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LE PHARAON |
AKHENATON (Aménophis IV)
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AKHENATON
: une tentative de
monothéisme? |
Aton, est un dieu ancien, il est déjà cité dans les Textes des Pyramides
1000 ans avant Akhenaton. Il est alors la représentation du Soleil en mouvement sous
la forme du disque solaire. Son origine se réfère à la théologie
héliopolitaine, prenant comme modèle le dieu faucon Rê-Horakhty.
Aménophis III
Musée du Louvre |
C'est
Amenhotep III (nom grec :
Aménophis III ) qui commence à
donner de l'importance au dieu Aton : avec lui, il devient le Soleil universel, visible
partout et par tous. Le dieu est alors de plus en plus associé au pouvoir
royal : Aton et le pharaon ne font plus qu'un.
Quand Aménophis III meurt (vers 1358 av JC) après plus de 38 ans de règne, c'est son fils qui lui succède logiquement*
avec l'appui de la reine mère Tiyi, il prend alors le nom d'Aménophis IV (Amenhotep
qui signifie "Amon est satisfait"), son
prénom de couronnement est Néferkhéperourê.
Il a déjà épousé Néfertiti* *(nom qui signifie "la belle est venue") et
est sans doute très jeune (vingt ans ?).
*
Il y aurait pu y avoir au préalable une corégence du père et du fils (cette
possibilité semble cependant peu probable, peut-être seulement une phase de
transition "sur le papier" pour assurer la légitimité de la succession).
** Mais ce n'est pas une certitude, certains pensent que le mariage aurait
eu lieu seulement en l'an 3 ou 4 du règne car on n'a pas retrouvé de trace
de Néfertiti
aux côtés d'Aménophis IV avant cette date. |
Dans les deux premières années de son règne, rien ne change, le roi continue
à
vivre au
palais de Malqatta (Thèbes-ouest) et à
honorer Amon.
Dans la deuxième année, Aménophis IV commence à faire construire à
Karnak (à l'est du temple d'Amon) quatre édifices dédiés au dieu Aton et
son nouveau palais dans lequel il va bientôt résider. La révolution commence dans
l'architecture de ces temples et dans leur
décoration. Le temple est maintenant un espace ouvert pour laisser pénétrer
la lumière sur les autels couverts d'offrandes, la statue du dieu dans le
naos disparaît. Ainsi, le clergé qui desservait le dieu, n'a plus
d'utilité, désormais c'est le pharaon lui-même qui fait office de grand-prêtre.
Quant à la décoration figurative de ces temples, la révolution n'est pas
moindre, le
réalisme tend vers l'expressionnisme : les personnages de la famille royale sont
représentés le crâne allongé (on n'hésite pas à représenter les défauts et
même à les accentuer), les lèvres charnues, les yeux en amande, la tête rejetée en arrière,
le visage mince, le menton effilé, les joues creuses, les bras grêles, le
torse maigre, le
ventre proéminent. Le roi lui-même est souvent figuré avec des hanches larges, féminines, ce
qui le fait ressembler à un être androgyne. En se faisant apparaître de la
sorte, le roi veut montrer qu'il est comme le dieu primordial : la fusion du
père et de la mère de l'Egypte, l'émanation non sexuée du dieu Aton dont il
est l'unique représentation. Il veut aussi montrer que l'épouse royale aura presque autant d'importance que le roi dans la religion.
On pense d'ailleurs que l'un des temples, le Houtbenben, aurait pu être
personnellement réservé à Néfertiti qui en aurait été l'officiant unique. |
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Musée du Caire - grès -
H : 205 cm |
L'un des temples
élevé à Karnak par Aménophis IV
au début de son
règne est appelé Gem-pa-Aton. Ce temple dédié à Aton comportait une cour péristyle formé de
28 piliers contre lesquels s'adossaient des colosses représentant le roi. Il
est encore ici dans l'attitude osirienne (némès surmonté du pschent,
sceptres) mais on y trouve déjà les caractéristiques des portraits d'Akhénaton
: yeux en amande, nez long et fin, lèvres charnues, visage émacié, menton
proéminent, longues oreilles aux lobes percés, bras grêles sur lesquels
apparaît le nom d'Aton. Plusieurs statues de ce temple demeurent, l'une
d'entre elles représente le roi nu et asexué. Pour certains le pharaon
souhaitait se présenter ainsi comme "le père et la mère de son peuple". Pour
d'autres, il s'agirait d'une statue inachevée, pour Christiane Desroches
Noblecourt, le roi vêtu avec le pagne symboliserait le roi vivant et
l'autre, nu et asexué, le roi mort, incapable de procréer.
Voir d'autres statues de ce
temple et en savoir plus. |
Musée de Berlin
bois
H : 25,5 cm |
Cette statuette du
roi Akhénaton rompt avec l'art traditionnel : les proportions physiques ne
sont plus équilibrées. Les jambes sont trop courtes, le thorax chétif, la
tête grossie. Les positions des pieds (équilibre instable) et des bras
soulignent le caractère instantané d'une étude de mouvement. Le pagne
remonté très haut dans le dos montre
un ventre proéminent et des hanches féminines.
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La rupture définitive
avec la religion traditionnelle se situe à la quatrième année du règne quand
Aménophis IV décide de transférer la capitale du royaume dans un nouvel
espace désertique, à mi distance de Thèbes (capitale religieuse) et Memphis
(capitale administrative) : Tell el Amarna nommée alors Akhet-Aton
(l'Horizon du Disque). Il s'agit ici d'une décision unique dans l'histoire
de l'Egypte. On ne connaît pas les raisons précises qui ont poussé le roi à abandonner la
capitale, il a pu se sentir physiquement menacé par le clergé de Karnak, le choix d'un
site défensif pour la nouvelle capitale tendrait à le prouver. C'est aussi
un endroit sans divinité locale importante ce qui laissera toute la place au
dieu unique Aton. Grâce à un procédé
de construction nouveau (les talatates) déjà utilisé pour
la construction des quatre temples à Karnak*** la nouvelle capitale est
achevée en quatre ans.
Voir la page sur la ville d'Akhetaton
Voir la page sur les talates.
***
Leur construction est
abandonnée à partir de la décision de changer de capitale.Aménophis IV change alors son nom en Akhenaton ("celui qui est utile à Aton")
et son épouse Néfertiti, qui apparaît maintenant dans la vie publique,
s'appelle désormais Neferneferouinten-Nefertiti (Parfaites sont les
perfections d'Aton-La belle est venue"). La quatrième année du règne
est aussi celle de la fête Sed, c'est-à-dire un jubilé qui a lieu
habituellement après 30 ans de règne. On ne sait pas réellement les raisons
de cette fête, est-ce le jubilé que le roi défunt Aménophis III n'avait pas
eu le temps de fêter ou est-ce un jubilé pour établir la nouvelle religion
d'Aton et le nouveau pouvoir?
L'année 4 du règne constitue donc un véritable tournant, à partir de ce
moment, le roi va imposer sa nouvelle
vision de la religion fondée sur un dieu unique : ATON.
En fait, Aton n'est qu'une abréviation du nom officiel du dieu qui est : "Rê
Horakthy qui se réjouit dans l'horizon en son nom de Shou qui réside dans le
disque". On constate, qu'Aton réunit trois dieux classiques à connotation
solaire : Rê, Horus, Shou. Par la suite, les références à Horus et à Shou
disparaîtront, il ne restera que Rê.
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Le nom du dieu est
désormais inséré dans un cartouche (à partir de la 5ème année du règne)
; auparavant cet espace était uniquement utilisé pour les noms des
pharaons. Tout cela montre qu'il y a un parallèle très net entre le dieu
Aton et le roi : Aton gouverne le ciel comme Akhenaton gouverne la
terre. Le roi tient son pouvoir d'Aton, il en est une émanation, c'est
la mise en place d'une véritable théocratie. C'est sans doute à partir
de la sixième année du règne que commence le martelage du nom d'Amon
dans toute l'Egypte.
Ci-contre, le double
cartouche du dieu Aton - Musée de Louxor - Provenance : Karnak. |
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La représentation du dieu
Aton accentue encore l'aspect monothéiste de la
religion mise en place.
A l'origine, Aton était figuré sous la forme
d'un être humain à tête de faucon portant le disque solaire avec un serpent
uræus.
Maintenant, il prend tout simplement l'aspect d'un disque solaire d'où
émanent des rayons solaires bienfaiteurs terminés par une main tenant le
signe de vie (la croix ankh). Mais ces rayons vivifiants ne sont dispensés
qu'au couple royal, lequel est le seul intermédiaire, médium, entre le dieu
et les hommes. |
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Stèle de la famille
royale provenant d'un autel domestique. Deux volets de bois se
refermaient sur sur la scène.
Calcaire polychrome : 44 cm x 39 cm. Provenance : Tell el-Amarna
- Musée du Caire.
Cette scène de
"sainte famille" remplace les statues des dieux dans les lieux
domestiques, c'est une image de propagande religieuse et politique. Aton,
Akhenaton, Néfertiti forment une nouvelle triade. |
Description de la
scène ci-dessus : la famille royale :
Akhenaton, Néfertiti leurs trois filles aînées reçoivent les bienfaits
des rayons du disque solaire figuré sous une bande qui représente
traditionnellement le ciel. Le disque solaire
projette ses rayons dans toutes les directions mais principalement vers
le couple royal car les mains qui sont près des narines des souverains
tiennent en plus le signe de vie ankh. Ainsi, le couple royal, vivifié
par le souffle divin qu'il respire, pourra transmettre lui-même la vie.
La preuve de cette fertilité est affirmée par la présence des trois
princesses. Il est à remarquer que la vie charnelle se transmet par
l'intermédiaire du pharaon et non directement par le soleil. La chaîne
ininterrompue de la création est assurée par le lien continu de tous les
personnages qui se touchent avec leurs mains.
La représentation de ce genre de scène intimiste est une innovation
d'Akhenaton. Elle est traduite ici dans le style amarnien le plus
réaliste : cou allongé, bras grêles, ventre proéminent. Le souverain, à
gauche, est assis nonchalamment sur un tabouret garni d'un épais coussin
sur lequel il s'appuie d'une main. De l'autre main, il distribue des
bijoux, disposés sur ses
genoux, à ses filles,
témoignage spécial d'estime. La fille aînée, Merytaton, représentée
nue, la tête ornée d'une grosse tresse de cheveux, caractéristique des
princesses, reçoit une boucle d'oreilles. La princesse debout sur les
genoux de sa mère est Maketaton, elle tient le menton de sa mère en
signe d'affection et exhibe la seconde boucle d'oreilles à sa soeur
Ankhsenpaton qui joue avec le bijou, assise sur les genoux de sa
mère. Maketaton devait
mourir prématurément quelques années plus tard, Ankhsenpaton épousera
Toutankhamon. Les traits des fillettes sont, comme ceux de leur père et
de leur mère volontairement outrés, leurs crânes sont allongés dans le
style amarnien. Néfertiti, le visage enlaidi, est cependant habillée à
la mode : elle porte une longue tunique plissée, à petit corsage
noué sous les seins, et retenue par une élégante ceinture rouge dont un
pan retombe sur le côté. Ses épaules sont recouvertes, comme celles du
roi, d'un gorgerin imposant. Néfertiti a posé sur sa tête sa coiffe
originale et célèbre. Akhenaton porte sa coiffure de prédilection : un
casque de peau qui prend une hauteur démesurée à cette époque. |
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Reconstitution
de l'autel domestique avec la stèle et ses panneaux en bois qui se
refermaient et laissaient alors apparaître les portraits des maîtres
de la maison. |
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Autel domestique
du culte royal à Amarna sous la forme du pylône des temples (ici la
partie droite n'est pas représentée).
Cliquez pour agrandir. |
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Les prêtres ne participent plus directement au culte, c'est maintenant
le roi et la reine qui rendent chaque matin le culte au soleil levant.
Les rayons solaires d'Aton, terminés par des mains tenant le signe de
vie, dispensent leur force vitale au couple royal. Akhenaton et la reine
Néfertiti, en retour, portent des offrandes au dieu unique. Derrière,
une princesse agite un sistre. On remarque que les traits de Néfertiti
sont calqués sur ceux de son époux pour bien montrer qu'ils sont issus
du même père divin.
Musée du Caire - H : 104
cm (provient du temple d'Aton à Amarna).
Les prêtres n'ont plus qu'un rôle administratif, ils gèrent
matériellement le domaine d'Aton, ils ne se prosternent plus devant les
dieux, mais devant le couple royal.
Dans la mesure où le clergé était exclu du
système religieux, on comprend pourquoi
il s'est opposé vigoureusement à la révolution amarnienne.
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Akhenaton offre des
fleurs de lotus au disque solaire.
Musée de Louxor.
Cliquez pour
agrandir. |
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Le sens de l'offrande a aussi complètement changé, il ne s'agit plus de
nourrir les dieux pour qu'ils maintiennent, en échange, l'équilibre du monde
; l'offrande est maintenant une action de grâce, une reconnaissance de la
bonté du dieu unique dont on n'attend rien en retour.
La conception du temple a également changé, le temple est maintenant à ciel
ouvert afin que le soleil vivifie les centaines d'autels couverts
d'offrandes animales et végétales. Quand le couple royal quitte son palais
pour se rendre au temple sur un char escorté de militaires, la procession
symbolise la course du soleil dans le ciel. Ces processions remplacent les
sorties des anciens dieux devant la foule mais il n'y a plus d'oracles, Aton
est un dieu silencieux, seul son fils, Akhenaton, est habilité à communiquer
avec lui. De même, la magie, si présente dans la religion traditionnelle, a
complètement disparu. Les statues elles-mêmes sont devenues inutiles, pour
Akhenaton, ce ne sont pas des dieux mais de vulgaires idoles en pierre. Nul
besoin de statues puisque le dieu, le disque solaire, est visible en vrai
par tous. Les seules effigies autorisées sont celles du disque solaire et du
couple royal, statues vivantes. Désormais, les particuliers, ne pouvant plus
s'adresser directement aux dieux, vénèrent les icônes du couple royal
divinisé et tout puissant.
Amon, le dieu
rival
de Thèbes devait donc disparaître, entre les années 8 et 12 du règne
tout sera fait pour effacer sa trace (voir
plus loin)
Akhenaton, du mystère à la lumière |
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LE PHARAON |
AKHENATON (Aménophis IV)
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