LA
CRETE ET SES LEGENDES
1/ ZEUS
Pour empêcher Cronos d’avaler Zeus, Rhéa
lui donna à sa place une pierre emmaillotée puis elle envoya l’enfant en
Crète. Il fut élevé par les nymphes dans une grotte de l’île, sur le
Mont Ida. Il fut nourri par le lait de la chèvre Amalthée. Les Courètes
(serviteurs de Rhéa) dansaient et faisaient du bruit avec leurs armes
pour éviter aux cris ou aux pleurs de l’enfant d’attirer l’attention de
leur père.
2/ MINOS
Minos était le roi légendaire
de la Crète. Il a donné son nom à la civilisation minoenne (ou
crétoise), une civilisation brillante et très importante dans l’histoire
de la Grèce. Il se peut que «minos » soit un titre comme «pharaon » en
Egypte.
Il était le fils de Zeus et
d’Europe. Pour la séduire, Zeus s’était transformé en taureau et l’avait
emportée sur son dos. De leur union sont nés Minos et ses frères
Rhadamanthe et Sarpédon. Quand la question se posa de savoir qui serait
roi de Crète, Minos demanda à Poséidon de lui envoyer une victime à
sacrifier pour le désigner comme vainqueur. Le dieu lui envoya un
superbe taureau. Ainsi Minos devint roi mais il ne voulut pas sacrifier
un si bel animal, contrairement à sa promesse. Poséidon décida de se
venger : il rendit Pasiphaé, l’épouse du roi, amoureuse du taureau. De
cette union contre nature naquit un monstre, au corps d’homme et à la
tête de taureau, le Minotaure (c’est-à-dire le «taureau de Minos »).
3/ LE MINOTAURE
Minos ne tua pas le taureau
mais il l’enferma dans un immense palais composé d’un enchevêtrement de
salles et de couloirs et d’où l’on ne peut sortir : le Labyrinthe,
construit par Dédale. Tous les sept ans (d’autres légendes disent que
cela se produisait tous les trois ou neuf ans), il lui donnait à manger
sept jeunes gens et sept jeunes filles : c’était un tribut qu’il
imposait aux Athéniens. Ce tribut symbolise la puissance crétoise sur
les îles voisines et sur toute la mer Egée au second millénaire avant
J.C. En effet la légende dit que Minos avait lancé plusieurs expéditions
contre Athènes pour venger la mort de son fils Androgée, tué
accidentellement à Athènes.
Le mythe du Minotaure
s’explique sans doute par le souvenir de la civilisation minoenne
centrée sur le taureau (cf. fresques avec motifs de taureaux), et celui
du Labyrinthe, par les palais immenses découverts par les fouilles
archéologiques d’Arthur Evans.
L’aspect sanglant du
personnage de Minos à travers le tribut exigé des Athéniens ne doit pas
faire oublier un autre aspect du roi : il passe pour avoir civilisé les
Crétois, avoir régné sur eux avec justice et douceur, leur avoir donné
d’excellentes lois. Ces lois lui étaient directement inspirées par
Zeus : tous les neuf ans, Minos allait consulter le dieu dans la grotte
de l’Ida où celui-ci avait été élevé.
Minos est également, avec
Eaque et Rhadamanthe, l’un des trois juges des Enfers grâce à sa
réputation de justice.
4/ DEDALE
C’était un Athénien,
descendant de Cécrops, premier roi légendaire d’Athènes. C’était un
artiste universel : architecte, sculpteur (on disait que ses statues
pouvaient se mouvoir d’elles-mêmes) et inventeur de moyens mécaniques
et de machines sophistiquées. A Athènes, il eut pour élève son neveu
Talos, mais il était jaloux du talent de celui-ci. Le jour où Talos,
s’inspirant de la mâchoire d’un serpent, inventa la scie, Dédale le jeta
du haut de l’Acropole. Le meurtre fut découvert et Dédale fut exilé. Il
s’enfuit en Crète auprès du roi Minos dont il devint l’architecte et le
sculpteur. Il construisit le Labyrinthe dans lequel il était le seul à
pouvoir se diriger. C’est dans ce Labyrinthe qu’était enfermé le
Minotaure.
Quand Thésée aborda en Crète,
la fille de Minos en tomba amoureuse. Elle ne voulait pas qu’il soit tué
par le monstre. Elle demanda donc de l’aide à Dédale. Il lui conseilla
de confier au jeune homme un fil qu’il déroulerait tout au long de son
voyage dans le Labyrinthe, ce qui lui permettrait, après avoir tué le
Minotaure, de retrouver son chemin et de sortir de l’épreuve sain et
sauf. C’est ce qui arriva. Quand Minos apprit la trahison de son
architecte, il l’enferma avec son fils, Icare, dans le Labyrinthe.
Dédale fabriqua des ailes avec de la cire et des plumes pour s’enfuir.
Le père et le fils s’envolèrent. Le père avait recommandé à son fils de
ne pas trop s’approcher du soleil. Mais Icare, rempli d’orgueil, monta
dans les airs si haut que la cire fondit. Il fut précipité dans la mer
qui depuis porte son nom, la mer Icarienne.
Dédale arriva à Cumes puis en
Sicile chez le roi Cocalos. Minos le poursuivit mais fut tué par les
filles du roi (elles le firent bouillir). Pour remercier son hôte,
Dédale construisit de nombreux bâtiments.
V/
THESEE
Thésée, fils du roi athénien
Egée, décida de faire partie des jeunes gens réclamés en tribut par
Minos. Egée lui donna deux jeux de voiles : des voiles noires pour
l’aller car le voyage était funeste, des voiles blanches pour le retour
si celui-ci était joyeux. Arrivé en Crète, Thésée fut aperçu par Ariane.
En échange de son aide (le fil qu’elle lui avait confié : le «fil
d’Ariane »), il lui promit de l’emmener et de l’épouser. Mais après
avoir tué le Minotaure, il fit escale à Naxos et y abandonna Ariane
endormie. Il y a beaucoup d’explications différentes données pour
justifier cet abandon : Thésée aurait été amoureux d’une autre femme ;
ayant débarqué Ariane car elle souffrait du mal de mer, il avait été
obligé par la tempête de s’éloigner du rivage sans pouvoir rechercher la
jeune fille ; Dionysos étant amoureux d’Ariane, il avait ordonné à
Thésée de la laisser sur l’île etc…
Quoiqu’il en soit, Thésée
oublia de changer de voiles pour annoncer sa victoire sur le Minotaure
et le retour des Athéniens sains et saufs. Quand Egée vit les voiles
noires, il crut que son fils était mort et il se jeta depuis l’Acropole
dans la mer qui de ce jour porte son nom, la mer Egée.
Isabelle
Didierjean, professeur
agrégé
de lettres classiques au collège public Jeanne
d'Arc - Orléans. |