La ville d'Akhetaton

LE PHARAON

AKHENATON (Aménophis IV)  Page 15/17

La nouvelle capitale d'Akhenaton : AKHETATON (Amarna ou Tel El-Amarna 1 ou El-Amarna)
La découverte des ruines de la capitale créée ex-nihilo par Akenaton est récente, c'est Edme Jomard qui le premier fait mention du site d'Amarna lors de son voyage en 1799-1800. El-Amarna est le nom arabe ("les gens de la tribu Amane") de la ville fondée par Akhenaton pour en faire la nouvelle capitale de l'Egypte. Elle s'appelait alors "Akhetaton" : "l'Horizon du Disque". Le nom du pharaon et de la capitale sont quasiment identiques, ils font référence tous deux au dieu unique "Aton" mis en place par le pharaon réformateur. Ainsi, il est évident que la création de cette nouvelle capitale est un acte avant tout idéologique, c'est la ville de la nouvelle religion, celle du dieu Aton. La  ville se situe sur la rive droite du Nil, un peu en amont d'Hermépolis, à mi distance entre Memphis et Thèbes, les deux autres capitales historiques de l'Egypte. Le site choisi est un espace désertique et vierge de tout temple, entouré de montagnes, ce qui lui donne un caractère défensif évident. Quatorze grandes stèles gravées dans le roc délimitent la ville, elle portent les décrets d'Akhenaton et sont accompagnées des statues du roi et de la reine. On peut voir sur certaines stèles Néfertiti et les princesses nées à l'époque de la fondation. Plusieurs stèles se trouvent sur la rive gauche du Nil, seule une stèle demeure bien préservée. Certains voient dans la position des stèles et de la tombe d'Akhenaton le symbole du soleil rayonnant : la tombe royale figurerait le disque solaire et les stèles les rayons qui en émanent.

Tel El-Amarna 1  :
cette dénomination n'est pas très appropriée, car un "tell" (mot arabe) désigne une cité située en hauteur. L'origine de cette appellation est peut être due au nom d'un village proche, Et Til el Amarna. Le nom, « Amarna », vient d'une tribu nomade, les Beni Amran, qui quittèrent le désert au XVIIIème siècle pour s'installer au bord du Nil dans cette région.

C'est en l'an 4 du règne que la construction de la ville est décidée, dès l'an 6, la cour abandonne Thèbes pour habiter dans la nouvelle capitale bâtie en hâte.
La ville comprend trois grands secteurs : la ville nord, la ville sud et les nécropoles. Contrairement à la tradition, les tombes se trouvent sur la rive est (côté soleil levant) et non à l'ouest. Les deux grands quartiers de la ville sont reliés par la voie royale, longue de plus de 8 kilomètres.


Plan du site de Tell el-Amarna. Dessiné par Néfermaât (GD) - Encyclopédie Wikipédia.

La ville est structurée et possède tous les aménagements nécessaires à une capitale politique et religieuse : palais, temples, bâtiments officiels, quartiers résidentiels pour les dignitaires et les fonctionnaires, quartiers pour les ouvriers et les artisans. La rive gauche est réservée à l'agriculture.
- le centre ville : c'est le coeur de l'activité politique et religieuse. Ici se trouvent les temples d'Aton (le Grand et le Petit), le grand palais avec la fenêtre d'apparition, la maison du roi, les archives diplomatiques où l'on a retrouvé les célèbres tablettes d'argile, les casernes militaires, le port et certaines activités économiques. Les grands bâtiments sont construits en pierre (talates) et en brique. Dans le Grand palais on trouve la salle du couronnement supportée par 500 colonnes. Tout près, est située la maison de l'artiste Thoumosis qui abritait plusieurs sculptures (certaines inachevées) dont le célèbre buste de Néfertiti. Les temples d'Aton sont à ciel ouvert pour que les rayons solaires atteignent les autels couverts d'offrandes. Les linteaux des portes sont ouverts au milieu pour laisser pénétrer la lumière.

Restauration du Petit temple d'Aton à Amarna. Plusieurs temples d'Aton seront érigés dans le reste de l'Egypte : à Memphis, à Héliopolis, peut-être à Abydos.

- la ville nord : on y trouve le "palais nord" (parfois nommé "palais de Néfertiti") qui aurait pu être la résidence de la famille royale. Bâti pour satisfaire l'amour porté à la nature par le couple royal, il possède un lac artificiel et de vastes jardins dont le roi semble avoir fait un parc zoologique. Une salle du trône et de nombreuses salles s'ordonnent autour d'une vaste cour.
- la ville sud : c'est là que se trouve le marché et le Kôm el-Nana, sans doute un temple solaire. Encore plus au sud, il y a le "Marou-Aton" : palais-jardin isolé agrémenté d'un lac, et autre lieu du culte solaire, aujourd'hui très ruiné (il nous a livré un beau relief de la tête de Kiya).
- le village des artisans : ce village, à l'image de celui de Médineh, a été construit pour abriter les artisans travaillant dans les tombes. Il est situé, en bordure du désert, entre la nécropole royale et la nécropole sud.
- les nécropoles : la nécropole du nord, la nécropole du sud, et entre les deux, plus à l'est, la nécropole royale. Trois autres petites nécropoles on été découvertes il y a quelques années, au sud du cimetière sud.
- les hypogées : suite à la mort d'Akhenaton et à l'abandon rapide de cette nouvelle capitale, toutes les tombes restent inachevées. Certaines scènes ont été martelées pour effacer les traces du roi hérétique. Vingt-cinq tombes sont actuellement répertoriées (1à 6 pour la nécropole nord, 7 à 25 pour la nécropole sud). Les tombes sont différentes par la taille et l'architecture, on y retrouve le plan classique des tombes privées de Thèbes : une façade, une salle longitudinale (vestibule), une seconde salle carrée ou rectangulaire, la chapelle avec la statue du défunt et un puits menant à la chambre du sarcophage. Deux tombes suivent le plan de la tombe de Ramose. Les grandes nouveautés résident dans le fait que ces tombes se trouvent sur la rive est (et non ouest) du Nil et dans une décoration atypique (quand elle existe). Ici, aucune référence aux mythes funéraires traditionnels, la décoration se soumet à la nouvelle religion imposée par Akhenaton : la famille royale avec le disque solaire est omniprésente.
On retrouve cinq sujets récurrents : la famille royale en adoration devant Aton, la famille royale dans l'intimité de la vie quotidienne, la visite au temple, la remise de récompenses, sous le signe de l'or, à la fenêtre d'apparition du palais, la réception des tributs des pays étrangers.

Récapitulation des 25 tombes connues 1

1

Houya

Dignitaire appartenant à la cour de la reine mère Tiyi.
Scènes représentées
:
- la grande
cérémonie de l'an 12 souvent appelée "le tribut des nation" : lors de cette fête unique, Akhenaton et Néfertiti reçoivent les présents et les tributs des pays étrangers.
- un grand relief avec le couple Akhenaton-Néfertiti
accompagné de Tiyi (photo ci-contre)
- représen
tation des couples d'Amenhotep III et Tiyi et d'Akhenaton et Néfertiti.
- la
déploration du corps (et non de la momie).
2 Meryrê
Scribe royal.
Scènes représentées :
- la fête de l'an 12 (photo ci-contre) : un immense scène avec au centre le couple royal et autour les tributs que l'on apporte (figuration du palais royal)
- l'unique représentation de Semenkhkarê.
- inspection des magasins du temple
3 Ahmose
- Scribe royal, flabellifère
Scènes représentées
:
- le grand hymne d'Aton
-
un char sur lequel se trouvent Akhenaton et Néfertiti s'embrassant (photo ci-contre)
4 Meryrê (1er)
Grand prêtre d'Aton.
Scènes représentées
:
-
Akhenaton présente Meryrê et l'ensemble de ses titres
- représentations du Grand palais (photo ci-contre), du port, de la fenêtre d'apparition, d'où Meryrê reçoit les récompenses du roi
- scène de musique avec des harpistes aveugles.
5 Pentou Scribe royal
6 Panehsy

Premier serviteur d'Aton, surintendant des greniers d'Aton
Scènes représentées : Akhenaton et Néfertiti adorant Aton dans son temple sur un grand autel

7 Parennefer Artisan royal
Scènes représentées :
- scène de remise des colliers d'or par le couple royal.
8 Toutou Chambellan, sans doute originaire du Proche-Orient, un des chefs de la diplomatie amarnienne. La tombe comprend une grande salle à 12 piliers.
9 Mahou Chef de la police
Scènes représentées :
-
scènes de maintien de l'ordre.
- détails d'un procès retentissant
10 Ipy Scribe royal, haut intendant
Scènes représentées :
- famille royale dans un art amarnien « plus sobre ».
11 Ramose Scribe royal
12 Nakht Vizir
13 Neferkheperouhersekheper Maire d'Akhetaton
14 Maya Généralissime, scribe royal
15 Souty Porte-étendard.
16
17
18
manque d'informations  
19  Souta Surveillant du Double trésor.
20
21
22
manque d'informations  
23 Any Scribe royal
Chapelle contenant la statue du défunt
24 Paatonemheb généralissime, intendant.
25 Ay
Père divin, chef des archers, scribe royal.
Une des plus grandes tombes d'Amarna et la plus belle, en grande partie inachevée. Elle ne fut jamais utilisée (Ay se fit enterrer dans la Vallée des Rois).
- Exemplaire le plus complet des hymnes à Aton.
Photo : Ay en adoration devant Aton.

1 d'après la revue "Touthankamon".

La ville Akhetaton sera abandonnée dès le règne de Toutankhamon, les temples furent démantelées et toutes les constructions arasées pour qu'on oublie l'épisode amarnien au plus vite. Les matériaux furent réemployés à Hermopolis et Assiout sous le règne de Ramsès II. Toutefois, comme le site "maudit" ne fut jamais réoccupé, Amarna est un témoin exceptionnel de l'habitat urbain dans une ville nouvelle. Les archéologues ont pu ainsi reconstituer les plans des spacieuses maisons des nobles, des demeures des fonctionnaires et des ouvriers de la "Tombe".
http://www.bergerfoundation.ch/Akhenaton/table.html


British Museum de Londres (H : 7 cm, L : 14,5 cm)
Provenance : maison d'Amarna

Ce récipient, en forme de poisson multicolore en verre, montre l'attrait naturaliste dans la pensée amarnienne. Il est aussi un témoignage de l'habileté des artisans de cette époque. Sur le corps en verre d'abord incolore, on a posé des fils colorés en fusion ; étirés à l'aide d'une sorte de peigne ils ont formé des lignes ondulées qui se sont fondues sur la base. Le poisson, comme beaucoup d'animaux, a un rôle religieux. Dans la religion traditionnelle, il accompagnait le soleil dans sa course nocturne pour traverser l'océan originel, parfois même, le soleil se faisait avaler par le poisson pour se faire transporter jusqu'à l'horizon oriental. Le poisson "mangeur de soleil" fut ainsi considéré un certain temps comme impur et écarté du culte. Puis au Nouvel Empire, le poisson redevient le compagnon du soleil dans son voyage nocturne. Mais à Amarna, ce symbolisme n'a pas cours, le poisson s'inscrit dans l'exaltation de la nature.

Ce calcaire peint représente l'intérieur familial d'une famille modeste à Amarna. Il s'agit ici d'un soldat, sa lance est dressée derrière lui. Le couple est assis confortablement pendant qu'une servante sert à boire au mari à l'aide d'un tuyau courbé. Le soldat semble d'origine asiatique tandis que sa femme est égyptienne, ce qui tend à prouver le cosmopolitisme de la ville d'Amarna.

L : 29.5 cm - l : 23.5 cm - Musée de Berlin

Cette peinture monochrome célèbre ("les petites princesses au coussin rouge") provient du palais royal d'Amarna. Elle dénote une hardiesse artistique peu concevable en dehors de la période amarnienne.
Ashmolean Museum d'Oxford.

LE PHARAON

AKHENATON (Aménophis IV)  Page 15/17


Compte tenu des nombreux piratages du site, le click droit pour le copiage du texte et des images est dorénavant interdit. Site sous copyright.
Les élèves peuvent cependant récupérer les images à l'aide d'une copie d'écran pour leurs travaux pédagogiques non lucratifs et non publiables, y compris sur Internet.
Pour tout autre usage, contacter l'auteur:Contact