LE PHARAON

AKHENATON (Aménophis IV) Page 3/17

L'art amarnien I. On appelle "art amarnien" l'art de l'époque du pharaon Akhenaton (vers 1365 -1349 av JC).

- Peut-on parler de révolution pour l'art amarnien?
La réforme religieuse et la réforme artistique vont de pair, l'art étant avant tout religieux. Les changements dans le domaine artistique s'exercent aussi bien dans le choix des représentations que dans le style et la composition. Il est  à noter cependant que déjà dès Aménophis III, un vent de liberté artistique commençait à souffler sans toutefois affecter les dieux traditionnels. Mais avec Akhenaton, il s'agit bien plus de cela, le dogme reposant désormais sur un seul dieu, il n'est plus question de représenter les autres dieux traditionnels. Les scènes se concentrent désormais sur Aton (le disque solaire) et plus seulement sur la pharaon lui-même mais sur l'ensemble de la famille royale adorant le dieu unique et universel. Autrefois, le dialogue entre le pharaon et dieu était figuré selon une composition symétrique de part et d'autre d'un axe vertical, le dieu et le pharaon étaient face à face. Désormais, le dieu Aton est représenté sous la forme "réaliste" d'un disque portant uræus au sommet de la composition (au ciel) et la famille royale au complet occupe l'espace inférieur (la terre). Le lien entre les deux mondes se fait au moyen des rayons solaires du disque qui se terminent chacun par une main stylisée. La représentation traditionnelle d'Aton, un homme à tête de faucon ou un faucon, est donc abandonnée au profit d'une image compréhensible par tous, y compris les peuples étrangers, c'est la fin du zoomorphisme et de l'anthropomorphisme pour représenter les dieux.
Autre grande nouveauté, la famille royale est maintenant peinte dans ses actions quotidiennes, dans ses relations intimes affectives : on voit le couple avec ses enfants sur les genoux, des embrassades, des caresses, des remises de cadeaux, des scènes de repas...  Il faut peindre l'intensité de la vie et sa joyeuse agitation, la peine ou le drame. L'art se manifeste par le goût du détail parfait, l'exubérance et l'exacerbation du trait.
Ces deux grands changement suffisent pour que l'on puis parler de révolution artistique dans l'art amarnien.
- La représentation du couple royal, un nouveau canon : ici aussi, il y a une rupture totale avec les anciens canons : on abandonne complètement l'idéalisation de la figure royale au profit d'un réalisme à la limite de la caricature.
Mystique de la vérité, Akhenaton s’adonne avec passion à Maât, la fille de Rê, conçue comme la sincérité. Le roi prêche que tout doit être sacrifié à la vérité, source de l’équilibre, de la justice, de la vie, reflet du divin. En fonction de cette exigence première, le roi se fait représenter tel qu’il est. Mais ce réalisme dépasse, en fait, la limite du vrai et même du vraisemblable, pour atteindre le surréalisme dans la première phase. Les visages et les corps ne sont plus représentés parfaits et jeunes mais vieillis et enlaidis, tout est exprimé dans l'excès et l'exacerbation des formes : bras grêles, torse maigre, ventre proéminent, visage émacié, nez long, menton pointu, lèvres charnues, yeux en amande, tête rejetée en arrière, crâne allongé. On ne sait pas, encore aujourd'hui, si ce nouveau canon découle vraiment du physique réel d'Akhenaton. On est à peu près certain que le roi souffrait de dolichocéphalie (maladie qui se manifeste par une déformation crânienne) mais on pense aussi qu'il y avait avant tout une volonté esthétique d'appliquer ce modèle réaliste à tous, y compris à la reine (qui semble pourtant, par ailleurs, bien belle) et aux princesses amarniennes. On s’efforce d’exprimer bien plus les sentiments intérieurs d’un être (introspection) que son exact portrait charnel. On a vu aussi, plus haut, et expliqué pourquoi le roi est représenté avec des hanches larges, féminines.
La réponse scientifique à toutes ces questions : ici
D'autres innovations artistiques apparaissent : on cherche à figurer le mouvement et le désordre qu'il entraîne, la symétrie est rompue dans les compositions, on essaie de montrer la perspective sans toutefois y parvenir vraiment. Cependant, les anciennes conventions du dessin (la vue de profil) ne sont pas abandonnées.
Le relief ci-dessous figurant la famille royale est révélateur des révolutions religieuses et artistiques (le réalisme) mises en place par Akhenaton.

Musée de Berlin - Calcaire - H : 32,5 cm - Provenance inconnue.

Le Dieu unique réside maintenant loin des hommes, haut dans le ciel, sous la forme du disque solaire. La famille royale représente l'humanité, mais seul, le couple royal est l'intercesseur entre l'Homme et Dieu. On remarque que Néfertiti est représentée quasiment sur le même pied d'égalité que son époux. Aton, donne la vie par l'intermédiaire de ses rayons bienfaisants qui se terminent en mains. Les personnages sont représentés dans le style amarnien du début de règne : cous et crânes allongés, corps fluides. La scène est pleine de mouvement par la vivacité des enfants et les rubans des couronnes qui flottent (symbole de l'action du divin créateur se manifestant dans l'air). L'artiste a bien su traduire l'instantané, l'instant fugitif d'une scène intime, on peut parler d'impressionnisme. Certes, un certain nombre de parties du corps sont représentés traditionnellement de face et de profil mais d'autres le sont de trois-quarts et l'ensemble donne un caractère de fidélité au réel ce qui était fondamentalement impossible dans l'art traditionnel.

Cette statuette inachevée est une illustration du fait qu'on s'attache maintenant à représenter des scènes intimes de la vie du couple royal. On voit ici Akhenaton en train d'embrasser une de ses filles assise sur ses genoux. Il pourrait s'agir de Méritaton, sa fille aînée, mais des hypothèses plus récentes laissent entendre qu'il pourrait s'agir aussi de Kya, son épouse secondaire. Le roi porte une tunique à manches courtes et sa tête est surmontée de la couronne bleue khépresh. La fillette porte une perruque. Jamais auparavant on aurait osé représenter une scène aussi charnelle.

Musée du Caire - calcaire - H : 39,5 cm - Provenance : Amarna.

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