La Pnyx

ATHÈNES : la Pnyx 2/2 - L'Ecclésia

Vers le Céramiquee

Le fonctionnement de l'Ecclésia Page complémentaire : la vie politique à Athènes
     Le calendrier de l'assemblée était défini par les prytanes, il y eut au début une assemblée par prytanie (une année civile comptait 10 prytanies de 36 jours environ) ; puis ensuite, on passa à trois assemblées ordinaires et une principale par mois politique, c'est-à-dire, 40 par an. En cas d'urgence, on procédait aussi à des convocations extraordinaires sans obligation du délai des 4 jours d'affichage. Mais l'Assemblée ne pouvait se réunir ni pendant les jours de fête ni pendant les jours néfastes.
     Les citoyens étaient tous convoqués mais n'avaient pas obligation de participer. Toutefois, pour encourager la participation à la démocratie directe, des mesures avaient été prises :
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A partir du IV° siècle av. J.-C., pour les gens qui travaillaient, on leur remboursait le prix de leur journée de travail : le misthos (il avait été institué à l'origine par Périclès comme salaire de dédommagement pour les bouleutes et les héliastes). A l'époque d'Aristote, le misthos était de 6 oboles pour une séance ordinaire de l'assemblée et de 9 pour l'assemblée principale de chaque prytanie. Mais, à cette époque, il semble que seuls les premiers arrivés étaient dédommagés, de plus en plus de pauvres venant uniquement pour toucher la prime.
  - La tenue d'une assemblée était affichée quatre jours auparavant sur le monument des héros éponymes sur l'Agora. Puis, le jour dit, le signal était donné par un drapeau qu'on hissait en haut de la colline Pnyx. En même temps, le héraut public appelait les citoyens. A ce double signal, ceux qui étaient en train de vaquer à leurs occupations devaient monter sur la Pnyx. Pour faire presser les retardataires et atteindre le quorum de 5000 pour certaines ssemblées, les archers scythes, esclaves publics qui faisaient la police, barraient les rues qui menaient à l'agora et rabattaient les citoyens dans la bonne direction au moyen d'une corde enduite de vermillon. Ceux qui s'étaient laissés toucher de rouge ne percevaient pas l'indemnité accordée aux plus pauvres pour leur participation.
L'assemblait durait normalement toute une journée, elle commençait à l'aube, il fallait cependant terminer avant le crépuscule afin de pouvoir décompter les votes à main levée. Si la journée ne suffisait pas, on continuait les débats le lendemain.
     Chaque séance débutait par un sacrifice sur l'autel de Zeus Agoraïos. Les prytanes présidaient l'assemblée ; auparavant, ils* avaient rédigé les propositions de décrets
(probouleumata) qui seraient soumis à la discussion puis au vote de l'Ecclésia après les éventuels amendements des citoyens. Les débats étaient menés par l'épistate (le président des prytanes) qui devait veiller au bon déroulement de la séance, à l'égalité de parole (iségorie) et à la régularité du vote. Il était secondé dans sa tâche par les prytanes en activité. L'assemblée n'avait pas le droit d'interrompre l'orateur ; une tribu était chargée à tour de rôle de se masser devant la tribune pour l'isoler du reste des citoyens.
     Chaque citoyen pouvait prendre l'initiative d'une loi mais il devait passer par l'intermédiaire des 50 bouleutes en activité qui assuraient la rédaction des propositions de décrets et veillaient à ce que le projet ne soit pas à l'encontre des lois en vigueur.

* les 50 bouleutes de la tribu qui exerçait la prytanie du moment


Vestiges de l'autel de Zeus Agoraïos. Une fois élus, les archontes devaient prêter serment sur l'autel.

Les pouvoirs de l'Ecclésia
     L'Assemblée des citoyens est souveraine, elle exerce ses pouvoirs à la fois dans les domaines législatif, exécutif et judiciaire.

- Pouvoirs législatifs :
L'assemblée vote des décrets qui ont un caractère législatif dans la mesure où ils ne sont pas contradictoires avec les lois existantes qui sont intangibles, même celles remontant à l'époque de Dracon. Cette restriction avait pour but, à l'origine, de protéger la démocratie contre les excès qu'aurait pu engendrer la souveraineté totale du peuple et de mettre les institutions à l'abri des intrigues des démagogues. Ainsi, tout citoyen ou magistrat auteur d'une proposition de décret ou d'une action politique contraire à la loi pouvait être mis en accusation (voir ci-dessous dans le pouvoir judiciaire). Le pouvoir législatif de l'ecclésia était donc en partie limité par cette disposition.

- Pouvoirs exécutifs :
  . Sur le plan intérieur, l'Ecclésia désigne par tirage au sort (voir le clérotérion) les membres de la Boulè, de l’Héliée, élit les magistrats (archontes et stratèges) et gère les finances publiques.
  . Dans les affaires extérieures, elle décide des alliances, de l'envoi des ambassades, de la paix ou de la guerre.

- Pouvoirs judiciaires : l'essentiel de ces pouvoirs est confié à l'Héliée mais l'ecclésia peut elle-même lancer des inculpations ou  juger quand une action politique ou un délit sont susceptibles de porter atteinte à la sûreté de la cité.
Les deux procédures possibles :
-  La "graphé" (littéralement : "action en justice publique dans l'intérêt des lois"). L'assemblée peut déclencher une procédure permettant de mettre en accusation tout citoyen ou magistrat auteur d'une proposition de décret ou d'une action politique contraire à la loi en vigueur.
-  L'"eisangélie" (l'annonce de la dénonciation publique d'un citoyen ou d'un magistrat) est une forme d'action contre les délits portant atteinte aux intérêts de la cité.

     L'assemblée du peuple dispose donc de grands pouvoirs, mais elle n'a pas tous les pouvoirs.
Cependant, au fil du temps, les pouvoirs de l'Ecclésia s'accrurent. Au IV° siècle, la présidence n'est plus assurée par les prytanes en exercice mais par un groupe de 9 proèdres qui n'ont plus qu'un rôle d'huissier. Le bureau (des prytanes) perdant de son importance, les débats se font plus houleux. C'est sans doute pour cette raison que la protection de l'orateur doit être assurée physiquement.

L'absentéisme
     Malgré les mesures prises pour favoriser la participation aux assemblées, l'absentéisme était importante. Pourquoi ?
- La Pnyx ne pouvait pas rassembler matériellement les 40 000 citoyens, il y en avait rarement 5 000.
- Certains dèmes étaient très éloignés, comme celui de Sounion ou de Marathon, et il était alors difficile à ces citoyens d'assister compte tenu de la longueur du trajet.
- Une grande partie des citoyens travaillait et il leur était difficile de perdre une journée de salaire pour exercer leurs devoirs civiques. C'est pour cette raison que fut institué par la suite le mistho.
- Au fur et à mesure du temps, l'esprit civique déclina, sans doute à cause des difficultés que traversait la cité (guerre du Péloponnèse par exemple).

Les dérives de la démocratie
     On sait que malgré toutes les précautions prises, la démocratie fut souvent malmenée, il y eut des abus, des scandales, des manipulations, des votes achetés, des cabales. Le système favorisait ceux qui avaient un talent d'orateur, donc nécessairement les plus riches qui pouvaient apprendre l'art de faire triompher leurs idées avec les leçons des sophistes (professeurs d'éloquence). Toutefois, pour éviter l'arrivée au pouvoir des démagogues par le biais de l'éloquence, il était prévu une parade : l'ostracisme. Cette action politique ne s'exerçait pas sur la Pnyx* mais sur l'Agora et elle permit aussi certains abus. Voir ici.

* la demande d'ostracisme s'effectuait cependant lors d'une assemblée sur la Pnyx, le vote définitif se déroulant ultérieurement sur l'Agora.

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