JEAN-FRANÇOIS
CHAMPOLLION « LE JEUNE » FONDATEUR D’ UNE SCIENCE : L’EGYPTOLOGIE
I-
Figeac : la petite enfance : de 1 à 10 ans.
Le 23 décembre 1790 J-F naît à Figeac, impasse de la Boudousquerie (actuelle
impasse Champollion) dans une belle maison de bourg transformée en 1986 en «
musée Champollion ».
Jacques (1744-1821), son père, ancien colporteur en livres, est libraire.
Jeanne-Françoise Gualieu (1744-1807), sa mère, est une bourgeoise
analphabète de 48 ans à qui un mage aurait annoncé qu’elle donnerait
naissance à « la lumière des siècles à venir ». Il a trois sœurs, Thérèse
(1774-1850), Pétronille (1776-?) et Marie-Jeanne (1782-1833), et un frère,
Jacques Joseph dit « Figeac » (1778-1867), qui est également son parrain.
1798 J-J sollicite sans succès la faveur d’être attaché à la commission
scientifique de l’expédition d’Egypte.
Jusqu’en 1798 J-J se charge de l’éducation de J-F.
1799 à la suite du départ de J-J à Grenoble comme commis dans l’entreprise
familiale d’import-export J-F entre à l’école primaire. Il est ensuite
confié à l’abbé dom Calmels (ancien
précepteur de J-J) qui lui enseigne les rudiments de latin (et de grec ?).
II- Grenoble : l’influence de J-J sur J-F ou l’Egypte en Dauphiné : de 10
à 17 ans.
1801 J-F rejoint J-J à Grenoble. J-J bibliophile, érudit, spécialiste en
lettres anciennes, est chargé de s’occuper des antiquités locales par son
ami Joseph Fourier.
J-F est confié à un instituteur. Ensuite, tout en suivant les cours de
l’école centrale de la circonscription, il est éduqué par J-J puis par
l’abbé Dussert qui lui enseigne l’hébreu, l’arabe, le syriaque et le
chaldéen ou araméen.
1803 J-J est reçu à l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble.
1804 J-F entre au lycée impérial de l’abbé Claude-Marie Gattel (1743-1812)
(proviseur, professeur de grammaire de Stendhal). Il y rencontre Augustin
Thévenet, son ami le plus cher.
Joseph Fourier, chargé de la rédaction de l’introduction de la « Description
de l’Egypte », demande à J-J de l’aider dans ses recherches.
J-J fait une communication relative à la pierre de Rosette devant l’Académie
des Sciences et des Arts de Grenoble.
J-F écrit « Remarques sur la Fable des Géants d’après les étymologies
hébraïques ».
1805 J-J traduit le texte grec de la pierre de Rosette.
Chez Joseph Fourier J-F rencontre dom Raphaël de Monachis (1759-1831) (Antün
Zakkür, prêtre syrien de rite catholique grec, étudiant à Rome, membre de
l’expédition d’Egypte en tant qu’interprète d’arabe auprès de Joseph
Fourier, il retourne en Egypte en 1816) qui l’intéresse au copte.
1806 J-J est nommé secrétaire général de l’Académie des Sciences et des Arts
de Grenoble.
J-J adresse à Joseph Fourier une « Lettre sur une inscription grecque du
temple de Dendérah ».
1807 J-F tombe amoureux de Pauline Berriat, fille du futur maire de
Grenoble. J-J épouse Zoé, la sœur de Pauline, qui apporte en dot une maison
de campagne située à Vif ouverte au public en 2004.
J-F quitte le lycée impérial.
Il présente « Essai de description géographique de l’Egypte avant la
conquête de Cambyse » devant l’Académie des Sciences et des Arts de
Grenoble.
III- Paris (8, rue de l’Echelle-Saint-Honoré, chez les Mécran) : J-F
l’étudiant : de 17 à 18 ans.
1807 (suite) J-F est élève au Collège de France avec pour professeurs
Silvestre de Sacy (cours d’arabe et de
persan), Jean-Jacques Caussin de Perceval
(cours d’arabe) (1759-1835)
(membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1809), Louis
Langlès (cours de persan et de malais) (1763-1824) (un des fondateurs en
1795 de l’Ecole Spéciale des Langues Orientales, un de ses futurs opposants)
et enfin Prosper Audran (cours d’arabe, d’hébreu, de syriaque et de chaldéen
ou araméen) qu’il remplace parfois en cours !
Il est également étudiant à l’Ecole Spéciale des Langues Orientales avec
pour enseignants dom Raphaël de Monachis (cours d’arabe et de copte),
Louis Langlès et Silvestre de Sacy.
Il est enfin élève à la Bibliothèque Impériale où professe
Aubin Millin de Grandmaison (1759-1818)
(archéologue, numismate, conservateur du cabinet des antiques et médailles
de la Bibliothèque Nationale, naturaliste, un ami).
Il fréquente la Commission d’Egypte ; il visite l’abbé de Tersan qui met à
sa disposition une copie de la pierre de Rosette ; à l’église Saint-Roch il
étudie avec le vicaire copte Geha ou Icaha
Cheftitchi (auxiliaire de l’armée d’Orient, collaborateur
occasionnel à la « Description d’Egypte ») pour qui le copte découle de
l’ancien égyptien.
Jean-Antoine Saint-Martin, son meilleur ami d’études, deviendra par la suite
un de ses pires opposants. Il se lie également d’amitié avec Léon
Jean-Joseph Dubois (1780-1846) (dessinateur, mouleur, élève de Gros, futur
conservateur adjoint de la division égyptienne et orientale du musée Charles
X [futur musée du Louvre] ) qui l’initie à l’art égyptien.
1808 J-F débute sa « grammaire copte ». Il étudie l’inscription démotique de
la pierre de Rosette. Il améliore l’alphabet de Johann David Akerblad.
Il devient membre correspondant de l’Académie des Sciences et des Arts de
Grenoble grâce au docteur Gagnon (grenoblois, grand-père de Stendhal).
Il tombe amoureux de Louise Deschamp, jeune épouse d’un fonctionnaire.
Naissance d’Ali, fils de J-J.
IV- Grenoble (chez ses beaux-parents les Berriat) : J-F le chercheur, J-J
le notable : de 18 à 25 ans.
1809 J-F est nommé professeur adjoint d’histoire ancienne à la faculté des
lettres de Grenoble. J-J y enseigne la littérature grecque et en est le
secrétaire général et le bibliothécaire adjoint. J-J est également rédacteur
en chef des « Annales du département de l’Isère » et conseiller du préfet de
l’Isère Joseph Fourier.
J-F participe aux recherches de J-J relatives à la rédaction de
l’introduction de la « Description de l’Egypte » dont est chargé Joseph
Fourier.
« Dissertation sur l’inscription de Rosette » est une étude de J-J sur le
texte grec de la pierre de Rosette.
1810 J-J et J-F sont nommés docteur ès lettres. Ils établissent le catalogue
des œuvres antiques du musée de Grenoble et participent aux « mercredis » de
Joseph Fourier, réunions rassemblant des spécialistes de toutes disciplines.
J-F écrit le « Discours d’ouverture du cours d’histoire de l’Académie de
Grenoble ».
Il présente « Ecritures anciennes des égyptiens » devant l’Académie des
Sciences et des Arts de Grenoble : l’écriture hiéroglyphique est
idéographique et phonétique ; il y a unicité des trois écritures.
1811 J-F écrit l’introduction de « L’Egypte sous les Pharaons ».
1812 J-J est nommé conservateur en chef de la bibliothèque et doyen de la
faculté des lettres de Grenoble mais perd son poste de rédacteur en chef des
« Annales du département de l’Isère ».
J-F est nommé assistant bibliothécaire et secrétaire à la faculté des
lettres de Grenoble.
Il fréquente Rose dite « Rosine » Blanc (1794 -?), fille d’un gantier
grenoblois, cousine des sœurs Berriat.
Décès de Pauline Berriat.
1814 « L’Egypte sous les Pharaons. Description géographique » de J-F :
l’écriture hiéroglyphique comporte peu de voyelles.
A la chute du premier Empire J-J et J-F se rallient aux Bourbons.
V- Les Cent Jours et l’exil fijeacois des « Champoléon » : de 25 à 26
ans.
1815 J-J rencontre Napoléon à Grenoble,
le suit à Paris où il fait partie de son entourage et obtient la Légion
d’Honneur.
J-F appartient au courant libéral napoléonien et est à la tête de la «
Fédération » regroupant les tendances dauphinoises napoléoniennes. Il est
nommé rédacteur en chef des « Annales du département de l’Isère » dont il
est rapidement chassé en raison de son opposition aux ultras. Sa chaire
d’histoire ancienne à la faculté des lettres de Grenoble est
supprimée.
J-J et J-F s’opposent au nouveau préfet ultra de l’Isère le
comte de Montlivault.
J-F entretien une correspondance avec Thomas Young.
1816 les « Champoléon » sont expulsés à Figeac. Ils découvrent Uxellodunum
(Capdenac-le-Haut), dernière place forte de Gaule prise par César. Ils
s’occupent de l’école d’enseignement mutuel ou lancastérienne dans laquelle,
selon la théorie de Joseph Lancaster
(1771-1838) (anglais, quaker) appliquée depuis un décret de 1815 les enfants
les plus avancés
enseignent à leurs camarades.
VI- Grenoble : recherches et errements : de 26 à 31 ans.
1817 J-J et J-F sont libérés. J-J part à Paris où il devient secrétaire et
ami de Bon-Joseph Dacier (1742-33) (baron en 1830, fiscaliste, helléniste,
conservateur de la Bibliothèque Nationale, secrétaire perpétuel de
l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1782, membre de
l’Académie française en 1822).
J-F revient à Grenoble avec son neveu Ali qu’il éduque. Il est proche du
préfet de l’Isère François Chopin d’Arnouville,
un libéral bourbon.
1818 J-F est nommé professeur d’histoire au lycée de Grenoble et réintègre
ses fonctions de bibliothécaire à la faculté des lettres. Il crée et dirige
l’école d’enseignement mutuel.
J-J devient membre correspondant de l’Académie Royale des Inscriptions et
Belles Lettres après avoir publié « Annales des Lagides, ou chronologie des
rois grecs d’Egypte successeurs d’Alexandre le Grand ».
J-F épouse Rosine Blanc en l’absence de J-J qui désapprouve cette union.
« Quelques hiéroglyphes de la pierre de Rosette », mémoire de J-F présenté
devant l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble, n’est qu’errements :
les hiéroglyphes sont symboliques ; le démotique est antérieur à l’écriture
hiéroglyphique ; le démotique est alphabétique.
1820 animateur du cercle républicain « L’union », J-F s’oppose à
Charles Lemercier de Longpré baron d’Haussez
(1778-1854) (ministre de la marine en 1830), le préfet anti-libéral de
l’Isère.
J-J échoue une première fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions
et Belles Lettres.
1821 pensant à tort que Louis XVIII était mort, J-F participe à une «
insurrection » étudiante à l’issue de laquelle il est jugé et relaxé. Il
perd sa place de professeur d’histoire au lycée de Grenoble et de directeur
de l’école d’enseignement mutuel. Il décide donc de partir à Paris et de se
consacrer à ses recherches.
VII- Paris (28, rue Mazarine, chez J-J) : J-F tient son affaire ou quatre
années de recherches pour quatorze siècles de silence : de 31 à 34 ans.
1821 (suite) la querelle du zodiaque de Denderah oppose J-F à
Edme Jomard qui le date vers 1200 av. J.-C.
alors que J-F le situe à l’époque romaine.
« De l’écriture hiératique des anciens Egyptiens », mémoire présenté par J-F
devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, comporte des
conclusions contrastées : il y a unicité des trois écritures ; l’hiératique
est une simplification de l’écriture hiéroglyphique ; il établit un tableau
de correspondance entre hiéroglyphes et hiératique ; l’écriture
hiéroglyphique est idéographique.
J-F rencontre Thomas Young.
Il revient à son postulat de 1810 : la pierre de Rosette comportant 486 mots
grecs pour 1419 hiéroglyphes, ces derniers sont donc idéographiques et
phonétiques.
A partir de la pierre de Rosette, mais sans pouvoir le prouver, il attribue
à 7 hiéroglyphes la valeur des 7 lettres du nom copte « PTOLMIS ».
1822 « De l’obélisque égyptien de Philae » est une étude de J-F basée sur
une lithographie d’un obélisque bilingue (hiéroglyphes et grec) de Philae,
improprement appelée « aiguille de Cléopâtre », ramenée par
William Bankes (-1855) (anglais, voyageur,
collectionneur) dans sa demeure de Kingston Lacy dans le Dorset en 1819. Le
texte comportant le cartouche de Cléopâtre, il peut donc comparer « PTOLMIS
» avec « KLEOPATRA » : il traduit 12 hiéroglyphes ; si les hiéroglyphes P, O
et L sont communs aux deux noms, ce n’est pas le cas du T, donc pour une
même phonétique il y a plusieurs hiéroglyphes possibles.
A partir du zodiaque de Denderah J-F traduit « AUTOCRATOR » pour César,
preuve de sa datation romaine, alors que Thomas Young déduisait « Arsinoé »
!
Dans ce même zodiaque, le nom d’une étoile est suivi de la représentation
d’une étoile : il met en évidence l’existence des « déterminatifs ».
Son discours devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres sur
le démotique marque sa réconciliation avec le président de l’Académie
Silvestre de Sacy : les trois écritures
procèdent d’un même système.
Le 14 septembre, travaillant sur des copies de cartouches d’Abou Simbel et
d’Amada envoyées par son ami Jean Nicolas Huyot
(1780-1840) (voyageur, architecte, il termine l’édification
de l’Arc de Triomphe), J-F déchiffre « RAMSÈS » et « THOUTMÈS » : ses thèses
prévalent pour toutes les périodes ;
de l’Arc de Triomphe), J-F déchiffre « RAMSÈS » et « THOUTMÈS » : des
phonétiques sont associées à des idéogrammes :
|
RA |
en
copte |
idéogramme |
|
|
THOUT |
donc idéogramme |
|
MS |
déchiffré, « micé » en copte |
phonétique |
PUIS |
|
MS |
phonétique |
|
SS |
déjà
déchiffré |
phonétique |
|
|
S |
phonétique |
Selon les sources il se rend soit de l’Institut Royal à la rue Mazarine,
soit de la rue Mazarine à la bibliothèque de l’Institut Royal où J-J est
bibliothécaire, et lui dit « je tiens mon (l’)affaire ! ». Il tomberait
alors en syncope durant cinq jours !
Le 27 septembre J-F lit devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles
Lettres sa « Lettre à M. Dacier, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale
des Inscriptions et Belles Lettres, relative à l’alphabet des hiéroglyphes
phonétiques employés par les Egyptiens pour inscrire sur leurs monuments les
titres, les noms et les surnoms des souverains grecs et
romains » à laquelle J-J a fortement contribué. Cet exposé, symboliquement
considéré comme l’acte de naissance de l’égyptologie, ne porte en fait que
sur une partie restreinte de ses résultats. C’est un véritable triomphe
auquel Thomas Young, invité, assiste.
1823-1831 « Panthéon égyptien » de J-F est édité en 15 fascicules avec des
dessins de Léon Jean-Joseph Dubois.
Il rencontre le duc Louis-Casimir de Blacas d’Aulps
(1770-1839) (ministre ultra, ami d’exil puis conseiller de Louis XVIII,
ambassadeur à Naples et à Rome, pair de France, collectionneur) qui devient
son protecteur.
1824 la première édition du « Précis du système hiéroglyphique des anciens
Egyptiens » de J-F (la seconde édition accompagnée de la « Lettre à M.
Dacier » sera éditée en 1828) est envoyée à
Bon-Joseph Dacier, Joseph Fourier,
les frères Humbolt,
Henry Salt (1780-1827) (consul général
d’Angleterre en Egypte où il travaille avec
Gianbattista Belzoni,
voyageur, peintre et sculpteur, collectionneur, auteur en 1825 de « Essay on
Dr Young and M. Champollion phonetic system of hieroglyphs »),
John Gardner Wilkinson (infra) et au duc
Louis- Casimir de Blacas d’Aulps.
Edme Jomard,
Etienne Quatremère, et pour un temps
Jean Letronne et Silvestre de Sacy sont opposés à cet ouvrage.
Quant à Thomas Young il abandonne ses
recherches alors mêmequ’il nie sa défaite.
J-F est reçu en audience par Louis XVIII.
Naissance de sa fille Zoraïde (1824-1889) qu’il ne verra à Grenoble que deux
mois plus tard !
VIII- Voyages en Italie ou l’Egypte en Italie : de 34 à 36 ans.
1824 (suite) la cour de Sardaigne et du Piémont à Turin achète la «
Drovettiana » ou collection Drovetti (1776-1852) (Bernardino Drovetti,
piémontais naturalisé français, naturaliste, avocat, créateur de la légion
piémontaise napoléonienne, colonel proche de Murat lors de l’Expédition
d’Egypte, collectionneur, consul général de France à Alexandrie où il
travaille avec Jean-Jacques Rifaud [1786-1845] [sculpteur, médiocre
archéologue] ) donnant ainsi naissance au musée royal égyptien, l’actuel
musée de Turin. Cette collection avait
auparavant échappé à la France par la faute d’Edme Jomard qui la trouvait
trop chère.
Grâce au duc Casimir de Blacas d’Aulps, Louis XVIII accepte de financer un
voyage de J-F à Turin.
Il se lie d’amitié avec l’abbé Costanzo Gazzera (1778-1859) (orientaliste).
Il établit le catalogue officiel de la collection Drovetti.
Il reconstitue le « papyrus de Turin », canon royal hiératique des
souverains antérieurs à la XVIIIe dynastie, ce qui lui donne raison sur
Johann Winckelmann (1717-1768) (prussien,
historien d’art, archéologue, antiquaire, bibliothécaire du Vatican) pour
qui l’architecture grecque est antérieure à l’architecture égyptienne.
Il restitue le système numérique et le calendrier égyptiens, découvertes que
le chevalier Giulio Cordero di San Quintino, directeur du musée royal
égyptien, tente vainement de s’approprier.
J-F adresse trois « Lettres à M. le duc de Blacas d’Aulps relatives au Musée
royal égyptien de Turin » (les deux autres seront écrites en 1826).
Il est nommé membre correspondant de l’Académie de Turin.
J-J échoue une seconde fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions
et Belles Lettres.
1825 J-F voyage en Italie.
A Naples il rencontre le duc Casimir de Blacas d’Aulps et Sir William Gell
(anglais, archéologue, un ami).
A Rome il étudie les obélisques et les papyrus de la bibliothèque Vaticane.
Il rencontre le pape Léon XII qui lui fait avoir la Légion d’Honneur.
A Florence il visite la collection Nizzoli (Guizeppe Nizzoli, consul
d’Autriche). Il rencontre Giovanni Battista Caviglia (1770-1875) (marin
génois naturalisé anglais, agent de Henry Salt, ésotériste).
A Livourne il visite la collection des banquiers Santoni (Pietro Santoni est
un ami de Jean Nicolas Huyot) qui est en fait la collection Salt qu’il
désire acheter. Il rencontre Alesandro Ricci (médecin, voyageur).
J-F séjourne ensuite à Grenoble.
La collection Durand, composée de 2042 pièces, constitue le véritable
premier fond d’antiquités égyptiennes du futur musée Charles X (le Louvre
actuel).
1826 J-F retourne à Livourne où il achète pour Charles X la collection Salt
composée de 4014 pièces, collection que l’Angleterre trouvait trop chère.
Edme Jomard, opposé à cet achat, préférait la collection Passalacqua
(1797-1865) (Giuseppe Passalacqua, ancien maquignon de Trieste) acquise
finalement par la Prusse, donnant ainsi naissance à l’actuel musée deBerlin.
Il tombe amoureux de la poétesse grecque Angelica Palli lors de sa réception
comme membre correspondant de l’Académie de Livourne. Il lui adressera 30
lettres jusqu’en 1829.
Il rencontre Ippolito Rosellini (1800-1843) (pisan, professeur de langues
orientales à Pise) qui devient son élève et un grand ami.
Il ramène la collection Salt à Paris puis repart en voyage en Italie avec
Ippolito Rosellini et Léon Jean-Joseph Dubois.
IX- Paris (19, rue Mazarine) : Monsieur le conservateur : de 36 à 37 ans.
1826 (suite) J-F s’installe à Paris avec sa famille et J-J.
L’« ordonnance du 15 mai » crée au Louvre la conservation des antiques, dit
musée Charles X, composée d’une division gréco-romaine et d’une division
égyptienne et orientale.
Le comte Charles Clarac (1777-1847) (dessinateur, précepteur des enfants
Murat, directeur de fouilles à Pompeï) est nommé conservateur de la division
gréco-romaine, J-F et Léon Jean-Joseph Dubois respectivement conservateur et
conservateur adjoint de la division égyptienne et orientale. Cette même
ordonnance charge J-F d’un cours d’archéologie
égyptienne au sein du musée.
Il installe la collection Salt avec Léon Jean-Joseph Dubois, Ippolito
Rosellini et Nestor L’Hôte (1804-1842) (douanier, dessinateur et peintre,
baron d’Empire, amant de Pauline Bonaparte, cousin d’Auguste Mariette [suite
au décès de L’Hôte, en rangeant ses papiers, il découvrira l’Egypte
antique).
Il s’oppose au directeur général des musées de France le comte Louis de
Forbin (1779-1841) (peintre, élève de David, archéologue, fondateur du musée
du Luxembourg) et au comte Charles de Clarac.
J-F écrit la « Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X
».
Il échoue une première fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions
et Belles Lettres.
J-F adresse un « Mémoire sur un projet de voyage littéraire en Egypte » à
Charles X et au grand duc de Toscane Léopold II.
Le 15 décembre 1827 le musée Charles X est inauguré par Charles X en
personne.
1828 J-F fait acheter la seconde collection Drovetti composée de 503 pièces.
Le vice-roi d’Egypte Mehemet Ali donne à la France une des deux « aiguilles
de Cléopâtre » d’Alexandrie (la seconde revient à l’Angleterre et se dresse
aujourd’hui à Waterloo Bridge).
X- L’expédition franco-toscane ou une vie entière pour quinze mois en
Egypte : de 37 à 40 ans.
1828 (suite) J-F rencontre Charles X qui accepte l’idée d’une expédition
franco-toscane en Egypte.
Départ de l’expédition franco-toscane. La France est représentée par J-F
(directeur général de l’expédition), par Nestor L’Hôte, Charles Lenormand(t)
(inspecteur général de l’expédition qu’il quittera) (1802-1859) (numismate,
inspecteur des beaux-arts, disciple de J-F, membre de l’Académie Royale des
Inscriptions et Belles Lettres en 1839, professeur d’histoire au Collège de
France en 1848), Antoine Bibent (architecte, il quittera l’expédition),
Alexandre Duchesne aîné (1803-1869) (peintre, élève de Gros, il quittera
l’expédition), Pierre Lehoux (1803-1883) (peintre, élève de Gros) et Edouard
Bertin fils (1797-1871) (peintre, modèle et éditeur d’Ingres).
La Toscane est représentée par Ippolito Rosellini (directeur en second de
l’expédition), Gaetano Rosellini (son oncle, ingénieur, architecte),
Salvatore Cherubini (français d’origine
italienne, beau -frère d’Ippolito Rosellini, fils du compositeur Salvador
Cherubini, dessinateur, un ami de J-F), Alesandro Ricci (il sera piqué par
un scorpion), Giuseppe Angelelli
(1803-1844) (dessinateur), Giuseppe Raddi (1770-1829) (naturaliste, il
quittera l’expédition) et son assistant G. Galastri (il quittera
l’expédition).
Ils débarquent à Alexandrie où ils sont accueillis par Bernardino Drovetti.
Ils rencontrent à plusieurs reprises le vice-roi d’Egypte Mehemet Ali qui
leur accorde des firmans malgré l’opposition de Bernardino Drovetti et du
consul général de Suède et de Norvège Giovanni Anastasi (arménien d’Egypte,
collectionneur) désireux de conserver l’exclusivité des fouilles en Egypte.
Ils embarquent à bord de l’« Isis » et de l’« Athyr ».
La « stèle d’Osortasen » (Sésostris I) du temple d’Isis de Boukhen, dite «
stèle de la discorde », est prise par les toscans alors qu’elle revenait aux
français.
J-J est nommé conservateur des manuscrits à la Bibliothèque Nationale.
1829 dans une lettre adressée à Bon-Joseph Dacier J-F constate que son
alphabet hiéroglyphique est valable pour toutes les époques.
Les membres de l’expédition effectuent des relevés à Abou Simbel.
Le séjour à Thèbes, durant lequel ils logent dans la tombe de Ramsès IV, est
marqué par diverses fouilles, le repérage des obélisques de Louxor, la copie
des fresques de la tombe de Ramsès VI et l’anniversaire de la fille de J-F
Zoraïde qui est fêté dans la tombe de Sethi I.
J-F adresse un « Mémoire sur la conservation des monuments » à Mehemet Ali.
Il échoue une seconde fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions
et Belles Lettres.
Au Caire il est reçu par le futur vice-roi d’Egypte Ibrahim Pacha.
A Alexandrie il rencontre le nouveau consul général de France Jean-François
Mimaut (1774-1837). Tous deux commencent à négocier avec Mehemet Ali la
session des obélisques de Louxor.
Il ramène plus de cent pièces pour le musée Charles X.
Il effectue une quarantaine très pénible au lazaret de Toulon avec Salvatore
Cherubini.
XI- Paris (4, rue Favart) : rédaction de la « Grammaire » ou deux ans
pour une œuvre : de 40 à 42 ans.
1830 J-F rejoint Paris en passant par le sud-ouest.
J-J est nommé professeur de paléographie à l’école des Chartes.
J-F est reçu comme membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles
Lettres.
Il rencontre une dernière fois Joseph Fourier qui mourra le lendemain.
Bien que Charles X soit favorable aux insurgés le musée Charles X est
dépouillé de certaines de ces pièces d’orfèvrerie.
« Obélisques égyptiens à transporter à Paris » est un rapport adressé par
J-F à son ancien opposant le ministre de la marine le baron d’Haussez : il
préconise de renoncer à l’« aiguille de Cléopâtre » ; d’obtenir la cession
des deux obélisques de Louxor ; de préférer celui de droite dans le cas
d’une cession unique.
En Egypte les négociations sont menées par le consul général Jean-François
Mimaut et le baron Taylor. De bon cœur Mehemet Ali cède à la France les deux
obélisques (elle renoncera à son droit sur le second en 1980).
La mission de transporter le monolithe de droite est confiée à Appolinaire
Lebas (1797-1873) (ingénieur du génie maritime). L’allège « Luxor » est
spécialement construite à cet effet.
J-F travaille sur « L’enseignement d’Amenhemat », manuscrit hiératique
d’Aix-en-Provence.
1831 J-F se lie d’amitié avec le Président du Conseil Jean Casimir-Perier.
L’« ordonnance du 12 mai » crée sa « chaire d’archéologie » (!) au Collège
de France, institution dont Silvestre de Sacy est l’administrateur. Le 10
mai il y donne sa première leçon.
Il délaisse la rédaction de « Monuments d’Egypte et de Nubie » avec Ippolito
Rosellini au profit de sa grammaire.
Il passe quelques mois à Figeac afin de rétablir sa santé.
L’obélisque de Louxor est abattu et transporté à bord du « Luxor ».
Le 13 décembre J-F est victime d’une attaque alors qu’il donne seulement sa
sixième leçon au Collège de France. Il ne quittera plus sa chambre.
Le 4 mars 1832 il meurt d’une phtisie. A sa demande il est enterré au
cimetière du Père Lachaise à côté de la tombe de Joseph Fourier.
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