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LE PHARAON |
Généralités - Page
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Les origines de
la royauté -
La transmission du
pouvoir - Le pharaon : homme ou dieu? -
Les conditions qui ont favorisé l'apparition de la monarchie. |
Selon la mythologie,
le pharaon est d'essence divine. |
Selon la cosmogonie
héliopolitaine, avant les humains, c'est le dieu solaire créateur qui
gouverne l'Egypte (voir
ici et ici).
Mais Rê, lassé, déçu par les hommes décide de se retirer et laisse le pouvoir à ses
descendants. Après l'épisode du
mythe Osirien,
le pouvoir échoit au faucon Horus. Ce dernier transmet le pouvoir à ses
descendants, sortes de demi-dieux : "les suivants d'Horus" qui eux-mêmes le
transmettent aux hommes, les pharaons. C'est donc Horus qui fait le lien
entre la royauté des dieux et celle des hommes. Cette transmission de la
royauté par le dieu Horus constitue un thème iconographique qui revient
sans cesse dans la statuaire royale.
La transmission du pouvoir
La légitimité du pharaon se fondant dans le dogme de l'ascendance divine, la
transmission du pouvoir se fait naturellement de père en fils ou de frère en
frère. Le cas le plus simple est la transmission du pouvoir au fils aîné de
la Grande Epouse, mais de nombreux rois ont décerné le titre de "fils aîné
du roi" à plusieurs de leurs fils. Pour éviter les querelles de succession, le
pharaon prend soin d'incorporer le fils qui doit lui succéder au pouvoir
soit en le nommant prince héritier ou général en chef des armées, soit en
l'associant au trône en tant que corégent. A l'époque des Ramsès, le prince
héritier est désigné par le terme de "repat". Dans les scènes de bataille
ou rituelles, le jeune prince participe aux côtés de son père.
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Séthi Ier (non visible
ici) et son fils (le futur Ramsès II) récitent les louanges des
souverains précédents désignés par des signes placés au-dessous de leur
cartouche. Temple de Séthi Ier (XIXème dynastie) à Abydos.
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Faute d'héritier mâle, la
fonction de pharaon peut échoir à une femme mais rarement en tant que
pharaon, le plus souvent en tant que régente du pouvoir en attendant que le
successeur masculin soit en âge de gouverner.
Pour plus de détails, voir la page.
Dans le cas d'absence d'héritier ou de troubles, le choix du pharaon pouvait
poser problème, ce dernier ne pouvant arguer de son essence divine par le
sang. Plusieurs moyens, comme la théogamie, permettaient au nouveau pharaon
de se rattacher à une origine divine. Dans la théogamie, c'est le créateur
Rê qui féconde lui-même la mère du roi, le pharaon est engendré directement
par le dieu. Le recours à ce procédé est employé pour la première fois pour
expliquer les origines de la Vème dynastie, puis durant la XVIIIème dynastie
pour la reine Hatchepsout et Aménophis III. L'expression "fils de Rê" pour
désigner le pharaon, est connue depuis la IVème dynastie. Thoutmosis III
proclame à propos de Rê : "c'est mon père. Je suis son fils. Il m'a ordonné
de prendre place sur son trône, tandis que j'étais dans son nid. Il m'a
engendré de la semence de son désir".
D'autres moyens permettent au pharaon de se proclamer l'élu du créateur : un
mariage, un prodige, un rêve ou un oracle peuvent attester la légitimité du
nouveau souverain. Thoutmosis III, né d'une concubine et du pharaon,
légitimera son statut en épousant sa demi-sœur de sang royal. Thoutmosis Ier,
alors qu'il dormait au pied du sphinx, fut averti dans un rêve qu'il
deviendrait pharaon. Horemheb fut désigné par l'oracle d'Amon.
Dans le cas d'une prise de pouvoir par la force, le nouveau pharaon pouvait
arguer que c'est dieu qui lui avait donné la victoire et l'avait donc élu.
Le pharaon : homme ou dieu?
Le pharaon n'est pas un véritable dieu et pas un homme comme les autres, il
se veut l'intermédiaire entre les Dieux et les Hommes. Bien des pharaons ont
été ouvertement critiqués par leurs propres sujets, ce qui montre le
caractère humain du roi. Ce qui est divin c'est la fonction. Celui qui
détient le pouvoir est l'acteur de la volonté divine. Si l'inspiration
divine le traverse, il ne possède pas les pouvoirs divins. Le pharaon peut
bénéficier de prodiges mais jamais il ne les accomplit lui-même, c'est le
dieu qui agit à travers lui. Le pharaon n'est qu'un intercesseur. |
Les conditions
objectives qui ont favorisé l'apparition de la monarchie
Les conditions géographiques et de peuplement ont joué sans doute un rôle
déterminant dans la formation de la monarchie pharaonique. L'Egypte est un
désert traversé par un fleuve capricieux qui forme tout le long de son cours
une oasis qui donne la vie. Les déserts qui entourent l'Egypte l'isolent du
reste du monde et créent ainsi une certaine unité le long du Nil. Toutefois,
le peuplement à l'origine était très morcelé, il résultait de la
sédentarisation de tribus de pasteurs semi-nomades refoulés des déserts par
l'avènement d'une phase climatique aride. La crue du Nil obligea ces tribus
devenues agricoles à se concentrer en villages sur des hauteurs. Mais chacun
de ces groupes humains dispersés conservait ses traditions et ses dieux
propres. La crue du Nil, comme tout phénomène naturel, était irrégulière et
elle ne pouvait être profitable sans de gigantesques travaux de terrassement
impliquant une coordination de la main-d'oeuvre. Cette nécessité à
s'organiser imposa une monarchie* de type patriarcal. Poussé par la
nécessité, ce système d'organisation sociale mit en place le modèle de
l'économie de redistribution. Le pouvoir politique devenait le propriétaire
de la terre et des moyens de production. Il collectait l'ensemble de la
production pour ensuite la répartir entre tous les membres de la société en
fonction des besoins de chacun. Mais cette organisation impliquait
nécessairement une classe d'administrateurs qui ne n'étaient pas producteurs
et qui devaient être mieux rétribués que les agriculteurs. La naissance
d'une classe de privilégiés entraîna le développement d'un artisanat de luxe
et les échanges commerciaux sur le Nil. Certaines régions se spécialisèrent
dans certaines productions ou comme intermédiaires commerciaux. Afin de ne
plus avoir à acheter les biens ou à financer les services des
intermédiaires, les princes ambitieux utilisèrent la guerre pour
s'approprier les régions voisines. Ce processus d'annexions aboutit à
l'unification de trois royaumes en Haute Egypte autour de Coptos,
Hiérakonpolis et This. This absorba les deux autres royaumes de Haute-Egypte
puis vers 3200 av JC, elle réussit à conquérir la Basse et la Moyenne-Egypte.
Cette unification violente ne devait pas apparaître comme une volonté
bassement matérielle du prince mais comme inspirée par les Dieux.
L'unification politique devait conduire à l'unification culturelle et
religieuse, mais pour garantir la paix sociale, les dieux des contrées
conquises furent intégrés dans des systèmes théologiques de plus en plus
vastes et compliqués. Le dieu du vainqueur conservait la place éminente, les
dieux des vaincus demeuraient mais étaient subordonnés. Avec l'unification
totale, le dieu-soleil Rê devint progressivement la divinité principale. On
en vint à considérer que chacune des divinités pouvait être interprétée
comme la forme locale d'une divinité unique dont Rê était la manifestation
principale.
Toutefois, contrôler un Etat si vaste n'était pas chose facile, même en
utilisant la religion. L'invention de l'écriture allait permettre à
l'administration de triompher de cette tâche.
* Jean Yoyotte et Pascal
Vernus dans le "Dictionnaire des pharaons" précisent cependant que "si le
développement précoce d'une haute culture en Egypte vient indéniablement de
la fertilité limoneuse, restaurée annuellement par son fleuve, la naissance
de l'état pharaonique ne découle pas de la nécessité d'aménager
collectivement la répartition des eaux. Les plus vieux témoignages d'une
irrigation par bassins - conséquence de la saharisation - datent des
alentours de l'an - 2000, donc bien après l'Ancien Empire et les puissants
bâtisseurs de pyramides". |
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