SCEAUX-DU-GATINAIS - 15/17

Les pièces de monnaie : des ex-voto universels

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   Partout, à toutes les époques et encore aujourd'hui, il est de coutume de jeter une pièce de monnaie dans des bassins aux eaux bénéfiques en formulant un vœu. Cette tradition s'avère être pour les archéologues une source (sans jeu de mots) privilégiée pour la datation.

   Une grande quantité de monnaies a été découverte dans le sanctuaire d'Aquae Segetae mais aussi dans les environs.  Par exemple, au lieu-dit "les Prés du Pont-Neuf", en limite de la commune de Corbeilles, on a trouvé un bassin sacré de plus de 5 m de côté. Le bassin est constitué de quatre assises en grand appareil qui reposent sur des poutres de chêne. Chacune des faces est constitué d'un seuil de porte de 1m80. Deux escaliers permettent de descendre au fond du bassin où la source jaillissait encore.

   Ce bassin fouillé en 1970 a livré plus de 850 monnaies qui permettent de préciser trois grandes phases d'occupation :
- Une première période d'occupation modeste en temps de paix :
. de Vespasien à Commode (de 71 à 192) l'activité n'est pas très importante, elle correspond à l'apogée du sanctuaire d'Aquae Segetae
. de 200 à 266 l'activité est quasiment nulle (4 monnaies seulement) malgré une période globalement de paix
- Une seconde période plus active correspond aux premières grandes invasions des Francs et des Alamans. En 275, presque toute la Gaule est submergée et l'inflation monétaire provoque l'abondance de monnaies de petites dimensions tandis que l'insécurité provoque l'enfouissement de trésors de bonne monnaie. Dans cette période, on trouve deux séries d'émission parallèle dans le sanctuaire des Prés du Pont-Neuf : la première correspond aux Empereurs romains légitimes (Gallien, Claude II, Quintille) et l'autre aux Empereurs usurpateurs gaulois (Postumus, Tetricus). Cela pourrait signifier que le sanctuaire est soumis en alternance à deux influences opposées : Trêves et Autun*. La longue crise de la fin du III° siècle ne semble donc pas avoir perturbé l'activité du sanctuaire.

* le conflit est quasiment permanent entre Trèves et Autun : traditionnelle opposition entre la société civile aristocratique et libérale et l'armée dominée par la dictature des généraux avec une tendance démocratique

- Une troisième période, à partir de 310, constitue une sorte d'apogée dans les dépôts avec le répit des troubles : de 337 à 378, les séries monétaires deviennent plus riches. Cette période correspond à la réforme administrative des civitates** : création de la Senonia (capitale Sens). Le déclin du commerce et la crise urbaine incitent les propriétaires à revenir dans leurs domaines ruraux. La nécessité de produire sur place développe les activités rurales*** et artisanales. Les monnaies sont importantes sous le règne de Maxence (306 - 312) et continuent même au-delà de 388.

** les différents peuples gaulois selon césar, ici division administrative de l'Empire

** Rome autorise la culture de la vigne sous le règne de Probus 276 - 282)

Quelques exemples de monnaies trouvées à Aquae Segetae et dans les environs :

Revers d'un denier d'Octave Auguste (-43 + 14)
CL CAESARES AVGUTI F, COS DESIG PRINC IVVENT
Caius et Lucius, les deux fils adoptifs d'Auguste, débout tenant chacun une Haste et un Bouclier. Dans le champs, le Simpule* et le bâton d'augure, frappé 2 ans avant Jésus Christ.

* Le Simpule est un instrument de culte : un petit vase à sacrifices.


 

Avers d'un denier d'Hadrien. Il naquit en 79 ap J.-C à Rome selon Spartien et à Italica en Espagne selon d'autres historiens. Il avait 60 ans à sa mort après avoir régné environ 21 ans. Empereur humaniste, lettré, poète, philosophe à la réputation pacifique, il rompt avec la politique expansionniste de son prédécesseur Trajan, s'attachant à pacifier et à organiser l'Empire tout en consolidant les frontières. Pour cela, il sillonne pendant plus de dix ans les provinces de l'Empire. Lors d'un voyage en Gaule, il visite Lyon, vers 121-122. Il y fait construire un nouvel aqueduc, restaure le théâtre et l'amphithéâtre. Il se rend ensuite à Nîmes.

Marc Aurèle (161-180) : l'Empereur philosophe. Son règne fut marqué par la recrudescence des guerres sur tous les fronts : l'Empereur philosophe, converti au stoïcisme, dut passer tout son règne à tenter de colmater toutes les brèches qui s'ouvrent dans les frontières d'un Empire immense et attaqué de toutes parts. Par contre, il entretint la longue période de paix imposée par l'Empire romain sur les régions qu'il contrôlait, période connue sous le nom de Pax Romana.

 

 

Avers d'un sesterce de Maximin qui naquit en Thrace d'un père Goth et d'une mère Alaine. Dans son enfance il était berger. Devenu adolescent, il se fit remarquer par Septime Sévère à cause de sa force prodigieuse et de sa taille colossale qui dépassait huit pieds romains et avança rapidement dans la carrière militaire. Il fut Empereur en 235 et assassiné par ses soldats en 238.

 

 

Avers d'un Antonien ou double denier d'Otacilie (Marcia Otacilia Severa).
Otacilia, femme de Philippe L'Arabe, Empereur de 244 à 249, n'est guère connue que par les médailles et les inscriptions. On pense qu'elle était chrétienne. Elle laisse un fils, Philippe fils et une fille dont le mari se nommait Severien.

 


 

Probus 276-282. Héritant d’un Empire romain réunifié, il continue l’œuvre de sécurisation des frontières et de reconstruction économique entamée par son prédécesseur Aurélien. En 276 et 277, la Gaule est ravagée en profondeur par des raids des Francs et des Alamans. L’armée de Probus intercepte ces groupes de Germains à leur retour vers le Rhin, et leur inflige de terribles défaites. Il autorise la culture de la vigne et la production de vin en Gaule et en Pannonie, annulant de fait l'édit de Domitien promulgué près de deux siècles plus tôt pour interdire la plantation de nouvelles vignes

Monnaie de Galère Maximien (Galerius Valerius Maximianus).
Il naquit près de Sardique en Dacie, il régna de 305 à 311 ap. J.-C. sous le système de la Tétrarchie mise en place par Dioclétien.
Buste lauré (tête ornée de lauriers) et cuirassé.

 

 

Potins senons

 

Les potins Gaulois sont des monnaies de bronze coulées (et non frappées). Les potins ne font pas partie des plus anciennes monnaies gauloises. En effet, les Gaulois, recrutés comme mercenaires par les différentes puissances du monde antique, ont introduit la monnaie dans le monde celtique après leur contact avec la civilisation grecque. Les plus anciennes monnaies gauloises apparaissent au IIIème siècle avant J.-C. Il s'agit de monnaies d'or imitées de celles de Philippe de Macédoine. Les Gaulois ont alors fabriqué leurs premières monnaies en imitant leur modèle Grec.
En savoir plus sur les monnaies gauloises

Au IIème siècle avant J.-C, chaque peuple a individualisé ses monnaies. Les premières monnaies gauloises étaient frappées, mais sont apparues des monnaies de circulation courante coulées : les potins. Ces deux types de monnaies gauloises, frappées et coulées, on circulé parallèlement. Le métal utilisé pour la fabrication des Potins était composé d'étain, de cuivre et de plomb. Les monnaies de Potin étaient fabriquées par chapelet dans des moules où était coulé le métal en fusion, ce qui leur donne souvent un aspect médiocre par comparaison avec les monnaies frappées dont le relief est beaucoup plus net. Les monnaies coulées étaient séparées les unes des autres par une cisaille, ce qui explique la présence fréquente de bavures de part et d'autres des potins qui, souvent, ne sont pas rarement parfaitement circulaires. Ces monnaies étaient de faible valeur et destinées à la circulation courante; leur rareté est bien moins forte que celle des monnaies d'argent et a fortiori des monnaies d'or. L'archéologie permet d'en savoir plus sur l'utilisation de ces monnaies. Par exemple, les fouilles du sanctuaire d'Alonnes (Sarthe) ont donné de précieux renseignements sur la circulation des monnaies à partir des offrandes déposées par les fidèles (on parle de monnaies « votives », c'est-à-dire déposées pour faire un vœu auprès de la divinité. concernée).
Source : http://www.sacra-moneta.com/Numismatique-gauloise/Les-potins-Gaulois.html

Rouelles gauloises

Les rouelles sont des objets métalliques (en métaux divers précieux ou vils) semblable à une petite roue à rayon. Elles ont eu sans doute plusieurs fonctions : décorative (bijoux), monétaire (mais certains en doute) et votives (la fonction la plus attestée). On a retrouvé de grandes quantités de rouelles dans les sanctuaires de l'eau, dans des fontaines, ce qui atteste la coutume de jeter des pièces dans l'eau en prononçant un vœu.

Il ne faut cependant pas confondre ces rouelles avec les "fusaïoles", ces anneaux de plomb que la fileuse enfilait à l'extrémité de son fuseau  pour servir de contrepoids.

      
                Fusaiole                    Rouelle en bronze provenant de Beaune-la-Rolande

Domitien et autres Frappes barbares, Gaule III°s Divers, milieu III° s Postume et autres

Les trésors monétaires découverts à Sceaux-du-Gâtinais

Depuis le Second Empire, de nombreux trésors monétaires ont été découverts sur le site archéologique de Sceaux-du-Gâtinais.
Ces découvertes sont, soit le résultat de fouilles systématiques, soit le fruit de recherches en surface. Les plus importantes séries monétaires étaient à l'intérieur d'un récipient :
-juillet 1847, une petite amphore à deux anses avec plus de 500 monnaies,
-mars 1852, un vase avec plusieurs centaines de pièces,
-1853, découverte de 452 médailles des Flaviens,
-1871, un vase avec 73 Antoniniani, etc...
La dernière découverte importante, a été faite en 1977 par Michel Chanceau. ; dans une cruche à anse, en pâte beige, de 15cm. de haut, plus de 500 Antoniniani d'argent (doubles deniers) ont été mis à jour. Toutes ces pièces sont authentiques et bien conservées.
La période concernée va de 211 après J.C. à 259 ; elle correspond à une phase historique de troubles monétaires. Ce trésor est donc un document précieux pour
l'étude de la circulation des monnaies en Gaule.

Extrait de "Sceaux-du Gâtinais : un passé de prestige" (Groupe Histoire et Archéologie du Foyer rural de Château-Landon) 1997

Une monnaie romaine représentant la déesse Segetae, voir ici

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