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    A partir du moment où les 
    Grecs représentent leurs dieux sous une forme humaine à travers une statue, 
    le temple (dans lequel est placée cette statue) devient l’élément essentiel 
    du sanctuaire. Le sanctuaire (téménos, c’est-à-dire « ce qui est découpé » 
    (en latin, templum) ou
    tÕ ƒerÒn,
    c’est-à-dire « ce 
    qui est consacré ») est un espace sur la terre coupé, délimité par un prêtre 
    pour devenir la propriété d’un dieu. A l’origine, c’était simplement une 
    source, un bois, une grotte… Par la suite, les Grecs construisent le temple 
    pour abriter la statue du dieu. Les fidèles n’entrent pas dans le temple et 
    ils ne voient la statue que de l’extérieur quand la porte est entrouverte 
    lors des cérémonies. En effet, l’acte fondamental du culte, c’est-à-dire le 
    sacrifie, est effectué à l’extérieur du temple, sur l’autel situé devant 
    l’entrée principale. 
    
    I/ L’ORIGINE 
    
                Au début, le temple grec est aussi modeste que les premières 
    habitations des hommes (le temple d’Apollon à Delphes est d’abord une hutte 
    en branchages) ; puis les temples sont construits en bois et en brique crue 
    (au VIII° siècle avant J.C., le temple d’Héra à Samos est fait de brique 
    crue  et le toit est soutenu par des colonnes en bois). Ce n’est qu’entre la 
    fin du VII° siècle et le début du VI° siècle avant J.C. qu’apparaissent les 
    premiers temples en pierre (soit le marbre, en particulier celui des 
    carrières du Pentélique en Attique, soit le calcaire, soit encore le tuf). 
    Peu à peu vont être créés les ordres doriques puis ioniques. Certains 
    éléments datant des temples en bois sont conservés dans les temples en 
    pierre comme décoration (par exemple les gouttes, inspirées des chevilles en 
    bois des premiers temples, utilisées pour l’assemblage des différents 
    éléments ; elles n’ont aucune utilité dans les temples en pierre et ne sont 
    qu’un élément décoratif). Les statues des divinités, placées à l’intérieur 
    des temples, étaient elles aussi en bois (on les appelle xoana : 
    elles sont particulièrement vénérées) avant d’être réalisées en marbre ou en 
    bronze.  
    On 
    désigne les temples par leur plan et par le nombre et le style de leurs 
    colonnes. II/
    LE PLAN
    
                La plupart des temples sont rectangulaires, sauf le temple rond, 
    appelé « tholos ». Le temple est orienté, c’est-à-dire qu’il regarde en 
    direction de l’est. L’entrée se trouve donc face au soleil levant qui 
    éclaire la statue du dieu placée devant la porte, le jour où est célébrée la 
    fête principale de la divinité.  
    
                Le plan-type est rectangulaire, avec un vestibule. On l’appelle 
    « plan-mégaron », du nom de la salle principale des palais mycéniens dont il 
    reprend la configuration. Le temple est constitué de deux parties : 
    -        
    le sékos 
    qui est fermé et réservé au dieu ; il est formé : 
    * du 
    pronaos (vestibule) ; 
    * du 
    naos (appelé cella en latin, c’est le lieu où réside le dieu et 
    où l’on place sa statue) ; 
    * de l’opisthodome 
    (c’est-à-dire la « chambre de derrière » ; c’est le lieu où l’on entrepose 
    le trésor du dieu et les offrandes qui lui sont faites ; il n’y a pas de 
    communication avec le naos) ; 
    * dans 
    les temples où se déroulent des cérémonies secrètes, au fond du naos se 
    trouve l’adyton, ou abaton (« endroit où l’on ne va pas »), 
    dans lequel se tient par exemple la Pythie à Delphes ; 
    -        
    le 
    péristasis, ou péristyle extérieur, qui est ouvert.        
    
    L’ensemble repose sur une plate-forme de trois degrés, la crépis, dont le 
    troisième degré, le stylobate, porte la colonnade entourant le sékos. 
    1/ Le 
    temple périptère 
    On 
    appelle « périptère » le temple qui est entouré de colonnes sur chacun de 
    ses côtés. Tous les grands temples sont périptères : le Parthénon et le 
    Théséion (ou Héphaïstéion) à Athènes, les temples de Paestum en Grande Grèce 
    etc… Un temple diptère est un temple périptère à double colonnade (ex : le 
    temple d’Artémis à Ephèse). 
     
    2/ Les 
    autres plans de temple 
    -        
    Le temple in 
    antis possède deux colonnes en façades entre les antes (c’est-à-dire le 
    prolongement des murs) : ex : le trésor des Athéniens à Delphes. 
    -        
    Le temple 
    prostyle est doté d’une colonnade sur la façade principale : ex : le 
    trésor de Géla à Olympie 
    -        
    Le temple 
    amphiprostyle a une colonnade sur chacune de ses deux façades : ex : le 
    temple d’Athéna Nikè à Athènes. 
    -        
    La tholos 
    est un temple rond : ex : la tholos d’Athéna Pronaia à Delphes (appelée 
    aussi la Marmaria). 
     
    A : 
    temple in antis 
    B : 
    temple prostyle 
    C : 
    temple amphiprostyle 
    D : 
    tholos. 
    III/
    LE NOMBRE DE COLONNES 
    
                Les temples sont également classés en fonction du nombre de 
    leurs colonnes : selon le nombre de colonnes en façade, un temple est dit 
    tétrastyle (quatre colonnes), hexastyle (six), décastyle (dix), ou 
    dodécastyle (douze). 
    IV/ 
    LES TROIS ORDRES (ou STYLES < stylos = colonne) 
    
                Au VI° siècle avant J.C., deux courants sont représentés en 
    Grèce : l’un est dorien (le style ou ordre dorique), l’autre vient d’Asie 
    Mineure (le style ionique). L’Attique est géographiquement au carrefour 
    entre ces deux courants. Certains temples peuvent avoir des éléments 
    doriques et des élément ioniques. En ce qui concerne l’ordre corinthien, ce 
    n’est pas un ordre à proprement parler mais plutôt une variante plus tardive 
    de l’ordre ionique. 
    
                1/ L’ordre dorique 
    
                Il privilégie la gravité, la force, la sévérité. Il répond à un 
    idéal de simplicité : le chapiteau n’est pas décoré, la colonne n’a pas de 
    base et elle est rarement monolithe (c’est-à-dire qu’elle est rarement 
    constituée d’un seul bloc mais plutôt de plusieurs tambours), la frise qui 
    orne le fronton est composée d’une alternance de triglyphes (trois rainures) 
    et de métopes (sculptures). La colonne dorique présente un léger renflement 
    au quart de sa hauteur. Elle possède une vingtaine de cannelures peu 
    profondes.  
    Selon 
    l’architecte antique Vitruve, l’ordre dorique représente l’homme. C’est le 
    plus ancien : on en trouve des exemples dès le VIII° siècle avant J.C. : le 
    temple d’Héra à Olympie, le Parthénon à Athènes, les temples de Paestum etc 
    … Ce style est le plus représenté en Grèce, en Grande Grèce et en Sicile. 
    
                2/ Le style ionique 
    
                Il rappelle la vie luxueuse de sa région d’origine et sa 
    civilisation brillante ; il privilégie l’élégance et la souplesse. Il est 
    plus raffiné et plus ornementé que l’ordre dorique. Selon Vitruve, il 
    représente la femme : les cannelures ressemblent aux plis du vêtement des 
    korês (jeunes filles drapées d’une longue tunique) : cf les Caryatides de 
    l’Erechthéion sur l’Acropole à Athènes. Le chapiteau est en forme de volute, 
    la base est moulurée, la frise est décorée d’une série continue de 
    sculptures. La colonne est plus élancée et plus fine que la colonne dorique. 
    Elle est presque toujours monolithe, avec vingt-quatre profondes cannelures.
     
    Le style 
    ionique s’est développé en Ionie et dans les îles de la mer Egée à la fin du 
    VI° siècle. L’Attique est géographiquement au cœur de ces deux courants, 
    c’est pourquoi ils y sont tous deux bien représentés. Par exemple : le 
    temple d’Athéna Nikè sur l’Acropole. Parfois on peut avoir une frise dorique 
    et une frise ionique sur un temple dorique (dont les colonnes ont des 
    chapiteaux doriques) : c’est le cas du Parthénon. |