Les corés

ATHÈNES : le musée de l'Acropole 23/64 - La période archaïque : les korés (ou corés) 1/8

     Les statues de korés ("korai" : jeunes filles) sont une des grandes attractions du musée de l'Acropole.
Ces statues ont été retrouvées en grand nombre
(plus d'une centaine, mais seulement une vingtaine sont bien conservées), lors des fouilles de l'Acropole, à la fin du XIXème siècle. Elles avaient été placées dans des fosses* après la destruction de l'Acropole par les Perses en 480
av. J.-C.
    L
es korés sont toujours des offrandes destinées à une déesse féminine, ici, sur l'Acropole, il s'agit bien entendu d'Athéna. 
    Ces offrandes votives étaient faites par de riches personnages qui voulaient laisser une trace tangible de leur dévotion à Athéna. Elles sont habillées au goût du jour mais demeurent anonymes, leurs traits n'ont sans doute rien à voir avec ceux du donateur (dans le cas où le donateur est une femme évidemment car des hommes ont aussi offert des korés).
    Toutefois, les korés pouvaient aussi être placées sur les tombes où, là, elles représentaient la défunte.

    Les korés datent de l'époque archaïque**, du VI° s jusqu'au début du V° s av. J.-C. (entre -550 et -480) ; elles ont été exécutées par des sculpteurs très largement influencés par l'art ionien***, qui jouissaient d'une grande vogue sous les Pisistratides. Les premières korés sont assez grossières et petites, mais très vite, les artistes font des progrès dans la représentation de l'anatomie et des plissés des robes. A leur découverte, on leur a attribué un numéro d'inventaire mais on les désigne parfois par une de leurs caractéristiques, ainsi la koré 679 est aussi appelée « koré en péplos » à cause de son costume.
Lire le beau texte d'Elie Faure sur les korés ("
Histoire de l'art - L'art antique
")

    Les korés sont toutes différentes mais elles ont des caractéristiques communes qui permettent de les intégrer à un même groupe. (La variété des œuvres s'explique d'abord par le fait que les sculpteurs sont d'origine différente).

* les statues, profanées par les Perses, ont été enfouies afin de les soustraire à la vue des visiteurs, sans pour autant priver la déesse de ce qui lui avait été offert, et qui était donc sa propriété.
** A la même époque, en parallèle, on trouve aussi des statues de jeunes hommes, les Couroi (singulier "Couros"), qui sont traitées comme les korés,
à la différence qu'ils sont représentés nus, les bras collés au corps, la jambe légèrement avancée.
*** Les artisans ioniens, suite à la poussée des Perses, quittent leur terre d'origine.


Koré 680

Caractéristiques des korés

Statue féminine, en marbre, debout, habillée, le bras gauche le long du corps relève souvent le tissu du vêtement, le bras droit est tendu en avant, présentant souvent une offrande dans la main : fleur, fruit, oiseau, vase , statue peinte de couleurs vives (polychromie*), vêtement somptueusement brodé.

* rouge, bleu, vert jaune, blanc, noir. Les parties nues du corps recevaient aussi un enduit à base de cire et huile destiné à les protéger tout en leur donnant une couleur brillante.

Les vêtements reflètent l'élégance et la mode du moment

Le costume se compose généralement d'une longue tunique de lin ou chiton, serrée à la ceinture ; la partie supérieure forme un corsage plus ou moins bouffant et surplissé ; la partie inférieure, ramassée en paquet dans une main, est tenue sur le côté ou par devant. Des broderies colorées ornent les bords et le milieu de la jupe et l'ensemble est parsemé de petits ornements brodés. Le chiton était en partie recouvert de l'himation, sorte de manteau ou châle de laine brodé.


Coré 675

Caractéristiques des korés

Yeux en amande, lèvres épaisses, sourire « archaïque »,  chevelure longue et striée, ornementation rapportée : bronze, pierreries... qui ont souvent disparu.


Coré 671
Pourquoi les korés sourient-elles?

 Pour Alain Pasquier, correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, ce sourire ne traduit pas un état psychologique, ni le bonheur ni la satisfaction. « Le sculpteur d’une korè archaïque n’a pas pour but de créer une forme humaine qui révèle un caractère ou un état psychologique, passager ou non. L’intériorité n’est pas ce qu’il veut exprimer. Ce qu’il désire, c’est faire que l’objet qu’il crée à l’image d’une jeune fille ait l’aspect extérieur le plus agréable à contempler. Il ne cherche pas à sculpter une jeune fille heureuse mais à rendre heureux celles et ceux, dieux ou mortels, qui regardent la jeune fille de marbre que son ciseau a créée ». Comme l’aurait dit André Malraux, c’est un sourire « qui s’adresse à celui qui le regarde ».
Pour d'autres, le sourire est celui du bref moment de l'offrande qui apporte la joie aussi bien à la divinité qui se réjouit du cadeau humain, qu'au dédicant qui l'offre avec ferveur et qu'à l'artiste qui est fier de son œuvre.

     Malgré des caractéristiques communes, on a pu répartir les korés en plusieurs groupes :
- les korés primitives (593, 619, 677), œuvres imitées des anciennes statues de culte (xoana), engoncées dans un vêtement en forme de gaine (comme les figures des anciens xoana), avec des draperies raides et collantes, ou encore en forme de colonne.
- les korés ioniennes (
682, 594, 673, 670, 675...), remarquables par le raffinement du costume et le visage aux yeux très obliques et aux lèvres arquées.
- les korés pseudo­ioniennes
(672, 674, 683, 685), où l'ionisme n'est plus original, mais se reflète chez les disciples attiques des Ioniens
- les korés attiques
(671, 669...) où se manifeste le retour à l'indépendance et à ses traditions de gravité et de sobriété de l'art attique.

    L'évolution dans la représentation :
- l'attitude :
  Les pieds sont d'abord joints, puis le gauche avance très légèrement pour animer un peu les jambes et mettre fin à l'aspect de colonne des premières statues. Au début, le bras gauche est plaquée contre la cuisse, tandis que l'autre, ramené contre la poitrine, tient quelque chose, le plus souvent un oiseau ou un fruit. Plus tard, la main autrefois libre, serre l'étoffe en l'écartant de la cuisse, ce qui rompt la verticale des plis sur les jambes. De même, la main tenant une offrande s'écarte maintenant du buste pour se porter en avant ; l'avant-bras nu est alors rapporté, pour éviter de gaspiller du matériau et du temps.
- le vêtement :
  C'est d'abord le péplos, dont la laine épaisse ne laisse presque rien paraître du corps. Vers 540, ce vêtement austère, qui offre peu de latitude au savoir-faire des sculpteurs, est remplacé par le vêtement dit ionien, composé de deux pièces de texture différente : le chiton de lin, dont les plis fins et nerveux moulent les formes du cou aux chevilles, et un petit manteau de laine, l'himation, le plus souvent drapé en diagonale sur le buste, de manière à laisser un sein dégagé, mais parfois aussi porté comme un châle qui enveloppe les épaules.
- La coiffure :
  La chevelure est retenue par un serre-tête plus ou moins épais et décoré (la stéphanè) qui, suivant son épaisseur et son décor peint ou rapporté, s'apparente à un bandeau ou à une couronne. Sur le crâne, le rendu des cheveux est généralement simplifié, alors qu'autour du front et sur les tempes il donne lieu à des effets minutieusement ciselés, dont la virtuosité s'éloigne parfois du possible. Des mèches parotides, trois ou quatre de chaque côté, se déploient sur le buste, sur ou contre les seins, quelquefois presque jusqu'à la taille.

 

Péplos :
C'est un rectangle de dimension variable qui est plié en deux et cousu de façon à former un tube cylindrique, le haut formant un rabat drapé sur le devant. Suivant la façon de mettre le péplos et la taille choisie, cela fait soit une tunique, soit un manteau. Cette pièce rectangulaire étant en générale assez grande, elle forme de nombreux plis sur le vêtement.
le péplos est généralement fait dans un tissu assez lourd comme la laine, allant du blanc écru au marron noir.
Le lin apparaîtra plus tard et sera très apprécié, ce sera en général la matière utilisée pour le chiton.

Chiton
Tunique de lin au plissé fin, cousue sur les côtés, ceinturée à la taille, courte et sans manche pour les hommes, longue et avec manches pour les femmes, portée à même le corps. L'étoffe est fixée sur les épaules par une couture ou des agrafes pouvant être plus ou moins nombreuses, donnant ainsi au chiton des manches à la longueur variable. Une ceinture est portés la plupart du temps, ce qui permet de donner du bouffant au tissu.
Le péplos et le chiton recouvraient les pieds.

L'himation
C'est également une pièce de tissu très large, un peu comme un châle. Il est épais et lourd . Il se drape ou s'enroule autour du corps, mais il ne comporte pas d'attache fixe, c'est pourquoi certaines femmes le fixent avec une fibule, une sorte de broche.


Femme grecque en chiton


Compte tenu des nombreux piratages du site, le click droit pour le copiage du texte et des images est dorénavant interdit. Site sous copyright.
Les élèves peuvent cependant récupérer les images à l'aide d'une copie d'écran pour leurs travaux pédagogiques non lucratifs et non publiables, y compris sur Internet.
Pour tout autre usage, contacter l'auteur:Contact
.google-src-text {display: none !important}