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    ATHÈNES : le musée de l'agora 53/60 
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    La démocratie : le vote par 
    jetons 4/5 | 
    
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    | Dans la démocratie athénienne, les jurés (de 
    l'Héliée notamment) exprimaient leur 
    vote à l'aide de jetons en bronze
    en forme de disque avec une tige axiale, soit creuse, soit pleine. La tige 
    pleine était utilisée pour les acquittements, la tige creuse pour les 
    condamnations. Sur le disque était gravée l’inscription «jeton de vote de la 
    cité», ou bien «E», initiale du nom de la 
    
    tribu ou indication de la section 
    du tribunal. Les juges recevaient les jetons de vote et en tenaient un dans 
    chaque main, entre le pouce et l’index, pour masquer la tige creuse ou pleine. Ensuite, ils jetaient le jeton 
    correspondant à leur vote dans une urne en bronze et l’autre dans une boîte 
    en bois. 
    
    IV° s av. J.-C. Pour en savoir plus (voir 
    ci-dessous).
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 Diamètre des 
jetons : 6,5 cm
 
 
  
    | Extrait du 
    "dictionnaire illustré de la mythologie et des Antiquités grecques et 
    romaines par Pierre Lavedan " (1964). HÉLIASTES
 
 I. Organisation du tribunal des Héliastes. — II Compétence. — III. 
    Fonctionnement.
 Le tribunal des Héliastes est le plus important 
    d'Athènes à l'époque classique. C'est à lui qu'est déférée la grande 
    majorité des causes aussi bien criminelles que civiles. Son institution est 
    attribuée à Solon, mais on ignore en quelles circonstances. Le tribunal des 
    Héliastes est le tribunal par excellence ; c'est une véritable délégation de 
    l'Assemblée populaire. Il représente la démocratie exerçant elle-même la 
    justice, à partir du moment où l'institution du salaire des juges eut permis 
    aux plus pauvres des Athéniens de siéger aux tribunaux. A ce titre, il eut à 
    souffrir à la fin du Ve siècle de la réaction 
    oligarchique; en 411, le salaire des juges fut supprimé; en 404, les 
    Héliastes eux-mêmes disparurent, mais on les retrouve bientôt : ils ont leur 
    place marquée dans la constitution d'Euclide avec le même salaire que 
    précédemment. I. Organisation du tribunal. Deux questions se posent ici : celle du recrutement des juges et celle de 
    leur répartition 
    en sections.
 1. Recrutement des juges. A l'époque classique les 
    Héliastes sont recrutés parmi tous les citoyens âgés de trente ans, qui ne 
    sont pas débiteurs du trésor et jouissent de leurs droits civils complets. 
    Pour en faire partie, il suffit d'en manifester le désir. Le nombre de ces 
    juges volontaires est évidemment variable. Au début, il ne paraît pas avoir 
    été très nombreux; peu de citoyens consentaient à se faire inscrire. A 
    mesure que le nombre des affaires augmente, il fallut augmenter le nombre 
    des juges. Au milieu du 
    
    Ve siècle, pour susciter 
    les bonnes volontés et permettre aux citoyens sans fortune de siéger une 
    journée entière au tribunal, on institua le salaire 
    
    
    misqo$ dikastiko$ 
    (salaire 
    judiciaire). Cette réforme paraît 
    due à Périclès. L'indemnité fut d'abord assez minime. Elle fut augmentée par 
    Cléon le démagogue, qui la porta à 3 oboles (vers 425).
 Désormais le nombre des Héliastes s'accroît dans des proportions rapides. Le 
    citoyen athénien put vivre aussi bien en siégeant au tribunal qu'en exerçant 
    un petit métier; les vieillards purent y gagner leur subsistance sans 
    fatigue et les oisifs y trouvèrent la situation rêvée par leur paresse.
 Il y eut tant de candidats que le tirage au sort devint nécessaire. Tous les 
    ans étaient désignés par le sort 6000 jurés, à raison de 600 par tribu. On 
    les prenait probablement non pas sur l'ensemble de la tribu, mais par dèmes 
    et selon l'importance de chacun. Il en fut ainsi jusqu'au début du 
    IVe siècle. Les désastres 
    qui suivirent la fin de la guerre du Péloponèse réduisirent fortement le 
    nombre des citoyens et par suite celui des juges possibles. Il devint 
    inutile de tirer au sort parmi les postulants. Tous ceux qui remplissaient 
    les conditions légales et se présentaient furent admis. On se contenta de 
    tenir à jour la liste des Héliastes et quand, plus tard, Athènes se releva 
    de ses désastres et que la population augmenta de nouveau, le tirage au sort 
    ne fut pas rétabli.
 Le chiffre de 6000 Héliastes a étonné beaucoup d'historiens. En 415, 
    pourtant, on les voit siéger tous ensemble pour le jugement d'une 
    
    grafh paranomwn (action 
    contre une proposition illégale). 
    Mais, en général, ils étaient répartis par le sort en 10 sections appelées 
    
    dikasthria 
    (tribunaux) Chaque section se composait de 500 membres, plus les 
    suppléants. Au Ve siècle, pour 
    les actions publiques importantes, on se contente d'une section. Mais, pour 
    les très grands procès, on peut réunir 2, 3, 4 sections et le tribunal 
    comprendra ainsi 1 000, 1 500, 2 000 membres.
 2. Comment se fait la répartition entre les sections?
 A l'intérieur de chaque section, les diverses tribus sont mélangées. La 
    section a 50+10 représentants de chaque tribu. La répartition se fait par 
    tirage au sort. Au Ve 
    siècle, cette opération n'a lieu qu'une fois par an en 
    présence des thesmothètes pour la totalité des héliastes inscrits. Chaque 
    héliaste reçoit une tablette de bronze 
    (pinakion)
    
    
    portant gravés son nom et 
    sa section. Plus tard après l'archontat d'Euclide, le tirage au sort n'a 
    lieu que pour les nouveaux inscrits et l'affectation à une section, 
    d'annuelle devient viagère. Le nombre des Héliastes ayant beaucoup diminué, 
    on autorisa même les citoyens de bonne volonté à s'inscrire dans plusieurs 
    sections : ce cumul fut non pas légal, mais momentanément toléré.
 Au milieu du IVe 
    siècle, à l'époque d'Aristote, c'est un autre système que nous fait 
    connaître 
    
    l’Aqhnaiwn 
    politeia (régime 
    politique des Athéniens). 
    Les sections subsistent, mais cessent de constituer des jurys tout préparés. 
    C'est chaque jour que les jurés sont désignés, toujours par tirage au sorti 
    Dix endroits sont aménagés (un par tribu) et à chaque endroit sont placées 
    10 boîtes (une par section), marquée chacune d'une lettre de A à K. Chaque 
    héliaste vient jeter sa tablette d'identité 
    (pinakion)
    
    
    
    dans la boîte 
    de 
    sa 
    section. On remue la 
    boîte et on retire les tablettes dont l'ordre de sortie est affiché sur un 
    tableau. L'archonte de la tribu vient alors procéder à la désignation; il se 
    sert de dés en bronze noirs et blancs, qu'il tire l'une urne : chaque dé 
    blanc amène la nomination de 5 jurés dans l'ordre du tableau et chaque dé 
    noir l'élimination de 5 héliastes. Les jurés désignés sont ensuite répartis 
    entre les tribunaux qui siègent ce jour-là.
 II. Compétence 
    des Héliastes. La compétence 
    des
    Héliastes est 
    considérable. A peu près toutes les affaires publiques ou privées relèvent 
    de leur juridiction, sauf 
    les
    
    
    fonikai dikai , 
    affaires d'homicide volontaire ou involontaire laissées à l'Aréopage et aux 
    Ephètes, — les litiges privés où la somme contestée ne dépasse pas 10 
    drachmes, qui sont laissés aux 
    
    
    dikastai kata dhmou$  
    (les juges 
    des dèmes) — certaines 
    affaires spéciales laissées à des tribunaux techniques comme celles de droit 
    maritime aux  
    
    nautodikai  
    (juges 
    maritimes), — ou d'autres très générales, des  
    
    causes
    essentiellement 
    politiques, qui reviennent à l'Assemblée du peuple.
 III. Fonctionnement du tribunal. Quand la liste générale 
    des Héliastes a été dressée et qu'on a terminé la répartition en sections, 
    comment procède-t-on?
 D'abord, avant l'entrée en fonctions, il y a la prestation du serment qui
    a
    lieu d'abord sur 
    l'Ardettos, près du Stade, puis, plus tard, sur l'Agora. La formule du 
    serment, qu'on a essayé de reconstituer en combinant divers passages des 
    auteurs anciens, était à peu près celle-ci : « Je voterai en me conformant 
    aux lois et aux décrets, à ceux du peuple athénien comme à ceux du Conseil 
    des 500. Dans les cas que le législateur n'a pas prévus, j'adopterai la 
    solution la plus juste, sans me laisser guider par la faveur ou par 
    l'inimitié. Je voterai seulement sur les questions qui ont été soumises au 
    tribunal. J'écouterai avec la même attention les deux parties. Je le jure 
    par Zeus, par Apollon, par Déméter. Si je suis fidèle à mon serment, que ma 
    vie soit pleine de bonheur; si je me parjure, malédiction sur moi et sur ma 
    famille. »
 Ensuite, avant d'aborder les débats, ont lieu un certain nombre d'opérations 
    importantes ; répartition des affaires entre les tribunaux — attribution des 
    jurys aux tribunaux — désignation des présidents. Au jour fixé pour le 
    jugement, les thesmothètes répartissent les affaires entre un certain nombre 
    de locaux ou de tribunaux, en comprenant par là le local où siégera le 
    tribunal. Nous en connaissons un certain nombre. Pour les distinguer 
    matériellement, le linteau de leur architrave était peint d'une couleur 
    différente pour chacun. Le plus important est l'Héliée, le tribunal par 
    excellence. D'autres ne sont connus précisément que par la couleur de cette 
    architrave ; 
    to 
    Foinikoun  (d’un 
    rouge vif) le tribunal à l'architrave rouge ;
    
    to Batracioun  
    (vert), 
    le tribunal à l'architrave verte. D'autres étaient désignés par leur forme, 
    leur situation, le nom de l'architecte, etc.
 Il s'agit ensuite d'affecter les jurés à tel ou tel de ces tribunaux. Ici 
    encore on procède par tirage au sort effectué par les thesmothètes. Jusqu'à 
    l'archontat d'Euclide un seul tirage au sort attribuait à chaque tribunal 
    son jury pour toute l'année; alors les noms des juges étaient connus 
    d'avance. Après Euclide (404-3), l'affectation n'a lieu qu'au jour du 
    jugement : ainsi on ne peut plus connaître à l'avance les noms des juges qui 
    décideront des procès et les tentatives de corruption sont rendues beaucoup 
    plus difficiles. On se sert de deux urnes, Tune contenant des jet aux 
    lettres des sections, de A à K; l'autre contenant des jetons aux lettres des 
    tribunaux A et suivantes. Les thesmothètes tirent simultanément un jeton 
    deux urnes et chaque section va siéger dans le tribunal qui lui est ainsi 
    désigné.
 Vers le milieu du 
    
    IVe
    siècle, 
    quand les jurys sont constitués chaque jour indépendamment des 
    sections les formalités sont encore plus compliquées puisque chaque juré 
    doit être affecté individuellement à tribunal. On tire d'abord au sort les 
    lettres A, M qui désigneront les tribunaux à pourvoir. Ces lettres sont 
    reproduites sur une série de boîtes. D'autre part dans des hydries, on met 
    des glands en nombre égal à celui des jurés et dont chacun est également 
    marqué à la lettre d'un tribunal. Les jurés arrivent alors un par un ; 
    chacun tire un gland qui lui indique où il devra siéger et le présente en 
    même temps que sa tablette à l'archonte de sa tribu. L'archonte jette la 
    tablette dan boîte qui porte la même lettre que le gland. Le contrôle se 
    fait automatiquement : il suffit de porter les boîtes aux tribunaux : elles 
    se trouvent contenir la liste des jurés. On fait l'appel et on restitue à 
    chacun sa tablette. Une autre garantie est prévue contre la fraude. Chaque 
    juré reçoit un bâton de la couleur de l'architrave du tribunal où il doit 
    siéger.
 Juges et tribunaux doivent aussi être répartis entre les magistrats appelés 
    à les présider. La répartition se fait encore par tirage au sort.
 Débats. Les séances étaient généralement publiques. Les juges siègent 
    dans une enceinte réservée, fermée par des barrières et où l'on accède par 
    une porte en treillage. Le président a une tribune  
    
    (Bhma) devant laquelle se 
    présentent demandeur et défendeur. La porte est fermée quand le tribunal 
    comprend un certain nombre de juges et il n'y a pas de jjlkjôô; pour les 
    retardataires.
 Les séances n'ont pas lieu tous les jours. Les tribunaux ne siègent pas les 
    jours de fêtes ni les jours néfastes ni les jours où l'Assemblée du peuple 
    se réunit. Pour des raisons diverses le cours de la justice parfois suspendu 
    pendant un temps plus ou moins long.
 Les débats sont menés assez rapidement. Marquons surtout ici que les 
    héliastes n'ont pas à y intervenir. Ils n'ont qu'un rôle de spectateurs : ce 
    sont des jurés. Le greffier donne lecture des pièces recueillies pendant 
    l'instruction. Le demandeur et le défendeur parlent à tour de rôle et 
    quelquefois on permet à des avocats de prendre la parole au nom des parties, 
    mais la durée des plaidoyers est limitée. « On a mesuré une certaine 
    quantité d'eau dont l'écoulement correspond à la durée d'une journée 
    calculée au mois Poséidon. C'est la durée légale des grands procès (les 
    autres n'en obtiennent qu'une fraction, suivant le chiffre de l'intérêt). 
    Cette durée est divisée en trois parties égales : l'une pour l'attaque, 
    l'autre pour la défense, l'autre pour la délibération des juges » 
    (Aristote). Quand les débats sont terminés, alors seulement commence la 
    tâche des Héliastes. Les bulletins de vote sont distribués, on procède au 
    vote qui a lieu au scrutin secret et sans délibération préalable. Ces 
    bulletins (yhfo$)
    ont sans doute été successivement des cailloux noirs 
    pour la condamnation et blancs pour l'acquittement — ou des fèves — ou des 
    coquilles. Au milieu du IVe siècle, ce sont de petites rondelles 
    de bronze traversées par une tige métallique tantôt pleine, tantôt creuse :  « Que ceux qui sont d'avis que l'accusé est coupable, dit 
    Eschine, se servent de celui de leurs bulletins qui est percé ; que ceux qui 
    sont d'avis qu'il ne l'est pas, se servent de celui de leurs bulletins qui 
    est plein. » Chaque juge a, en effet, reçu au préalable deux bulletins, 
    distribués par des fonctionnaires spéciaux et publiquement. Deux urnes sont 
    placées sur la tribune. Il dépose son suffrage dans l'une, cachant entre le 
    pouce et l'index les extrémités de la tige. Il jette dans l'autre, de la 
    même manière, le bulletin qui ne lui a pas servi. S'il ne s'agit pas de 
    répondre par oui ou par non, mais de choisir entre deux plaideurs se 
    disputant, par exemple, une succession, une urne est affectée à chacune des 
    parties, dans laquelle le juge dépose son suffrage favorable. Quand le 
    scrutin est terminé, le président et ses assesseurs renversent l'urne et 
    comptent les suffrages.
 Valeur de ce tribunal. Il est permis de se demander quelle était la 
    valeur de ce tribunal. On a été très dur pour lui, dès l'antiquité. Les 
    sarcasmes d'Aristophane (Guêpes) lui ont fait tort auprès des 
    modernes. On a critiqué notamment le nombre excessif des juges, leur 
    salaire, leur compétence. On a dit que les Héliastes étaient une assemblée 
    politique plutôt qu'un tribunal et qu'Athènes tout entière était devenue 
    Dicacopolis, la ville de la chicane. On peut répondre à ces arguments.
 L'esprit de chicane est malheureusement incontestable, mais ce n'est, 
    peut-être, qu'une ferme exagérée du respect dû à la loi. L'abus des procès 
    se substitue à l'abus de la force. — Les passions politiques? Le 
    Pseudo-Xénophon, qui n'est pas suspect de complaisance pour la démocratie 
    athénienne, reconnaît que les condamnations furent rarement injustes. — Le 
    grand nombre dos juges? Remarquons encore, avec le Pseudo-Xénophon, qu'il 
    met à l'abri de la vénalité. C'est peut-être ce qu'il y eut de meilleur dans 
    la justice athénienne : son indépendance vis-à-vis de l'argent. Reste que 
    cette multiplication des juges et l'institution du salaire représentaient 
    une prime à la paresse et une grosse déperdition de forces vives pour 
    Athènes. Salaire des juges, salaire de l'Assemblée réalisent un type de 
    société où les citoyens sont entièrement entretenus par l'État, sans rien 
    lui offrir en échange. La compensation nécessaire est fournie par le travail 
    des esclaves : c'est pourquoi, malgré son apparence démocratique, la société 
    athénienne est, en réalité, une des plus dures tyrannies.
 HÉLIÉE. Nom du principal tribunal athénien où siégeaient les 
    Héliastes. C'était le tribunal par excellence
    kat exochn , formé de 
    l'ensemble des citoyens, si bien que le mot
    hliazesqai  
    (être héliaste) signifie rendre la 
    justice. L'étymologie du mot est incertaine; on a proposé de le faire 
    dériver de 
    hlio$, soleil, le tribunal qui siège en plein air, dans un lieu 
    éclairé par le soleil; son emplacement est inconnu; il est probable qu'il 
    était bien à ciel ouvert : on y observait, les jours d'audience, si les 
    pronostics célestes étaient favorables ou non et, dans ce dernier cas, la 
    séance était ajournée. |  
 
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