Si
la maison romaine est austère sur ses façades extérieures, il n'en est pas
de même pour l'intérieur où tous les murs et plafonds sont décorés. Certes,
les peintures ont moins bien résisté que les mosaïques sur les sols, mais on
a quand même des fragments de fresques splendides.
Le mur est décoré à trois endroits : la plinthe, le panneau médian et la
frise supérieure.
La nature du décor est adapté au lieu.
Les représentations d'animaux fantastiques (monstres, chimères,
sphinges) et le décor floral reviennent le plus souvent.
Les couleurs sont le plus souvent vives et appliquées selon la technique de
la fresque, ce qui a permis de les conserver.
La peinture est appliquée
sur un enduit de chaux et de sable fin encore humide, en séchant elle sera
fixée durablement. Cet enduit repose sur plusieurs couches de mortier
successives, de plus en plus fines.
Les couleurs proviennent le plus souvent de pigments naturels d'origine
minérale : les terres ocres fournissent une large gamme de tons jaunes et
rouges, la craie donne du blanc, le noir provient de la calcination de bois
ou d’os.
Avant la pose de l’enduit final, ou bien à sa surface, un tracé préparatoire
va guider le peintre. Il s’agit de lignes peintes ou incisées ou encore de
ficelles tendues. Le fil à plomb, la règle et le compas sont utilisés pour
tracer des motifs géométriques complexes.
Les peintures murales suivent l'influence des
styles en Italie. Les spécialistes ont reconnu un ensemble de quatre styles successifs
en s'appuyant sur les peintures de Pompéi et Herculanum (du IIème siècle av
JC, à 69, date de l'éruption du Vésuve). Dans les provinces, la peinture
suit dans les grandes lignes cette évolution, tout en créant des caractères
originaux, comme la mode des candélabres.
- Le premier style
- dit des incrustations, en usage du milieu du
IIe siècle jusqu'en 80 av. J.-C. - se
caractérise par une évocation du marbre et par l'utilisation de couleurs
vives. Ce style est une réplique des palais orientaux des Ptolémées dont
les murs étaient véritablement incrustés de belles pierres et de marbres. On
trouve également des reproductions murales de tableaux grecs.
- Dans le deuxième
style - ou période architectonique, qui domine le
Ier siècle av. J.-C. - les murs sont
décorés par de grandes compositions architectoniques en trompe-l'œil. Cette
technique, qui consiste à mettre des éléments en relief, afin de les faire
passer pour réels, par exemple, en dessinant une colonne qui passera pour un
élément de l'architecture du bâtiment où l'œuvre est exposée, fut très
utilisée par les Romains. A l'époque d'Auguste, le deuxième style évolue.
Les fausses architectures ouvrent les parois avec de larges fonds dédiés à
des compositions. Une structure inspirée des décors de théâtre se répète,
basée sur une grande ouverture au centre flanchée de deux plus petites sur
les côtés. Dans ce style s'affirme une tendance illusionniste, avec un
"défoncement" des parois par des fausses architectures ou des vues
- Le troisième style
est le résultat vers 20-10 av. J.-C. d'une réaction à l'austérité de la
période précédente. Il laisse la place à des décorations plus figuratives et
colorées avec une visée surtout ornementale et présente souvent une grande
finesse d'exécution. On le trouve à Rome jusqu'à 40 apr. J.-C., à Pompéi et
ses environs jusqu'en 60.
- Enfin, le
quatrième style - ou style fantastique - apparu vers 60-63 après
J.C., réalise une synthèse entre le second style illusionniste et la
tendance décorative et figurative du troisième style. Retrouvant les
techniques du style perspectif, il se surcharge d'ornements. Un élément
typique de cette phase est l'utilisation de figures détachées du contexte
d'un tableau, et intégrées dans une architecture proche des décors de
théâtre.
Ce quatrième style a eu une grande importance dans l'histoire de l'art.
Après l'incendie de Rome en 64, Néron fait construire un grand palais nommé
la domus aurea. Suite à son suicide en 68, les terres qui avaient été
réquisitionnées sont rendues par le sénat à l'usage public et on construit
de nouveaux bâtiments dans lesquelles subsistent certaines salles du palais.
Ces grandes salles, devenues souterraines, sont redécouvertes à la
Renaissance par des artistes qui réalisent des copies des peintures murales.
Du fait de leur origine, ces œuvres sont dénommées "grotesques" et
leur étrangeté a donné par la suite un autre sens au terme.
On peut voir dans
cette succession de styles la tension entre la tendance illusionniste, qui
vient de la Grèce, et la tendance ornementale qui est le reflet de la
tradition italique et de l'influence de l'Orient.
(Le texte sur les quatre styles est issu de
Wikipédia)
Pour en savoir plus sur la peinture en Gaule romaine, voir le livre d'Alix
Barbet : "La peinture murale en Gaule romaine".
Extrait : "Cet art du décor se manifeste partout en Gaule et dans
tous les types de bâtiments, les maisons et les villas bien sûr, mais
aussi les bâtiments publics, les temples, les thermes, les boutiques et
même dans les tombeaux sans oublier les plafonds et les voûtes aux
décors insoupçonnés jusqu’à nos jours.
Les sujets sont extrêmement variés :
-
des motifs simples,
-
du très prolifique système à candélabres qui connaît
des variations infinies pendant près de deux siècles,
-
de somptueuses scènes à personnages grandeur nature,
d’autant plus émouvants qu’ils sont souvent fragmentaires et
énigmatiques.
Certains thèmes devaient être l’œuvre de peintres
particulièrement entraînés, ainsi pour les scènes marines, les décors de
jardin, les scènes idyllico-sacrées de style quasi-impressionniste ;
enfin quelques rares portraits et de belles nature-mortes fondent les
origines de la peinture française."
|