LES  TOMBEAUX

  LES HYPOGÉES - La vallée des Rois.

La tombe de Toutankhamon - Page 54/54. Conclusion.

Les objets trouvés dans la tombe

On a pu s'étonner du nombre impressionnant d'objets retrouvés dans la tombe, sans compter les objets, sans doute les plus précieux dérobés par les pilleurs, pour un pharaon si jeune. L'explication tient au fait que nombre de ces objets ont été fabriqués par et pour les prédécesseurs de Toutankhamon. Les experts ont montré que beaucoup de pièces ont été remployées et qu'un grand nombre devait appartenir au pharaon précédent : Akhénaton (le père de Toutankhamon?). Certains bijoux et autres objets portent encore le nom d'Akhenaton, de Thoutmosis III et de Tiyi (grands-parents de Toutankhamon), d'autres ont été modifiés au niveau de leur cartouche. Bon nombre d'objets proviennent des réserves royales et étaient sans doute destinés à la tombe d'Akhenaton.

La fonction des objets trouvés dans la tombe

 Cette partie s'appuie essentiellement sur l'analyse de Christiane Desroches Noblecourt dans son dvd "Les Secrets du trésor de Toutankhamon".
Il s'agit maintenant de savoir quelle était la fonction réelle de tous ces objets dans la tombe du pharaon. On a souvent dit que le but était d'entourer le défunt de ce qui pourrait lui être agréable pour qu'il bénéficie d'une survie idéale dans l'au-delà. Pour Christiane Desroches Noblecourt cette explication est trop primaire et elle raisonne sur l'apparence du caveau lui-même qui ne présente aucun point commun avec un tombeau royal classique. Elle s'appuie sur le Livre des Morts qui décrit le plan d'un caveau civil au Nouvel Empire comme devant être composé de quatre locaux essentiels correspondant aux quatre points cardinaux qui symbolisent eux-mêmes les quatre éléments que doit traverser le défunt avant d'accéder à sa renaissance. En étudiant l'emplacement des objets porteurs de symboles (même s'ils ont pu être déplacés) dans les quatre pièces principales de la tombe, Christiane Desroches Noblecourt en a déduit que la chambre du sarcophage représentait l'Ouest, c'est-à-dire la Terre. Cette pièce est la seule décorée, décor représentant en partie des scènes terrestres (scène de l'enterrement), des vases à onguents devaient préserver le corps et des instruments symboliques lui permettaient de se mouvoir vers les eaux primordiales (tels les rames-gouvernails). La deuxième pièce est donc naturellement la salle du trésor, au nord, qui symbolise l'eau sans lumière solaire. La chapelle trouvée dans cette pièce contenait les viscères momifiés du défunt et tout près étaient empilés des génies noirs de bitume, des coffres remplis d'une armée de chaouabti à l'image de Toutankhamon plongé dans les eaux primordiales (comme Osiris plonge dans les eaux souterraines). De plus, la salle contenait un nombre important d'embarcations munies de mâts et de voiles. Enfin, le passage entre les deux salles était occupé par le chien noir d'Anubis : représentation du défunt en transformation juste au moment où il allait sortir de l'eau, tel un foetus gonflant ses poumons d'air, les prêtres avaient d'ailleurs couvert son corps d'un lange de lin très fin et une écharpe entourait son cou.
Ainsi, il était prêt à se diriger vers la salle de l'Air à l'Est, "l'Annexe", près de la lumière solaire, la salle du souffle de la renaissance. Certains objets trouvés dans cette salle provenaient d'autres salles, déplacés par les voleurs et à l'origine, en revanche, selon Carter, il devait s'y trouver des onguents et des provisions solides et liquides. Le petit fauteuil du roi enfant, les jeux de senet retrouvés dans cette salle montrent le souci de faire réapparaître le petit roi renaissant dans la jeunesse du soleil levant.
La dernière salle, l'antichambre, est donc la salle du Sud, celle du dernier élément : le Feu. Là se terminait la fin du périple du désincarné, lorsqu'en voie de réanimation, il allait entrer dans la lumière solaire. Les lits-véhicules en forme d'hippopotame, de guépard, et de vache Hathor avaient amené le pharaon à bon port. Les chars, qui avaient été démontés pour entrer dans cette pièce étroite, allaient permettre au ressuscité de réapparaître dans la splendeur de l'astre solaire. Les sceptres, attestant son pouvoir royal, allaient, tel Osiris, lui assurer la domination de son royaume. Sur le seuil de la porte, face à l'escalier débouchant sur la lumière, une fleur de lotus taillée dans le calcite avait été déposée, image du pharaon ressuscité et transformé dans la lumière d'éternité.

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