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Résumé :Lord Elgin, ambassadeur d'Angleterre à Constantinople de 1799 à 1802,
    obtint de l'Empire ottoman, qui dominait alors la Grèce, le droit "d'enlèvement de
    quelques blocs de pierre avec inscriptions et figures". Il fit alors transporter en
    Angleterre une grande partie des plus belles sculptures du Parthénon :
    17 statues des frontons, 56 dalles de la frise ionienne (sur les 115) et 15 métopes (sur
    92) de la frise dorique du Parthénon, d'autres sculptures dont une cariatide 
provenant de l'Erechthéion. Elles furent entreposées dans de mauvaises
    conditions ce qui les endommagea; le gouvernement britannique les lui racheta, et depuis,
    elles sont exposées au British Muséum sous le nom de Marbres d'Elgin. Près de deux siècles plus tard, 
en  1981, Mélina Mercouri, Ministre de la Culture socialiste en Grèce, demanda leur restitution à son pays.
Très rapidement 
elle lança une vaste campagne internationale pour récupérer les frises, éléments 
architecturaux du Parthénon symbole de l'Unesco. 
Elle précisa qu'il ne s'agissait en aucun cas de réclamer le retour des statues, 
emportées aussi par lord Elgin, ainsi que des statues comme la Vénus de Milo ou 
la Victoire de Samothrace exposées au Louvre. Le nombre des sympathisants au retour des frises en Grèce augmente sans cesse et des
    associations pour cette restitution sont créées (dans le nouveau musée de l'Acropole, 
le dernier étage est prévu pour accueillir un jour ces marbres).
 Toutefois, certaines sculptures sont perdues à jamais (il ne reste que 94 panneaux sur
    les 115 de la frise ionique), mais nous en avons connaissance grâce aux relevés de J.
    Carrey * qui ont été faits sur place en 1674, date à laquelle le Parthénon était
    encore bien conservé (avant l'explosion).
 
* (dessinateur français qui accompagnait l'ambassadeur de France en visite à Athènes). 
Les détails :En 1801, 
Lord Elgin avait donné comme objectif à son équipe de mesurer, mouler et 
dessiner les antiquités athéniennes, et plus particulièrement celles sur 
l'Acropole. Un firman, acte de la Chancellerie du Grand Vizir, était nécessaire. 
En juillet 1801, les troupes britannico-turques reprirent Le Caire aux 
Français : la Porte ne pouvait plus rien refuser à l'ambassadeur britannique. Le 
texte du firman (l'autorisation du Sultan), fut suggéré par le Chapelain de Lord 
Elgin, le révérend Hunt. Celui-ci réclamait le droit d'entrer dans la citadelle 
et de dessiner et mouler les temples ; le droit d'ériger des échafaudages et de 
creuser partout où ils souhaiteraient découvrir les anciennes fondations ; le 
droit d'emmener toute sculpture ou inscription qui ne soit pas comprise dans les 
fortifications de la citadelle. Seule comptait l'interprétation de ce texte 
officiel long et ambigu. Hunt sut imposer sa version au Disdar, gouverneur 
d'Athènes.
 L.S. Fauvel, représentant de la France, était le seul à pouvoir s'opposer aux 
Britanniques, par la grande influence qu'il exerçait à Athènes, dans la petite 
guerre diplomatique et archéologique qui opposait Français et Britanniques dans 
cette ville. Or, il se trouvait en prison, arrêté, comme tous les Français 
résidant dans l'Empire Ottoman, dès le début de la campagne d'Égypte.
 Hunt avait obtenu le droit pour tous les Britanniques d'entrer sur l'Acropole. 
Le Disdar l’autorisa aussi à utiliser le matériel (chariot et échafaudages) de 
Fauvel. Le plus important fut l’interprétation du firman que Hunt réussit à 
imposer. En effet, la différence entre « creuser et emmener » ou « emmener et 
creuser » semblait minime. Le Disdar fit aussi une erreur. Il offrit à Elgin 
deux métopes, en récompense de la victoire du Caire. Ce fut la brèche par 
laquelle Hunt et Lusieri s'engouffrèrent.
 Le 26 décembre 1801 commence le démontage du Parthénon. Craignant que les 
Français ne fassent obstruction à son travail, Elgin ordonne l'embarquement 
immédiat de nombreux bas-reliefs sur un premier navire, la frégate britannique
Mentor, affrétée à cet effet.
 En dix mois, la moitié des sculptures furent enlevées, ainsi que sept métopes et 
vingt dalles de la frise, que l'on sciait en deux et dont on abandonnait le dos 
pour les alléger et les rendre plus transportables. Durant l'été et l'automne 
1802, deux autres métopes et six dalles de la frise furent descendues de 
l'Acropole. En septembre 1802, Lusieri écrivit à Elgin : « J'ai le plaisir, My 
Lord, de vous annoncer que nous possédons maintenant la huitième métope, celle 
avec le Centaure portant la femme. Elle nous a causé beaucoup de problèmes et 
j'ai été obligé d'être un peu barbare. »
 C'est en janvier 1804, après de nombreuses péripéties que les 65 premières 
caisses arrivèrent à Londres. Les mauvais traitements que subirent les Marbres 
étaient inévitables. Ils furent entreposés dans une cabane sale et humide ou sur 
les terrains de la propriété d'Elgin dans Park Lane, et y demeurèrent plusieurs 
années, à pourrir dans le climat humide de Londres, tandis qu'il cherchait un 
acquéreur.
 Au cours de l'année 1806, une des Caryatides fut emportée, ainsi qu'un coin de 
l'Erechthéion, une partie de la frise du Parthénon, bon nombre d'inscriptions et 
une centaine de vases.
 En 1810, Elgin chargea son dernier butin sur le navire de guerre "Hydra".
 
En 1811, Lord Byron passant 
par Athènes avait qualifié Elgin de "voleur lâche, vil chacal" : "Aveugles 
sont les yeux qui ne versent pas de larmes en voyant, Grèce adorée, tes objets 
sacrés pillés par des profanes mains anglaises". 
    Tout ce travail se fit grâce 
au firman et aussi grâce à un envoi continu de cadeaux divers à l'administration 
turque, afin de conserver sa bienveillance. Mais, en 1803, le nouvel ambassadeur 
à Constantinople, remplaçant Elgin, refusa de demander le renouvellement du 
firman, et il écrivit au consul britannique à Athènes, Logotheti, que l'on ne 
devait plus prendre aucune statue ou colonne sur les monuments. En 1805, le 
Voïvode d'Athènes interdit toute fouille en Attique. 
    Elgin essaya de vendre les 
Marbres au gouvernement britannique, mais le prix qu'il en voulait était si 
élevé qu'on refusa de les lui acheter. Dans une lettre qu'il écrivit en 1815, 
Elgin admettait que les Marbres se trouvaient toujours dans la cabane à charbon 
de Burlington House, pourrissant dans une humidité destructrice. Lord Elgin exposa son trésor de guerre dans son palais en Ecosse, puis en 1816, 
au bord de la faillite, il fut acculé à le vendre 35000 livres au gouvernement 
britannique. Ce dernier les céda à perpétuité au British Muséum où une galerie 
fut construite pour eux par Sir Joseph Duveen, à ses frais.
 
    La Grèce réclame 
officiellement la restitution des marbres depuis 1981 par la voix de Mélina Mercouri, Ministre de la Culture 
socialiste de 1981 à 1984, puis de 1993 jusqu'à sa mort (1994). Mais le 
Royaume-Uni ne veut pas en entendre parler.Selon ses statuts, le British Muséum ne peut pas s’en séparer (ses collections 
sont inaliénables), seule une décision prise par le Parlement anglais 
permettrait la restitution. La Grande-Bretagne a toujours répondu que si elle ne 
les avait pas rapatriés à Londres, d’autres s’en seraient emparé (Napoléon sans 
doute), ou que ces trésors auraient été endommagés sur place comme lorsqu’en 
1687, un boulet vénitien tomba sur le Parthénon transformé en poudrière par les 
Turcs ! L’énorme pollution de l’air à Athènes, a aussi contribué à conforter les 
Anglais dans l’idée que ces marbres sont mieux chez eux.
 Mais avec le nouveau musée, qui garantit des conditions de conservation 
optimales, aucun argument scientifique ne justifie encore que ces marbres 
seraient mieux traités à Londres qu’à Athènes, d’autant que le British 
Muséum n’est pas sans tache. A la fin des années 30, les marbres (on sait qu’ils 
étaient colorés au départ) ont été traités à l’aide de burins et d'abrasifs pour 
paraître plus blancs sur ordre de Lord Duveen, négociant en art et riche mécène. 
Un traitement catastrophique.
 
    Le musée du Louvre possède 
aussi trois fragments, la plupart des restes étant conservés au musée de 
l'Acropole, à Athènes.     Selon l'association 
pour le regroupement des sculptures du Parthénon (IARPS), les Jeux olympiques de 
2012 "sont l'occasion appropriée" pour le retour à Athènes des frises du 
Parthénon : "Nous appelons le Royaume-Uni à entamer le processus pour réunir les 
sculptures du Parthénon", a déclaré David Hill, président de l'IARPS, au cours 
d'une conférence de presse à Athènes.
 Pour Bernard Tschumi, l'architecte du nouveau musée, le "problème n'est pas 
seulement patriotique, c'est un problème d'œuvre d'art qui a été conçue comme 
une seule chose, comme une... continuité, une histoire. On ne peut pas par 
exemple avoir la tête d'une statue à Athènes, les épaules à Paris, le torse à 
Londres et les jambes au Metropolitan de New York. Il faut un endroit où l'œuvre 
pourra être exposée tout entière, comme Phidias l'avait conçue et c'est comme ça 
qu'elle doit être lue. Ce que nous avons cherché à faire dans la configuration 
de ce musée c'est de montrer l'inévitabilité de la continuité de la lecture. Et 
la salle du Parthénon restaure cette continuité."
 Le British Muséum a proposé à la mi-juin 2009 de prêter les marbres pendant 
trois mois à condition que la Grèce reconnaisse les droits de propriété du musée 
sur les frises. Athènes a refusé cette proposition. 
Londres a toujours opposé une 
fin de non recevoir aux demandes grecques, affirmant que les frises vieilles de 
25 siècles ont été "légalement acquises auprès des autorités représentant la 
Grèce", insistant sur le fait que seul un texte de loi pourrait décider de leur 
restitution.
 
Voir les marbres  à partir de cette page Les  restitutions déjà 
accomplies 
    Si Athènes risque d'attendre 
longtemps la restitution des marbres d'Elgin, elle peut cependant avancer que le 
processus de restitution est amorcé : - Le 
24 septembre 
2008, l’Italie a restitué 
à la Grèce un fragment des frises du Parthénon, conservé au musée de Palerme. 
      La Grèce réclame depuis 13 ans à l’Italie, la restitution d’un fragment de la 
  frise est du Parthénon, conservé au musée de Palerme. L’Italie vient d’accéder 
  à cette demande, sans contrepartie ni limitation de durée. La pièce sera 
  exposée dans le nouveau musée de l’Acropole, dans une des salles spécialement 
  conçues pour présenter les métopes.
 Le Vatican s’est aussi engagé à restituer les deux métopes exposées dans son 
musée. Les deux fragments seront rendus le 8 octobre 2008.
 Le chef d’Etat grec a souligné l’importance de cette restitution.
 - Le 5 décembre 
2008, un 
morceau de la frise du Parthénon, dérobé par un soldat autrichien pendant la 
seconde guerre mondiale, a été rendu à la Grèce. 
      La Grèce a chaleureusement 
accueilli un morceau de la frise du Parthénon qui lui a été rendu, le 2 
décembre, plus de 65 ans après sa disparition. Le fragment de 7x30 cm avait été dérobé pendant la seconde guerre 
  mondiale par un soldat autrichien, lors de l’occupation de la Grèce par les 
  puissances de l’Axe. Martha Dahlgren a hérité de l’objet de son grand-père en 
1972 et 
  a décidé qu’il convenait de le restituer. 
    La décision de Madame Wiger Angner d’accomplir ce geste 
exceptionnellement important coïncide avec l’effort mondial qui est mené pour le 
retour des biens culturels dans leurs pays d’origine. Il est cependant lié, par 
excellence, à la promotion de la campagne pour le retour et la réunification des 
Frises du Parthénon. |