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LES
TOMBEAUX |
LES PYRAMIDES - Page 2/7. |
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La pyramide à degrés de DJÉSER
et son complexe funéraire |
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La toute première pyramide
construite est celle du pharaon Djéser (ou Zoser), c'est une pyramide à
degrés, elle se trouve dans la nécropole de Saqqarah, sur la rive gauche du
Nil. Depuis les temps les plus anciens, les Egyptiens établirent leurs
"villes d'éternité" (cimetières) en-dehors des villes, à l'ouest des lieux
habités "là où le soleil disparaît", en limite du désert, sur le plateau,
pour éviter les crues du Nil. En Egypte, la vie des hommes suit donc la
course du soleil, ils naissent et vivent du côté de l'orient (rive droite du
Nil) et meurent du côté du soleil couchant (rive gauche du Nil). |
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La nécropole de Saqqarah
Saqqarah est la
plus vaste nécropole de l'Egypte : 7 à 8 km de longueur sur 800 à 1800 m de
largeur (voir le plan). Saqqarah (nom du village) est situé à 25 km au sud du Caire, sur
la rive gauche du Nil, à l'ouest de l'ancienne capitale, Memphis. Nous
sommes sur le plateau désertique : la couche de sable est
superficielle, elle recouvre un banc calcaire marneux de 7 à 8 m d'épaisseur
au-dessous duquel on trouve un calcaire plus résistant, mais il faut
atteindre les 20 m de profondeur pour rencontrer le calcaire siliceux le
plus résistant et propice au creusement des tombes. Saqqarah est donc un
vaste cimetière (celui de Memphis en particulier), on y trouve au moins 15
pyramides et de nombreux mastabas ; ces tombeaux datent de toutes les
époques, depuis les temps archaïques jusqu'aux Coptes (à l'exception de la
période romaine).
Saqqarah n’était pas seulement une nécropole pour les dignitaires du
royaume, mais ce fut aussi le lieu d’inhumation pour les animaux sacrés.
Ainsi, le Serapeum, vaste ensemble cultuel, était destiné à abriter les
taureaux Apis momifiés.
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Pyramide de Djéser (face méridionale)
Le revêtement de
calcaire est encore visible à certains endroits
La galerie creusée par les Saïtes et qui permet d'accéder à
la chambre funéraire qui se trouve sous la pyramide |
La pyramide à degrés du roi
Djéser
(ou Zoser) :
l'oeuvre du génial
Imhotep
Hauteur : 62 m - longueur : 121 m - largeur : 109 m
Date : vers 2900 av JC
Au début de la
IIIème dynastie (vers 2700 ans av JC), deux changements importants apparaissent dans
l'architecture funéraire : la construction en pierre taillée et une
distinction dans le volume des tombes entre celles des dignitaires et celle
du roi. Cette révolution architecturale est due à
Imhotep, ministre et
architecte du roi Djéser vers 2630 av JC. Cette pyramide, considérée comme le
premier monument de pierre au monde, ne fut pas construite d'emblée telle
que nous la voyons aujourd'hui, six plans différents furent adoptés en cours
de construction. Celle-ci commença par un mastaba carré de 8 mètres de haut
et de 71.5 mètres de côté. Le mastaba fut ensuite agrandi et devint
rectangulaire (109m X121 m). Sur cette nouvelle base, 4 degrés furent
ajoutés (1er agrandissement sur le schéma), puis un peu plus tard 2 autres
gradins (2ème agrandissement sur le schéma) terminèrent l'édifice à 62.5 m
de hauteur. Nous ne sommes donc pas en présence d'une véritable pyramide car
la base n'est pas carrée et le sommet est formé par une terrasse et non un
pyramidion. On peut considérer que cette pyramide est l'empilement de 6
mastabas inégaux formés par des lits de pierres inclinés vers l'intérieur et revêtus par des blocs de calcaire
fin emboîtés (aujourd'hui disparus) de 1.60 m à 2.50 m d'épaisseur (ce
calcaire blanc provenait de Toura et il a été en grande partie réutilisé
pour construire la ville du Caire).
Malgré les tâtonnements architecturaux, la forme définitive en degrés est
symbolique, Imhotep a voulu dresser un gigantesque escalier vers le ciel
afin que l'âme du pharaon puisse s'évader du séjour souterrain des morts et
s'élever vers celui des Dieux (ce qui est formulé aux V° et VI° dynasties dans les
Textes des
pyramides). Les Dieux, eux, pouvant également emprunter
cet escalier pour descendre sur la terre.
Tout comme dans les mastabas, la chambre funéraire se trouve sous terre, à
28 m de profondeur. Le puits permettant d'y accéder a une section de 7 m de
côté. Le caveau a été construit avec 5 blocs de granit provenant d'Assouan
et admirablement jointoyés. Un bouchon de granit de 3 tonnes obstruait la
chambre funéraire (qui fut pourtant forcée par les pilleurs de tombe,
seulement un pied de la momie fut retrouvé). Autour de ce caveau s'ouvrent
quatre galeries au plan complexe, reliées entre elles par des passages. On y
découvrit en 1821 deux chambres tapissées de petites plaques de faïences
bleues qui évoquent les nattes murales du palais royal ; sur les chambranles des portes, les noms d'Horus et de Djéser sont
gravés. Les murs représentent symboliquement la façade du palais du roi à
Memphis : les stèles représentent les portes du palais et les faïences qui
recouvrent les murs symbolisent la fête du Heb-sed. D'autres scènes évoquent
les magasins d'approvisionnement, les greniers à blé de Pharaon. Elles
alternent avec des figurations du pilier djed, symbole de la résurrection. Des milliers de vases et de récipients entassés, en albâtre
et en schistes, ont été retrouvés dans les galeries servant de magasins. En
1928, on découvrit une nouvelle chambre-couloir inachevée (20 m de
longueur), le mur sud est recouvert de faïences et de trois stèles
fausses-portes qui représentent le roi Djéser en bas-relief.
Sous ce premier niveau inférieur, onze puits s'ouvrant à l'est ont été
creusés quatre mètres plus bas (à 32 m), les galeries conduisent aux tombes destinées
aux reines et aux enfants royaux morts
en bas âge. On a retrouvé deux sarcophage d'albâtre dont l'un était celui
d'un enfant de huit ans environ (une douzaine de personnes de la même
famille auraient été enterrées dans cette première pyramide).
Sur la face méridionale de la pyramide il y a une ouverture qui s'enfonce
en dessous, cette galerie a été creusée par les Saïtes* et étayée avec des
poutres et des colonnes pris aux monuments voisins, on ne sait s'il
s'agissait alors de fouiller ou de piller la pyramide. On a utilisé ce couloir
pour évacuer le remplissage du puits funéraire.
L'intérieur de cette pyramide (schéma ci-contre) ne se visite plus compte tenu des risques
d'effondrement.
D'autres pyramides à degrés ont été construites, mais il est
probable que celle de Djéser soit la seule qui ait été terminée.
L’Horus
S2khem-Khet et l’Horus Nebkba, construisirent aussi des pyramides à degrés (à
Saqqarah et à Zaouiêt El-Aryân) mais ils ne purent
les achever. La dernière des
pyramides à degrés est sans doute celle de
Meïdoum,
à l’entrée du Fayoum, mais elle fut transformée finalement en pyramide lisse sous le règne de Snéfrou.
*
la XXVIè dynastie
(672-525 av. J-C.), dite "saïte", du nom de la ville d'origine de son
fondateur (Nékiou I)
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Schéma de l'intérieur de la
pyramide |
Reconstitution d'un panneau des chambres bleues du tombeau
nord avec un cintre formé de piliers-djed
Musée du Caire |
Plan du complexe funéraire de Djéser |
Le complexe funéraire de
Djéser
La pyramide à degrés du
roi Djéser n'est pas un monument isolé, elle fait partie de tout un complexe
funéraire enfermé par une enceinte formée d'un mur de pierre haut de 10.5 m
et décoré en "façade de palais" partiellement reconstitué par Lauer. Ce
complexe s'étend sur une quinzaine d'hectares, on y accède par une seule
porte, les 14 autres, distribuées sur les quatre faces, sont des fausses
portes.
Saqqarah vu du ciel (Google)
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L'enceinte du complexe de
Djéser avec son unique porte. |
Le mur
d'enceinte
est en calcaire fin à bastions et à redans, jointoyé avec un soin extrême. |
Les colonnes fasciculées et le plafond à rouleaux
Le mur
des cobras
La frise
ornée d'uraei (mur des Cobras)
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Le complexe reproduit de manière factice l'univers familier du roi
vivant afin qu'il puisse revivre sa vie terrestre dans l'au-delà. Les
éléments les plus importants sont en double car le roi est à la fois roi de
la Basse et de la Haute-Egypte. Aussi toutes les cérémonies étaient répétées
deux fois.
On pénètre dans le complexe par l'unique
véritable porte, cependant elle ne possède pas de système de fermeture réel
(elle devait donc être surveillée par des gardes), deux vantaux avec gonds
simulent la porte ouverte. Ce passage étroit conduit à une surprenante
colonnade composée de 2 rangées de colonnes (40 colonnes hautes de 6.60 m)
qui supportent une toiture formée de blocs de pierre placés de champ et
arrondis à leur partie inférieure pour imiter les stipes (tiges) de
palmiers. Les colonnes fasciculées représenteraient également des poteaux de
bois cannelé ou des faisceaux de tiges de palmes. Ce type de colonne
fasciculé est absolument unique dans l'art égyptien : on a dû primitivement
employer des colonnes de bois formées de tiges de roseaux ou palmiers réunis
en faisceaux. Jean-Philippe Lauer a reconstitué (anastylose) ces colonnes à
partir de plus de 2000 débris.
La colonnade permet d'accéder à la cour du complexe funéraire, tout près,
le tombeau du Sud (un mastaba) est aménagé dans l'épaisseur du mur d'enceinte, il se
distingue par une innovation décorative d'Imhotep : le "mur des Cobras" orné
d'une frise d'Uraeus de la déesse Ouadjet protectrice de la royauté du Nord. Les fausses portes du mur
permettaient à l'âme du défunt de les emprunter pour venir disposer des
offrandes. Un puits profond de 28 m et de 7 m de côté donne accès aux
chambres funéraires de ce tombeau qui aurait pu abriter les vases canopes du pharaon. Comme dans la
pyramide, le tombeau est en granit et les chambres sont décorées de faïences
bleues, de chambranles et de stèles-fausses portes au nom du roi. D'après
Lauer, ce tombeau serait la figuration symbolique du cénotaphe que les rois
se faisaient habituellement ériger en Abydos. Comme pour celui de la
pyramide, ce tombeau a été violé et retrouvé vide..
L'entrée du tombeau Sud
et le puits |
Chapelles du Heb-Sed côté ouest, l'une avec simulacre de porte ouverte.
Cliquez sur chacune des chapelles pour agrandissement (photo de gauche) |
A l'Est, on trouve le
Heb-sed, il était composé d'un temple (temple
T) qui abritait le ka royal et d'une cour bordée de 13 chapelles, reproductions
des pavillons de fête en bois, roseau, pisé à l'époque prédynastique. Ces
chapelles, dont deux ont été reconstituées, possédaient toutes une alcôve qui devait servir à abriter les
statues des divinités de chaque nome (province) de l'Egypte.
La fête du Heb-sed ou jubilé royal
permettait au pharaon de régénérer sa force, la présence de ce bâtiment ici
permettait au Ka (double du pharaon) de renouveler sa force dans l'au-delà
et de lui confirmer ses pouvoirs. Les chapelles du
côté Est ne comportaient qu'une façade unie tandis que du côté Ouest dix
chapelles sur treize étaient ornées de 3 colonnettes engagées cannelées
supportant un bandeau
corniche cintré. Les
chapiteaux sont uniques dans l'histoire égyptienne : l'abaque cubique
est flanqué de feuilles percées d'un trou destiné à recevoir un bâton
soutenant les emblèmes divins ou royaux. |
Pieds des
quatre statues disparues |
Restes du groupe de quatre statues et caryatides inachevées
du roi Djeser |
A l'extrémité Nord de la cour, on aperçoit, dans la chambre d'un pavillon à
tores d'angles dont seule la 1ère assise subsiste, les pieds de quatre
statues disparues, il s'agit de la première statue de groupe en Egypte.
Sur le côté Ouest de la cour du Heb sed on peut voir des statues caryatides
inachevées du roi Djeser mais on ne connaît pas leur emplacement d'origine. |
La
maison du Nord avec ses chapiteaux papyformes |
Les restes de la Maison du Sud
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Au nord-est de la pyramide se trouvent la Maison du
Nord (pour la
Basse-Egypte) et la Maison du Sud (pour la Haute-Egypte). Elles se
différencient par leurs éléments décoratifs. Sur le mur Est de la Maison du
Nord on peut encore voir trois fines colonnettes avec des chapiteaux qui
figurent le papyrus, plante emblématique de la Basse-Egypte, ce sont les
chapiteaux les plus anciens connus avec ce décor, lequel sera appelé à se
répandre dans toute l'Egypte. |
La frise
de khékhérou au-dessus du linteau de la Maison du Sud
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La maison du Sud était ornée de quatre colonnes engagées cannelées
qui rappellent le style dorique, elles devaient atteindre à l'origine 12 m
de hauteur. Au-dessus du linteau de la porte, la frise de khékhérou a été
replacée, elle figure les faisceaux de végétaux noués utilisés primitivement
dans l'architecture en bois pour fixer les parois.
Pour la première fois dans son pays, Imhotep fait apparaître 3 types de
corniche décorative : le tore (moulure pleine arrondie), la gorge égyptienne
(moulure en creux et en forme de feuille) et le rouleau (en forme de natte
enroulée). Ces deux maisons devaient figurer avec chacune leur trône les
deux palais du pharaon qui pouvait ainsi continuer à gouverner ses deux
royaumes dans l'au-delà. |
Le mur du Serdâb percé de deux trous
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Accolé à l'angle
nord-est de la pyramide on trouve le serdâb, chambre entièrement close,
on y a trouvé la statue du roi Djéser assis, c'est la plus ancienne statue
égyptienne connue en grandeur réelle (la statue est actuellement au musée du
Caire). Sur la face principale du serdâb, par les deux trous cylindriques,
on peut apercevoir une réplique de la statue de Djéser. Ces trous (qui sont en forme
de fentes dans les mastabas) permettaient à la statue de communiquer avec le
monde des vivants, de suivre le culte qui se déroulait dans l'avant-cour du
temple funéraire, de voir et de profiter des offrandes.
Le temple funéraire est accolé au serdâb de la pyramide (il
est ici exceptionnellement situé au nord de la pyramide). On y trouve
l'entrée avec simulacre de porte ouverte et couloir en chicane. A
l'intérieur du temple, le sol est surélevé de 2 m, on y voit les vestiges de
2 salles à ablutions et la descenderie d'accès au tombeau royal et aux
souterrains de la pyramide.
Tout au nord, près de l'enceinte, se trouve un vaste autel en forme
de terrasse avec une rampe d'accès. |
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