Les signes qui permettent
de reconnaître le pharaon sont multiples. Comme tout roi, le pharaon se
reconnaît à sa couronne royale ou plutôt à ses couronnes car elles sont
nombreuses. On ne connaît les couronnes du pharaon que par leurs
représentations, aucune couronne n'a jamais été retrouvée.
Nous avons déjà vu sur la palette de Narmer que le pharaon peut
porter deux couronnes différentes :
- La couronne blanche de Haute-Egypte appelée "hedjet"
symbolise l'autorité du pharaon sur la Haute-Egypte
- La couronne rouge de Basse-Egypte appelée "décheret"
symbolise l'autorité du pharaon sur la Basse-Egypte
La couronne de Basse-Egypte devait
être en cuivre et celle de Basse-Egypte devait être réalisée dans un
matériau plus souple, le cuir.
La couronne blanche de Haute-Egypte
("hedjet")
(Sésostris Ier - XIIème dynastie) |
La couronne rouge de Basse-Egypte
("décheret")
Mentouhopet Nebhepetrê - XIème dynastie |
Quand le pharaon
représente l'autorité royale sur l'Egypte unifiée, il réunit les deux couronnes en une même coiffe
(la double-couronne)
: le "sekhemty"
qui signifie "les deux puissances"
(pschent en grec).
Le dieu Horus, premier
pharaon selon la mythologie, porte la double couronne (le pschent) |
Le pharaon Ptolémée VIII
couronné du pschent par Nekhbet (déesse de Haute-Egypte) et Ouadjet
(déesse de Basse-Egypte) |
- Le "khéprech" est une couronne royale de couleur bleue
avec des incrustations circulaires, il
s'agit sans doute de la couronne d'avènement du pharaon. On lui a souvent
donné une signification guerrière, elle symboliserait le triomphe du pharaon
sur ses ennemis. C'est la seule couronne qui soit exclusivement associée au
pharaon, les dieux ne la portent pas.
L'analyse d'un fragment de couronne khéprech de couleur bleue, conservé à
Oxford, a révélé que la couverture vitreuse bleue de la couronne était à
base d'un mélange de manganèse, fer, cobalt et cuivre. On ignore cependant
dans quel matériau étaient fabriquées les couronnes réelles car on n'en a
retrouvé aucune. Les motif circulaires pourraient être les dépressions
stylisées d'un cuir animal ou simplement des motifs décoratifs.
Le khéprech : la couronne
bleue (l'uræus a disparu ici)
Akhenaton - XVIIIème dynastie |
Le khéprech avec l'uraeus
Aménophis III - XVIIIème dynastie |
- Le némès est une coiffe
qui est à l'origine composée d'une étoffe rayée de couleur or et
lapis-lazuli, servant de cache-perruque. Il pourrait évoquer les
rayons soleil créateur encadrant le visage royal. Le némès, tenu par un
bandeau frontal, retombe en deux pans de chaque côté de la tête et se
termine à l'arrière par une tresse qui pend dans le dos. Les Textes des
Pyramides désignent le némès comme étant le symbole de la déesse vautour
Nékhbet (les pans encadrant le visage du roi représentent les ailes
protectrices de la déesse).
Le némès avec le cobra et
le vautour
Toutankhamon - XVIIIème dynastie |
Le némès avec l'uræus
Thoutmosis III - XVIIIème dynastie |
Le némès de Toutankhamon
vu de dos |
Le sphinx de Gizeh (image
du pharaon) avec
le némès |
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L'atef est une couronne
composée d'une mitre centrale à rayures verticales surmontée d'un disque
solaire et flanquée de deux hautes plumes qui symbolisent la Justice et la Vérité,
c'est-à-dire, la perfection. S'ajoutent parfois à cette couronne deux cornes
de bélier horizontales. Elle était portée par Amon, Osiris et le
pharaon dans certaines cérémonies.
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Il ne s'agit pas ici
d'une couronne mais d'une perruque que le pharaon porte dans les
scènes où il est en contact avec les dieux ou quand il est représenté
divinisé après sa mort ou encore lorsqu'il chasse dans les fourrés de
papyrus. Cette perruque courte est appelée "ibès", elle est
bouclée et cache parfois les oreilles. Elle est ceinte du bandeau "seched"
qui est dans la réalité une pièce d'orfèvrerie en or ou argent. Du
bandeau, pendent deux rubans latéraux terminés par un uræus. L'uræus
frontal et la barbe postiche droite attestent formellement un pharaon.
Il s'agit ici du pharaon Montouhotep Ier.
Fragment de relief provenant de Deir el-Bahari - XIème dynastie -
Calcaire : 36 cm x33 cm. Musée Edimbourg. |
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Toutankhamon et son
épouse portent ici des couronnes particulièrement élaborées, celle du
roi est composée de nombreux disques solaires et uraei.
Détail du trône de
Toutankhamon |
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La plupart de ces
couronnes sont surmontées d'un autre symbole royal très important : le
serpent cobra qui protège le pharaon. Le cobra
femelle est appelé "uraeus" (version latinisée du grec ouraios
), il est toujours représenté dressé et gonflé *, prêt à l'attaque et à
cracher son venin contre les ennemis. L'uraeus (pluriel : uraei) symbolise dans ce sens, la
force destructrice, une arme au service du pharaon pour exterminer ses
ennemis. Le cobra est considéré aussi comme le fils ou
l'oeil de Rê, il symbolise la déesse Ouadjet de la Basse-Egypte qui protège
le roi et symbolise l'inondation nécessaire à le vie. L'uraeus a donc une
double fonction : destructrice et protectrice.
* quand le cobra se sent menacé, il dilate sa région cervicale et tend la
peau de son cou pour cracher son venin. Souvent à côté du cobra, se
tient le vautour, symbole de la Haute-Egypte. |
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