PERSEPHONE
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PERSEPHONE (Isabelle Didierjean, professeur agrégé de Lettres classiques)

Appelée également Koré (« jeune fille »), la fille de Zeus et de Déméter a été enlevée par Hadès, le dieu des Enfers, alors qu’elle cueillait des fleurs dans la région d’Enna, en Sicile. Il l’emmena dans son royaume souterrain. Déméter entendit les cris de sa fille :

 « Déchirante, la douleur s’empara de son cœur ; de ses mains elle arracha ses deux bandeaux sur sa chevelure divine, jeta sur ses épaules un voile sombre et s’élança, comme un oiseau, par les terres et les mers, à sa recherche. Or, personne, homme mortel ni dieu, ne voulait lui dire la vérité et nul oiseau véridique ne vint lui apporter de message. Dès lors, pendant neuf jours, la noble Déô ne cessa de parcourir la terre, ayant en mains des torches ardentes : dans sa douleur, elle ne goûta point à l’ambroisie ni au doux breuvage du nectar, et ne plongea pas son corps dans un bain.                       

                Hymnes homériques (Hymne à Déméter), Editions Bayard/Les Belles Lettres

Sa mère la chercha partout, négligeant dans son chagrin les cultures et les moissons et causant de ce fait la mort des humains. Elle finit par apprendre la vérité par le Soleil (Hélios), dont les rayons  éclairent tout : c’est Zeus qui a permis à son frère Hadès d’enlever la jeune fille. Devant le désespoir de Déméter et ses terribles conséquences pour les humains puisqu’aucune récolte n’était plus possible, Zeus ordonna à son frère de laisser Perséphone rejoindre sa mère sur la terre.

Mais la reine des Enfers avait mangé un grain de grenade, comme l’avait révélé  Ascalaphe, le fils de l’Achéron (l’un des fleuves des Enfers) et appartenait par là même au monde infernal. Déméter changea Ascalaphe en hibou ! Zeus décida que Perséphone passerait six (ou huit) mois sur terre avec sa mère et le reste de l’année sous terre avec son époux. Elle est la mère des Érinyes, les terribles déesses qui pourchassent les coupables et ne leur laissent aucun répit.

Hésiode, dans la Théogonie, décrit le royaume des morts ainsi que ses souverains :

« C’est là que les enfants de la Nuit obscure ont leur logis – Sommeil et Trépas, dieux terribles ; et jamais sur eux le Soleil brillant ne pose le regard de ses rayons quand il monte dans le ciel (pas davantage quand il descend du ciel). De ces deux-là, l’un, sur la terre comme sur le vaste dos de la mer, est paisible, dans ses tours et ses détours, d’une douceur apaisante, pour les humains ; l’autre a un cœur de fer et une âme de bronze impitoyable, dans sa poitrine. Il garde tout être dont d’abord il a fait sa proie, tout être humain ; et il est en haine même aux dieux immortels. C’est là (en face) que, du dieu souterrain, les demeures pleines d’échos) (celles d’Hadès le Fort et de l’affreuse Perséphone) se dressent – et un chien terrible, au- devant, monte la garde, impitoyable. En savoir-faire mauvais, il est passé maître : à ceux qui entrent, il fait fête de la queue comme des oreilles, des deux façons à la fois, mais il ne les laisse pas ressortir, rebrousser chemin ; il se tient aux aguets et mange quiconque il prend à chercher à passer, pour sortir, les portes (celles d’Hadès le Fort et de l’affreuse Perséphone). C’est là qu’habite la déesse qui fait horreur aux immortels, la terrible Styx, fille du Fleuve-Océan au cours inverse, sa fille aînée. »

                                Thégonie, vers 758- 777, Rivages poche (traduction d’A. Bonnafé)

 

Elle joue un rôle dans la légende d’Héraclès, celle d’Orphée et celle de Thésée et Pirithoos notamment. Orphée descendit aux Enfers pour en ramener son épouse bien aimée, Eurydice, mortellement mordue par un serpent. La musique d’Orphée était si merveilleuse qu’elle charmait humains et animaux sauvages. Même le chien Cerbère, gardien des Enfers, ainsi que Hadès et Perséphone furent séduits. Les deux souverains acceptèrent qu’Orphée emmène Eurydice, mais à condition de ne jamais se retourner durant tout le trajet menant hors des Enfers. Orphée tint parole jusqu’au moment où il entendit Eurydice pousser un cri : il se retourna et elle disparut à jamais. Orphée en fut inconsolable.

Thésée et Pirithoos descendirent aux Enfers pour enlever Perséphone que Pirithoos voulait épouser, mais ils ne purent ressortir du royaume infernal. Ils y restèrent prisonniers jusqu’à ce que Héraclès arrive à son tour aux Enfers. Il réussit à délivrer Thésée mais un tremblement de terre lui fit comprendre que les dieux ne voulaient pas libérer Pirithoos, à leurs yeux le plus coupable des deux.

Perséphone personnifie les semences qui sont enterrées et semblent mortes. C’est grâce à cette mort apparente qu’une vie nouvelle (ou germination) est possible dès le retour du printemps. Cette histoire explique aussi l’alternance des saisons : quand Perséphone réside sous terre, le sol et la végétation semblent morts ; ils renaissent dès que Perséphone remonte sur la terre rejoindre sa mère. Plus tard, elle symbolisera la mort. Elle est associée à sa mère dans le culte des Mystères d’Eleusis. C’est à Eleusis que Perséphone avait été rendue à sa mère ; c’est là également qu’étaient célébrées, pendant le mois de Boédromion (mois des semailles) des cérémonies durant lesquelles les fidèles recevaient une initiation (purification, prières, jeûne…). Ces mystères attiraient beaucoup de fidèles car ils avaient pour but de dissiper la peur de la mort en promettant une vie heureuse dans l’au-delà. En effet Perséphone symbolise la vie qui renaît après la mort et les cérémonies d’Eleusis permettent au croyant d’espérer cette renaissance.

Perséphone est souvent représentée dans l’art comme une déesse terrible et inflexible, assise sur un trône aux côtés de son époux, tenant un flambeau et parfois un pavot (plante qui a des vertus soporifiques symbolisant le sommeil périodique de la terre en hiver et celui, éternel, de la mort).
Photo bas-relief :
Perséphone et Hadès (relief votif en terre cuite provenant de Locre, en Calabre ; 470 environ avant J.C.)

Perséphone assise sur son trône (Musée National d’Athènes ; milieu du V° siècle avant J.C. ; bronze)

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