Du rififi chez les
      Atrides 
     
    Ecoutez les méfaits
    dune famille immonde 
    Qui de nos jours encore est connue sur les ondes. 
    Ils étaient de la haute et hantaient les beaux lieux, 
    Mais gibiers de potence et tous maudits des dieux. 
    Ce clan désordonné défraya la chronique 
    Sur cinq générations, en des temps très antiques. 
    Lancêtre très fautif avait pour nom Tantale, 
    Cest par lui que dabord débuta le scandale. 
    Tout commença, hélas, pendant un bon repas 
    Mais dans une ambiance digne de Dracula. 
    Père dénaturé, il osa - savez-vous ? 
    Servir aux dieux son fils cuisiné en ragoût ! 
    Invité parmi eux à partager leurs fêtes, 
    Il ne se sentit plus, il eut la grosse tête, 
    Il crut quils goberaient, ny verraient que du feu. 
    Cétait, avouons-le, dun goût un peu douteux ! 
    Le lourdaud saveugla sur la clarté divine, 
    Ils ne gobèrent point, ils firent grise mine. 
    Au fin fond de lHadès il purgea son forfait, 
    Puni, comme il se doit, selon son lourd péché. 
    La peine imaginée était originale 
    Connue depuis comme « Supplice de Tantale ». 
    Ensuite ils se penchèrent au-dessus du chaudron 
    Pour reconstituer linfortuné lardon. 
    Mais le pauvre innocent au fond de sa marmite 
    Avait déjà subi lappétit dAphrodite ! 
    On eut beau plusieurs fois recompter les morceaux : 
    Une épaule manquait. Pour quil ait lair moins sot, 
    On fit sur le billard des prouesses esthétiques, 
    On lui en fit une autre, exacte, à lidentique. 
    Mais peut-être les dieux neurent-ils pas raison 
    De laisser une chance à Pélops, le fiston ? 
    Car maudissant l'aïeul, cest la famille entière 
    Dont ils firent un vrai nid de sérial-killers ! 
    A partir de ce jour chaque génération 
    Eut son atrabilaire hargneux jusquau trognon. 
    Pélops-le-recousu, tua, cest très probable, 
    Son beau-père, chauffard fort peu recommandable. 
    Ce gène un peu violent gagna ses descendants 
    Qui furent, la plupart, de fieffés délinquants. 
    Pélops épousa donc la belle Hippodamie 
    Fille dOenomaos, quil lui avait ravie. 
    Il leur naquit deux fils, qui pour être des boss 
    Tuèrent un demi-frère appelé Chrysippos. 
    Le fait nest pas prouvé. Mais Atrée et Thyeste, 
    Deux graines de voyous, qui étaient de vraies pestes 
    Et senvoyaient des coups déjà dans le berceau, 
    Par la suite, cest sûr, tirèrent le gros lot ! 
    Thyeste ouvrit le feu et sans morale aucune 
    Il fit ménage à trois, il fit couche commune 
    Avec sa belle-sur dont il devint lamant. 
    Atrée navala pas la pilule aisément !  
    Latavisme le prit ; imitant son grand-père 
    Il tua ses neveux, puis invita son frère 
    A venir déguster la préparation 
    Quil avait mijotée tout à son intention. 
    « Cela ne se fait pas, direz-vous, cest sordide !  
    Surtout quand les petits sont des enfants timides ! » 
    Mais on récidivait toujours chez les Atrides. 
    Sur lOlympe, lassé, on ne sen mêla pas : 
    On laissa la marmaille éparse au fond du plat. 
    Le soleil pris dhorreur, nous dit-on, recula.  
    Lassassin prospéra sur le sol de Mycènes, 
    Deux fils, Agamemnon et Ménélas, sans haine 
    Grandirent, se marièrent, eurent quelques marmots, 
    Tout le monde souffla, on dit : « Cest pas trop tôt ! » 
    Mais Zeus qui sembêtait, du haut de sa tribune 
    Ranima quelque peu son ancienne rancune. 
    Atrée fut massacré par Egysthe, un bâtard 
    Que Thyeste avait eu en exil sur le tard. 
    Pire que dans « Dallas », vendetta redoutable, 
    Dans ses détails laffaire est plus impitoyable ! 
    Inceste et abandon, mensonge et trahison, 
    Ce que je vous dis là nest quune contraction. 
    Et voici maintenant une séquence amère : 
    Celle qui fait pleurer Margot dans les chaumières. 
    Souvent, remarquons-le, chez ces méchantes gens 
    Ce sont les plus âgés qui sont les plus truands, 
    Ceux qui sont trucidés, souvent, sont les enfants. 
    Les dieux vindicatifs, ayant occis le père, 
    Prirent Agamemnon pour cible héréditaire. 
    Pour un vague motif de lun deux offensé, 
    Pour un gibier sacré quil leur aurait piqué, 
    Pour un enfantillage, bref, une peccadille, 
    Ils dirent quArtémis voulait prendre sa fille ! 
    Ça, cétait un coup bas, le roi était refait ! 
    La suite est compliquée, suivez bien, sil vous plaît. 
    Le frère, Ménélas, avait pour femme Hélène, 
    Fruit des amours de Zeus avec une Etolienne. 
    Mais à cette heure-là, elle était en Ilion, 
    Ou Troie, si vous voulez, commettant ladultère. 
    Alors Agamemnon et tous ses compagnons 
    Voulaient aller à Troie pour y faire la guerre. 
    Par un vilain chantage, les dieux dans leur désir 
    Malveillant empêchaient les bateaux de partir 
    En retenant les vents, à moins que la gamine 
    Ne payât de sa vie la colère divine. 
    Iphigénie fut donc égorgée elle aussi. 
    Le père ne lemporta pas en paradis, 
    Car cétait oublier une épouse acariâtre 
    Trouvant fort de café ce geste de parâtre. 
    Un père infanticide est source de tourments ! 
    Clytemnestre aussi sec se pourvut dun amant. 
    Elle le prit bien sûr au sein de la famille, 
    Souvenez-vous dEgysthe, il porte lestampille. 
    Quand au bout de dix ans Agamemnon revint, 
    Il ne ressortit pas tout vivant de son bain. 
    Tous deux le poignardèrent au fond de sa baignoire, 
    Et lon dit même que cela fit une mare. 
    Exit Agamemnon qui neut pas de pardon, 
    Entrée dOreste, son tout dernier rejeton. 
    Mais entrée différée : il était en vacances, 
    Ou plutôt en pension chez un ami denfance. 
    Cheville ouvrière de l'ultime binôme, 
    La sur cadette, Electre, était là, pauvre môme 
    Grandie dans le palais tout comme une Cosette, 
    Pleurant fort son papa le soir dans sa chambrette. 
    Mais dans son cur battaient les cinq générations : 
    La fille délaissée réclama laddition. 
    Contre les meurtriers ourdissant sa vengeance 
    Elle attendit quOreste rentre de vacances, 
    Armant elle-même son jeune bras tremblant, 
    Lui fit tuer sa mère ainsi que son amant. 
    Honneur rendu au père au prix dun coup pendable, 
    Pire que pour le Cid, dilemme épouvantable ! 
    Oreste, matricide, dernier de la saga, 
    Nétait pourtant pas fait pour être un mauvais gars ! 
    Il senfuit, chancelant sous le poids de son crime, 
    Portant sur son visage une douleur sublime. 
    Son sort émut enfin les immortels prélats 
    Qui lacquittèrent un jour dans le fief d'Athéna. 
    Et cela mit un terme à lhorrifique histoire 
    Des Atrides, puissants, mais criminels notoires. 
    Colette Calmon, collège
    Jeanne d'Arc  | 
       
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
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