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LE PHARAON |
AKHENATON (Aménophis IV)
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L'art amarnien I. On appelle "art amarnien"
l'art de l'époque du pharaon Akhenaton (vers 1365 -1349 av JC). |
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Peut-on parler de révolution pour l'art amarnien?
La réforme religieuse et
la réforme artistique vont de pair, l'art étant avant tout religieux. Les
changements dans le domaine artistique s'exercent aussi bien dans le choix
des représentations que dans le style et la composition. Il est à
noter cependant que déjà dès Aménophis III, un vent de liberté artistique
commençait à souffler sans toutefois affecter les dieux traditionnels. Mais
avec Akhenaton, il s'agit bien plus de cela, le dogme reposant désormais sur
un seul dieu, il n'est plus question de représenter les autres dieux
traditionnels. Les scènes se concentrent désormais sur Aton (le disque
solaire) et plus seulement sur la pharaon lui-même mais sur l'ensemble de la
famille royale adorant le dieu unique et universel. Autrefois, le dialogue
entre le pharaon et dieu était figuré selon une composition symétrique de
part et d'autre d'un axe vertical, le dieu et le pharaon étaient face à
face. Désormais, le dieu Aton est représenté sous la forme "réaliste" d'un
disque portant uræus au sommet de la composition (au ciel) et la famille
royale au complet occupe l'espace inférieur (la terre). Le lien entre les
deux mondes se fait au moyen des rayons solaires du disque qui se terminent
chacun par une main stylisée. La représentation traditionnelle d'Aton, un
homme à tête de faucon ou un faucon, est donc abandonnée au profit d'une
image compréhensible par tous, y compris les peuples étrangers, c'est la fin
du zoomorphisme et de l'anthropomorphisme pour représenter les dieux.
Autre grande nouveauté, la famille royale est maintenant peinte dans ses
actions quotidiennes, dans ses relations intimes affectives : on voit le
couple avec ses enfants sur les genoux, des embrassades, des caresses, des
remises de cadeaux, des scènes de repas... Il faut peindre l'intensité
de la vie et sa joyeuse agitation, la peine ou le drame. L'art se manifeste
par le goût du détail parfait, l'exubérance et l'exacerbation du trait.
Ces deux grands changement suffisent pour que l'on puis parler de révolution
artistique dans l'art amarnien.
- La représentation du couple royal, un nouveau canon : ici aussi, il
y a une rupture totale avec les anciens canons : on abandonne complètement
l'idéalisation de la figure royale au profit d'un réalisme à la limite de la
caricature.
Mystique de la vérité, Akhenaton
s’adonne avec passion à Maât, la fille de Rê, conçue comme la sincérité.
Le roi prêche que tout doit être
sacrifié à la vérité, source de l’équilibre, de la justice, de la vie,
reflet du divin. En fonction de cette exigence
première, le roi se fait représenter tel qu’il est.
Mais ce réalisme dépasse, en fait, la
limite du vrai et même du vraisemblable, pour atteindre le surréalisme dans
la première phase.
Les visages et les corps ne sont plus représentés parfaits et
jeunes mais vieillis et enlaidis, tout est exprimé dans l'excès et
l'exacerbation des formes :
bras grêles, torse
maigre, ventre proéminent,
visage émacié, nez long,
menton pointu,
lèvres charnues,
yeux en amande, tête rejetée en arrière,
crâne allongé.
On ne sait pas, encore aujourd'hui, si ce nouveau canon découle vraiment du
physique réel d'Akhenaton. On est à peu près certain que le roi souffrait de
dolichocéphalie (maladie qui se manifeste par une déformation crânienne)
mais on pense aussi qu'il y avait avant tout une volonté esthétique
d'appliquer ce modèle réaliste à tous, y compris à la reine (qui semble
pourtant, par ailleurs, bien belle) et aux princesses amarniennes. On s’efforce d’exprimer bien plus
les sentiments intérieurs d’un être (introspection) que son exact portrait
charnel.
On a vu
aussi, plus haut, et expliqué pourquoi le roi est représenté avec des
hanches larges, féminines.
La réponse
scientifique à toutes ces questions : ici
D'autres innovations artistiques apparaissent : on cherche à figurer le
mouvement et le désordre qu'il entraîne, la symétrie est rompue dans les
compositions, on essaie de montrer la perspective sans toutefois y parvenir
vraiment. Cependant, les anciennes conventions du dessin (la vue de profil)
ne sont pas abandonnées.
Le relief ci-dessous figurant la famille royale est révélateur des
révolutions religieuses et artistiques (le réalisme) mises en place par
Akhenaton.
Musée de Berlin -
Calcaire - H : 32,5 cm - Provenance inconnue. |
Le
Dieu unique réside maintenant loin des hommes, haut dans le ciel, sous
la forme du disque solaire. La famille royale représente l'humanité,
mais seul, le couple royal est l'intercesseur entre l'Homme et Dieu. On
remarque que Néfertiti est représentée quasiment sur le même pied
d'égalité que son époux. Aton, donne la vie par l'intermédiaire de ses
rayons bienfaisants qui se terminent en mains. Les personnages sont
représentés dans le style amarnien du début de règne : cous et crânes
allongés, corps fluides. La scène est pleine de mouvement par la
vivacité des enfants et les rubans des couronnes qui flottent (symbole
de l'action du divin créateur se manifestant dans l'air). L'artiste a
bien su traduire l'instantané, l'instant fugitif d'une scène intime, on
peut parler d'impressionnisme. Certes, un certain nombre de parties du
corps sont représentés traditionnellement de face et de profil mais
d'autres le sont de trois-quarts et l'ensemble donne un caractère de
fidélité au réel ce qui était fondamentalement impossible dans l'art
traditionnel. |
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Cette statuette
inachevée est une illustration du fait qu'on s'attache maintenant à
représenter des scènes intimes de la vie du couple royal. On voit ici
Akhenaton en train d'embrasser une de ses filles assise sur ses genoux. Il
pourrait s'agir de Méritaton, sa fille aînée, mais des hypothèses plus
récentes laissent entendre qu'il pourrait s'agir aussi de Kya, son épouse
secondaire. Le roi porte une tunique à manches courtes et sa tête est
surmontée de la couronne bleue khépresh. La fillette porte une perruque.
Jamais auparavant on aurait osé représenter une scène aussi charnelle.
Musée du Caire - calcaire
- H : 39,5 cm - Provenance : Amarna. |
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