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Les portraits du fayoum
LA RELIGION |
LE SARCOPHAGE - Page 11/11 |
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LES PORTRAITS ENIGMATIQUES DU
FAYOUM (époque romaine) |
LA DECOUVERTE
A la fin des années 1880*, de mystérieux portraits commencèrent à arriver aux
Etats-Unis et en Europe occidentale. Ces belles peintures venaient d'Egypte,
plus spécialement du Fayoum, une région fertile située
à l'ouest du Nil, à 60 kilomètres
au sud du Caire. La
première série de portraits fut trouvée par des paysans en 1887 à el-Roubayat
(collection Graf), aux confins du désert,
sur les hauteurs qui sont à
l'abri des crues du fleuve.
D'autres découvertes (la plupart clandestines) suivirent : celles de W. Flinders Petrie à Hawara
(les seules fouilles scientifiques),
celles de B. Grenfell et A. Hunt à Tebtounis, celles d'A. Gayet à Antinopolis, en
Moyenne-Egypte. Aujourd'hui, plus d'un millier de panneaux sont connus, avec
sans doute un certain nombre de faux. Les
dernières découvertes se situent à el-Hibe, près de Thèbes et à el-Alamein, sur
la méditerranée.
* En réalité les premières momies à portraits furent découvertes à Memphis et
rapportées au XVIIème siècle en Europe par Pietro Della Valle, un noble Italien
qui parcourut l'Egypte pendant onze mois. Il s'arrêta à Saqqarah pour acheter
une momie et la ramener à Rome. Là, il trouva un paysan qui lui proposa de lui
vendre une momie. Dans le puits découvert par le paysan, Pietro Della Valle
trouva les deux premières momies à portrait mais elles passèrent pratiquement
inaperçues.
HISTORIQUE
Dans l'Egypte qu'ils avaient conquise,
les Grecs empruntèrent aux Egyptiens
leurs
rites funéraires et
momifièrent
leurs morts. Quand les Romains
prirent la place des Grecs, certains se firent également momifier. Les portraits du
Fayoum concernent donc des Romains momifiés en Egypte mais avec une
particularité : le visage des momies était soit recouvert d'un
mince panneau de bois, soit d'un linceul en
lin sur lequel était peint le portrait
du défunt. Parfois le portrait était inséré dans les bandelettes. Cette
pratique funéraire prend ses origines dans la longue tradition du sarcophage
anthropomorphe* en y ajoutant le goût spécifiquement romain pour le portrait et
le réalisme que les conquérants tenaient des Grecs. En effet, si
les hommes et les femmes représentés ont des vêtements, des
parures, des bijoux romains, les artistes
qui les ont peints demeurent fidèles à la tradition picturale grecque de l'école
d'Alexandrie
(technique naturaliste établie par le grand peintre grec du IVème siècle av.
JC, Apelle).
* Les portraits remplacent le masque tridimensionnel égyptien
LA TECHNIQUE
Nous avons vu que les portraits sont réalisés sur deux types de support : le
bois* et la toile de lin. De même, ils peuvent être peints selon deux techniques
:
- la peinture à la détrempe (la tempera) qui utilise des pigments mêlés à une colle soluble
dans l'eau (41% des portraits)
- la peinture à l'encaustique où l'on applique à chaud une couleur délayée dans
de la cire fondue (59% des portraits)
Les portraits sont en général un peu plus petits que la taille réelle du modèle.
En plus de l’or (résurgence des masques égyptiens), les peintres ont utilisé quatre couleurs : le noir, le
rouge et deux ocres. Des rehauts modèlent la carnation (pommette, paupière...).
En général, les yeux sont très grands presque disproportionnés, ils fixent le
spectateur et ne sourient pas.
Les portraits étaient posés directement sur le visage du mort, on enveloppait
ensuite le corps de bandelettes suivant un motif complexe en caissons en prenant
soin, la plupart du temps, de ne pas emmailloter le portrait du défunt. Les
pillards purent ainsi facilement découper directement les portraits sur les
momies, ce qui priva les égyptologues du contexte archéologique. En effet, la
plupart des portraits, à cause des fouilles sauvages, nous sont parvenus sans la
momie.
* Les bois les plus utilisés sont le tilleul et le figuier sycomore (le meilleur
car il travaille peu). Le cyprès, le cèdre, le sapin et le pin sont également
utilisés.
Ces deux techniques et les deux types de support n'ont rien à voir avec la
chronologie.
LE PROBLEME DU MODELE
Il faut se poser aussi la question du moment de la réalisation de ces portraits
dont les visages sont si émouvants. Le portrait a-t-il été effectué du vivant du
modèle ou à titre posthume? La réponse n'est pas tranchée.
Certains pensent qu'en règle générale les portraits ont été peints du vivant des
personnes représentées par des peintres ambulants. Les portraits
furent décrochés de
leur cadre pour être incorporés à la momie au moment de la mort. Le portrait
changeait de statut à ce moment-là et devenait un objet de vénération : le
substitut immortel du défunt. Les preuves
avancées sont de plusieurs ordres :
- les visages sont peints
avec des expressions de vie si saisissantes qu'il apparaît impossible que même
un peintre génial puisse animer un tel regard en prenant pour modèle un visage
éteint.
- les portraits, trop grands, ont été découpés du support originel pour les
adapter à la momie : ce découpage est le plus souvent peu soigné (tâche
effectuée à la sauvette par les embaumeurs peu qualifiés pour ce genre de
travail) alors que la peinture est très soignée.
- un portrait avec son cadre d'origine a été trouvé par Petrie
Reste aussi à savoir si ces portraits étaient peints du vivant de leur modèle
dans le but premier de les utiliser au moment venu pour la momie ou dans un but
décoratif domestique immédiat.
Mais on est sûr aussi que d'autres
portraits ont été peints à titre posthume,
surtout quand la mort était soudaine, cas des enfants en particulier.
Certains examens radiologiques ont d'ailleurs révélé d'importantes convergences entre
l'âge du défunt et celui de son portrait. Si la plupart des personnes sont
jeunes sur les portraits, ce serait dû uniquement à l'espérance de vie qui était
très courte à cette époque, à moins que les peintres aient choisi de représenter
leurs modèles à un âge "idéal". On connaît le cas d'un homme qui
apparaît avoir quarante ans sur son portrait (ce qui n'est pas l'âge "idéal") et dont la radiographie de la momie
est évaluée à 80 ans.
De même, le Demetrios de l'Art Museum de
Brooklyn semble avoir 45 environ, alors que l'inscription tracée sur le premier
linceul nous apprend qu'il quitta la vie à l'âge de 89 ans.
PS : pour Gayet, tous les portraits ont été achetés à des peintres ou a des
marchands qui proposaient à leurs clients un échantillonnage de races, de types,
d'âges, de costumes, de coiffures, de bijoux, il ne restait donc qu'à choisir
dans la série celui qui ressemblait le plus
au défunt.
LE LIEU DE CONSERVATION
Etrangement, quand on découvrit ces
momies, on constata qu'elles étaient entassées
dans des tombes communes, comme si
on avait voulu s'en débarrasser, plutôt que
les honorer. Sur leur bois, on pouvait voir
les marques qu'avaient laissées des traces de
balais, ou sur leurs pieds, des graffiti que
des enfants s'étaient amusés à inscrire. En
fait, ces momies avaient partagé le quotidien
des vivants qui les gardaient dans leur
maison (dans la chambre des ancêtres?) tant qu'ils étaient attachés aux défunts
représentés. Généralement, au bout
de deux générations les momies étaient retirées,
remplacées par d'autres représentant des
morts plus chers. La coutume de conserver les morts dans les maisons se maintint
dans l'Egypte christianisée. Lorsqu'en 392, l'Empereur Théodose promulgua un
édit interdisant cet usage païen, les habitants du Fayoum durent tous sortirent
leurs morts des maisons et les enterrer dans de grandes tombes collectives.
QUI ETAIENT CES ROMAINS MOMIFIÉS?
Ces portraits sont généralement ceux des nouveaux colons romains, les
centurions et leurs familles en garnison en Egypte.
Les Romains avaient les moyens de se payer
cette momification coûteuse, ils représentaient la minorité riche et privilégiée
par rapport aux indigènes et aux Grecs.
On y trouve aussi des
enseignants, de simples soldats, des athlètes, des prêtres de Sérapis, des
marchands, des fleuristes. Il arrive même que nous sachions leurs noms : Aline,
Flavien, Isarous, Claudine...
Tous ces citoyens romains avaient choisi la voie égyptienne pour aborder
l'au-delà, ils pensaient accéder à la vie éternelle en devenant un nouvel Osiris
(but atteint par les portraits qui ont immortalisé tous ces Romains).
COMMENT SE FONT-ILS PEINDRE?
Il n'y a pas de règle générale, les portraits sont divers et variés par la pose adoptée
(de face ou de trois-quarts, contrairement aux Egyptiens qui ne sont représentés
que de profil) et la qualité de l'artiste : certains portraits sont très
raffinés et sont de véritables chefs-d'oeuvre, d'autres sont de qualité
artistique moindre. Mais tous les portraits devaient être ressemblants,
c'était nécessaire pour que l'âme, après la mort, puisse retrouver facilement
son corps d'origine. Ces Romains se faisaient peindre selon la mode en vigueur*
dans l'Empire : bijoux, coiffures, forme de la barbe, coupe des vêtements
ajoutent à la variété et contribuent à dater précisément les portraits. Parmi
les personnages représentés, certains possèdent des traits nettement africains,
ce qui montre qui si les mariages mixtes n'étaient pas encouragés, ils n'étaient
cependant pas rares.
* avec un certain décalage temporel compte
tenu de l'éloignement de Rome
POURQUOI LE PORTRAIT SUR LA
MOMIE?
Dans la mesure où la position adoptée des personnages est la même
que celle d'une photo d'identité, on peut penser que le portrait servait à
identifier précisément la momie, même si les inscriptions jouaient déjà ce rôle.
Le portrait était une mesure supplémentaire de ne pas tomber dans l'oubli,
d'éviter de disparaître une nouvelle fois.
Le portrait est aussi une survivance, sous une nouvelle forme, du masque
funéraire déposé sur la momie avec l'avantage de la ressemblance afin que l'âme,
après la mort, puisse retrouver facilement son corps d'origine.
DE QUAND DATENT LES PORTRAITS?
La datation des portraits de momie a toujours été un sujet très controversé.
Quand les portraits arrivèrent en grand nombre en 1887 leur excellent état de
conservation éveilla des doutes quant à leur authenticité. Mais la campagne de
fouilles scientifiques menée par W. M. Flinders Petrie confirma leur
authenticité.
- Graf pensait que les portraits étaient hellénistiques et que
certains d'entre eux concernaient même des membres de la dynastie des Ptolémées.
- Ebers qui épousait ces vues data les portraits entre 200 et 80 av JC.
- Grault contesta cette thèse et avança que les portraits concernaient
des Romains et non des Grecs, il les data des IIèmes et IIIèmes siècles ap JC.
- Petrie peu après, classa les momies qu'il avait découvertes en quatre
catégories qui s'étaient succédé chronologiquement et conclut que les portraits
ne pouvaient pas être antérieurs avant 100 ap JC. Il eut le mérite d'être le
premier à prendre en considération pour une datation précise, le style des
coiffures, barbes et bijoux.
- Mais C.C. Edgar récusa la thèse chronologique de Petrie ainsi que le
début de la datation des portraits (100 ap JC), il confirma cependant que tous
les portraits étaient antérieurs au milieu du IIIème siècle ap JC.
- En 1922, Paul Bubert data les portraits du Ier au IIIème siècle ap JC.
- Heinrich Drerup en comparant les portraits aux sculptures romaines
allongea la datation : du premier quart du Ier siècle au milieu du IVème siècle
ap JC.
- En 1969, Klaus Parlasca propose une datation pour chaque portrait en se
fondant sur la coiffure et le style de la peinture.
- Mais Hans Jucker montra que Parlasca avait daté des portraits du IVème
siècle alors qu'ils datent du IIème siècle : l'erreur s'explique par le fait
qu'au IVème siècle, il y a un retour de la mode des coiffures du IIème siècle.
Aujourd'hui, en prenant les coiffures comme critère, on arrive aux conclusions
suivantes : les premier portraits furent peints à l'époque de Tibère (14-37
ap JC) et les derniers au milieu du IIIème siècle ap JC.
IMPORTANCE
DES PORTRAITS
Ces portraits sont importants à plusieurs titres :
- Ce sont les premiers portraits peints connus dans l'histoire de l'art mondial
- Ils sont une source d'information historique sans pareille
- Ils sont à la rencontre de trois cultures : égyptienne, grecque et romaine,
ils montrent le mélange des trois religions et l'attrait des Romains pour les
religions orientales
- Ils ont immortalisé des hommes et femmes romains en quête de l'au-delà à une
époque où l'on écrit les évangiles et il faut bien admettre que les icônes
byzantines représentant le christ pantocrator (qui exalte la vie éternelle) sont
bien proches des portraits du Fayoum.
RÉSUMÉ
Les portraits du Fayoum ont été découverts dans leur grande majorité à la fin du
XVIIIème siècle, mais pas seulement au Fayoum. Ils sont peints sur du bois ou
sur une toile de lin (linceul) en utilisant soit la technique de l'encaustique,
soit celle de la détrempe. Ces momies concernent des Romains qui occupaient
alors l'Egypte (la classe privilégiée) et elles étaient conservées dans les maisons.
Le style de la peinture est le réalisme des peintres grecs de l'école
d'Alexandrie. La datation des portraits s'étale entre le Ier siècle ap JC et le
milieu du IIIème siècle avec un épanouissement au IIème siècle. La majorité des
portraits ont dû être peints du vivant de leur modèle. Ce sont les premiers
portraits peints connus du monde.
EXEMPLES
DE PORTRAITS
Momie à portrait d'Eudaimôn. IIème siècle ap JC. Antinoé? Bois peint à
l'encaustique, toile de lin. Musée du Louvre.
Cette momie à portrait complète permet de bien comprendre comment était fixé
le portrait sur la momie à l'époque de la domination romaine.
Ici la défunte est immortalisée à la fois par son embaumement, son portrait et
l'inscription en grec qui la nomme : "Bonne chance Eudaimôn". Le savant
assemblage des bandelettes, en losanges emboîtés et de couleur différente,
date de l'époque romaine. Il reproduit le motif de la résille en lui
conférant une dimension architecturale. L'encolure de la robe du portrait
est entourée d'un galon à motif de triangles. |
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Portrait
de jeune femme à l'encaustique sur bois. 42 cm x 23 cm - vers 138-161 -
Provenance : Hawara.
Musée du Caire.
La pose, avec la tête à peine tournée vers la gauche, alors que le
buste est davantage figuré de trois quarts - montre la maîtrise technique du
peintre.
La partie au centre du visage qui n'était pas couverte de bandelettes est
plus pâle. Les cheveux, séparés par une raie médiane, sont coiffés en
délicates ondulations et maintenus sur la nuque par un chignon.
L'expression est profondément mélancolique. Les boucles d'oreilles
sont formées de deux perles montées sur une baguette d'or,
le collier en
émeraude n'est pas peint en vert mais en gris pour l'harmonie avec
l'ensemble des autres couleurs. Elle porte un chiton violacé qui se
déploie sur la poitrine en plis multiples. |
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Portrait
de soldat à l'encaustique sur bois. 41 cm x 20 cm - vers 110-130 -
Provenance : el-Roubayat - (collection Graf). Vorderasiatisches Musum -
Berlin.
Le soldat porte un uniforme composé :
- d'un manteau (le sagum) tenu par une épingle en or sur une épaule et drapé
autour de l'autre
- d'un baudrier (le balteus) en cuir avec des clous en métal doré.
Les cheveux et la barbe sont courts, la couronne d'or symbolise sans doute
une victoire.
La bande rouge autour du cou pourrait être un collier. Des traces de bitume
provenant des bandelettes marquent par endroits la toile. |
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Portrait
d'Isidora à l'encaustique sur bois. 33.6 cm x 17.2 cm - vers 130-161 -
Provenance : el-Hibe?
Malibu (Californie) The J. Paul Getty Museum.
Le panneau de bois, en excellent état, est parvenu jusqu'à nous avec une
bonne partie du sarcophage osiriforme ce qui en accroît l'intérêt. Une
inscription en caractères grecs sur le linceul, à gauche, donne le nom de la
défunte "Isidora" (une grande dame de l'aristocratie romaine). Une partie du
buste (la tunique violacée avec des bandes) est peint
directement
sur le linceul rouge orné de losanges dorés. La femme porte une couronne en
feuille d'or avec un motif central caractéristique (mais à la signification
inconnue) ainsi qu'une grande épingle en or dans une coiffure très élaborée
et typique de la période des Antonins. Les bijoux sont riches et variés : un
collier d'or et d'émeraudes à trois rangées muni d'un cabochon mauve de la
couleur des vêtements, des boucles d'oreille ornées de quatre perles en
pendeloque (au lieu de trois ordinairement). La disposition de la
couleur, les effets d'ombre et de lumière sont rendus avec beaucoup de
naturalisme. L'artiste qui a réalisé ce portrait était sans nul doute un
maître de la technique du portrait à l'encaustique. |
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Portrait
d'homme à l'encaustique sur bois. 30 cm x 17.5 cm - vers 161-180 -
Provenance : el-Hibe
Cambridge, Fitzwilliam Museum.
Comme le portrait
précédent, le panneau de bois est posé sur un linceul rouge orné de losanges
dorés, mais ici la momie est complète. Sur le linceul, on peut notamment
distinguer Anubis s'occupant le la momie allongée sur un lit funéraire.
Le visage se distingue par des sourcils très fournis en forme de V, de
lourdes paupières, des yeux injectés de sang. Les cheveux et la barbe sont
bouclés.
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Portrait
de femme à la détrempe sur lin (fragment d'un linceul). 64 cm x 38 cm - vers
193-235 - Provenance : Antinooupolis -
Athènes, musée Bénaki.
Cette femme était certainement représentée en pied, mais seule la partie
supérieure du corps subsiste. Elle a pour vêtements une tunique à manches et
un châle court à franges. Elle porte des boucles d'oreille serties de perles
et deux bagues en or avec des pierres. Le collier est en forme de torque
modelé en stuc doré. La femme tient dans la main gauche une lourde croix
ansée (signe de vie éternelle).
Les linceuls d'Antinooupolis comportent des éléments énigmatiques :
- quelle est la signification de la main droite levée? signe de bénédiction,
de prière, de refus du mal?
- la croix ansée présente une tête sphérique qui fait penser aux lettres
grecques formant le monogramme du Christ.
En sachant qu'Antinooupolis fut un foyer du christianisme naissant et que ce
même geste (mais inversé) se retrouvera dans les icônes grecques,
pourrait-il s'agir d'un syncrétisme de croyances? Une transition entre la
religion égyptienne et le christianisme? |
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Portrait
de femme à la détrempe sur bois. 35 cm x 19.5 cm - vers 161-180 - Provenance
: el-Roubayat
Musée du Caire. Le panneau est épais et il manque un fragment sur la droite.
Ce portrait s'éloigne de la tradition gréco-romaine et préfigure l'art
byzantin. Il nous interpelle aussi par sa modernité et préfigure Modigliani, Picasso
et Matisse.
La femme est vêtue simplement et porte de discrètes boucles d'oreilles, son
expression est douce. Sa chevelure ondulée, rendue par de fines lignes
blanches, couvre presque ses oreilles. Le nez est long et étroit, les
sourcils sont sombres et épais. |
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Portrait
de "Tondo des deux frères", peinture à l'encaustique sur bois- diamètre 61
cm - IIème siècle ap JC - Provenance : Antinooupolis -
Musée du Caire.
La tradition identifie ces deux personnages comme des frères morts en même
temps. Les deux hommes se ressemblent, mais comme les visages portent aussi
de nettes différences, on pense que leurs parents étaient d'origine
différente (romaine, égyptienne ou grecque). C'est le seul portrait à porter
une date, sans que l'on sache s'il s'agit vraiment de la date de la mort des
frères (l'inscription "pakhon" renvoie au 9ème mois du calendrier
égyptien, ce qui correspond au 10 mai dans le calendrier julien).
Celui de gauche semble être le plus jeune, il devait avoir entre 15 et 17
ans. Il porte une tunique (le chiton) blanche bordée de rouge à l'encolure.
Sur l'épaule gauche, on voit distinctement la svastika (une croix gammée,
symbole romain de vie éternelle) en broderie. Le manteau rouge (la chlamyde)
est fixé à l'épaule droite par une broche en or à cabochon vert. Ses lèvres
entrouvertes dessinent un sourire triste.
Celui de droite est de teint plus mat avec un nez large et des lèvres
charnues. Sa bouche est très expressive et donne un caractère triste au
portrait. Les cheveux sont noirs et bouclés, la moustache est naissante. Il
porte une tunique blanche et un manteau de la même couleur. La bande pourpre
sur l'épaule gauche est sans doute un clavus (bande
verticale décorant la tunique romaine et représentée sur la tunique du
Christ, des Anges et des apôtres).
Au-dessus de l'épaule extérieure de chaque homme, se trouve une statuette en
or. Celle de droite représente Hermès (identifié à Anubis) ou
Hermanubis Psychopompe, reconnaissable au caducée qu'il tient dans sa main
droite, tombant le long du corps, celle de gauche figure Osirantinoüs. Les
deux représentations ont une connotation funéraire, ce qui prouverait que
les deux frères sont morts ensemble. On pense que les portraits ont été
peints du vivant des modèles, s'ils ont été exécutés à titre posthume, ils
ont pu l'être à l'aide de copies existantes. Il se pourrait aussi que les
divinités funéraires et la date aient été ajoutées
au moment de la mort. Tout indique que ces deux
personnages appartenaient à une famille de haut rang, sans doute
patricienne. |
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Portrait
d'enfant à l'encaustique sur bois. 35.5 cm x 16.5 cm - vers fin du Ier
siècle début du IIème -
Provenance : Fayoum -
Musée du Caire.
L'enfant a de grand yeux bordés de cils très longs, esquissant un vague
sourire. Une lumière radieuse traverse son visage tandis qu'une ombre
projetée sur le regard innocent apparaît comme un présage de sa fin précoce.
La couronne dans les cheveux symbolise tout à la fois la jeunesse, les
qualités athlétiques et les nobles origines du défunt (attestées aussi par
la tunique et le manteau blancs). Dans le cas d'un enfant, il est difficile
d'imaginer que le portrait ait été effectué du vivant du modèle. |
Londres
(B-M) |
Le Caire
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Ces deux momies complètes
permettent d'apprécier le cartonnage des cercueils somptueusement ornés de
feuilles d'or.
Sur la momie du jeune homme (environ 20 ans), on peut voir les divinités
traditionnelles égyptiennes : Anubis debout derrière la momie sur son lit
funéraire avec Isis et Nephtys à ses côtés, Horus et Thot, on peut lire
aussi une inscription en grec "Artémidôros, bon courage!".
La momie de la femme renferme en fait une jeune fille de 7 à 10 ans (compte
tenu de la longueur de la momie et des bras modelés sur la momie qui sont
ceux d'une enfant tenant dans ses mains une guirlande et du blé). Le
cartonnage est entièrement doré et incrusté de pierres et de pâtes de verre
coloré. Les bijoux sont nombreux et particulièrement élaborés. La jeune
fille est associée à Isis par la mèche d'Isis et à Aphrodite par son épaule
dénudée. Le fond doré donne au portrait une forte ressemblance avec les
icônes. La profusion des dorures a donné à la momie le nom de "jeune fille
dorée". |
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Portrait
de femme dite "Zénobia" à la détrempe sur bois. 33.5 cm x 20.5 cm - vers 138-161 - Provenance
: inconnue - Musée archéologique de Florence.
Les angles supérieurs du panneau ont été découpés en suivant le contour des
cheveux, préfigurant le dessin octogonal formé par les bandelettes qui
maintiennent le portrait à la place du visage de la momie. La jeune femme a
le teint clair, les traits délicats, la bouche est petite, les grands yeux
sont accentués par des sourcils épais et foncés. Les cheveux sont noirs et
crépus, coiffés en un chignon caractéristique des Antonins. Elle porte un
collier de pierres précieuses et des boucles d'oreilles à pendants ornés de
perles. Le grain de beauté sur le front ajoute du charme et de la
vraisemblance. Tout indique que ce portrait a été peint par un grand artiste
: pose de trois quarts, modelé du cou et du visage, précision du trait,
minutie des détails, harmonie des couleurs... Ce tableau fut rapporté en
1829 par l'égyptologue italien Rosellini, il doit son surnom à la
ressemblance du portrait avec l'épouse de Rosellini, Zenobia. |
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Portrait
d'homme à la détrempe sur bois. 34 cm x 25 cm - vers 138-161 - Provenance
: inconnue - Musée Malibu (Californie) The J. Paul Getty Museum.
Deuxième quart du IIIème siècle.
L'homme, vêtu d'une tunique blanche, est représenté dans la position
frontale. Il tient dans la main droite un verre (ou un calice?) contenant un
liquide rouge (du vin?) et dans la main gauche une guirlande de fleurs. On a
retrouvé ces mêmes éléments, à connotation funéraire, dans d'autres
tableaux. Ce genre de sujet au visage arrondi et à l'expression souriante
est typique d'un artiste dont on reconnaît la "main" dans plusieurs autres
oeuvres et qui a été baptisé le "Peintre de Brooklyn" (voir portrait
ci-contre). |
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Portrait
de femme - IIème siècle ap JC - Bois peint à l'encaustique - Provenance :
Antinoopolis.
Elle est habillée d'un vêtement pourpre et est parée d'un collier et de
boucles d'oreilles ornées de perles. La coiffure avec un chignon natté est
celle de l'impératrice Sabine, épouse d'Hadrien.
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Portrait
d'homme barbu - Musée historique de Genève (collection Barbier-Müller)
IIème siècle ap JC - Bois de sycomore - H : 33 cm. |
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Portrait
d'un homme jeune - Musée La Havane (Cuba)
IIème siècle ap JC - Bois peint à l'encaustique - H : 36.6 cm , l : 15
cm. |
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LES PORTRAITS ENIGMATIQUES DU
FAYOUM (époque romaine) |
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