Akrotiri

AKROTIRI

Le chantier de fouilles d'Akrotiri (commencé en 1967) est l'un des plus impressionnants que l'on puisse visiter, il n'est pas sans rappeler Pompéi. Cette ville minoenne fut en grande partie détruite par une éruption volcanique et recouverte d'une épaisse couche de cendres  (6 m) vers 1500 av JC. La gangue de pierre ponce imperméable a remarquablement protégé les ruines partiellement dégagées (seulement 10 000 m2 sur 200 000). Les habitants avaient eu le temps de déserter la ville avant la catastrophe car aucun squelette n'a été retrouvé et ils avaient eu le temps d'emporter leurs meubles. Quelques habitations furent cependant réoccupées provisoirement quelques jours ou semaines après la catastrophe.
On peut donc voir aujourd'hui la ville telle qu'elle était il y a 3500 ans : les maisons à 2 ou 3 étages avec leurs escaliers (certaines ont conservé l'encadrement de leur porte), les rues pavées avec des égouts, les magasins remplis de pithoï (certains contenaient des denrées fossilisées).


Plan d'Akrotiri

Les maisons, à toit plat, s'ouvraient sur la rue, le rez-de-chaussée était réservé aux ateliers ou aux magasins, l'étage abritait des pièces d'habitation plus spacieuses décorées de splendides peintures murales (la plupart exposées à Athènes). C'est à cette époque (âge du bronze récent) que datent les premiers enduits muraux à décor figuré (enduits de plâtre peints en brun ou rouge). Les fresques d'Akrotiri ressemblent tout à fait à celles des premiers palais minoens. Ainsi l'archéologue grec Marinatos, avant même d'avoir entrepris les fouilles d'Akrotiri, lia la disparition des palais crétois à l'histoire de Santorin (la théorie précéda la fouille). Selon lui, un tremblement de terre aurait précédé l'éruption volcanique et provoqué un tsunami (énorme vague de 200 m) qui aurait atteint la Crète et détruit la civilisation minoenne des premiers palais (mais les destructions d'Akrotiri ne semblent pas d'origine sismique). Marinatos, tout comme l'avait fait Schliemann avec Troie et Homère, pensait que Santorin n'était autre que l'Atlantide de Platon.
La théorie de Marinatos peut être remise en question dans la mesure où la chronologie des deux phénomènes (disparition d'Akrotiri, vers -1500, et disparition des premiers palais crétois, vers -1450) ne coïncide pas exactement, il y aurait un écart d'une cinquantaine d'années. De plus,
Pierre Vidal-Naquet a bien montré que "l'Atlantide est le contretype d'une Athènes elle-même imaginaire", une fiction de Platon.
Voir à ce sujet l'excellent article de Stimulus :
http://www.u-bourgogne.fr/STIMULUS/D001/200/400.htm

Platon, philosophe grec (428-347 av JC), dans Timée et Critias (recueils de dialogues) parle d'une île : l'Atlantide. Située au-delà des colonnes d’Hercule (Gibraltar), elle aurait été engloutie par un cataclysme 9000 ans auparavant. L’île des Atlantes, rois nés de Poséidon et d’une mortelle Cleito, bien administrée, immense, prospère fait figure de cité idéale (http://artchives.samsara-fr.com/platon.htm). Mais cette "Atlantide" pose un double problème, celui de sa réelle existence et de sa localisation .
Beaucoup d'auteurs ont essayé de percer le mystère de cette île mystérieuse, ainsi
P. Benoit situe son Atlantide  (1919) dans le Hoggar. "En 1964, P. Vidal-Naquet est revenu à la thèse bien souvent avancée de la pure allégorie, mais en donnant au mythe de l’Atlantide la valeur d’une affabulation destinée à cristalliser la double notion d’unité et d’altérité, chère à Platon: l’Athènes antique, terrienne, sage et prospère, se désagrège sous le raz de marée d’une nouvelle civilisation, maritime, commerçante (Platon répugnait à tout trafic), indisciplinée et livrée aux démagogues et aux luttes intestines; ainsi, sous l’effet de la mer, qui engendre l’altérité, se disloque la belle cité dont les gardiens vivaient dans une absolue communauté (conformément aux doctrines de La République ), c’est-à-dire dans l’unité." Extrait de l'Encyclopédie Universalis".

      Escalier bouleversé Les pithöi
    Les pithöi  La maison ouest  
    Plage d'Akrotiri Plage d'Akrotiri Plage d'Akrotiri
Les fresques retrouvées dans les maisons d'Akrotiri : elles sont presque toutes exposées au musée national d'Athènes, elles représentent toutes des scènes à caractère religieux.

La fresque du "Pêcheur" est très bien conservée, elle a été trouvée dans la maison ouest. A l'origine,  il y avait deux fresques de pêcheurs dans deux coins de la même pièce. Dans cette même pièce, on a retrouvé aussi la fresque des Navires qui retrace une fête de la mer. Le pêcheur est complètement nu (ce qui est rare dans l'art minoen), il tient dans chaque main des maquereaux suspendus à une ficelle. Ces poissons ont un lien avec la fresque des Navires. Les deux pêcheurs représentent des adorateurs qui font une offrande de poissons (leur nudité et leur crâne rasé recouvert d'une coiffe qui laisse sortir des mèches de cheveux prouvent le caractère religieux de la scène), ils semblent justement se diriger dans la maison vers une table d'offrandes ornée de dauphins.


La table d'offrandes

La fresque des Navires était placée au-dessus des fenêtres de la pièce où se trouvaient les pêcheurs. Elle montre une flotte revenant d'une expédition mais on y voit aussi une fête qui pourrait commémorer une victoire. Les navires décorés (crocus suspendus en guirlandes) indiquent le caractère religieux de la fête, les casques, les lances qui pendent aux cabines des navires, les lions montrent le caractère militaire de la scène.

La fresque des boxeurs : elle a été retrouvée dans la même pièce que celle des antilopes : les enfants s'affrontent comme les antilopes. Les enfants représentent en fait des serviteurs d'une divinité car leur tête est en partie rasée comme celle du pêcheur. L'un des boxeurs porte des bijoux : des bracelets, un collier, des boucles d'oreille. Nous avons ici le 1ère représentation du gant de boxe. La scène montre une connaissance parfaite du corps enfantin par l'artiste qu a su rendre le mouvement.
La fresque des antilopes : les antilopes sont si bien représentées que l'on peut déterminer leur race : Oryx Beissa. A l'origine, il y avait six antilopes. La bordure de lierre, au-dessus, indique la période du printemps.

La fresque des singes bleus : cette fresque a été en partie reconstituée à partir de fragments incomplets. Les singes sont représentés de façon réaliste tandis que les rochers sont stylisés. Cette scène a sans aucun doute une signification religieuse car les singes sont des serviteurs de la divinité.

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La fresque de la prêtresse. On identifie la prêtresse par son costume : elle porte une sorte de sari et sur la tête la même coiffure bleue que le pêcheur et les boxeurs. Le serpent sur la tête est un attribut des prêtresses crétoises. Elle tient dans la main un vase qui aurait pu contenir le pigment rouge dont elle est paré sur les lèvres et l'oreille, sans doute un ornement religieux. La fresque des Dames : ces femmes élégantes (jupes compliquées à volants et bijoux) portaient sans doute des offrandes à une déesse (des crocus).

La fresque des Papyrus : elle provient de la même composition que la fresque des Dames. Les papyrus montrent des relations avec l'Egypte, ce sont sans doute des plantes sacrées comme les Lys et les crocus.
La fresque du Printemps : dans les rochers, des lys (en bourgeons ou épanouis) se penchent légèrement sous l'effet de la brise, des hirondelles se font la cour, les couleurs sont douces, c'est l'arrivée du printemps.


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