LE SARCOPHAGE

LA RELIGION

LE SARCOPHAGE - Page 1/11

Sommaire de la partie "Sarcophage" : 11 pages
Page 1 : Fonction - Evolution - Décoration
Page 2 : Le sarcophage de Djedbastétiouefankh (époque ptolémaïque)
Page 3 : Le sarcophage d'Imeneminet (époque ptolémaïque)
Page 4 : Le sarcophage de Chenptah (époque ptolémaïque)
Page 5 : Le sarcophage de Chelidona
(époque romaine)
Page 6 : Le sarcophage de Padiimenipet
(époque romaine)
Page 7 : L'apparition du portrait réaliste sur le sarcophage (époque gréco-romaine) : les linceuls
Page 8 : Les masques plastron à dosseret (époque romaine)
Page 9 : Les masques en plâtre (époque romaine)
Page 10 : Un sarcophage à l'effigie d'un défunt divinisé en Rê-Osiris
(époque romaine)
Page 11 : Les portraits du Fayoum (époque romaine)

Fonction - Evolution - Décoration

Sarcophage : de "sarco" : chair et "phage" : manger - qui mange, détruit la chair.
Dans la langue égyptienne, "sarcophage" a une signification toute différente et même opposée : "le maître de vie" (la conservation de la chair).
Le sarcophage égyptien assure plusieurs fonctions :
- il protège le corps momifié
- il est la nouvelle demeure du défunt, celle de l'au-delà, lui assurant l'éternité
- il est la reproduction en miniature de l'univers : le couvercle représente le Ciel, le fond de la cuve la Terre, ses quatre côtés correspondent aux quatre horizons du ciel. Le corps est déposé la tête au nord et le visage tourné vers l'est, là où

le soleil renaît chaque jour. Ainsi, le corps enfermé entre Ciel et Terre devient la "mère" du défunt, le ventre maternel identifié aux déesses Nout et Neith qui le protègent et le gardent pour l'éternité.
Dès la première dynastie, les Egyptiens utilisent le cercueil en bois rectangulaire (de la forme de la tombe) pour leurs morts. Il prolonge le cercueil en vannerie de l'époque prédynastique. Au fil des siècles, la forme de la caisse évolue. Elle est d'abord courte et décorée par des motifs "en façade de palais" (ce qui montre bien que le sarcophage est une nouvelle demeure).
Sous l'Ancien Empire, apparaissent les premiers sarcophages en pierre. On dépose alors dans ce sarcophage un cercueil en bois rectangulaire qui contient la momie.
Au Moyen Empire, les cercueils en bois sont au nombre de deux et s'emboîtent l'un dans l'autre. Ils sont ornés d'une formule d'offrandes, d'une porte factice pourvue des yeux oudjat (côté est) qui permettent au défunt de porter un regard vers le monde extérieur des vivants. A l'intérieur du cercueil, on trouve les Textes des Sarcophages qui aident le défunt à gagner le royaume d'Osiris.

Cercueil externe en bois rectangulaire de Néferti (XIIème dynastie). Musée du Caire.
Le sarcophage était composé de deux cercueils emboîtés. Le texte qui se déroule sur le bandeau horizontal est une formule d'offrandes funéraires pour le "vénérable" Néferti. Les textes sur les colonnes verticales placent le défunt sous la protection de plusieurs divinités. Sur la partie droite du grand côté oriental, les deux yeux oudjat surmontent la porte factice de la tombe. Les Textes des Sarcophages se trouvent à l'intérieur du cercueil.

A partir de la fin du Moyen Empire (XIIème dynastie) et pendant tout le Nouvel Empire, les cercueils prennent la forme humaine (anthropomorphe) de la momie enveloppée dans son linceul retenu par par des bandelettes. Ainsi, le sarcophage se substitue totalement à la dépouille mortelle, précaution au cas où la momie serait détruite. Le mythe osirien prend alors une place croissante dans la décoration funéraire. Osiris est représenté sur le grand côté est du sarcophage, Anubis de l'autre côté, Isis et Nephtys à la tête et aux pieds. D'autres divinités apparaissent souvent : les quatre fils d'Horus, Geb, Chou et Tefnout. Nout, déesse du ciel, est peinte sur le couvercle intérieur et protège le défunt. Les textes funéraires (vignettes du Livre des Morts) commencent aussi à couvrir le sarcophage mais ils seront rapidement transcrits sur des papyrus. La momie elle-même est dotée d'un masque en lin stuqué, sans ressemblance avec le mort à cette période.


Sarcophage de Nakht (intérieur) - Moyen Empire -  Hildesheim, Pelizaeus-Museum.

Les parois intérieures des sarcophage étaient entièrement peintes de textes au pouvoir magique (ici, les Textes des Sarcophages, non visibles  sur la photo) et d'offrandes ou objets dont le défunt avait besoin (ils se trouvaient ainsi à sa portée immédiate). On reconnaît ici des offrandes alimentaires (pain, cuisse de boeuf, eau, vin...), des sachets d'encens pour le culte, une stèle fausse-porte pour communiquer avec le monde extérieur, des bijoux, une palette pour écrire...
 


Musée du Louvre
Provenance : Deir el-Médineh.

Cercueil anthropomorphe de la dame Madja. Bois peint. 184 cm. Nouvel Empire.
Le visage est encadré d'une lourde perruque  et le cou est paré du collier ousekh.
Ce cercueil reflète la sobriété du mobilier funéraire de la classe moyenne. La décoration, sur un fond blanc, est simple et équilibrée :
- Deux porteurs d'offrande apportent l'eau et la viande pour le repas de la défunte
- Madja et son époux reçoivent, assis, les offrandes en respirant une fleur de lotus, symbole de renaissance
-le dieu Osiris en vert, couleur de la végétation, de la jeunesse et de la santé
- L'oeil oudjat posé sur la porte factice de la tombe permet au défunt de porter un regard vers le monde des vivants. Voir l'autre côté du cercueil
Le nombre de cercueils et les matériaux utilisés dépendent du rang social du défunt. Les cercueils sont en bois, en cartonnage, en tissu et plâtre et même en métal précieux (or ou argent) pour les pharaons. Pour les plus riches, les cercueils en bois sont déposés dans un sarcophage de pierre*, également momiforme, avec le couvercle orné de l'image du défunt.
* granit, diorite, calcaire, calcite, quartzite ou grauwacke.

Cercueils gigognes de la dame de Tamoutnéferet. Troisième période intermédiaire, 21ème dynastie.
L'aspect osirien se renforce : la momie prend l'effigie d'Osiris avec la barbe postiche et les bras croisés sur la poitrine.
Musée du Louvre

Cliquez sur toutes les photos de la page pour les agrandir

A la fin de la XVIIIème dynastie (Nouvel Empire), la cuve est ornée des représentations des génies funéraires qui protègent les viscères. Sur certains couvercles de sarcophage apparaissent des images du défunt revêtu de ses habits les plus fastueux.


Sarcophage d'Iniouya, scribe royal
Musée du Louvre
Provenance : Saqqarah

Iniouya est couché, les bras le long du corps, vêtu d'une longue jupe plissée sur le devant, d'une chemise de lin à manches finement plissées et de la lourde perruque dite "à revers" en vogue au début de la 19ème dynastie. Le décor extérieur de la cuve est organisé en petits panneaux où alternent formules funéraires  et représentations des divinités protégeant le défunt, dont Anubis et les quatre fils d'Horus, et, aux quatre angles, des divinités à tête d'ibis tenant les quatre supports du ciel.

A l'époque des Ramsès (XIXème dynastie), les sarcophages en pierre deviennent plus massifs et le décor est plus abondant. Sur le couvercle, Isis, Nephtys et Anubis sont souvent représentés.

Cuve monolithe en granit rose de Ramsès III (18 tonnes, L : 3.05 m, l : 1.50 m, H : 1.80 m). Ce sarcophage abritait les cercueils emboîtés du roi, il a ici la forme d'un cartouche royal. Aux deux extrémités (gravées en creux) les déesses ailées Nephtys (au pied du défunt) et Isis encadrée par deux Anubis (à la tête du pharaon) veillent le corps du roi. Les scènes de la cuve externe sont empruntées au Livre des Demeures secrètes (7ème et 8ème heures), la décoration intérieure représente de grandes figures de divinités issues de la première heure du Livre des Portes. La base du cercueil est entourée du motif en façade de palais comme sur les sarcophages de l'Ancien Empire. Le couvercle de la cuve se trouve au Fitzwilliam Museum de Cambridge.

La face droite du sarcophage représente la septième heure du Livre des Demeures secrètes (ou le Livre de l'Am-Douat).
Le soleil, sous la forme d'un homme à tête de bélier, traverse sur sa barque le monde souterrain pendant les douze heures de la nuit. Il affronte à la 7ème heure le serpent Apohis qui tente de l'empêcher de poursuivre sa course. Mais le serpent est impitoyablement neutralisé chaque nuit par les protecteurs du soleil munis de couteaux.
Le pharaon étant associé au cycle solaire, la tombe royale participait ainsi au renouvellement quotidien du soleil.

Le texte d'introduction de la 7ème heure est ici incohérent : travail bâclé du scribe? Décadence du pouvoir royal en cette fin du Nouvel Empire?

Vers l'an mille av JC (Troisième période intermédiaire), les cercueils extérieurs reprennent une forme rectangulaire avec un couvercle bombé qui retrace la course nocturne du soleil dans sa barque. Le défunt est ainsi associé au cycle de la renaissance de l'astre.

A partir de l'époque saïte (vers 625 av JC), apparaissent de grandes cuves en pierre à forme humaine ou oblongues. Les parois comportent des extraits du Livre des demeures secrètes, imitant les parois des caveaux des pharaons du Nouvel Empire, mille ans plus tôt, dans la vallée des Rois. Au revers du couvercle, on retrouve la déesse Nout brandissant le disque solaire.
Assez souvent on trouve posé directement sur la momie un élément ajouré, véritable couverture du défunt. Vers 900 av JC, sur cet élément, généralement en bois, on trouve une représentation du défunt et une iconographie à caractère religieux. Le visage et les mains du défunt sont souvent recouverts d'une feuille d'or ou peints en jaune, couleur de l'or, métal inaltérable donc éternel comme la chair des dieux. Voir ici.

Deux divinités reviennent constamment dans le décor des sarcophages : la déesse de l'Occident et Nout. La déesse de l'occident, lieu du séjour des morts, est souvent représentée au fond de la cuve, on la reconnaît au faucon perché sur sa coiffure (il correspond au hiéroglyphe signifiant "l'Ouest"). La déesse Nout, parfois dévêtue, est plutôt placée au revers du couvercle, c'est-à-dire au-dessus du défunt. Le corps est donc positionné de manière à ce qu'il soit présenté par la déesse de l'occident et accueilli par celle du ciel (pour ce faire, elle ouvre ses bras protecteurs).
Le mort est donc une nouvelle fois assimilé au cycle de la renaissance du soleil.
De gauche à droite : la déesse de l'Occident (Musée du Louvre et de Boston) - et Nout (musée du Caire).

Autour du sarcophage et dans les pièces annexes, on disposait de nombreux objets indispensables à la nouvelle vie du défunt. Des ustensiles utilisés lors de l'embaumement sont aussi parfois déposés, tels ces quatre vases en faïence bleue au nom de Ramsès II. Il pourrait s'agir de vases liturgiques de temples réemployés en vases canopes par les embaumeurs. On a retrouvé à l'intérieur des fragments d'étoffes imbibés d'un produit brunâtre (produit utilisé pour la momification?) et un coeur (qui n'est pas celui de Ramsès II). Mais des analyses récentes ont montré que les vases contenaient à l'origine un produit parfumé à base de graisse de porc, sans doute un onguent destiné aux offrandes des dieux.
Il faut rappeler que la plupart des Egyptiens ne pouvaient se payer ces luxueux sarcophages et devaient se contenter de nattes, de poteries, de caisses en bois sommaires ou en cartonnage comme cercueil.
Source principale du texte de cette page "Guide du visiteur : Les Antiquités égyptiennes" (Réunion des Musées Nationaux)

LA RELIGION

LE SARCOPHAGE - Page 1/11

Fonction - Evolution - Décoration


Compte tenu des nombreux piratages du site, le click droit pour le copiage du texte et des images est dorénavant interdit. Site sous copyright.
Les élèves peuvent cependant récupérer les images à l'aide d'une copie d'écran pour leurs travaux pédagogiques non lucratifs et non publiables, y compris sur Internet.
Pour tout autre usage, contacter l'auteur:Contact