Le fonctionnement de l'Ecclésia
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vie politique à Athènes
Le
calendrier de l'assemblée était défini par les
prytanes, il y eut au début une assemblée par prytanie (une année civile
comptait 10 prytanies de 36 jours environ) ; puis ensuite, on passa à trois assemblées ordinaires et
une principale par
mois politique, c'est-à-dire, 40 par an.
En cas d'urgence, on
procédait aussi à des convocations extraordinaires sans obligation du délai des 4
jours d'affichage. Mais l'Assemblée ne pouvait se réunir ni pendant les jours de
fête ni pendant les jours néfastes.
Les
citoyens étaient tous convoqués mais n'avaient pas obligation de participer.
Toutefois, pour encourager la participation à la démocratie directe, des mesures
avaient été prises :
- A partir du
IV° siècle av. J.-C., pour les gens qui travaillaient, on leur remboursait le
prix de leur journée de travail : le
misthos (il avait été institué à l'origine par Périclès comme salaire de
dédommagement pour les
bouleutes et les
héliastes). A
l'époque d'Aristote, le misthos était de 6 oboles pour une
séance ordinaire de l'assemblée et de 9 pour l'assemblée principale de chaque
prytanie. Mais, à cette époque, il semble que seuls les premiers arrivés étaient
dédommagés, de plus en plus de pauvres venant uniquement pour toucher la prime.
- La tenue d'une assemblée était
affichée quatre jours
auparavant
sur
le monument des héros éponymes sur l'Agora. Puis, le jour dit, le
signal était donné par un drapeau qu'on hissait en haut de la colline Pnyx. En
même temps, le héraut public appelait les citoyens. A ce double signal, ceux
qui étaient en train de vaquer à leurs occupations devaient monter sur la Pnyx.
Pour faire presser les retardataires et atteindre le quorum de 5000 pour
certaines ssemblées, les archers scythes, esclaves publics qui
faisaient la police, barraient les rues qui menaient à l'agora
et rabattaient les citoyens dans la bonne direction au moyen d'une corde enduite
de vermillon. Ceux qui s'étaient laissés toucher de rouge ne percevaient
pas l'indemnité accordée aux plus pauvres pour leur participation.
L'assemblait durait normalement toute une journée, elle commençait à l'aube, il
fallait cependant terminer avant le crépuscule afin de pouvoir décompter les
votes à main levée. Si la journée ne suffisait pas, on continuait les débats le
lendemain.
Chaque séance débutait par un sacrifice sur l'autel
de Zeus Agoraïos. Les prytanes présidaient l'assemblée ; auparavant, ils* avaient
rédigé les propositions de décrets (probouleumata) qui
seraient soumis à la discussion puis au vote de l'Ecclésia après les éventuels
amendements des citoyens. Les débats étaient menés par l'épistate (le
président des prytanes)
qui devait veiller au bon déroulement de la séance, à l'égalité de parole (iségorie)
et à la régularité du vote. Il était secondé dans sa tâche par les prytanes en activité.
L'assemblée n'avait pas le droit d'interrompre l'orateur ; une tribu était
chargée à tour de rôle de se masser devant la tribune pour l'isoler du reste des
citoyens.
Chaque citoyen pouvait prendre l'initiative d'une loi mais il devait passer par
l'intermédiaire des 50 bouleutes en activité qui assuraient la
rédaction des propositions de décrets et veillaient à ce que le projet ne soit
pas à l'encontre des lois en vigueur.
*
les 50 bouleutes de la tribu qui exerçait la prytanie
du moment

Vestiges
de l'autel de Zeus Agoraïos. Une fois élus, les archontes
devaient prêter serment sur l'autel.
Les pouvoirs de l'Ecclésia
L'Assemblée des
citoyens est souveraine, elle exerce ses pouvoirs à la fois dans les domaines
législatif, exécutif et judiciaire.
- Pouvoirs législatifs :
L'assemblée vote des décrets qui ont un caractère législatif dans la mesure où
ils ne sont pas contradictoires avec les lois existantes qui sont intangibles,
même celles remontant à l'époque de Dracon. Cette restriction avait pour but, à
l'origine, de protéger la démocratie contre les excès qu'aurait pu engendrer la
souveraineté totale du peuple et de mettre les institutions à l'abri des
intrigues des démagogues. Ainsi, tout citoyen ou magistrat auteur d'une
proposition de décret ou d'une action politique contraire à la loi pouvait être
mis en accusation (voir ci-dessous dans le pouvoir judiciaire). Le pouvoir législatif de l'ecclésia était donc en partie
limité par cette disposition.
- Pouvoirs exécutifs :
. Sur le plan intérieur, l'Ecclésia désigne par tirage au sort (voir
le clérotérion) les
membres de la Boulè,
de l’Héliée,
élit les magistrats (archontes et stratèges) et gère les finances publiques.
. Dans les affaires extérieures, elle décide des alliances, de l'envoi des
ambassades, de la paix ou de la guerre.
- Pouvoirs judiciaires : l'essentiel de ces pouvoirs est confié à
l'Héliée mais
l'ecclésia peut elle-même lancer des inculpations ou juger quand une
action politique ou un délit sont susceptibles de porter atteinte à la sûreté de
la cité.
Les deux procédures possibles :
- La "graphé" (littéralement : "action en justice publique dans l'intérêt
des lois"). L'assemblée peut déclencher une procédure permettant de mettre en
accusation tout citoyen ou magistrat auteur d'une proposition de décret ou d'une
action politique contraire à la loi en vigueur.
- L'"eisangélie" (l'annonce de la dénonciation publique d'un citoyen ou
d'un magistrat) est une forme d'action contre les délits portant atteinte aux
intérêts de la cité.
L'assemblée du peuple dispose donc de grands pouvoirs, mais elle n'a pas tous
les pouvoirs.
Cependant, au fil du temps, les pouvoirs de l'Ecclésia s'accrurent. Au IV°
siècle, la présidence n'est plus assurée par les prytanes en exercice mais par
un groupe de 9 proèdres
qui n'ont plus qu'un rôle d'huissier. Le bureau (des prytanes) perdant de son
importance, les débats se font plus houleux. C'est sans doute pour cette raison
que la protection de l'orateur doit être assurée physiquement.
L'absentéisme
Malgré les mesures prises pour favoriser la participation aux assemblées,
l'absentéisme était importante. Pourquoi ?
- La Pnyx ne pouvait pas rassembler matériellement les 40 000 citoyens, il y en
avait rarement 5 000.
- Certains dèmes étaient très éloignés, comme celui de Sounion ou de Marathon,
et il était alors difficile à ces citoyens d'assister compte tenu de la longueur
du trajet.
- Une grande partie des citoyens travaillait et il leur était difficile de
perdre une journée de salaire pour exercer leurs devoirs civiques. C'est pour
cette raison que fut institué par la suite le mistho.
- Au fur et à mesure du temps, l'esprit civique déclina, sans doute à cause des
difficultés que traversait la cité (guerre du Péloponnèse par exemple).
Les dérives de la démocratie
On sait que malgré
toutes les précautions prises, la démocratie fut souvent malmenée, il y eut des
abus, des scandales, des manipulations, des votes achetés, des
cabales. Le système favorisait ceux qui avaient un talent d'orateur, donc
nécessairement les plus riches qui pouvaient apprendre l'art de faire triompher
leurs idées avec les leçons des
sophistes (professeurs d'éloquence). Toutefois,
pour éviter l'arrivée au pouvoir des démagogues par le biais de l'éloquence, il
était prévu une parade :
l'ostracisme. Cette action politique ne s'exerçait pas
sur la Pnyx* mais sur l'Agora et elle permit aussi certains abus. Voir ici.
* la demande d'ostracisme
s'effectuait cependant lors d'une assemblée sur la Pnyx, le vote définitif se
déroulant ultérieurement sur l'Agora.
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