Le
dossier représente une scène de vie privée très raffinée :
Toutankhamon est assis sur son trône, les pieds reposant sur un tabouret, il
porte une couronne élaborée, un large collier et un pagne plissé. Sa femme
Ankhésenamon se tient debout devant lui et lui applique de la main droite un
onguent sur l'épaule gauche. Dans la main gauche, elle tient le pot à
onguent. Elle est vêtue d'une longue tunique plissée (en argent). Sa tête est ornée d'un
diadème d'uraei surmonté de cornes bovines qui enserrent deux plumes et un
disque solaire. Un large collier recouvre le haut de son buste, un autre
collier est posé sur une table haute, derrière la reine. Au-dessus de la
scène, entre les deux époux, le disque solaire Aton étend ses rayons
bienfaisants terminés par de petites mains. Le décor floral laisse à penser
que le couple se tient sous une sorte de tonnelle. Les cartouches donnent le
nom des deux époux dans leur forme amarnienne originelle : Toutankhaton et
et Ankhésenpaaton. La scène date donc des premières années du règne de
Toutankhamon, avant qu'Amon ait remplacé Aton. Ce genre de scène intimiste
était très prisé à l'époque amarnienne.
Une autre description issue de la thèse de Christelle Gautron (24 mars 2003)
: "Position et influence des mères, épouses et filles royales de l’avènement
d’Amenhotep III au règne d’Horemheb" (Université lumière de Lyon 2) :
"Ce trône a été découvert, enveloppé de toile de lin. Les pieds du fauteuil
sont en forme de pattes de lion et étaient lors de sa conception reliés par
un Sema-taouy. Les bras sont ornés d’uraei portant le nom du roi sous sa
forme atonienne : « (Toutânkhaton) ». Le premier nom de la reine est
également encore visible.
Sur le dossier, la reine est représentée en train de verser du parfum sur le
roi. Elle est coiffée de la couronne hathorique dont les cornes sont aussi
hautes que les plumes. Le mortier est orné d’une frise d’uraei. Elle porte
sous cette couronne une courte perruque pointue formée de perles bleues et
ornée d’un uraeus frontal. Des rubans volent dans son dos. La reine se tient
légèrement penchée vers le roi. Sa poitrine est ornée d’un large gorgerin
semblable à celui de son époux. Sa robe longue est ample, plissée et nouée
devant par de longs rubans. Contrairement aux tenues de Nefertiti, l’avant
du corps n’est pas découvert. Tout comme le roi, Ânkhesenamon est chaussée
de sandales. D'une main la souveraine tient une coupe d'onguent tandis que
de l'autre, elle oint le roi. Lui étant assis, tous deux sont de la même
taille. Aton est représenté au-dessus d’eux. Le cours de ses rayons a été
modifié. Dans la forme actuelle, quatre rayons se brisent sur la couronne de
la reine, l’un vient au niveau de la frise d’uraei, un autre devant l’uraeus
frontal. Le dieu tend également un signe ânkh devant le nez de la reine.
Trois autres rayons, paumes tournées vers la reine, sont placés entre les
deux souverains. Trois rayons seulement vont vers le roi. Ce dernier est
assis sur un trône orné du Sema-taouy. Il est coiffé de la couronne atef ou
hemhem posée sur une couronne ronde de couleur bleue. Toutânkhamon est vêtu
d’un pagne à devanteau. Comme la reine, il porte des bracelets. Derrière
Ânkhesenamon, sur une sellette est placé un grand collier semblable à ceux
que les souverains portent. Ils sont représentés à l’intérieur d’un pavillon
floral dans lequel les rayons d’Aton viennent les caresser. Le nom d’Aton
est écrit sous sa seconde forme. Certains détails de la représentation ont
été modifiés. On voit en effet que les coiffures du couple masquent par
endroit les rayons d’Aton, ce qui signifie qu’elles étaient différentes lors
de la conception du trône. La perruque de la reine semble raccourcie de
sorte que les rubans placés dans son dos ne sont plus reliés à rien. Les
noms du couple ont été gravés « en repoussé ». Sur le devant du trône ils
portent leurs noms amoniens. Cette modification des noms a peut-être eu lieu
avant de déposer le trône dans la tombe. Elle n’aurait pas été achevée,
c’est pourquoi des noms « atoniens » sont encore visibles. Selon C.
Vandersleyen la présence des noms du couple sous leur forme atonienne montre
qu’ils étaient déjà mariés au moment du couronnement. Ce trône appartenant à
l’origine à Akhenaton aurait été adapté pour le couronnement du jeune roi.
Cet objet est le seul de la tombe sur lequel la reine porte encore son nom
atonien. Les visages du couple ne semblent pas avoir été modifiés. Ils ne
doivent donc pas représenter Ânkhesenamon et Toutânkhamon. Il est vrai que
cette représentation ne ressemble pas tout à fait aux portraits du couple
découverts sur d’autres objets. C. Vandersleyen pense que le roi représenté
est Akhenaton, mais que la femme ne ressemble pas à Nefertiti. Il pourrait
s’agir de Kiya. Le texte concernant la reine est rédigé ainsi: « La noble
dame, grande en faveurs, brillante aimée, maîtresse de Haute et Basse
Egypte, maîtresse des Deux Pays, (Ânkhesenamon), qu’elle vive toujours et à
jamais ».
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