NOTES sur le texte concernant le voyage de Théodulf à Rome

[7] Le corpus des poèmes de Théodulf - tous, semble-t-il appartenant à la période qui a suivi son arrivée en Gaule depuis l’Espagne - s’ouvre avec une paire formant le dernier morceau de ce qui avait originellement été une tétralogie. Dans le second (et final) poème, Théodulf s’excuse pour sembler faire la leçon à des évêques dont il ne partage pas la dignité : “Nec me praesulibus doctorem praeferro sanctis,/...cum sim levitide turba/Pars” (MGH Poetae, I, 453,lignes 29-32). Ce levitide doit s’interprêter comme diacre, ce qui est confirmé par ses allusions à verser l’eau sur les mains, à arranger le pallium ou les ornements, à essuyer la sueur sur le front, à placer des tapis sous les pieds en période froide et à éventer la tête quand il fait chaud - tous services rendus aux évêques par les diacres au cours des fonctions liturgiques (cf. les lignes 31-52).

[8] Pour la date de l’Opus Caroli, cf. A. Freeman, “Carolingian Orthodoxy and the Fate of the Libri CaroliniViator, XVI, (1985), 65-108.

[9] Notre plus ancien témoignage sur Théodulf en tant qu’évêque est la lettre d’Alcuin du 22 juillet 798 à Charlemagne, demandant au roi de lui envoyer son traité contre Félix d’Urgel pour l’examen de Richbod et Théodulf (episcopis doctoribus et magistris); cf. Lettre 149, MGH Epistolae, IV, 243-244. P. Brommer, “Die bischöfliche Gesetzgebund Theodulfs von Orléans”, Zeitschrift des Savigny-Stiftung für Rechtgeschichte. Kanonistische Abteilung, LX (1947), n. 30, se réfère à un “Fragmentum Historiae Franciae”, publié par Dom Martin Bouquet, qui précisait que la nomination de Théodulf à Fleury coincidait avec sa nomination comme évêque. La liste abbatiale de Fleury, à Paris BNF Ms lat. 1720 (cf note suivante) donne dix-neuf ans et demi pour la durée de l’abbatiat de Théodulf. Comme il a perdu son abbaye quand Louis le Pieux l’a privé de son siège, en 817/18, cela confirme qu’il a dû devenir évêque et abbé en fin 797 ou début 798.

[10] La liste abbatiale de Fleury dans le Ms BNF lat. 1720, fol. 6v-7v, se termine avec Théodulf, le portant comme quatorzième abbé. La section concernant Germigny mérite d’être citée : “Denique Germaniacus dicitur villa, tribus a nostro monasterio distans millibus. Haec ab abbatibus qui ante eum fuerant, maxima ex parte a fidelibus viris, quorum hereditas erat, partim data, partim vendita est. In hac igitur, idem Theodulfus abbas et episcopus ecclesiam tam mirifici operis construxit ut nullum in tota Neustria inveniri posset aedificii opus quod ei, antequam cremaretur, valeret aequari. Totam namque arcuato opere eandem extruens basilicam, ita floribus gimseis atque musivo eius venustavit interiora, pavimentum quoque marmoreo depinxit emblemate,ut oculi intuentium vix grata satiaretur specie. Porro in matherio turris e qua signa pendebant, huiuscemodi versus argenteo colore expresso : ‘Haec in honore Dei Theodulfus templa sacravi / Quae dum quisquis ades oro memento mei’....At vero Theodulfus aulam a se constructam omnium conditori ac salvatori rerum Deo consecrans, Cherubim gloriae obumbrantia propitiatorium desuper altare ipsius artificiosissimo magisterio expressum hic decoravit versibus [ici suit l’inscription citée plus haut]. Pour le texte imprimé, cf. Migne, PL CXXXIX, 579. J. Dufour, “Manuscrits de Moissac antérieurs au milieu du XIIe siècle et nouvellement identifiés”; Scriptorium, XXXVI, (1982), 151-153, montre que BNF lat. 1720 est un manuscrit du XIIe siècle provenant de Moissac, et conjecture que le lien de confraternité entre Fleury et Moissac explique comment cette ancienne liste abbatiale de Fleury est arrivée à Moissac. Quand la liste y fut copiée, au XIIe siècle, aucune tentative n’a été faite pour la mettre à jour. Il n’est pas clair si la mention de l’incendie qui a ravagé Germigny concerne l’attaque des Vikings de 865 ou 878, ou bien s’il s’agit d’un désastre survenu plus tôt, peu après l’achèvement de l’édifice.

[11] Les événements de 799-800 culminant dans le couronnement de Charlemagne comme empereur, ont été souvent traités. La liste suivante ne prétend pas être complète : D. Bullough, The Age of Charlemagne (London, 1965) ; R. Folz, The Coronation of Charlemagne (London 1974) ; P. Classen; Karl der Grosse : Das Papsttum und Byzanz (Sigmaringen, 1985), 42-80 ; R. Collins, Charlemagne (London, 1998), 140-159. Aucun de ces ouvrages ne mentionne que Théodulf a accompagné Charlemagne à Rome. Un splendide catalogue, fait à l’occasion de l’exposition commémorant la rencontre de Paderbon a été publié récemment : 799 : Kunst und Kultur der Karolingerzeit, 2 vol. (Paderborn, 1999).

[12] Le poème de Théodulf Ad regem (No. 32), écrit peu après le séjour du pape Léon III à Paderborn, est une invitation au roi à visiter Orléans avant de partir pour Rome: “Atque utinam dominus te istas deducat ad arces,/ Et videat dominus urbs Aureliana suum”(MGH Poetae, I, 524, lignes 45-46). C’est Dieu qui a décidé que, en cette occasion, Charlemagne, agissant au nom de saint Pierre, sauvera la papauté :”Nam salvare Petrus cum posset urbe Quirina,/... Hunc tibi salvandum, rex clementissime, misit/ Teque sua voluit fungier ille vice” (ibid., lignes 25-27).

[13] Pour l’itinéraire de Charlemagne de Paderborn à Rome, via Tours et Orléans, cf. la carte dans H. Mordek, “Von Paderborn nach Rome - der Weg zur Kaisekrönung” en 799: Kunst und Kultur der Karolingerzeit : Beiträge zum Katalog der Ausstellung Paderborn (Paderborn, 1999)51. On ne voit pas bien si Théodulf a fait partie de la suite du roi pendant la visite à Orléans ou s’il l’a rejoint plus tard. Les Annales royales franques notent pour l’an 800 : “Au commencement d’août il [Charlemagne] vint à Mayence.annonçant une expédition en Italie, il quitta Mayence et vint avec son armée à Ravenne. Là il fit campagne contre les Bénéventains et après un délai de sept jours se dirigea vers Rome...Le pape Léon vint le rencontrer...le pape conduisit le roi dans la basilique du bienheureux apôtre Pierre. Ceci eut lieu le 24 novembre.” Carolingian Chronicle, ed. B.W. Scholz (Ann Arbor, 1970), 80.

[14] Lettre 225 (MGH Epistolae, IV, 368). Il faut peut-être se réjouir de ce qu’Alcuin était sujet aux fièvres. En 801, Pâques tomba le 4 avril, et, très peu de temps après, Alcuin attrapa une mauvaise fièvre qui, selon son propre témoignage, le mit aux portes de la mort. En tout cas, il prit soin de mentionner cette terrible fièvre de Pâques à tous ceux avec qui il correspondit à cette époque, ce qui nous fournit un utile critère pour les dates de ces lettres.

[15] Alcuin écrit (ibid.) : “Gaudens gaudebo de augmento honoris vestri et de sigillo sacerdotalis dignitatis, quod apostolica vobis superaddidit auctoritas”.

[16]MGH Poetae, I, 565, ligne 66.

[17] Notre ami Michael McCornick dont le nouveau livre, The Origins of European Commerce, 300-800 (à paraître à Cambridge), contiendra des informations sur la durée des voyages (Ch. 16 et Table 16,2) estime entre quatre à huit semaines (selon les circonstances) le voyage que Théodulf et Candidus ont fait ensemble depuis Rome jusqu’à Orléans et Tours.

[18] Cf. V. Tiberia, Il mosaico restaurato : l’arco della Basilica dei Santi Cosma et Damiano (Rome, 1988), avec d’excellentes illustrations.

[...]

[28] Par exemple, une croix à St Apollinaire (Ravene), Ste Pudentienne, St Stephano Rotondo (Rome); Le trône apocalyptique aux deux baptistères de Ravenne et à Ste Marie Majeure.

[29] Cf. J. Wilpert, Die römischen Mosaiken des kirchlichen Bauten vom IV.-XIII. Jahrhundert (Freiburg, 1917), Pl. 22, 23, 25 ; H. Karpp; Die Frühchristichen und mittelalterlichen Mosaiken in Santa Marie Maggiore zu Rom (Baden-Baden, 1966) Figs. 125, 128 et 138. Actuellement le visiteur de Ste Marie Majeure a quelque difficulté à discerner les détails de ces images ; Kessler nous fait remarquer que les fenêtres actuelles n’existaient pas au VIIIe siècle et que, avec de plus petites fenêtres, et certainement un grand nombre de lampes dans l’église, les détails de la mosaïque devaient être plus facilement discernables à l’époque de Théodulf.

[30] E. Revel-Neher dans L’Arche d’Alliance dans l’art juif et chrétien du second au dixième siècles (Paris, 1984), 149, relie le type de l’Arche (“coffret plat à barre”, 253) trouvé à Germigny à celui de Ste Marie Majeure, comme fait P. Bloch “Das Apsismosaik von Germigny-des-Prés, Karl der Grosse und der Alte Bund” dans Karl der Grosse? III (Düsseldorf, 1965), 241.