Jules César fait la première
assimilation entre dieux gaulois et dieux romains
Jules César, au
Iersiècle
avant JC,
dans son livre
"De bello Gallico"
(La guerre des Gaules), est le premier à faire une
assimilation entre les dieux de la Gaule et les dieux romains :
«Ils honorent Mercure comme le plus grand dieu. Ce
sont ses statues qui sont les plus nombreuses. Ils le considèrent comme
l’inventeur de tous les arts, le guide sur les routes et dans les voyages. Ils
pensent qu’il a le plus grand pouvoir pour tout ce qui concerne l’argent et le
commerce. Après lui viennent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. Ils ont à leur
sujet à peu près la même idée que les autres nations: Apollon chasse les
maladies, Minerve enseigne les rudiments des arts et des métiers, Jupiter a
l’empire du ciel, Mars régit les guerres...»
D'après cet extrait, on pourrait penser que les Gaulois ont déjà, à
l'époque de la conquête, assimilés la religion romaine car César parle
des dieux des Gaulois en leur donnant des noms de dieux romains. En
fait, les dieux de la Gaule indépendante sont les dieux de tous les
Celtes (voir la page sur la religion celte) mais César est le premier
à faire une correspondance, qui n'existe pas encore, entre les deux
panthéons,
il est convaincu, comme ses contemporains, de l'unité du divin sous
la diversité des appellations.
Cette idée
d’une parenté réelle et profonde entre les diverses religions
païennes nationales parait
avoir été familière aux anciens dès l’époque antérieure à la conquête.
Cette conception remonte en grande partie sans doute à
Pythagore.
Elle a beaucoup contribué à la formation du
syncrétisme
religieux, même avant l’Empire romain, et a notamment favorisé
ce que l’on a appelé l’interpretatio
romana, c’est-à-dire,
en ce qui concerne la Gaule, la transposition gréco-romaine des dieux
et des mythes gaulois.
A la triade capitoline romaine, on peut faire correspondre une triade gauloise: -
Taranis, dieu du ciel,
lance la foudre sous la forme d’une roue enflammée; il sera assimilé à Jupiter -
Teutatès, dieu de la
collectivité nationale dans la paix comme dans la guerre, il
prend tantôt la forme
de Mercure, tantôt celle de Mars -
Esus,
dieu de la végétation et de la richesse, est assimilé tantôt à Mars tantôt à
Mercure. A cette triade il convient d’ajouter (selon
César) Apollon indigène,
dieu des sources, des sanctuaires prophétiques et de la médecine, dont les noms
sont en Gaule Belenos, Grannos, Borvo;
et une Minerve, qui est certainement la forme très anciennement hellénisée de la
grande déesse-mère gauloise.
La religion
des Gaulois après la conquête romaine s’inscrit dans le
contexte d’une rupture: -
politique : les Gaulois
adoptent ou subissent le système administratif et gouvernemental romain. -
linguistique : la langue
gauloise disparaît entièrement en tant que langue de culture et d’administration. -
religieuse : les druides
perdent toute autorité et sont condamnés à disparaître.
Toutefois, la rupture
religieuse n'est pas totale et immédiate, les Romains n'ont pas persécuté les
dieux gaulois, ils n'ont poursuivi que les druides pour leurs pouvoirs
politiques et sociaux, les seuls qui auraient pu entretenir un nationalisme
celtique, il leur était cependant reproché, en matière religieuse, d'être les
responsables des
sacrifices humains.
Donc, si les Gaulois subissent l'influence de la religion romaine, c'est par une
adhésion volontaire, sans directives de l'occupant romain qui a toujours été
tolérant en matière religieuse, d'autant plus qu'il n'avait pas les moyens de
mener une politique de force.
Les dieux romains revêtaient
des formes sensibles et la figure humaine, ils retinrent l'attention des Gaulois
qui se mirent, eux aussi, à concevoir leurs propres dieux sous des traits
humains. De leur côté, les Romains, loin de proscrire les dieux indigènes,
cherchèrent à établir des correspondances entre les dieux gaulois et les leurs,
à les interpréter (l'interpretatio romana) tel César. Ces correspondances, si relatives
qu'elles aient été, furent vulgarisées par la statuaire, et les noms des dieux
romains ont été adoptés avec le latin lui-même. Parallèlement à l'interprétation
romaine des divinités celtiques, il se produisit dans l'esprit indigène une
interprétation gauloise (l'interpretatio celtica) des dieux gréco-romains. De ce fait, le rapprochement
entre les deux religions s'est fait dans les deux sens, mais de façon approximative, avec des différences
selon les lieux. La langue latine et l'art gréco-romain apportaient aux Gaulois
des noms et des images de divinités, ils les ont utilisés, au gré de leurs
préférences, au hasard des ressemblances... et tel grand dieu
romain a été assimilé ici à tel dieu gaulois, là à tel autre. Mais ne nous
trompons pas, lorsqu'un Gallo-Romain fait référence au dieu Mercure, il ne
s'agit pas du Mercure romain mais d'une divinité gauloise assimilée nominalement
à Mercure. Sur les quelques
500 divinités connues, les 3/4 n'apparaissent qu'une seule fois. Dans ces
conditions de diversité, il est très difficile de s'y retrouver, il
est rare que deux divinités gauloises et romaines se superposent totalement. Tout s'est passé comme si les Gaulois gardaient leurs propres dieux mais
leur donnaient des noms de dieux romains. On constate en effet que certains
dieux portent un nom romain mais sont représentés dans le costume gaulois
(exemple du Mercure de Lezoux), que d'autres portent à la fois le nom gaulois et
romain accolés (Apollon Brovo) ou le nom romain auquel on a ajouté un épithète
gaulois (Mars Vorocius de Vichy), que d'autres encore ont leur parèdre
(équivalence féminine) dans l'autre panthéon (un dieu gaulois est associé à une
déesse romaine et vice-versa, exemple du
trésor de
Champoulet où le Mercure romain est associé à la gauloise
Rosmerta). L'art traduit cette ambivalence, soit les oeuvres qui représentent
les dieux sont totalement classiques (gréco-romaines), soit elles demeurent de
facture indigène ou sont composites (cas du trésor de Neuvy-en-Sullias).
Les dieux romains les plus souvent représentés en Gaule :
- Mercure
: il est, sans aucun doute, le dieu le plus fréquemment honoré en Gaule (César
avait raison). Il est parfois accompagné d'un animal, coq
ou bouc, de facture plus ou moins indigène. Il protège les voyageurs, veille sur
leur santé. Plusieurs sommets lui sont consacrés : le Puy-de Dôme (où se
dressait une statue monumentale), le Donon dans les Vosges. Une représentation
célèbre : celle du pilier du Pont-au-Change de Paris. Mercure représente le plus
souvent le dieu celte "Lug". Mais il symbolise aussi une multitude
d'autres dieux locaux, le dieu de la tribu (Toutates) ou peut-être même le héros de la
tribu, ce qui expliquerait le nombre de Mercures associés à un épithète
indigène. Voir le
Mercure d'Argentomagus
- Mars
: le dieu de la guerre est aussi très souvent représenté. Les divinités
indigènes assimilées à Mars étaient souvent des divinités tribales, mais le dieu
est toujours représenté sous son aspect romain de dieu de la guerre. Il peut,
lui aussi représenter le dieu "Lug" ou Teutates.
-
Jupiter
: il est souvent assimilé à Taranis, mais pas toujours. Il est représenté
simplement armé de sa foudre, mais on le trouve aussi avec la roue celte. Il prend
parfois la forme d'un cavalier victorieux, foulant aux pieds de sa
monture un être monstrueux à jambes de serpents (comme à
Vienne-en-Val).
-
Apollon
: appelé souvent Bélénos ou Grannus, dieu-guérisseur et patron des beaux-arts. Il est
associé à la divinité gauloise Sirona. Il s'est aussi superposé au Borvo gaulois
: dieu guérisseur des sources dont le nom a donné les Bourbon, Bourboule et
Bourbonne actuels (ex : Bourbonne-les-Bains).
Sirona
et Apollon
Le couple mixte guérisseur :
Sirona, la Gauloise, et Apollon, le Romain.
Apollon est représenté dans la nudité gréco-romaine traditionnelle, sa main
droite tient le plectre, baguette pour faire résonner la lyre placée à ses
pieds. Sirona n'est pas vêtue comme les déesses gauloises mais à demi-nue,
elle tient le serpent dans la main droite, l'attribut de la déesse romaine
de la santé Hygie, Apollon était surtout adoré en Gaule en tant que dieu
guérisseur. De l'autre main elle, devait tenir une corne d'abondance,
symbole de la fécondité.
(Musée archéologique de Dijon, IIème siècle ap JC
(15,7 cm de hauteur)
-
Vulcain
: dieu des forgerons (ils sont nombreux en Gaule)
-
Silvain
: dieu des bois et des cultures, il reprend parfois le maillet de Sucellus pour
frapper la terre et en faire jaillir les sources.
- Hercule
: il avait plusieurs correspondances celtiques (Saxanus ou Ogmiospar exemple). Il est
assez peu représenté seul mais apparaît sur bon nombre de piliers à quatre
dieux.
- Bacchus
: dieu oriental du vin, Bacchus (Dionysos
pour les Grecs) a été largement honoré en Gaule, le pays du vin. Il
était représenté de façon classique, suivi de tout un cortège de silènes,
ménades, dont on retrouve des statuettes aussi nombreuses que celles
du dieu. La panthère figurait également dans son cortège.
-
Minerve
: Selon César, elle était chargée de mettre en œuvre les productions de
l'esprit. Elle est toujours figurée sous l'aspect guerrier de la Minerve
romaine. Voir celle de Vaison-la-Romaine, ci-contre.
-Diane
: la compagne de Silvain, déesse de la chasse, des forêts et des sources. Bien
que les Gaulois aient compté le temps selon un
calendrier lunaire, Diane, déesse
romaine de la lune, n'a pas été assimilée à une divinité locale de la lune,
elle a été honorée en Gaule en tant que chasseresse.
- Vénus
: elle a été empruntée à Rome et est représentée selon le modèle romain.
Son rôle classique de déesse de l'amour se double du rôle de protectrice
des enfants. Elle est souvent représentée par des
statuettes
de terre cuite blanches (voir
la page sur les Vénus anadyomènes gauloises)
Même si
cette liste n'est pas exhaustive, on constate tout de suite que les Gaulois sont
loin d'avoir accueilli tout le panthéon romain et que les déesses sont en
minorité. Cette dernière remarque s'explique par le fait que les divinités
féminines celtes étaient si nombreuses et si puissantes qu'elles ont laissé peu
de place aux déesses romaines.
Mais à
côté de ces dieux "romanisés", les Gaulois continuent encore, en pleine
époque romaine, à honorer des divinité animales, mi-animales ou mi-humaines.
Le gobelet d'argent aux dieux gaulois, trouvé à Lyon, montre bien la
perpétuation des dieux gaulois en pleine période gallo-romaine.
Cliquer sur la photo (musée de
Lyon) pour l'agrandir.
-
Cernunnos
: il est représenté sous la forme d'un homme coiffé de la ramure du cerf. Le
cerf est réputé pour sa vigueur, sa combativité, sa longévité, son goût des
hauteurs et ses allures solitaires, son aptitude à détruire les serpents. C'est
le dieu de la fécondité et du domaine des morts. Il existe aussi un autre dieu
gaulois,
tricéphale, (à trois visages) qui est parfois surmonté par la ramure du
cerf.
Voir aussi
ici.
- Le serpent à tête de bélier
: symbole hybride de la fécondité du sol et de la force brutale (voir
le chaudron de Gundestrup)
-
Le
taureau à trois cornes : symbole de force.
- Artio
: la déesse des ours.
- Epona
: la déesse des chevaux, une femme qui le plus souvent chevauche une jument.
Cette déesse écuyère n'a pas d'équivalence romaine.
Voir aussi
ici.
De même, certains grands
dieux celtes n'ont jamais été assimilés à des dieux romains et les Gaulois
ont continué à les honorer sous leurs appellations indigènes : Belenos,
Rosmerta, Sirona, Sucellus parfois accompagné
de Nantosuelta, Esus, Taranis... sans oublier le culte des
déesses-mères
(Matres) qui demeure intact, les dieux des arbres,
des sources, des carrefours...
Le dieu aux trois têtes
(tricéphale)
Autel de Beaune (dessin)
En définitive, les Gaulois n'ont pas profondément
changé leurs croyances religieuses sous l'effet de la romanisation, ils ont
continué à adorer leurs multitudes de dieux locaux en leur donnant parfois un
nom romain, ils n'ont pas adopté de nouveaux dieux mais ont habillé les anciens
à la mode "romaine", on peut plus parler d'adaptation que d'assimilation.
Dès la fin du Ier siècle, et surtout au cours du IIème siècle, les Gaulois ont
subi, comme les Romains, l'influence grandissante des cultes orientaux :
cultes de Cybèle,
Attis,
Mithra,
cultes d'Isis
et de
Sérapis.
Ces religions attiraient car elles demandaient un effort moral de leurs fidèles
: courage, pureté... qui devait être récompensé par le salut éternel,
la résurrection.
Si
l’hellénisation et la romanisation de la religion gauloise ont
été plus apparentes que réelles, l’introduction de ces
religions à mystères devait transformer complètement la conscience
religieuse des Gallo-Romains, notamment dans certaines
régions et dans certains milieux (les milieux urbains et
les milieux militaires).
L’abondance d’éléments grecs et orientaux dans la vallée du Rhône, entre Vienne
et Lyon, a permis la diffusion rapide du culte de
Cybèle.
Le rite du taurobole, qui consistait à asperger les
fidèles du sang du sacrifice d’un taureau
(le
sang purifiait les fidèles),
s’est largement répandu, à partir de Lyon, au milieu du IIèmesiècle
et jusqu’au IIIèmesiècle.
La Gaule est, de toutes les provinces romaines, celle qui a fourni le plus
de tauroboles.Si le culte de Cybèle a recruté surtout
des adeptes dans les villes, dans la région du Rhône et en
Aquitaine, le culte
de Mithra a été apporté en Rhénanie par les militaires,
principalement par les légionnaires venusd’Orient.
Cette
large diffusion en Gaule des cultes orientaux paraît avoir été facilitée par les réelles analogies que présentait leur rituel avec
celui de la religion celtique; c’est ainsi qu’à la cérémonie de
"l’arbor intrat", procession du pin d’Attis,
correspondait un usage gaulois analogue: les guerriers gaulois transportaient
en procession, à certaines dates de l’année, un arbre,
qu’ils allaient ensuite jeter dans un puits. Ce rite gaulois est attesté par une
scène figurant sur le chaudron de Gundestrup et par les arbres entiersdécouverts dans les puits funéraires gallo-romains, notamment en Vendée
et dans le Sud-Ouest.Quant au taurobole, il trouvait son
équivalent dans le sacrifice annuel des taureaux en l’honneur de la déesse-mère.
Il en est sans doute de même pour le sacrifice du taureau
de Mithra.
Voir les cultes
orientaux à Burdigala.
Toutefois, Rome a bien mis en place une religion officielle en Gaule:
-
le culte de la triade capitoline
constituée de Jupiter, Junon et Minerve
-
le culte impérial
rendu à l'Empereur et à sa famille.
Ces
cultes sont accomplis dans les cités, par les notables, dans des temples de type
romain comme la Maison carrée de Nîmes.
Chaque année, l'assemblée juridique des 3 Gaules célèbre à
Lugdunum
(Lyon) le culte de Rome et
d'Auguste, elle proclame son loyalisme à Rome sur
l'autel de Lyon, le 1er
août, date anniversaire de la prise d'Alexandrie par Octave, mais aussi fête du
dieu gaulois Lug vénéré sur la colline de Fourvière. Ainsi, même dans le culte
impérial officiel, il demeure un fonds indigène.
La maison carrée de Nîmes
La maison carrée (intérieur)
L'autel de Rome et d'Auguste
(restitution d'après les monnaies)
Les lieux de cultes
populaires
(voir
aussi ici)
Il subsiste un décalage
évident entre les cultes officiels et les cultes populaires, le
peuple, en grande majorité, continue d'honorer les divinités gauloises ou
gallo-romaines dans des sanctuaires où le temple (le fanum) présente des
caractéristiques celtes : plan centré (carré, circulaire, polygonal) comportant
deux éléments emboîtés, la cella (chambre qui abrite la statue du dieu) et la
galerie abritant les processions des fidèles. Exemples de temples qui restent
fidèles à la tradition celtique : la "tour de Vésone" à Périgueux, le temple de
Janus à Autun.
A partir
du Ier siècle, le temple peut être construit en pierre, selon les nouvelles
techniques apportées par les Romains. Les sanctuaires comportent un espace sacré
clos par une enceinte, ils renferment un ou plusieurs temples, parfois des
bâtiments annexes : bassins, thermes, portiques, théâtre... Les lieux sacrés
sont souvent à ciel ouvert : les bois, les sources, les sommets, les lieux de passage. Certains ont des
vocations particulières : sanctuaires des eaux où les malades vont demander la
guérison en offrant des
ex-voto corporels : plaques de bronze en forme d'yeux ou
représentations en pierre ou en bois (voir
Montbouy) de diverses parties du corps. Plusieurs sanctuaires
ont livré des statuettes représentant des enfants ou personnages emmaillotés,
des sculptures figurant des parties du corps : têtes, torses, seins, mains,
organes sexuels. Parfois, les organes montrent des anomalies correspondant à des
maladies. Quand il fut interdit de mettre à mort des êtres humains pour obtenir
le rachat d'une maladie, on prit l'habitude d'offrir aux dieux un autre
substitut et ce fut l'image du malade ou de l'organe affecté. Dans tous les
sanctuaires, les fidèles offrent des ex-voto : autels, statuettes de la divinité
(trésor de Champoulet), vaisselle plus ou moins précieuse, feuilles d'argent
découpées et estampées, pièces de monnaie, fibules, vases, anneaux...
Les
Gaulois rendent aussi un
culte domestique
aux dieux Lares (protecteurs de la maison) et à leurs divinité préférées,
chargées d'assurer la prospérité du foyer (déesses-mères,
Epona...). Là encore,
les Gaulois ont su conserver leurs dieux tutélaires tout en ouvrant leur maison
à la romanisation.
Voir
l'autel domestique d'Argentomagus.
Ex-voto, en forme
d'yeux.
Provenance : les sources de la Seine (bronze).
Musée de Dijon.
Buste de femme portant un
torque. Ex-voto en chêne
de la source des Roches à Chamallières,
Puy-de-Dôme.
Musée de Clermont-Ferrand.
Les Gaulois croyaient en la
survie de l'âme et à la nécessité d'accomplir certains rites pour le repos du
défunt et la purification des vivants. D'autre part, on redoutait la vengeance
des défunts si on négligeait les rites funéraires. Deux modes de sépultures ont été
pratiquées, l'incinération domine du Ier siècle au IIIème
siècle, ensuite l'inhumation
s'impose.
Lors de l'incinération, le
corps était brûlé dans une fosse ou sur un bûcher. Les cendres étaient triées et
lavées avant d'être rassemblées dans une urne en terre cuite, en verre, en métal
ou en pierre. Un
coffre en pierre ou en plomb protégeait l'urne.
Pour l'inhumation, le corps était déposé dans une fosse ou enfermé dans un
cercueil en bois, en pierre ou en plomb. Il n'y a pas de grandes sépultures
collectives comme en Italie, les Gaulois préfèrent une demeure individuelle. Les
propriétaires ruraux se font enterrer dans leur domaine, les citadins achètent
un terrain, le long des routes, à la sortie des villes (les sépultures sont
toujours situées en-dehors des agglomérations). Les pauvres s'associent
en collegia pour s'assurer mutuellement le cippe (petite stèle funéraire votive)
et le coin de terre convenables. Incinéré ou inhumé, le mort est souvent
accompagné d'un mobilier funéraire (objets personnels ou religieux) et
d'offrandes alimentaires. En surface, la tombe est signalée par un monument qui
dépend de la richesse du défunt : un pieu, une pierre, une stèle, un autel, un
mausolée orné de statues... Une inscription latine peut indiquer le nom du mort, son
âge, sa profession, ses titres... Des symboles :
croissants de lune,
ascia
(herminette), représentations de divinités protègent parfois le défunt.
Stèle
funéraire d'un couple
(IIème siècle ap JC, environs de Dijon)
Musée de St Germain-en-Laye.
On peut
donc bien parler d'un certain
syncrétisme entre la religion gauloise et la religion
gréco-romaine. La religion des Gaulois, à la période de l'occupation, est
traditionnellement qualifiée de "gallo-romaine" (bien que l'expression
"gallo-romain" ne fut jamais employée à l'époque) pour marquer les
changements effectués après la conquête. Mais l'assimilation
des
divinités celtes aux dieux gréco-romains semble assez superficielle et complexe
compte tenu des particularismes de chaque peuple, de chaque tribu en matière
religieuse, Paul-Marie Duval emploie le terme de juxtaposition au lieu
d'assimilation. Ce n'est pas parce que certains dieux gaulois ont pris une
appellation latine que le dieu vénéré n'est plus le même, ce n'est pas parce que
la représentation de la divinité s'apparente aux modèles gréco-romains que
l'essence du dieu a changé, "l'habit ne fait pas le moine". D'ailleurs
cette adaptation (l'interpretatio) avait commencé bien avant la conquête, la romanisation était
déjà commencée au IIème siècle av JCdans le midi de la
Gaule, dans la province romaine de Narbonnaise, allant de pair avec une profonde
hellénisation culturelle(par
Marseille). Cette dernière
commence à s’exprimer, sous la forme de symboles et de figurations, notamment
dans la représentation de la déesse-mère sous l'effigie
d’Athéna, de la chouette, du serpent.
On en voit aussi le résultat dans les sanctuaires
d’Entremont et de La Roquepertuse, dont la statuaire allie le réalisme gaulois
et des thèmes iconographiques d’inspiration classique. De même, les
rites du culte d’Apollon gaulois, qui comporte des usages spécifiquement grecs
comme celui de l’incubation dans le sanctuaire, qui doit apporter la révélation
du remède au mal, et la prophétie par incubation, ont certainement pénétré en
Gaule aux IIIème
et IIèmesiècles avant JC à partir de la Provence hellénisée.
L'assimilation n'est pas non plus uniforme, elle est plus marquée dans les
villes et le long des voies de communication, plus sensible dans les classes
cultivées, elle fut à peu près nulle dans les campagnes. On remarque même que
les tendances indigènes reprennent des forces à partir de la fin du IIème siècle
et au IIIème siècle, comme si après le moment de curiosité passé, les traditions
reprenaient le pas. Les Gaulois ont collaboré avec l'occupant mais ils ne se
sont jamais convertis en matière religieuse. Pour cela, il faudra attendre
l'avènement du christianisme.
Résumé : Les Gaulois pendant l'indépendance avaient déjà
subi une certaine hellénisation (pénétration de la civilisation grecque). Après
la conquête de la Gaule par les Romains, il y a un rapprochement entre la
religion celtique et la religion romaine. Les Romains essaient de trouver des
correspondances entre les dieux gaulois et les leurs. En même temps, les Gaulois
font la même démarche et donnent des noms de dieux latins à certains de leurs
dieux, ils commencent aussi à les représenter sous forme de statues imitées de
l'art gréco-romain (classique). Toutefois, cette assimilation gauloise est très
superficielle, les noms des dieux ont changé, mais pas les dieux eux-mêmes.
D'autre part, certains dieux, typiquement celtiques, demeurent et ne sont pas
touchés par la romanisation. Aux IIème et IIIème siècles, il y a même un retour
des dieux indigènes, preuve que les dieux romains n'ont pas vraiment séduit les
Gaulois qui restent attachés, surtout dans les campagnes, à leurs dieux
ancestraux.
La religion gallo-romaine
En quoi la conquête de la Gaule par les Romains a-t-elle changé la religion des
Gaulois?
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