HATSCHEPSOUT

LE PHARAON

HATSHEPSOUT - XVIIIème dynastie (1480 à 1460 av JC)

 

La femme pharaon grand bâtisseur

Hatshepsout en pharaon

La reine Hatshepsout agenouillée et tenant un vase rituel devant lequel est gravé un pilier djed, symbole de protection. Si l'ovale du visage, le dessin des sourcils et des yeux, le galbe des hanches évoquent la féminité, la carrure des épaules, la force des bras et des mains l'absence de poitrine renvoient à une représentation masculine. La barbe postiche, la couronne (sorte de némès), l'uræus, le pagne sont la marque du pharaon.
Musée du Caire - Granit rouge - H : 80 cm - Provenance : Deir el-Bahari.

La prise du pouvoir
Quand Thoutmosis Ier meurt, il n'a que pour héritier une fille, Hatshepsout. Le pouvoir échoit à Thoutmosis II, un bâtard sans envergure que Thoutmosis Ier avait eu avec une concubine (Iset). On oblige Hatshepsout à épouser le nouveau pharaon à qui elle donne une fille Néfrourê. A vingt-cinq ans, elle se retrouve veuve et devient régente et tutrice d'un enfant illégitime de son époux, le futur Thoutmosis III marié pour la circonstance à Néfrourê.
Mais Hatshepsout, ambitieuse, ne se contente pas de la régence. Un peu avant l'an VII (elle a 31 ans), elle institutionnalise une corégence et se fait couronner comme un vrai pharaon dont elle porte tous les attributs : titulature complète, couronnes, barbe postiche, queue de taureau.
Inscription du couronnement d'Hatshepsout : "Moi (Amon) te mets sur mon trône, je te donne la crosse et le fouet... l'inconcevable frappa le peuple... Ils (les présents) se jetèrent au sol".
Pour justifier sa légitimité, Hatshepsout a recours à la théogamie : sa mère (Ahmès) aurait été fécondée par le dieu Amon lui-même. Ainsi, confortée comme "fille de Dieu", elle choisit comme nom de roi : Maâtkarê ("Maât est le ka de Rê").
On ne peut pas parler d'usurpation totale car les événements dynastiques sont toujours datés à partir de l'avènement de Thoutmosis III, lequel est toujours associé aux manifestations royales. De même, sur les monuments, Hatshepsout n'oublie jamais de faire figurer à côté de son nom celui de son co-régent. Toutefois, dans cette association, Hatshepsout a toujours la préséance et elle garde le pouvoir jusqu'à sa mort, bien au-delà de la minorité de Thoutmosis III. Pour ce faire, elle bénéficie d'appuis importants, notamment celui du clergé d'Amon de Thèbes dirigé par le grand prêtre Hapouseneb et celui de son homme de confiance : Senenmout, un homme hors du commun qui qui ne possédait pas moins de 96 titres. On pense aussi que la charge d'épouse d'Amon, qu'elle exerçait auparavant, lui facilita la prise de pouvoir.

Son œuvre politique
Hatshepsout arrive au pouvoir quand l'Egypte commence à sortir d'une longue période de troubles. Les Hyksos, envahisseurs asiatiques, avaient été repoussés par Ahmosis. Puis Aménophis Ier et Thoutmosis Ier avaient commencé à restaurer l'Empire. Hatshepsout continue et parachève leur œuvre. Ses années de règne sont une période de paix (il n'y aura pas de grandes conquêtes) et de prospérité. C'est pendant l'an 9 deson règne qu'est réalisé le célèbre voyage au pays de Pount d'où sont ramenées de grandes richesses (arbres à encens, myrrhe, or, argent, huiles précieuses, peaux de léopards...) comme le montrent les inscriptions gravées sur les murs du temple d'éternité de Deir El-Bahari. Le voyage est accompagné par des savants et des zoologues.

Son œuvre de bâtisseur
C'est surtout dans ce domaine que la reine
Hatshepsout s'est particulièrement distinguée :
- Elle rétablit des sanctuaires laissés à l'abandon depuis l'attaque des Hyksos
- Elle réalise de grandes constructions dans la capitale Thèbes :
                 . le temple de Montou
                 . l'allée processionnelle de Louxor à Karnak
                 . le sanctuaire de la barque ("la chapelle rouge") à Karnak qui retrace les fêtes d'Opet et de la Belle Fête de  
                   la Vallée (http://www.osirisnet.net/monument/chaproug/chaproug.htm)
                 . le VIIIème pylône et deux obélisques (il en reste un) sont dressés à Karnak
- Construction d'un  petit temple dédié à Amon à Medinet-Habou
- Elle fait édifier par Hapouseneb son magnifique temple funéraire à Deir El-Bahari
- Sa tombe de pharaon est construite dans la vallée des Rois près de celle de son père Thoutmosis Ier (en tant que Grande Epouse de Thoutmosis II, elle avait déjà fait construire une première tombe).

Une "pharaonne" qui se fait représenter en pharaon
Sans doute pour affermir son pouvoir et ne pas heurter les traditions (seul un homme pouvait accomplir les sacrifices pour satisfaire la Maât), Hatshepsout se fit représenter sous l'apparence d'un homme, habillée en homme avec la barbe postiche traditionnellement portée par les pharaons. Elle est représentée en Osiris (comme au Moyen Empire) sur les piliers de la façade de son temple de
Deir El-Bahari (voir aussi photo en bas de page).
Même dans la représentation de son origine divine dont elle arguait pour justifier son accession au trône, elle apparaît sous les traits d'un garçon et non d'une fille. On connaît cependant des représentations où Hatshepsout est figurée sous les traits d'une femme.
Ci-contre,
Hatshepsout avec tous les attributs du pharaon à Deir El-Bahari.

Sa mémoire effacée
Hatshepsout meurt dans des circonstances non connues : mort naturelle? Assassinat? Abdication?
Sa fille étant morte avant elle, c'est tout naturellement Thoutmosis III, le co-régent, qui prend le pouvoir. Ensuite, Hatshepsout disparaît totalement de l'histoire, ses statues sont détruites ou enterrées, ses cartouches sont martelés sur les monuments et on les remplace par ceux de Thoutmosis I, II ou III. De plus, son nom est rayé de la liste des pharaons (il est possible aussi que ce ne soit pas volontaire, les Ramessides ayant pu la considérer seulement comme régente).
On accuse traditionnellement Thoutmosis III de cette "damnatio memoriae"; jaloux d'avoir été écarté du pouvoir aussi longtemps, il aurait voulu se venger. Il se peut aussi que l'on ait voulu effacer la trace d'une femme pharaon pour éliminer cette non conformité ou bien anéantir les prétentions royales d'héritiers d'Hatshepsout. Mais Christiane Desroches Noblecourt y voit plutôt le geste politique des successeurs d'Akhenaton, qui, un siècle plus tard, ont vu en Hatshepsout un précurseur du monothéisme. En effet, la reine ne s'est pas proclamée "fille de Rê" mais "fille d'Amon". Il faudra attendre Champollion pour redécouvrir que le cinquième pharaon de la XVIIIème dynastie n'était pas un homme mais une femme (une belle victoire de l'Egyptologie).

Une autre victoire récente de l'Egyptologie (07/2007) : on vient de retrouver la momie d'Hatshepsout
La momie de la reine Hatshepsout a été retrouvée dans les sous-sols du musée du Caire. Zahi Hawass a confirmé l'information. Une analyse ADN a permis à une équipe internationale d'identifier cette momie découverte il y a plus d'un siècle. La tombe d'Hatshepsout (KV20) a été découverte par le Français Belzoni en 1824, puis redécouverte par Carter en 1903. Mais, à l'intérieur, ne se trouvaient que deux sarcophages vides : l’un au nom de Touthmosis Ier et l’autre au nom d'Hatshepsout.
Dans une autre tombe* (KV60), Carter avait par la suite découvert deux momies. L’une d’elles, mesurant 1m50, reposait dans un sarcophage de 2m13. Cette momie fut attribuée à la nourrice
d'Hatshepsout et transportée au musée du Caire. L’autre momie, de sexe féminin, présentait une pose royale, le bras sur la poitrine, mais non identifiée, elle resta sur place. Plusieurs égyptologues (Elizabeth Thomas notamment, maintenant décédée) avaient émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’Hatshepsout, sans pour autant en apporter la preuve. Il y  a deux mois, cette momie fut transportée au musée du Caire pour analyse.
Lors de l'analyse de la momie, on remarqua qu'elle avait une dent cassée. Or, la partie manquante de la dent avait été retrouvée auparavant
à l'intérieur d'un vase funéraire canope frappé du nom d'Hatshepsout dans le temple Deir el-Bahari. L'analyse ADN de la molaire a confirmé qu'il s'agissait de la même dent.

Hatchepsout-momie-dentition
La dent cassée est bien visible

La momie identifiée comme étant Hatshepsout est celle d'une femme obèse, morte à l'âge d'une cinquantaine d'années, qui souffrait probablement de diabète et d'un cancer du foie, selon M. Hawass. De l'ADN d'os prélevé sur la hanche et le fémur de la momie a été comparé à des échantillons provenant de la grand-mère d'Hatshepsout, Amos Nefreteri. L'analyse se poursuit, mais les résultats préliminaires sont très encourageants. Pour conforter les résultats ADN, on a eu recours au CT-scan, une technique d'imagerie numérique qui permet de recomposer le corps en trois dimensions pour rapprocher les traits de la momie d'Hatshepsout de ceux d'autres membres de sa famille.

Toute l'étude a été financée par la chaîne de télévision Discovery Channel, qui doit diffuser un documentaire exclusif sur le sujet ce mois de juillet 2007.

* Le fait que l'ont ait retrouvé la momie d'Hatshepsout dans une tombe qui n'est pas la sienne peut s'expliquer par le fait que les prêtres aient voulu préserver la momie (en la déplaçant) de ceux qui se sont acharnés à faire disparaître toutes les traces de la pharaonne.
 

Hatchepsout-momie

La momie d'Hatshepsout

La momie d'Hatshepsout telle qu'elle fut retrouvée sur le sol de la tombe KV60

Tête de pilier osiriaque de Hatshepsout au temple de Deir El-Bahari.


La reine est représentée à l'image d'Osiris avec les attributs du pharaon : la double couronne, la barbe postiche (prérogative des dieux et des pharaons divinisés). Cependant les traits du visage restent féminins : nez droit et fin, bouche petite, yeux en amande et soulignés de khôl noir dont les traits se prolongent jusqu'aux tempes, sourcils épais et bien dessinés. La couleur de la peau est rouge, comme le veut la convention pour les hommes.
Cette tête devait se trouver sur le côté nord de la troisième terrasse où toutes les statues portent la double couronne. Sur le côté sud, seule la couronne blanche est présente.

 

Sur la photo de profil, on remarque bien la couleur bleue de la barbe et les traits de Khôl noir ainsi que le cordon qui tient la barbe postiche.

Calcaire peint - H : 61 cm - Musée du Caire.

Ce petit sphinx (H : 62 cm) à l'effigie d'Hatshepsout est tout à fait original dans la mesure où la tête du lion n'est pas totalement remplacée par la tête d'Hatshepsout, seul le visage de la reine est intégré, ce qui accentue son caractère félin. L'artiste a repris les traits de la reine : yeux en amande, sourcils arqués, nez droit, petite bouche souriante, longue barbe postiche carrée au-dessous de laquelle une inscription verticale indique le nom de couronnement de la reine "Maâkarê, aimée d'Amon, et dotée de vie pour l'éternité".

Ce sphinx provient de la première rampe d'accès au temple de Deir El-Bahari, il y en avait un deuxième qui se trouve actuellement au Metropolitan Museum de New-York.

Calcaire peint - H : 62 cm - Musée du Caire.

Sur cet extrémité d'obélisque, la reine d'Hatshepsout est en tenue royale masculine, elle est agenouillée devant son divin père Amon-Rê qui lui transmet la force vitale avec ses deux bras dessinant le hiéroglyphe "ka". Le nom d'Amon fut effacé sous Akhenaton, puis il fut regravé par la suite.

L'obélisque, en granit s'élevait entre le quatrième et le cinquième pylône du temple de Karnak. Il atteignait la hauteur de 30 mètres, et pesait 323 tonnes.

LE PHARAON

HATSHEPSOUT - XVIIIème dynastie (1480 à 1460 av JC)

 


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