Les mosaïstes viennois
: des
créateurs d'un style original " La production
des mosaïstes de Vienne compte parmi la plus importante du monde romain. Plus de
250 pavements ont été découverts sur les deux rives du Rhône. Leur fréquence
témoigne de la richesse des demeures viennoises, mais aussi de la maîtrise d'une
technique et d'un savoir-faire particuliers. Les ateliers prennent en général
pour motifs des modèles italiques. Des « cartons », sortes de modèles copiés sur
les originaux, circulent entre mosaïstes. Ceux-ci adaptent leur réalisation au
goût et aux possibilités du commanditaire. Mais au-delà de ces modèles, les artisans viennois ont créé un style original qui se
caractérise par l'attrait des schémas géométriques. Triangles, carrés et
polygones se combinent, encadrent des décors figurés tandis que tresses,
méandres ou plus simplement bandes noires et blanches forment le cadre
général de la composition. Parfois, la répétition du même motif géométrique
forme l'unique ornement du tapis de la mosaïque.
Toutefois, dans les grandes pièces, les scènes traditionnelles de la mythologie
restent parfois présentes. Il est aussi à remarquer que la fonction de la pièce
détermine souvent le thème de la mosaïque.
La période de production des ateliers viennois est assez restreinte dans
le temps ; elle s'affirme, en effet, à partir du Ier siècle et il ne semble
pas qu'elle ait survécu à l'abandon des grandes maisons urbaines, dans le
courant du IIIème siècle de notre ère." (Texte : musée de St
Romain-en-Gal).
Du métier de mosaïste, nous connaissons peu de choses, si ce ne sont les œuvres
achevées. La fabrication des petits cubes, les tesselles*, ne nécessite pas
d’installations particulières mais beaucoup de savoir-faire. Pour le noir et le
blanc, le mosaïste choisit plutôt des calcaires, pour les couleurs, des marbres.
Seules les teintes très vives nécessitent un matériau artificiel, la pâte de
verre colorée. L’essentiel de l’activité se fait sur place, en équipe. Le
maître réalise les tableaux figuratifs, tandis qu’à l’ouvrier qualifié ou à
l’apprenti, chacun en fonction de son expérience, sont confiés les motifs
géométriques ou les simples bandes de raccord.
* de quelques millimètres à 2cm de côté
La pose se fait sur un sol bien
plan. On commence par renforcer l'assise par un lit de pierres qui est ensuite
recouvert par plusieurs couches de mortier de tuileau** de plus en plus fin. Les
lignes directrices géométriques sont tracées dans le mortier ou repérées par des
cordes tendues. Les tesselles sont ensuite posées sur une couche à base de
chaux. On termine par le polissage de la mosaïque pour la rendre bien plane.
**
Le mortier de
tuileau est un mélange de chaux et de fragments de terres cuites de
construction (briques ou tuiles). Une variété citée par Vitruve comprend une
partie de chaux, une partie de tuileau pilée et tamisée et deux parties de
sable. Le tuileau, qui est une argile cuite, agit pendant la prise du mortier.

Fabrication des tesselles |

Oxydes pour colorer la pâte de verre |
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