iconoclaste
s'attaquer à la racine du mythe, à sa construction obligée, à ses
détournements aussi, comme la sinistre idéologie aryenne du nazisme, qui vit
encore. Il montre que l'archéologie la plus moderne ne valide aucune des
hypothèses proposées sur les routes de ces invasions présumées, pas plus que
les données les plus récentes de la linguistique, de la biologie ou de la
mythologie. Pour expliquer les ressemblances entre ces langues, d'autres
modèles restent à construire, bien plus complexes, mais infiniment plus
intéressants. »
Voir aussi ici :
http://blog.assimil.com/entretien-avec-Jean-Paul-Demoule
Texte
publié en 2002 et qui ne prend pas en compte l'avertissement ci-dessus
Les
mots"Celtes","gaulois",
"galate"
L'appellation "Celtes"
apparaît en premier chez
Hécatée de Milet (vers 500 av JC) puis chez Hérodote
(vers 450 av JC). Ce mot viendrait de l'indo-européen "keletos", rapide,
ou "kel-kol", habitant, colon.
Le mot "Galate"
(" Ceux d'ailleurs " ou " Envahisseurs ") apparaît dans la littérature grecque
en 279 av JC. "Galli" apparaît pour la première fois en 168 av JC dans les " Origines
"de Caton l'Ancien (traduction latine de " Galates "). Au IIe
siècle ap JC, Dion Cassius traduit Gaulois
par Galates et Celtes par Germains (ce
qui est évidemment une erreur, les Celtes ne sont pas des Germains, ce sont
deux peuples distincts). " Galatie
" reste le nom de la province d'Asie
Mineure où les Celtes ont fondé un royaume.
Les termes de Gaulois et de Celtes sont au début synonymes. Puis les Romains
réservent le premier terme seulement à une partie des Celtes (distinction
géographique) qui sont fixés en Gaule cisalpine (Italie du Nord) et Gaule
transalpine (au-delà des Alpes en se situant du côté de l'Italie,
c'est-à-dire grossièrement la France d'aujourd'hui). César était
conscient du caractère conventionnel de ces distinctions "Ceux
que nous nommons Gaulois dans notre langue, se nomment Celtes dans la leur".
Aujourd'hui, on admet généralement le terme de "Gaulois" pour les habitants de
la Gaule à partir du IIIème siècle av JC. Pour les périodes précédentes et les
autre zones géographiques on parle de "Celtes".
Pour voir tous les textes des auteurs anciens qui parlent des Celtes :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96221s
Conclusion : les Gaulois sont donc bien des Celtes, mais les Celtes ne sont
pas des Germains.
L'HISTOIRE DES CELTES :
Les
origines des Celtes demeurent obscures et toute la lumière n'est
pas faite sur leur arrivée en occident. Aujourd'hui, deux théories s'affrontent,
la théorie classique (celle des migrations) et une théorie plus récente qui laisse à
penser que les Celtes pourraient être la population autochtone de l'Europe de
l'Ouest.
Une culture homogène apparaît sur les steppes d'Asie Centrale au VIème millénaire av JC : le peuple de Kourgan de langue
indo-européenne (pratique funéraire du tumulus). Ce peuple atteint l'Europe
orientale vers 4000 av JC, puis migre vers l'Europe de l'Ouest à partir de 2500
av JC et remplace les populations autochtones, non indo-européennes (culture des
vases campaniformes).
Les Celtes auraient pénétré en Gaule vers 1200 av JC (à la fin de l'âge du
bronze). Au début du Ier millénaire, vers 900 av JC, une nouvelle
civilisation s'implante dans notre pays, celle du fer. Mais il faut attendre
le Vème siècle av JC pour qu'on puisse affirmer avec certitude que les
peuples établis en Gaule sont bien des Celtes. A
partir de l'entrée des ces
Indo-Européens
en Europe de l'Ouest, il est possible de distinguer cinq grandes périodes:
1.
Entre 1800 et 1200 avant JC : une civilisation
protoceltique
(âge du bronze ancien et moyen) Durant cette période, il se forme une
zone de peuplement qui, partant de l’Allemagne du sud,
gagne une partie de l’Europe centrale et occidentale.
La pratique funéraire de ces Proto-Celtes est le tumulus avec inhumation.
Les tombes abritent les dépouilles des chefs parés de leurs armes en
bronze, de bijoux en ambre et en or, de vaisselle en argent et en or.
L'économie est à prépondérance pastorale.
NB : cette phase des "Proto-Celtes" est parfois contestée.
2. Entre 1200
et 900 avant JC :la
civilisation des "champs
d'urnes"
(âge du bronze final) Vers 1200 av JC, de nouvelles
migrations ont lieu en France et en Espagne, de grands changements se
produisent.
L'utilisation intensive du bronze va entraîner
des mutations considérables dans la vie des Hommes, des progrès
décisifs sont accomplis :
- dans
la technique du bronze
: coulage dans des moules, martelage à chaud, durcissement par
écrouissagepour fabriquer des armes(couteaux et épées) beaucoup
plus tranchantes que celles en pierre ou en os.
Musée de
St Germain-en-Laye
Cet ensemble de
cuirasses en bronze,
découvertes à
Marmesse
(Haute-Marne)
datant de la transition entre l'Age du bronze et du fer (IXème, VIIIème
siècles av JC) est un ensemble unique en Europe. Ces
cuirasses sont caractéristiques
de l'armement défensif de prestige des riches guerriers au temps des
premiers Celtes. Chaque cuirasse est composée de deux
coques en feuille de bronze chaudronnée, rivetées sur l'un des côtés et
fermées de l'autre par un système de crochets.
- dans la technique de la
céramique : le potier parvient à obtenir, sans l’aide du tour, une régularité
des parois, une finesse, un poli, un fini extraordinaires. L’art de la cuisson
se perfectionne; après les fours creusés dans la terre, apparaissent les fours
construits.
- dans les techniques
agricoles : le
perfectionnement de la faucille, l'apparition du véhicule à roues,
de l'araire et de la faux ont
contribué à l’expansion agraire et à la sédentarisation.
- dans l'urbanisme de
défense
: c’est alors que
se multiplient les "oppida",
bourgades fortifiées situées sur les hauteurs, dans les îles lacustres, ou au
milieu de marécages. Les origines de la plupart des refuges celtiques remontent
à cette époque. Même les villes plongent leurs racines dans ces temps lointains.
Les fouilles opérées à Strasbourg ont prouvé que les origines de la ville
remontaient aux environ de 800 av JC. -
dans les échanges commerciaux
: pour fabriquer le bronze il faut aller chercher l'étain (rare) et le cuivre
très loin. L'étain vient d'Armorique ou de Grande-Bretagne, le cuivre vient des
Alpes ou de l'Europe de l'Est. Des échanges importants vont donc voir le jour
entre la Gaule et le monde méditerranéen (les Grecs et les Etrusques) avide de
bronze. La recherche de l'ambre (qui vient de la Baltique et de la mer du Nord)
et du
sel (qui vient des sources salées d'Autriche) vont aussi contribuer à ces
échanges.
-
dans les rites
funéraires : les
Celtes rompent, pour un certain temps, avec l’usage du
tumulus et le rite de l’inhumation, ils pratiquent l’incinération et la tombe
plate, en pleine terre. Les corps des défunts sont brûlés, leurs cendres sont
mises dans des
urnes regroupées dans des cimetières collectifs hors des villages
(plus tard, les Celtes reprendront l'usage des tumuli pour les chefs). L'invasion des « champs d’urnes » présente une importance considérable
pour notre pays, c’est là
que se trouvent les racines du peuplement celte, de l’exploitation et de
l’occupation du sol.
3. Entre 900 et 480 av JC
: la
période de hallstatt:
le premier âge du fer
A la suite
d’influences venues de l’est (invasions cimmériennes) et de la Méditerranée
(commerce avec les Grecs et les Étrusques), la civilisation celtique s’implante
en Europe occidentale : Allemagne du Sud, Tchécoslovaquie, Autriche, France de
l’Est, Espagne, Grande-Bretagne. Le fer estun minerai beaucoup plus répandu et plus facile à
exploiter que le cuivre et l'étain, il est aussi plus résistant et plus coupant.
Le fer ne nécessitera donc pas de grands échanges commerciaux comme l'étain et
le cuivre, mais l'utilisation du bronze perdurera.
Du VIIIème au VIème siècle,
les sites fortifiés se multiplient, ils sont commandés par une aristocratie
qui s'enrichit en contrôlant les voies de passage des marchandises. De
véritables cours princières se constituent, elles empruntent des modes de vie
étrangers, par exemple la consommation du vin. La tombe de
Vix est un témoignage de cette époque
fastueuse (tombe à char à quatre roues). Au cours de ce premier âge du
fer, une grande variété de cultures régionales apparaissent,
dérivées des civilisations périphériques de l’Illyrie et de l’Italie du Nord, et
profondément imprégnées d’influences helléniques et étrusques.
La Gaule fait désormais la plupart de ses échanges avec le monde
méditerranéen.
Cette période est capitale pour
l’évolution de la civilisation gauloise. En effet, les Celtes entrent dans l’histoire
en créant une forme d’art
(apparition des
torques
à la fin de l'âge du fer), une
civilisation qui leur est propre.
En savoir plus sur le village de
Hallstatt, hier et aujourd'hui (3 pages). 4. Entre le Vème et le
IIème siècle av JC :
la
période de la Tène(deuxième âge du fer) Au début du Vème siècle av JC, les forteresses
princières de la période précédente sont abandonnées sans que l'on en connaisse
vraiment les raisons. La population se concentre désormais dans les régions où
se situent les relais commerciaux (Rhin, Champagne...). Les tribus, commandées
par des chefs locaux, se font la guerre. De grandes fermes dominent le monde
rural. Les chefs guerriers sont désormais enterrés dans de vastes nécropoles sur
un char à deux roues accompagné des harnachement des chevaux. L'art de la Tène
se caractérise par des épées de 80 cm de longueur, des frises végétales
continues et l'adaptation de motifs d'origine méditerranéenne.
Carte à
partir du Belin 6ème
L'expansion maximale des Celtes
se produit aux IVe et IIIe siècles avant notre ère.
Vers 450 av JC, la Gaule est envahie à nouveau par des peuples venant de l'est
et apportant des coutumes nouvelles, on peut parler ici de Celtes au sens propre
du terme.
Contrairement à ce que l'on avait pu penser, ces migrations ne prennent
pas un caractère massif, les Celtes s'implantent par petits groupes et
s'assimilent avec le peuplement d'origine. Ils sont
attirés par les richesses agricoles et commerciales de l'Europe de l'Ouest, ils
fuient leurs terres surpeuplées et un climat qui se dégrade (plus froid et plus
humide). Les auteurs classiques parlent de ces Celtes comme de terribles
barbares (féroces), montés torse nu (pour braver leurs ennemis) et casqués sur leurs petits chevaux, une longue épée à
la main. Ils se
répandent en Belgique, en Gaule, en Espagne et franchissent la Manche. Vers 390
av JC, les Gaulois de la tribu des Sénons (ou des Bituriges),
commandés par Brennos, pénètrent en Italie du Nord et assiègent une ville
étrusque : Clusium (Chiusi). Des ambassadeurs romains prennent parti contre les
Celtes. Ces derniers lèvent le siège pour aller punir Rome de cette ingérence.
Les deux armées se rencontrent à Allia, Brennos, fort de ses 60 000
hommes,
inflige aux Romains (40 000 h) une cuisante défaite
(-387).
Les
Gaulois pénètrent ensuite dans Rome
qu'ils incendient, à l'exception du Capitole (épisode des oies du Capitole) qui
résiste sept mois. Brennos accepte alors de quitter la ville en échange d'une rançon de mille livres d'or
(épisode : "Malheur aux vaincus"). Mais une partie de ces
guerriers se fixe en Italie du Nord (la Gaule Cisalpine).
La vague celtique continue ses incursions; dans les régions danubiennes, les
Illyriens sont écrasés. En 281 av JC, trois armées celtes pénètrent en Grèce, en
Thrace et en Macédoine. Delphes est pillée en 279
av JC, mais l'hiver et la maladie obligent l'armée à se replier
en Macédoine où leur chef (un autre Brennos) se suicide. Après avoir subi une
défaite contre le Macédonien Antigone Gonatas, le reste de l'armée va
s'installer en Asie Mineure et fondela Galatie. Le monde celtique n'a pas d'unité politique, mais on peut parler
de civilisation celte : même langue, même mode de vie et de pensée, mêmes
pratiques religieuses. Les chefs guerriers possèdent un cheval et une épée de
fer plus solide et plus maniable que celle de bronze.
5. La
Gaule à
la veille de la conquête romaine Au IIème siècle av JC, les tribus gauloises deviennent de
véritables Etats indépendants, les "civitates" (les cités), avec leur gouvernement,
leur administration et leurs institutions religieuses, les
oppida sont à leur
apogée. Ces cités sont elles-mêmes divisées en pagi ou "pays".
La Gaule compte alors peut-être 10 à 15 millions d'habitants, on l'appelle
parfois "chevelue*" car elle est encore couverte par de nombreuses forêts
(ce qui est en grande partie faux car elle est déjà largement cultivée). La
Gaule est divisée en
quatre régions qui diffèrent par la langue, par les lois et les coutumes :
l'Aquitaine, la Celtique, la Belgique et la Narbonnaise.
Voir la carte.
* La "Gaule
chevelue" : c'est César qui emploie cette
expression
(« Gallia comata »)
dans son Commentaire sur la Guerre des Gaules pour désigner la
Gaule non encore soumise à Rome, c'est-à-dire les Trois Gaules (l'Aquitaine,
la Celtique, la Belgique). Certains pensent que le mot "chevelue" fait référence
à la longueur des cheveux portés par les Gaulois (ce qui est aussi en grande
partie inexact) ou au caractère non- civilisé de cette Gaule, d'après César.
LaNarbonnaise
: elle est
conquise par les Romains (d'où son appellation : la Province, ce qui
donnera le mot "Provence") dès 121 av JC. Mais cette région avait déjà subi une
forte influence grecque par la fondation de Phocée (Marseille) vers 600 av JC. L'Aquitaine : les Celtes ont dû occuper cette région vers le VIème siècle
av JC. A partir du IIème siècle av JC, les Ibériques s'y implantent également.
Parmi la vingtaine de peuples on trouve les
Convènes, les
Ausques, les
Tarbelles. LaCeltique : c'est la région la plus vaste, les peuples, souvent
groupés en fédérations, sont puissants : les Bituriges
(Avaricum = Bourges), les Carnutes
occupent le centre supposé de la Gaule (Genabum = Orléans et Autricum =
Chartres), les Parisii
contrôlent les confluents de l'Oise et de la Seine (Lutèce = Paris), les Sénons
(Agedincum = Sens) font une expédition à Rome avec leur chef Brennos , une
partie des Lingons
(Andematunum = Langres) s'installe dans la plaine du Pô, les Helvètes
occupent la Suisse, les Eduens
contrôlent une position stratégique, ce qui leur donne de la puissance (Cabilonum
=Chalon-sur-Saône, Matisco =Mâcon, Bibracte = centre industriel implanté sur le
mont Beuvray), les Arvernes
ont créé une véritable confédération dans la Massif Central, leur dernier chef,
Vercingétorix, défend avec succès sa capitale Gergovie contre les Romains. Les
Celtes pénétent assez tardivement en Bretagne: les Vénètes
s'enrichissent en allant faire le commerce de l'étain en Cornouailles. La Belgique: elle s'étend jusqu'au Rhin, le fleuve servant de frontière
entre Celtes et Germains. Les principaux peuples : les Véliocasses
(Rotomagus = Rouen), les Ambiens
(Samarobriva = Amiens), les Rèmes
occupent la Champagne.
Malgré la
diversité des peuples qui habitent la Gaule, il existe entre eux une véritable
unité culturelle.
Les
Gaulois sont de bons agriculteurs, ils cultivent le blé, l'orge et le millet,
ils améliorent leurs terre par le chaulage et le fumier parfois mélangé à des
cendres. Ils sont aussi de grands éleveurs, ils élèvent des porcs pour en
consommer la viande (ils mangent très peu de sangliers). Ils savent conserver la
viande en la salant ou la fumant et sont d'excellents charcutiers. Les Gaulois
sont de gros mangeurs et de grands buveurs, ils boivent beaucoup de bière et
sont grands amateurs de vin. La pêche fournit un complément de nourriture.
Les Gaulois sont aussi de très bon artisans, ils construisent des chars à quatre
roues, inventent la moissonneuse, construisent des navires robustes. Ils sont
également les inventeurs du tonneau, plus léger et plus pratique que les
amphores, et du savon (en mélangeant de la graisse et de la soude).
6.A partir du
IIème siècle
avant JC : la domination romaine. Les armées romaines
s’emparent successivement du
Picenum,
de la Gaule Cisalpine et
transalpine, de l’Espagne, de la Gaule, de la péninsule balkanique, de la
Grande-Bretagne. Le seul témoin du vaste empire celtique reste l’Irlande qui ne
sera pas soumise par les Romains. Les Celtes essuyèrent ensuite d'autres
défaites infligées par les Germains. Après l'effondrement de l'Empire romain et
sous la pression des populations germaniques, ils ne parvinrent à conserver
leurs traditions culturelles que dans quelques zones périphériques de l'Europe tels, l'Irlande, le Pays de Galles, l'Ecosse, la Cornouaille et la Bretagne.
La théorie des Celtes
autochtones de l'Europe de l'Ouest
(d'après Sciences et
Avenir, avril 2002)
La
théorie des migrations s'appuie sur les caractères communs de la langue et des
croyances (travaux de G. Dumézil) de la famille "indo-européenne". Mais certains
chercheurs (ex : John Brough) ont remis en question les travaux de Dumézil en
montrant que les valeurs originales des Indo-Européens se retrouvaient aussi
dans la bible qui appartient au fonds sémitique. De plus, des données
archéologiques dans les régions danubiennes remettent en question la thèse des
migrations qui n'a laissé aucune trace. La théorie des migrations n'arrive pas à
expliquer, non plus, la présence précoce, à l'ouest, de peuples celtiques : les
Celtes d'Armorique et les Celtibères. Patrice Brun pense qu'il n'y a aucune
rupture culturelle dans l'aire géographique des Celtes en Europe, les variations
de rites funéraires (inhumation-incinération) ne témoignent pas de remplacement
de populations, mais uniquement d'évolutions culturelles locales. En fait, les
Celtes seraient apparus beaucoup plus tôt qu'on le pensait, vers 2500 av JC.
Dans cette hypothèse, la culture des vases campaniformes, qui couvre toute
l'Europe occidentale au IIIème millénaire av JC, pourrait être d'origine
indo-européenne et s'inscrire dans la phase des Proto-Celtes. Ainsi la culture
des mégalithes (Carnac, Stonehenge) aurait une origine celte et Obélix, du fait,
deviendrait moins anachronique avec ses menhirs.
Colin Renfrew, de l'université de Cambridge, pense qu'il y avait bien un foyer
indo-européen, mais il aurait été situé à l'est de la Turquie, à l'époque
néolithique, au IXème millénaire av JC. Au contact du croissant fertile et de
l'invention de l'agriculture, ce foyer se serait développé puis étendu lentement
et progressivement. Vers 7000 av JC, ces peuples auraient atteint l'Europe en
assimilant ou déplaçant vers l'ouest les peuples non-européens encore
prédateurs. Dans cette hypothèse, l'extension des langues indo-européennes
suivrait exactement celle de l'agriculture : 6000 av JC dans l'ouest
méditerranéen, 5400 en Europe centrale, 3000 en Europe occidentale. Les langues
celtiques se seraient donc développées en même temps, et au même endroit que la
culture des vases campaniformes, ce qui rejoint la théorie de P. Brun.
Les Indo-Européens, nos
ancêtres?
(Résumé de la conférence de Jean-Jacques Tur aux Rendez-vous de l'Histoire
de Blois - 2008)
Cette
conférence s'appuie principalement sur les travaux de Georges Dumézil et sur
sa conviction qu'un même peuple serait à l'origine du peuplement du
continent européen et de l'Inde : les Indo-Européens. Toutefois, on n'a
aucune preuve archéologique que ce peuple ait vraiment existé et il n'y a
pas de race indo-européenne. On admet cependant qu'il y a eu un peuple (entre
10 000 et 6000 ans) qui parlait une langue qui est à l'origine de presque
toutes des langues parlées dans l'espace européen et indien aujourd'hui. En
effet, toutes ces langues présentent dans leur grammaire et leur vocabulaire
de telles ressemblances qu'on ne peut l'expliquer que par une origine
commune. Ce peuple Indo-Européen, localisé peut-être dans l'Ukraine
actuelle, aurait accompli, pour des raisons inconnues et à des époques
différentes, des vagues de migrations dans toutes les directions en imposant
sa langue aux peuples qu'il aurait vaincus : les Pré-Indo-Européens.
1. Les Pré-Indo-Européens
- les peuples qui occupaient notre territoire (ce serait eux qui auraient
construit les mégalithes)
- les peuples arctiques (Lapons)
- Les Crétois (la
civilisations minoenne)
- les Ligures
- les Etrusques
- les Ibères
- les Basques
2. La communauté indo-européenne
- les trois fonctions engendrent les trois devoirs :
. sacerdotale (les
oratores) : le respect de la vérité
. guerrière (les
bellatores) : la justice distributive
. productrice (les
laboratores) : la générosité
Ces trois groupes sont
fondés sur la naissance, y compris pour la fonction sacerdotale.
- les quatre cercles de l'appartenance sociale :
. la famille
élargie
. le clan
. la tribu
(plusieurs centaines ou milliers d'individus)
. la nation
- la religion
. polythéiste et païenne
(religion de paysans)
. tolérante (pas de
dogmes)
. religion des œuvres (et
non de la foi) : faire des sacrifices pour que les dieux soient contents
. religion politique :
des chefs et non des prêtres
. la superstition, la
magie et la sorcellerie sont réprimées.
- l'univers des dieux
. croyance en un
ciel-père (DYEW-PHTER) et une terre-mère (Cybèle, Gaïa...)
. les dieux sont
souverains et veillent sur l'ordre du monde
. l'univers est le siège
de combats incessants entre dieux et démons
. dans l'univers, tout
est vivant: les sacrifices sont donc indispensables
-les institutions politico-militaires
. le droit n'est pas
censé évoluer
. le mariage se présente sous trois formes : religieuse, libre choix, achat
. le chef de famille a une autorité totale et incontrôlée sur les siens
. la guerre est un état
normal : la victoire consiste à "enfoncer la résistance" et non à détruire
l'adversaire
3. Les origines probables des Indo-Européens
. les données de
l'archéologie et de l'histoire sont absentes
. les données légendaires
et mythiques : Ultima Thulé et les Hyperboréens
4. Les huit grandes vagues des Indo-Européens
. les Aryens : partis de
la steppe pontique il y a environ 4000 ans vers l'Inde dont ils détruisent
les populations en
place
(naissance de l'hindouisme)
. les Mèdes et les Perses
. les Grecs (Mycéniens)
. Les Hittites en
Anatolie
. les Italiotes
. Les Celtes : du VIème
siècle av JC au IIIème siècle av JC, ils s'installent en Europe occidentale
(Gaule, Italie du
nord, Espagne
-Celtibères- ... repartent vers L'Asie-Mineure -Galates- ...)
. Les Germains : Europe
rhénane, Angleterre, Scandinavie, Islande (Vikings)
. les Slaves (trois
groupes)
5. Les peuples Post-Indo-Européens¨
. les Finnois
. les Magyars
. les Arabes
. les Turcs
. des peuples dispersés :
Juifs...
Résumé de la page :
Aujourd'hui Encore , on ne connaît pas avec certitude quand et comment les
Celtes (des Indo-Européens) sont venus s'installer en Europe de l'Ouest. Deux
théories s'affrontent, la théorie classique est celle des migrations. Les
Celtes
seraient venus par vagues successives d'Europe orientale où ils se seraient
fixés vers 4000 av JC. Ils auraient atteint l'Europe centrale,
puis occidentale au 2ème millénaire av JC. Les Celtes seraient arrivés en Gaule vers
1200 av JC. La seule certitude que nous ayons, c'est qu'au Vème siècle av JC la
Gaule est bien peuplée de Celtes.
On a l'habitude de distinguer trois périodes
successives dans la civilisation celte :
-
Entre
1200 et 900 avant JC, une civilisation appelée les "champs
d'urnes", à l'âge du bronze
final (incinération des morts, naissance des oppida, grands progrès techniques)
- Entre 900 et 480 av JC : la
période de
Hallstatt, au premier âge du fer (période
fastueuse des principautés guerrières) - Entre le Vème et le
IIème siècle av JC : la
période de
la Tène, au deuxième âge du fer
(période d'extension maximale des Celtes, certains s'installent dans la plaine
du Pô, apogée des oppida) A partir du
IIème siècle
avant JC commence la domination romaine
et la fin progressive de la civilisation proprement celte.
La théorie la plus récente pense que les Celtes seraient arrivés dans notre pays
beaucoup plus tôt que le dit la thèse des migrations, ce sont eux qui auraient
érigé les mégalithes.
- Bien
prendre en compte l'avertissement en haut de page
sur la véritable existence de la civilisation celte et celle des
Indo-européens.
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