Stèle de la dame Tapéret - Thèbes - Troisième période intermédiaire -
XXIIème dynastie, vers 850 av JC - Bois stuqué et peint - H : 31 cm - L : 29
cm - P : 2,6 cm - Musée du Louvre. Miniature à droite : document légendé.
Cette stèle
en bois est un exemple remarquable du nouveau type de mobilier funéraire qui
apparaît autour de l'an 1000 av. JC à
Thèbes. Dans cette région, les stèles de pierre coexistent pour un
temps avec de petites stèles de bois aux couleurs vives. Celles-ci se
caractérisent par une représentation du défunt vénérant des dieux à l'aspect
solaire marqué.
La stèle de la dame Tapéret présente la particularité d'avoir conservé des
couleurs vives et d'être peinte sur ses deux faces.
Sur chaque face, la dame Tapéret prie le soleil sous un aspect différent :
Rê-Horakhty (soleil au zénith) sur une face,
Atoum (soleil couchant) sur l'autre.
La dame Tapéret (la défunte) est vêtue d'un ample manteau de lin
plissé et frangé. Le tissu transparent aux deux tons de jaune ne cache rien
de son corps. Un cône de graisse parfumée, posé sur une touffe d’herbe
symbole de renaissance, surmonte sa perruque. Un serre-tête rouge la
retient. Tapéret, se tient en prière devant
le dieu à tête de faucon
Rê-Horakhty (son nom est précisé sous le disque solaire), symbolisant
le soleil à son zénith. En retour, le dieu darde sur elle ses rayons
bénéfiques formés de fleurs de lotus.
Une représentation schématique de l'univers se trouve sur les deux faces de
la stèle : sur une bande noire, constituant le hiéroglyphe signifiant "la
terre", poussent à gauche des papyrus,
symbole de la Basse-Egypte (Nord) et à droite des lotus, symbole de
la Haute-Égypte (Sud).
Ces deux plantes surgissent d’une tête d’homme à même le sol, qu’il faut
peut-être interpréter comme le symbole de l’humanité entière et elles
soutiennent un signe incurvé qui est le hiéroglyphe
du "ciel". Au revers, ce signe est remplacé par la représentation de la
déesse du ciel
Nout, qui avale le soleil chaque soir pour le remettre au monde
chaque matin, positionnant ainsi les deux autres points cardinaux, l'ouest
et l'est.
La défunte offre à Rê une table lourdement garnie de mets, tandis que les
hiéroglyphes placés derrière son dos lui assurent pour elle-même "des
milliers de pains, de bières, de viandes et de volailles", selon la
formule millénaire qui permet aux humains de bénéficier d'une subsistance
éternelle.
Les deux yeux oudjat symboles d’inaltérabilité flanquent le disque solaire
central. Le signe ankh signifiant "vie" est accroché au cou des deux
serpents uræi encerclant le soleil.
Cette scène a pour but d'assurer la vie éternelle à la défunte en
l'associant au cycle éternel du soleil et à sa résurrection quotidienne. |