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           La koré de l'Acropole
 
          (674),La koré de Lyon : une statue composite. Cette koré rassemble des 
          éléments attiques (la structure) et ioniens (le costume et 
          l'ornementation), c'est une œuvre de transition.
 
          Droite, majestueuse, la carrure puissante, la 
          jeune fille serre l'offrande d'un oiseau (colombe?) contre son buste. 
          La rigidité plastique du modèle est tempérée par la richesse de 
          l'ornementation ciselée et autrefois peinte. Les éléments décoratifs 
          appartiennent au répertoire de la Grèce de l'est, les artistes étant 
          alors fortement influencés par l'art ionien. 
          Elle est ainsi vêtue du
          
          
          chiton lisse 
          et de l'himation
          
          
          
          
          
           plissé drapé 
          obliquement 
          ; le
          
          polos (la 
          couronne), 
          la chevelure et les boucles d'oreilles délicatement ciselées parent 
          son gracieux visage . Le haut de la statue est un 
          moulage de la partie conservée à Lyon.
 Vers 550-540 avant J.-C.
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           La koré de Lyon (partie au musée des Beaux-Arts de Lyon)
 
          Le "métissage" stylistique de cette korè a 
          longtemps troublé les spécialistes, qui ne savaient dire si elle était 
          l'œuvre d'un artiste athénien ou asiatique, ni d'où elle provenait. 
          Elle se tient dans la position frontale qui a longtemps paralysé la 
          sculpture grecque, verticale et majestueuse. Son buste, ses épaules et 
          ses bras ont la puissance surhumaine d'une lutteuse, caractéristique 
          des 'korès' attiques, mais qui n'existe pas dans la sculpture 
          ionienne. De même, la partie inférieure de son corps se compose de 
          jambes fortes et de fesses rebondies et musclées. La solidité de la 
          structure, et le modelé vigoureux de la korè de Lyon, réunissent les 
          caractères techniques et stylistiques de la sculpture attique du VIe 
          siècle. Détail des plis de l'himation : ventre et 
          épaule gaucheLa chevelure calamistrée à l'effet "gaufré" est représentative de la 
          sculpture archaïque, quoique les détails de la coiffure soient du 
          choix propre de chaque sculpteur. Elle est coiffée de trois longues 
          tresses symétriques de part et d'autre du visage, d'une large nappe de 
          cheveux dans le dos, ciselée en petits carrés, et l'ensemble de la 
          chevelure est retenue par des bandelettes placées à hauteur des 
          oreilles, ornées d'anneaux avec trois groupes de petites perles 
          symétriques.
 Le traitement du visage adoucit l'aspect massif de la statue : la 
          bouche charnue a un léger sourire souligné par des pommettes 
          saillantes (mais légèrement tombantes) et des yeux en gouttes d'eau 
          tirant vers le bas. Le modelé arrondi et les traits adoucis du visage 
          sont autant d'indices annonçant l'influence ionienne en Attique qui se 
          renforce à la fin du VIe siècle après J.-C. -notamment parce que 
          nombre de sculpteurs d'Asie mineure s'exilent à Athènes pour fuir la 
          menace perse. Mais le menton saillant et fuyant, les yeux en amande, 
          et l'expression dure et élégante de ce visage sont des marques propres 
          au style attique, qui contredisent le ciselé arrondi à l'ionienne.
 Le sculpté des détails a longtemps convaincu les historiens de la 
          provenance asiatique de la korè : les éléments décoratifs ont l'art 
          ionien pour référence essentielle. Elle est vêtue à la mode ionienne : 
          elle porte le "chiton à longues manches" (tunique moulante) et 
          légèrement incisé, comme brodé, sous "l'himation à l'ionienne" 
          (manteau de laine agrafé sur l'épaule gauche). Le "polos" qui coiffe 
          la tête -sorte de couronne-, est orné d'une guirlande de palmettes et 
          de feuilles de lotus.
 Cette mode vestimentaire alors inexistante en Attique aura suffi à la 
          faire accepter comme l'une des premières korès ioniennes, avant de 
          reconnaître dans la seconde moitié du XXè siècle que l'essentiel du 
          style, la composition rigoureuse et transparente, et le matériau 
          (marbre du pentélique) relèvent essentiellement du style attique. La 
          'korè' de Lyon incarne donc par ces paradoxes les premiers contacts 
          entre arts attique et ionien. La restitution des parties manquantes 
          par Payne clôt le débat, et permet de préciser sa datation. 
          L'exécution plutôt sommaire des proportions du corps humain, par un 
          artiste encore "timide" dans la sculpture du marbre, l'impression de 
          robustesse un peu raide, les détails soignés, mais plutôt décoratifs 
          que réalistes, amènent à dater cette korè des premières décennies de 
          l'archaïsme mûr, entre 550 et 540 avant J.-C.
 Texte extrait de :
 http://perso.univ-lyon2.fr/~mollon/L3-LHA/fich-oeuvre_09/kore-Lyon.pdf
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