Lettrine T
(comme Théodulf)
Principales oeuvres de Théodulf:
"Capitulaires" en 46 articles.
Dossier sur le "Filioque".
Traité "De Spiritu
sancto".
"De ordine baptismi".
"Ad Carolum regem" (chronique qui décrit la vie et la
Cour de Charlemagne).
"Carmina
laus et honor" : sept livres poétiques où Théodulf se montre le
disciple de Virgile et d'Ovide en témoignant sa profonde admiration pour
Charlemagne.
"Les
Livres Carolins" : écrits à la demande de Charlemagne pour
contrer les conclusions du Concile de Nicée II qui autorisait à nouveau
l'utilisation des images.
Confections
de bibles splendides, malheureusement elles ont été dispersées à
:
-
Stuttgart, jadis à la cathédrale de
Constance
-
Londres,
jadis à l'abbaye de St Hubert
- Paris, deux manuscrits, l'un dit de la cathédrale
d'Orléans (B.N Lat.9380), l'autre dit de St Germain-des-Prés à Paris (B.N
Lat.11937)
- Copenhague
-Au Puy.
Théodulf
a respecté dans ses Bibles les principes aniconiques (sans
icône, sans image) appliqués dans la décoration
à Germigny et repris dans les "Livres Carolins" : aucune image
du Christ et des saints, mais une décoration de style oriental
: feuillages, spirales, rinceaux... Ce qui compte
avant tout, c'est l'Ecriture (sainte) dans toute sa beauté, rien ne doit
distraire le lecteur de la Parole de Dieu.
Bible
du Puy-en-Velay :
couronne décorative des pages blanches, à caractère d'or.
Bible
du Puy-en-Velay :
Tables de concordances enluminées, manuscrites en caractères d'or.
Louis
le Pieux,
en chevalier chrétien
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Théodulf
(ou Théodulfe ou Théodulphe, nom
qui vient du
gotique "thiuda-wulfs"
et qui signifie "peuple du loup")
était d'origine wisigothique, il est né
au nord de l'Espagne, peut-être en Catalogne ou à
Saragosse vers 750
(pas en Septimanie, le Languedoc aujourd'hui, comme certains ont pu le
penser, car il y vécut), il est mort
à Angers en 821.
Réfugié avec sa famille en Septimanie (il
aurait pu y
entrer entre 778 et 780,
fuyant la contre-offensive arabe)
il s'initia à
la lecture des Pères de l'Église et à la littérature grecque et latine.
Il a peut-être fait ses études à l'abbaye d'Aniane (ou
à Alet?) entre Montpellier et
Lodève, tout près de Gelone qui prendra le nom de St Guilhem-le-désert.
Théodulf a sans doute été marié; dans ses poèmes il
parle d'une certaine Gisla qui pourrait être sa fille. Charlemagne aurait pu le
découvrir en Italie où il aurait commencé une carrière d'enseignant. Théodulf était
en effet un
grand intellectuel,
un théologien,
un poète.
A ce titre, il
composa
l'hymne "Gloria Laus",
qui est toujours
chanté à Orléans et Germigny-des-Prés,
lors de la procession des Rameaux.
En savoir plus sur cet
hymne
Ecouter l'hymne "Gloria Laus"
Il s'intéressait aussi beaucoup à la
géométrie
(précieuse en
architecture). Charlemagne ayant reconnu l'étendue
de son érudition l'appela à son service avec Pierre de Pise
(Lombard, grammairien, poète), Paul Diacre (Lombard,
théologien, historien), Paulin d’Aquilée (Italien,
théologien qui deviendra patriarche d'Aquilée), Agobard
(Espagnol, archevêque de Lyon), Angilbert (gendre de
Charlemagne, abbé laïque de St-Riquier), Eginhard (Franc de Germanie,
mathématicien, architecte, abbé laïque de Fontenelle, historien de
Charlemagne), Benoît d'Aniane (réformateur de nombreux monastères par un
retour à la règle de St Benoît de Nursie) et le grand Alcuin (Anglais,
esprit universel, il deviendra abbé de Tours, de Ferrières, de Troyes, mais
restera diacre toute sa vie).
En 797, Charlemagne nomma
Théodulf
évêque d'Orléans
et abbé de Fleury
(St-Benoît-sur-Loire), sans être moine. Il était également abbé de St-Aignan (Orléans), de Micy (St-Mesmin),
de St-Liphard (Meung-sur-Loire).
Charlemagne
s'appuya sur lui pour
réorganiser
l'enseignement (il fut un des principaux artisans de la
renaissance
carolingienne) qu'il organisa en trois niveaux : les
écoles paroissiales (gratuites), les écoles épiscopales (niveau secondaire),
les écoles monastiques (pour les cadres de l'Empire). Il travailla aussi à
rétablir la discipline ecclésiastique
en rédigeant
des Capitulaires,
sur ce sujet, il voulait
que les prêtres s'adonnent à la lecture et à la prière, qu'ils
respectent le célibat et la sobriété, qu'ils aient une
véritable formation religieuse et intellectuelle.
Théodulf
fit de Saint-Benoît un
haut lieu de culture classique, il y créa deux écoles monastiques : une pour le clergé
séculier, à l'extérieur,
l'autre à l'intérieur pour les futurs moines (clergé régulier) qui étudiaient les documents anciens. Le scriptorium, qui existait avant
son arrivée, produisit quelques œuvres remarquables (religieuses
et profanes) et
il en fonda un autre à Orléans (célèbre pour ses Bibles de
Théodulf).
Théodulf fut aussi associé
au gouvernement même de
l'Empire en
devenant un "missus
dominicus".
Il fut, à ce titre, en 794, envoyé en Languedoc (Septimanie)
province
que connaissait bien Théodulf et qui était en
proie, depuis quelques années, à une sérieuse dérive dogmatique
(résurgence de l'hérésie
arienne) trouvant son origine en Espagne
musulmane.
Théodulf manifesta aussi un
grand sens du bien commun,
il s'opposa notamment, en vain, à Charlemagne qui
décida que, à sa mort, l'Empire serait divisé entre ses 3 fils.
Théodulf avait aussi le
sens de la justice,
contrairement
aux Francs,
il avait des
connaissances juridiques approfondies : les Wisigoths
d'Espagne possédaient, en effet, un droit écrit qui, à travers le "Liber
Iudiciorum" de Receswinthe (654) et le "Code d'Alaric" (506) remontaient au
Code romain de Théodose. Ainsi,
il travailla à une personnalisation des délits et des
peines,
s'attaqua
à la loi salique
(source d'erreurs judiciaires)
:
les
justices privées, les ordalies, le serment germanique.
Il fit aussi
oeuvre de charité
en faisant construire, à Orléans, près de sa maison, un hospice gratuit pour
les pauvres, les malades et les voyageurs, il fit graver au-dessus de la
porte cette inscription : " la maison que voici, toute modeste qu'elle est,
suffit amplement aux besoins de la vie, le pauvre affamé pourra y manger,
celui qui est altéré, y boire, le voyageur y trouvera un lit, le malade un
remède, le malheureux, la joie. Vous pénétrez dans cette maison, n'oubliez
pas Théodulphe qui l'a construite".
En 800, il assista à Rome au couronnement de Charlemagne,
le
pape lui décerna, à cette occasion, le pallium.
En 804, Théodulf succéda à Alcuin comme
conseiller
théologique de l'Empereur
qui le chargea d’étudier la question du
Filioque face
aux objections des Orientaux. Ainsi composa-t-il son traité de théologie
"De Spiritu sancto" (Du Saint-Esprit),
qu’il fit suivre, sur la demande de Charlemagne, d’un "De ordine
baptismi" (Du Baptême). Théodulf attachait beaucoup d'importance à la pratique
des sacrements.
Le 28 janvier 814, Charlemagne mourut d'une pleurésie. Aussitôt, Théodulf
invita Louis le Pieux à Orléans et le reçut en
février dans la cathédrale Ste Croix, il composa à cette occasion une harangue
en son honneur.
Voir
la description lyrique de l'entrée à Orléans de Louis le Pieux.
Mais en 817 Théodulf fut accusé,
faussement, d'avoir soutenu la révolte
du roi Bernard, en Italie du Nord, contre l'Empereur
Louis le Pieux. Bernard, un petit fils de Charlemagne,
contestait le nouveau partage de l'Empire carolingien, il fut vaincu par
l'Empereur et eut les yeux
crevés (il en mourut), les évêques comploteurs furent destitués de
leur siège. Théodulf, refusant d'avouer sa complicité, fut emprisonné
en 818, puis exilé au monastère d'Angers où il mourut en 821 (certains
prétendent qu'il fut amnistié par l'Empereur).
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