Appelée également Koré (« jeune fille »), la fille de Zeus et de Déméter a été
enlevée par Hadès, le dieu des Enfers, alors qu’elle cueillait des fleurs dans
la région d’Enna, en Sicile. Il l’emmena dans son royaume souterrain. Déméter
entendit les cris de sa fille :
« Déchirante,
la douleur s’empara de son cœur ; de ses mains elle arracha ses deux bandeaux
sur sa chevelure divine, jeta sur ses épaules un voile sombre et s’élança, comme
un oiseau, par les terres et les mers, à sa recherche. Or, personne, homme
mortel ni dieu, ne voulait lui dire la vérité et nul oiseau véridique ne vint
lui apporter de message. Dès lors, pendant neuf jours, la noble Déô ne cessa de
parcourir la terre, ayant en mains des torches ardentes : dans sa douleur, elle
ne goûta point à l’ambroisie ni au doux breuvage du nectar, et ne plongea pas
son corps dans un bain.
Hymnes homériques (Hymne à Déméter), Editions
Bayard/Les Belles Lettres
Sa
mère la chercha partout, négligeant dans son chagrin les cultures et les
moissons et causant de ce fait la mort des humains. Elle finit par apprendre la
vérité par le Soleil (Hélios), dont les rayons éclairent tout : c’est Zeus qui
a permis à son frère Hadès d’enlever la jeune fille. Devant le désespoir de
Déméter et ses terribles conséquences pour les humains puisqu’aucune récolte
n’était plus possible, Zeus ordonna à son frère de laisser Perséphone rejoindre
sa mère sur la terre.
Mais
la reine des Enfers avait mangé un grain de grenade, comme l’avait révélé
Ascalaphe, le fils de l’Achéron (l’un des fleuves des Enfers) et appartenait par
là même au monde infernal. Déméter changea Ascalaphe en hibou ! Zeus décida que
Perséphone passerait six (ou huit) mois sur terre avec sa mère et le reste de
l’année sous terre avec son époux. Elle est la mère des Érinyes, les terribles
déesses qui pourchassent les coupables et ne leur laissent aucun répit.
Hésiode, dans la Théogonie, décrit le royaume des morts ainsi que ses
souverains :
« C’est là que les enfants de la Nuit obscure ont
leur logis – Sommeil et Trépas, dieux terribles ; et jamais sur eux le Soleil
brillant ne pose le regard de ses rayons quand il monte dans le ciel (pas
davantage quand il descend du ciel). De ces deux-là, l’un, sur la terre comme
sur le vaste dos de la mer, est paisible, dans ses tours et ses détours, d’une
douceur apaisante, pour les humains ; l’autre a un cœur de fer et une âme de
bronze impitoyable, dans sa poitrine. Il garde tout être dont d’abord il a fait
sa proie, tout être humain ; et il est en haine même aux dieux immortels. C’est
là (en face) que, du dieu souterrain, les demeures pleines d’échos) (celles
d’Hadès le Fort et de l’affreuse Perséphone) se dressent – et un chien terrible,
au- devant, monte la garde, impitoyable. En savoir-faire mauvais, il est passé
maître : à ceux qui entrent, il fait fête de la queue comme des oreilles, des
deux façons à la fois, mais il ne les laisse pas ressortir, rebrousser chemin ;
il se tient aux aguets et mange quiconque il prend à chercher à passer, pour
sortir, les portes (celles d’Hadès le Fort et de l’affreuse Perséphone). C’est
là qu’habite la déesse qui fait horreur aux immortels, la terrible Styx, fille
du Fleuve-Océan au cours inverse, sa fille aînée. »
Thégonie,
vers 758- 777, Rivages poche (traduction d’A. Bonnafé)
Elle
joue un rôle dans la légende d’Héraclès, celle d’Orphée et celle de Thésée et
Pirithoos notamment. Orphée descendit aux Enfers pour en ramener son épouse bien
aimée, Eurydice, mortellement mordue par un serpent. La musique d’Orphée était
si merveilleuse qu’elle charmait humains et animaux sauvages. Même le chien
Cerbère, gardien des Enfers, ainsi que Hadès et Perséphone furent séduits. Les
deux souverains acceptèrent qu’Orphée emmène Eurydice, mais à condition de ne
jamais se retourner durant tout le trajet menant hors des Enfers. Orphée tint
parole jusqu’au moment où il entendit Eurydice pousser un cri : il se retourna
et elle disparut à jamais. Orphée en fut inconsolable.
Thésée
et Pirithoos descendirent aux Enfers pour enlever Perséphone que Pirithoos
voulait épouser, mais ils ne purent ressortir du royaume infernal. Ils y
restèrent prisonniers jusqu’à ce que Héraclès arrive à son tour aux Enfers. Il
réussit à délivrer Thésée mais un tremblement de terre lui fit comprendre que
les dieux ne voulaient pas libérer Pirithoos, à leurs yeux le plus coupable des
deux.
Perséphone personnifie les semences qui sont enterrées et semblent mortes. C’est
grâce à cette mort apparente qu’une vie nouvelle (ou germination) est possible
dès le retour du printemps. Cette histoire explique aussi l’alternance des
saisons : quand Perséphone réside sous terre, le sol et la végétation semblent
morts ; ils renaissent dès que Perséphone remonte sur la terre rejoindre sa
mère. Plus tard, elle symbolisera la mort. Elle est associée à sa mère dans le
culte des Mystères d’Eleusis. C’est à Eleusis que Perséphone avait été rendue à
sa mère ; c’est là également qu’étaient célébrées, pendant le mois de Boédromion
(mois des semailles) des cérémonies durant lesquelles les fidèles recevaient une
initiation (purification, prières, jeûne…). Ces mystères attiraient beaucoup de
fidèles car ils avaient pour but de dissiper la peur de la mort en promettant
une vie heureuse dans l’au-delà. En effet Perséphone symbolise la vie qui renaît
après la mort et les cérémonies d’Eleusis permettent au croyant d’espérer cette
renaissance.
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Perséphone est
souvent représentée dans l’art comme une déesse terrible et inflexible, assise
sur un trône aux côtés de son époux, tenant un flambeau et parfois un pavot
(plante qui a des vertus soporifiques symbolisant le sommeil périodique de la
terre en hiver et celui, éternel, de la mort).
Photo bas-relief :
Perséphone et Hadès
(relief votif en terre cuite
provenant de Locre, en Calabre ; 470 environ avant J.C.)
Perséphone assise sur son trône (Musée National d’Athènes ; milieu du V°
siècle avant J.C. ; bronze) |
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