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temples3d
Le
Parthénon en 3 dimensions par
Benjamin Bradu
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Le
Parthénon n'est pas à proprement parler un temple dans la mesure où la
statue présente à l'intérieur n'est pas une statue de culte, elle n'a jamais
fait l'objet d'un rite et aucune prêtresse n'y était attachée. Le temple
de l'Acropole est
l'Erechthéion
qui abrite l'Athéna Polias dont la statue cultuelle est un xoanon (une
statue en bois).
Le Parthénon est cependant construit selon l'architecture d'un temple : il possède huit colonnes, on dit qu'il est
octastyle (octa = huit, style = colonne).
Tous les éléments architecturaux : métopes, triglyphes,
statues, chapiteaux, frontons étaient peints de couleurs vives (bleu, rouge,
or...)
Voir ici
Pour la
frise des Panathénées,
voir ici |
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Le Parthénon a deux grandes
fonctions :
- abriter
une
statue d'offrande (dans la salle appelée
"naos" ou "cella"). Le Parthénon abritait la statue d'Athéna
Parthénos (jeune fille), elle avait été sculptée par
Phidias, elle était toute en or et en ivoire (on dit
"chryséléphantine"). Elle était haute de 12 mètres. Cette statue a disparu,
elle fut emmenée à Constantinople.
-
conserver les objets
précieux,
le trésor de la cité (salle du trésor) et le
trésor de la Ligue de Délos, initialement constitué pour financer la guerre
en cas d'attaque perse, mais en partie utilisé
par Périclès, stratège d'Athènes, pour construire le Parthénon lui-même et
embellir la cité.
La
statue d'Athéna elle-même, selon Périclès, constituait également une réserve
d'or affiné pour un poids de quarante talents. Cette quantité d'or pouvait
être retirée, en cas de besoin, pour fondre de la monnaie sans pour autant
commettre un acte d'impiété. |
Cliquer
sur les 2 statues
d'Athéna pour agrandir
Reconstitutions de la statue
chryséléphantine
en marbre du musée de Toronto (à gauche) et du musée d'Athènes (copie
romaine)
 
La copie romaine (à droite) a été trouvée dans les fondations d'une école.
La statue originale était haute de 12 mètres (la copie mesure 105 cm). La statue était composée d'une
structure de bois sur laquelle étaient fixées des plaques d'ivoire. Ce
matériau fragile et sujet à dessiccation était entretenu à l'aide d'une
eau huilée qu'on laissait à disposition dans un bassin, au pied de la
statue. La couche d'huile laissait une pellicule protectrice empêchant
l'évaporation et donnant un lustre à l'ivoire.
La gloire de Phidias repose en grande partie sur cette statue
d'or et d'ivoire. Le poids de l'or est évalué à plus de 1000 kg, il
constituait une partie du trésor de la cité et pouvait être enlevé afin
d'être repesé à tout moment. Le casque de la déesse était orné d'un sphinx
et de deux vautours (la copie n'est pas totalement fidèle, le casque
représente Pégase). Sur le bouclier, était sculpté le combat des Amazones
et des Géants. Le rebord des sandales représentait un combat de Centaures
et le socle de la statue retraçait la naissance de Pandore entourée de
Séléné et d'Hélios. La main droite s'appuyait sur un pilier de peuplier et
tenait une "petite" Nikè haute de 1m60.

Cliquer sur la copie d'époque romaine du bouclier d'Athéna pour voir le
combat des Amazones.
Périclès et Phidias y auraient été inclus en tant que personnages, ce qui,
pour l'époque, a pu passer pour scandaleux, l'art religieux devant rester
anonyme et ne pas glorifier ses auteurs. |
Le nombre d'Or dans la construction du Parthénon :
Tout le monde s'accorde pour dire que la beauté du Parthénon tient à
l'élégance de ses proportions. On prétend que le monument a été conçu
selon les proportions humaines.
Protagoras, contemporain de Périclès, n'a-t-il pas déclaré que l'homme est
à la mesure de toute chose? Ainsi, Léonard de Vinci, avec l'homme de
Vitruve, inscrit dans son carré et son cercle n'aurait rien inventé. On
sait aussi que les architectes antiques utilisaient comme mesure le pied
(comme les Anglais). Toutefois, il existait deux mesures différentes du
pied : le pied dorique et le pied ionique. Dans le musée du Pirée, se
trouve une pierre appelée "Pierre de Salamine" qui est sans aucun doute
une table de conversion des mesures afin que les ouvriers de cités
différentes étalonnent leurs outils qui étaient sans doute beaucoup plus
précis que les nôtres. Le Parthénon serait donc construit selon le rapport
humain* de 1,6 (la façade s'inscrit dans un rectangle dont le rapport
entre la largeur et la hauteur est 1,6). Ce rapport est celui du nombre
d'or.
D'ailleurs, le
nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre
φ (phi) en
l'honneur du sculpteur Phidias qui l'aurait utilisé le premier).
*
Le nombril
divise la hauteur de l'homme en deux segments qui sont dans le rapport
d'Or (1,618).
Mais on a trouvé aussi d'autres rapports intéressants dans la construction
du Parthénon, par exemple celui de 4 à 9 en ce qui concerne la
largeur des colonnes. Le Parthénon a donc été construit selon des critères
mathématiques rigoureux, le tout avec une précision de parfois 1/10ème de
millimètre.

1.
L'édifice tel que nous le voyons.
2.
L'édifice
tel que nous le verrions s'il était construit avec des lignes
droites.
3.
L'édifice tel qu'il est construit pour que nous ne voyons que des lignes
droites.
Le Parthénon est donc un ingénieux trompe-l'œil, mais ce n'est pas le
1er édifice construit ainsi, le temple de Déméter, à Naxos, fut
construit ainsi un siècle avant. |
L'illusion d'optique du Parthénon :
Le Parthénon est construit sans aucune ligne droite : le soubassement
est convexe, les colonnes sont inclinées vers l'intérieur, les
architraves ne sont pas droites, tous les blocs des murs sont inclinés
et chacun des 100 000 bloc est unique, aucun n'est
interchangeable... i l n'y a que des courbes dans le Parthénon,
pourquoi? Car l'œil humain déforme la réalité pour les lignes
horizontales et verticales. Pour compenser ce défaut, les colonnes
sont légèrement inclinées vers l'intérieur et la base est un peu
convexe (on utilise en fait la courbe pour donner l'illusion de la
droite). Pour la même raison d'esthétique, les colonnes d'angle, en
raison de leur isolement, ont leur diamètre légèrement supérieur aux
autres. De même, les colonnes sont plus épaisses jusqu'au 1/3 de leur
hauteur pour éviter les illusions d'optique. Cette
technique de correction optique est appelée «entasis» (la
partie renflée de chaque colonne).
L'adoption
de toutes ces déviations devait fortement gonfler le coût de la
construction, puisqu'elles impliquaient la taille de chaque bloc, ou
du premier et dernier tambour, avec des dimensions particulières sur
chaque face, et avec des angles qui divergent des habituels 90°.
Toutefois,
certains pensent que ce style de construction n'aurait pas pour
origine la correction optique mais y voient un effet de style, une
manière d'insuffler de la vie et une dimension charnelle aux colonnes
qui, sans la raideur ni la rigidité que leur conférerait une
fabrication mécanique et standardisée, paraissent alors tendre leurs
muscles sous le poids de l'entablement ; elles acquièrent ainsi une
plus grande qualité plastique.
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Mesure de la courbe du stylobate du Parthénon par Orlandos - 1977 |
Le Parthénon, une construction modulaire?
On s'est toujours demandé pourquoi le Parthénon, un
bâtiment si complexe, tout en marbre, apparemment sans l'aide d'un plan,
avait pu être construit aussi rapidement. Le
Parthénon fut construit entre 447 et 432 ans av. J.-C. (soit en 15 ans,
d'autres disent moins de 10). Or aujourd'hui, après 30 années d'efforts,
les archéologues n'ont pas encore fini de restaurer ce trésor de
l'humanité de 20 000 tonnes de marbre. Il se pourrait que la réponse se
trouve dans l'utilisation du triglyphe, cet élément qui alterne aves les
métopes sur la frise dorique. Le triglyphe aurait pu être l'étalon de
mesure, le module de construction de base. Il en est de même des tambours
qui s'emboitent les uns sur les autres, comme des légos, pour faire un
colonne, à la différence près que les tambours d'une même colonne n'ont
pas la même circonférence, comme nous l'avons vu plus haut (encore une
prouesse technique). |
Pour en savoir plus sur le Parthénon et sa restauration,
un documentaire passionnant : "LES SECRETS DU PARTHENON"
- Un film de Gary Glassman ie
et Christine Le Goff (
DVD chez ARTE Vidéo)
-
Coproduction : ARTE France, Studio International, Providence Pictures,
NOVA-WGBH Boston (2008 - 89 mn)
- Voir un extrait la vidéo du dvd : http://boutique.arte.tv/secrets_du_parthenon
Quelques extraits de la documentation d'Arte consacré à ce dvd :
http://www.artepro.com/fr_fichiers/fichiers/02629178.pdf
Erigé il y a 25 siècles et en moins de 9 ans, le
Parthénon a gardé, jusqu’à il y a quelques années, le mystère presque
entier de sa construction. Enquête scientifique passionnante. Les secrets
du Parthénon nous propose un voyage au cœur du monde antique, à la
découverte de ce chef d’œuvre de l’architecture, au moment où la cité
d’Athènes fit entrer la Grèce dans la plus belle période de son histoire,
une période unique qui vit naître les mathématiques, la philosophie, la
tragédie, et la démocratie… Comment les Grecs, sans aucun outil en acier,
ont-ils réussi à découper, puis transporter sur une vingtaine de
kilomètres les 13.400 blocs de marbre blanc qui forment la matière de
l’édifice ? Comment ont-ils assemblé, sans recourir au mortier, ces blocs
de marbre en colonnes cannelées aux tronçons invisibles ? Comment ont-ils
conçu ce bâtiment comme un objet géométrique idéal, structure dont toutes les
proportions sont déterminées par le Nombre d’Or qui sera redécouvert bien
plus tard, à la Renaissance, et appliqué par Michel-Ange et Léonard de
Vinci ? Comment ont-ils réussi à créer l’illusion d’une structure
parfaitement symétrique en apportant de subtiles corrections aux
dimensions de certaines des colonnes pour que toutes paraissent identiques
et à l’écartement des angles pour que l’œil les croit droits (une
technique de correction optique appelée « entasis ») ?
Mais ce symbole de la beauté et de la perfection,
chef-d'œuvre de génie civil a été canonné, incendié, ébranlé par des
tremblements de terre, mutilé, pillé de ses sculptures et défiguré par des
rénovations catastrophiques. Pour le sauver de la destruction, une équipe
internationale de chercheurs rassemblant des scientifiques, ingénieurs,
archéologues et historiens d’art a été mise en place il y a 30 ans. Sa
mission : retrouver les secrets de sa construction, réparer et assembler
des milliers de blocs de marbre. Bénéficiant des dernières avancées
scientifiques et technologiques, ces chercheurs ont réussi à tirer de
l’oubli les techniques remarquables qu’utilisaient les bâtisseurs de la
Grèce antique.
Les secrets du Parthénon est le premier documentaire réalisé avec la
participation directe de cette équipe de spécialistes de l'édifice, dirigée
par l’architecte Manolis Korres, qui ont dévoilé leurs archives filmiques
et permis un accès exceptionnel au site de l’Acropole.
Le Parthénon est le premier édifice au
monde construit entièrement en marbre. Le bâtiment était totalement
polychrome, peint de couleurs vives. La construction servait de « trésor » où étaient conservés les
fonds de « la Ligue de Délos », c’est-à-dire de l’alliance dirigée par
Athènes contre la Perse. L’édifice était aussi un véritable écrin pour la
précieuse statue de la divinité protectrice de la cité : « l’Athéna Parthénos ». Réalisée par le sculpteur Phidias, cette statue, aujourd’hui
disparue, est une statue dite « chryséléphantine » : c’est à dire faite de
bois plaqué d’or et d’ivoire.
Quelques repères historiques sur le Parthénon :
480 av JC - Un premier
édifice, le «
pré-Parthénon » est détruit lors de l’incendie et du pillage d’Athènes par
Xerxès, empereur de Perse. Quelque temps plus tard, Xerxès est vaincu et
les Athéniens se trouveront confrontés à un douloureux dilemme : faut-il
garder vivant le souvenir du crime commis en laissant les ruines en
l’état, ou y élever un nouveau monument, plus splendide encore, qui
attestera de la supériorité des Hellènes sur les Achéménides ? Au terme
d’un long débat auquel participent les grands esprits de la Grèce
classique : Socrate, Euripide, Hippocrate, Sophocle, Périclès, on décide
finalement de reconstruire.
431 av JC - Un an après l’achèvement
du Parthénon, début de la guerre du Péloponnèse qui se solde par la défaite
d’Athènes. Sparte, victorieuse installe ses troupes sur l’Acropole… Le
Parthénon est ensuite demeuré quasiment intact pendant plusieurs siècles.
Il l’était probablement au IVe siècle, alors qu’Athènes n’était plus
qu’une bourgade provinciale de l’Empire romain.
VI e
siècle - Le Parthénon est
transformé en église consacrée à la Vierge Marie. La reconversion en
église a conduit à la destruction des colonnes intérieures et à
l’ouverture de plusieurs portes.
1458 - Athènes est conquise par les
Ottomans qui transforment le Parthénon-église en mosquée. Hormis un
minaret qui lui est ajouté, il est peu modifié à cette époque.
1674 - L’édifice est minutieusement
dessiné par un artiste anonyme, accompagnateur du marquis de Nointel,
ambassadeur de Louis XIV de France. Ces relevés, dits « de Carrey », sont
aujourd’hui très précieux pour identifier les nombreux fragments des
décors du Parthénon, car ils furent réalisés à peine 12 ans avant la
destruction de l’édifice par les Vénitiens.
1687 - Les Vénitiens attaquent Athènes
et les Ottomans se fortifient sur l’Acropole, en utilisant le Parthénon
comme poudrière. Un boulet vénitien touche le bâtiment, qui explose sur le
coup. Les structures internes et ce qui restait du toit sont détruits, des
piliers sont décapités, notamment dans la partie sud. Les sculptures sont
gravement endommagées. De nombreux débris de décor jonchent le sol et sont
alors emportés par les visiteurs successifs, comme souvenir de voyage.
Voir les détails ici
Milieu du XVIII e
siècle - Stuart et Revett, deux aristocrates anglais, redécouvrent le Parthénon.
XIX e
siècle - Départ des Turcs. La
Grèce s’ouvre à l’Occident. Scientifiques et les archéologues affluent sur
l’Acropole.
1845 - L’Ecole française d’Athènes est
créée. Cette école accueille les jeunes architectes qui souhaitent étudier
les monuments grecs.
XIX e
siècle - Un ensemble complet
de moulages de la frise dite « des Panathénées » est envoyé en France par
le gouvernement britannique pour être monté à l’Ecole des Beaux Arts. La
frise y orne actuellement la cour du Murier.
Début du XX e
siècle - Le Parthénon est
gravement détérioré par une campagne de restauration.
1975 - Un an après le rétablissement
de la démocratie en Grèce, la fondation d’un Comité de Préservation des
Monuments de l’Acropole est annoncée. Les travaux avancent lentement en
raison des problèmes rencontrés.
2000 - Création du Service de
Restauration de l’Acropole.
2005 - 230 personnes
travaillent en permanence au chantier de restauration. |
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