| Comment la colonisation se déroule-t-elle?La fondation d'une colonie est une
 
 véritable entreprise
de tout un groupe bien organisé conduit par le fondateur de la colonie (l'oiciste)
choisi
dans une ancienne famille de la cité et ayant pouvoir d'accomplir les rites de
la fondation. On commence en général par consulter l'oracle à Delphes pour
connaître l'opportunité du départ et le lieu où la colonie doit s'établir
(les prêtres eurent  ainsi un pouvoir considérable dans le mouvement de
colonisation). Ensuite, les colons s'embarquent sur des navires légers, sans
femme et sans enfants, ils naviguent le long des côtes (cabotage). Le voyage
est périlleux : tempêtes, pirates... A l'arrivée, il faut parfois combattre
les indigènes avant d'allumer le foyer avec le feu sacré emporté de la
métropole. Le feu du foyer établit à tout jamais un lien de religion et de
parenté entre les deux villes. La cité qui a fourni le feu est la cité-mère
(la métropole, en grec "metropolis" : meter, mère et polis, cité),
celle qui l'a reçu est la fille. Deux colonies de la même ville sont appelées
cités-soeurs. Ensuite, les colons doivent construire la muraille, puis la ville elle-même.
Les terres sont partagées en  
 
 lots égaux.
 Quels sont les rapports entre la colonie et la métropole?La colonie est totalement
 autonome 
 de la métropole mais elle en a le plus
souvent adopté les dieux et le système de gouvernement. Les liens peuvent
rester
très serrés entre les deux cités, elles commercent, s'entraident, les colons
gardent des  obligations religieuses envers la métropole, ils envoient par
exemple des représentants aux fêtes. Toutefois, la colonie n'a aucune
obligation de soutenir militairement la métropole en cas de guerre et son
commerce ne se fait pas exclusivement avec elle.
 Quels sont les rapports entre colons et indigènes?Les rapports entre colons et indigènes varient selon les lieux, les époques,
les motivations des colons et l'aptitude des indigènes à résister, ils peuvent être
  amicaux
 (colonisation des  cités chalcidiennes
) ou hostiles (cités doriennes). Souvent, les indigènes se sont
 
 
hellénisés
et fondus dans la population grecque mais le contraire ne s'est pas
produit. Parfois, les indigènes ont su préserver leur identité et on ne
trouve aucune trace d'échange avec les Grecs.
 Quelles sont les conséquences de la colonisation?Les conséquences furent considérables. Au niveau
commercial, les échanges
entre les colonies et et les métropoles furent un facteur de richesse pour
tous. Les colonies, établies sur de riches terroirs agricoles produisaient le
blé, et fournissaient les matières premières (laine, bois, minerais) qui
manquaient à la métropole contre l'huile, le vin et les produits artisanaux
(armes, céramique...). Certaines colonies devinrent ainsi de  
 grands ports 
 :  
 
 
Tarente 
 en Italie du Sud, Syracuse en Sicile, Byzance sur les détroits qui
donnent accès au Pont-Euxin (la mer Noire).
 Sur toutes les côtes de la
méditerranée et parfois très loin à l'intérieur des terres nous retrouvons
des témoignages de ce commerce, notamment des  
 poteries que les Grecs ont
vendues à leurs colonies et aux Barbares qui commerçaient avec elles. Le vase
de   
  Vix, en Bourgogne, est un témoignage de ces échanges 
(en 
savoir plus sur le vase de Vix). Mais les
conséquences ont été aussi très importantes dans le domaine 
culturel,
les
colonies ont répandu la civilisation grecque en terre barbare : la langue, la
religion, l'architecture, et ce n'est pas sans raison que l'Italie du sud et la
Sicile ont été appelées "Grande-Grèce". Ainsi, les Grecs donnent  
 l'écriture  aux Etrusques qui la
transmettent aux Romains, de même ce
sont les Grecs qui enseignent aux 
  Gaulois 
 l'usage de l'écrit.
Les Barbares se sont habitués à des modes de vie nouveaux, ils ont pris goût
au vin, à l'huile, à la céramique, aux bijoux, ils ont appris à construire
des villes en damier (les rues se coupant à angle droit).
 Les
échanges 
  favorisent aussi le développement de la monnaie, chaque cité
a sa propre 
 monnaie d'argent. Une nouvelle classe sociale, celle des
marchands enrichis par le commerce, se constitue et conteste le pouvoir
des nobles. Ces bourgeois, alliés aux petits propriétaires terriens, aspirent
à remplacer les nobles dans la défense de la cité, équipés de nouvelles
armes plus légères, ils forment des soldats d'un type nouveau : les 
  hoplites.
Cette nouvelle infanterie est plus efficace et plus facile à commander, à
faire manœuvrer que les armées des nobles sur leurs chars. De même, les ouvriers sont concurrencés par l'arrivée massive des esclaves
des colonies et sont réduits au chômage. Des troubles éclatent dans les
cités, les  
 législateurs évitent l'anarchie en écrivant les lois connues
jusqu'ici seulement des nobles (ex : Zaleucos à Locres et Charondas à Catane). La misère subsiste cependant ce qui va
favoriser l'arrivée d'ambitieux portés au pouvoir par le peuple mécontent :
les  tyrans (comme à Gela ou
Syracuse). Ces derniers, autoritaires, seront à leur tour chassés par le
peuple qui aspire à gouverner lui-même, c'est la naissance de la  
démocratie.
On peut dire que la colonisation a eu une influence politique réelle et qu'elle nous a donné notre système de
gouvernement actuel.
 La Grande-Grèce fut  donc le
centre d’une civilisation brillante, son influence se fit fortement sentir
dans tout le monde romain et favorisa l’introduction à Rome de l’hellénisme.
La Grande Grèce c'est aussi la terre des philosophes : 
Pythagore,
Empédocle d'Agrigente, les 
Eléates,
celle d'une école
originale de sculpture au début de l’époque classique autour de Pythagoras
de Rhégion, celle des poètes : Stésichore d'Himère, Ibycos de Rhégion,
celle d'Archimède.
La céramique de Grande-Grèce a même fini par supplanter la céramique
attique. C’est de Grande-Grèce que sont originaires les premiers grands écrivains
latins, Livius Andronicus, Ennius. C’est enfin par son intermédiaire que
certains dieux grecs parvinrent à Rome, bien avant que Rome se soit rendue
maîtresse de la Grèce.
 Pourquoi le mouvement de colonisation s'arrête-t-il?Au VIème siècle av JC, le mouvement de colonisation s'arrête : en occident,
les Etrusques et les Carthaginois contiennent l'expansion grecque tandis qu'en
orient l'Empire perse naissant met en péril la Grèce elle- même.
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