La mort

LA RELIGION

LA  MORT - Les conditions pour accéder à la vie éternelle

Plan de cette page :
- Avant la mort?
- Que se passe-t-il après la mort?
- La momification suffit-elle pour accéder à la vie éternelle?
-
Le tribunal d'Osiris : "la pesée des âmes"
- La momification et le jugement d'Osiris suffisent-ils à assurer la vie éternelle? (les offrandes).
Avant la mort?
Tout Egyptien se préparait à la mort dès son plus jeune âge car, pour lui, la mort n'est pas une fin mais le début d'une nouvelle vie. Mourir sans sépulture ou à l'étranger* est la pire des choses qui puisse arriver à un Egyptien. Il fallait donc penser à faire construire et décorer sa tombe dès que possible, acheter son cercueil, préparer les divers objets que l'on voulait emporter dans sa tombe pour ne manquer de rien, faire des donations ou prévoir l'argent nécessaire pour que les prêtres continuent à rendre les offrandes et le culte... Tous ces préparatifs coûtaient fort chers mais il n'y a pas de prix pour accéder à la vie éternelle.
*Pharaon conseille à Sinouhé : "Rentre en Egypte, il ne faut pas que tu meures en pays étranger, il ne faut pas que les Asiatiques t'enterrent! Pense à ton cadavre et reviens!"
Que se passe-t-il après la mort?
Depuis l'époque la plus reculée, les Egyptiens pensent qu'il y a une vie après la mort mais ils ne se font pas une idée très précise de cette seconde vie et les croyances évoluent selon les époques. Certains pensent que le défunt entre dans dans une sorte de paradis champêtre : les champs d'Ialou, d'autres qu'il habite le monde souterrain d'Osiris ou qu'il trouve place dans le ciel parmi les étoiles, d'autres encore qu'il continue de vivre dans sa tombe ou qu'il perche dans les arbres avec les oiseaux.
De même, la représentation du défunt après la mort n'est pas vraiment fixée. Le défunt peut réapparaître sous la forme d'un héron, d'un scarabée, d'une fleur de lotus sur l'eau...
A l'origine, seul le pharaon peut accéder à la vie éternelle, on pensait que son corps momifié continuait à vivre dans sa tombe tandis que ses principes spirituels s'unissaient au soleil. Mais peu à peu, l'idée que tout homme peut atteindre cette seconde vie se développe. Dès l'Ancien Empire, les notables peuvent prétendre à l'éternité. Au Moyen Empire, le privilège de la survie après a mort se démocratise et tout homme peut y aspirer s'il respecte certaines conditions, mais le commun des mortels n'a pas la même destinée cosmique que celle du pharaon (voir ici et ici)
La condition première et indispensable pour accéder à la vie éternelle est la conservation du corps du défunt. La momification est donc le passage obligé pour tout homme qui veut accéder à la vie éternelle.
En effet, les Egyptiens ne conçoivent pas l'être humain comme un être unitaire mais comme une composition de plusieurs éléments charnels et spirituels. A la mort, les éléments spirituels sont libérés du corps mais ils doivent retrouver la partie charnelle du corps pour qu'ils puissent continuer de vivre.
Les sept principes de la personne humaine :
- le djet : c'est le corps matériel (la partie qui doit être momifiée)
- l'akh : la puissance céleste. L'akh, c'est l'un des éléments immatériels de la personne, il contribue à la survie dans l'au-delà, il est représenté par un ibis à crête (aigrette) et incarne l'esprit lumineux qui rejoint les dieux. L'akh permet au défunt d'accéder aux étoiles lors du passage dans l'au-delà. A l'origine, seuls les rois et les dieux étaient pourvus de l'akh.
- le ba : l'âme extérieure. Le ba incarne l'âme du mort et est représenté sous la forme d'un oiseau, ibis ou faucon par exemple, à tête humaine. Sorte de double de l'individu, le ba reprend sa liberté après la mort : comme un fantôme volant, il sort de la tombe, survole les endroits qu'aimait le défunt pour le faire participer à la vie extérieure puis revient se poser sur la momie. Le corps et le ba doivent rester unis : "Tu montes, tu descends... tu glisses, comme ton coeur le désire, tu sors de ton tombeau chaque matin, tu y rentres chaque soir".
- le ka : l'énergie vitale. Le ka c'est sans doute l'élément le plus important. C'est l'énergie vitale, sorte de force qui entretient la vie, confère par sa présence nourriture, protection, santé, bonheur au corps. Quand un homme naît, son ka est modelé par le dieu créateur Khnoum sur son tour de potier. Le ka ne quitte jamais la personne, il grandit avec elle. Après la mort, pour survivre, le ka a besoin d'un support : le corps momifié ou àdéfaut une représentation du défunt, statue ou image gravée ou peinte*. C'est au ka du défunt que l'on apporte les offrandes alimentaires nécessaires à la vie dans l'au-delà. Le pharaon est le seul à être uni à son ka de son vivant, c'est la personnification de sa nature divine. Les autres hommes ne fusionnent avec leur ka qu'après leur mort. Les formules "rejoindre" ou "passer son ka" sont synonymes de mourir.
* cette conception fait de l'art égyptien, un art utilitaire accordant à l'homme une vie éternelle.
- le shouyt : l'ombre (les dieux ont aussi une ombre). L'ombre ne quitte jamais l'homme ; dans un pays de soleil, elle évoque l'idée de bien-être, de repos, de calme. Elle peut aussi représenter la puissance sexuelle de l'individu.

Le ka est représenté sous la forme d'un double de la personne portant sur la tête les bras du signe hiéroglyphique "ka".

Le shouyt (l'ombre, représentée ici par une silhouette noire) et le ba (oiseau à tête humaine)


Le ba (symbolisé par un oiseau à tête humaine).
Tombe d'Irinefer (N° 29). Musée de la momie - Louxor.


L'akh, sous la forme d'un ibis

- le nom du vivant : en prononçant le nom du vivant, même après la mort, on perpétue son existence
- le coeur : pour les Egyptiens, le coeur est le siège de la pensée, de la raison et de la conscience morale. Lors du jugement d'Osiris,  le coeur est pesé pour savoir si le défunt est digne d'être sauvé (voir plu bas)
Ces sept entités qui composent la personne humaine sont inséparables, durant la vie et après la mort.

La momification suffit-elle pour accéder à la vie éternelle?
Si la conservation du corps (pratique coûteuse) avait suffi pour accéder à la vie éternelle, cela aurait été profondément injuste et favorisé les plus riches. Or, on sait combien les Egyptiens étaient attachés à la notion de justice et de bien. La deuxième condition pour accéder à la vie éternelle est donc naturellement basée sur la morale. Nul ne peut accéder au royaume d'Osiris s'il n'a pas pratiqué la bonté et la justice durant sa vie terrestre.
Déjà dans les Textes des Pyramides, le roi défunt était soumis à un interrogatoire avant d'être admis à rejoindre son père Rê.
A partir du Moyen Empire, le développement de la religion osirienne impose à tout être humain  une bonne conduite durant la vie terrestre pour prétendre à la vie éternelle. Les stèles des tombes abondent de "
J’ai donné du pain à celui qui avait faim, de l’eau à celui qui avait soif, un vêtement à celui qui était nu...".
Au Nouvel Empire,
le Livre des Morts impose un véritable jugement du coeur du défunt devant le tribunal d'Osiris. Pour peser sur le jugement, le défunt recourt à des formules magiques (la confession négative) qui rappellent la probité de sa vie terrestre : " Je n’ai pas commis d’iniquité contre les hommes, je n’ai pas fait le mal, je n’ai pas porté la main sur l’homme de petite condition, je n’ai pas affamé, je n’ai pas fait pleurer, je n’ai pas tué..." Ces formules deviennent si nombreuses qu'il n'y a plus assez de place pour les inscrire sur les cercueils, on les écrit alors sur un rouleau de papyrus (le Livre des Morts) qu'on dépose entre les jambes des momies.
Toutefois, avant de se présenter devant le juge Osiris, le défunt doit :
- traverser le fleuve qui le sépare du royaume des dieux. Pour cela, il doit demander à tous les éléments du bateau de s'assembler, décliner son nom et sa destination. Puis il nomme tous les composants* de la barque funéraire (amarres, gouvernail, mât, voile etc.) pour les mettre en mouvement.
- triompher des embûches du monde souterrain : passer des portes gardées, combattre le serpent Apophis... Pour cela, le défunt est aidé par les amulettes, les formules magiques du Livre des Morts et certains dieux lui portent aussi de l'aide (Atoum), de la nourriture (Hathor).
Quand le défunt a triomphé de tous les obstacles du monde souterrain il peut enfin affronter le jugement d'Osiris (scène ci-dessous).
* Chaque composant du bateau est un symbole divin : les rames sont les doigts d'Horus, la voile représente la déesse Nout, l'écope est la main d'Isis, la barque elle-même symbolise la jambe d'Isis tandis que les flancs du navire se nomment "fils d'Horus".

Le tribunal d'Osiris : la pesée des âmes (la psychostasie)

Extrait du Livre des Morts : le papyrus du scribe Hunefer - Vers 1370 av JC - British Museum.

La scène se lit de gauche à droite et peut être décomposée en quatre tableaux.
1 : Anubis, gardien du monde des morts, dieu de la momification conduit le défunt (le scribe Hunefer) dans la salle de la Double Maât ou salle des Deux Justices (Maât est la déesse de la sagesse et de la justice)
2 : Anubis procède au jugement du défunt (la pesée des âmes), il ajuste le peson de la la balance afin de vérifier si le coeur placé dans un pot dans le plateau gauche de la balance est plus léger que la plume de Maât dans le plateau droit. Thot, patron des scribes enregistre le résultat de la pesée sur sa tablette d'argile. Si le coeur du défunt (comprendre la conscience) est plus lourd que la plume d'autruche de Maât, c'est le signe que le défunt a commis beaucoup de péchés durant sa vie terrestre et son coeur sera avalé par la Grande Dévorante, monstre combinant les traits du crocodile, du lion et de l'hippopotame. Dans ce cas, le défunt ne peut plus accéder à la vie éternelle.
3 : Horus, fils d'Osiris, invite Hunefer à pénétrer dans le royaume d'Osiris car son coeur est aussi plus léger que la plume d'autruche et il peut, de ce fait, accéder à la vie éternelle et entrer dans les champs d'Ialou : un pays magnifique qui ressemble beaucoup au delta du Nil mais sans les aléas de l'inondation et avec des récoltes toujours abondantes. Le défunt pourra y mener une vie paisible en se reposant sous les palmiers et en buvant de l'eau fraîche
(voir Sennedjem)
4 : Osiris, président du tribunal, assis sur son trône (placé sur le "lac de natron") s'apprête à accueillir le défunt dans son royaume d'éternité (l'Amenti).
Derrière Osiris, se tiennent les deux soeurs d'Osiris, Isis et Nephtys qui ont pour rôle de protéger le défunt.
Devant Osiris, sur une fleur de lotus (signe de renaissance) se tiennent les quatre fils d'Horus, ils préservent les organes du mort dans des vases à leur effigie.
Sur le registre du haut, à gauche, Hunefer a déposé sur une table des offrandes destinées aux juges du tribunal, certains tiennent la croix de vie ankh. Les juges sont au nombre de 42, un pour chaque province de l'Egypte et chacun représente un péché que le mort a pu commettre. Devant chaque juge, le défunt doit dire qu'il n'a pas commis le péché qu'il représente.
Le papyrus est couvert des formules du
Livre des Morts. Pour faire pencher la balance du bon côté, le défunt doit réciter ces formules sans se tromper. Pour le prix de deux vaches ou de six mois de salaire d'un ouvrier, on pouvait acheter le Livre des Morts tout prêt, il suffisait d'y insérer le nom du propriétaire. C'est le dieu Thot qui avait rédigé lui-même ces formules (200 environ) pour aider les défunts à triompher des périls rencontrés dans le royaume des morts. Ainsi, la 125ème formule devait être récitée au moment de la pesée du coeur :
" Salut à toi dieu grand, possesseur des deux Maât... Je viens vers toi et t'apporte la Vérité et la Justice après que, pour toi, j'ai chassé mes mauvaises actions. Je n'ai pas maltraité les gens. Je n'ai pas blasphémé Dieu. Je n'ai pas appauvri l'homme pauvre... Je n'ai pas affamé. Je n'ai pas faussé le peson de la balance. Je n'ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants. Je n'ai pas fait pleurer. Je n'ai pas tué. Je n'ai pas diminué la part des aliments offerts dans les temples... Je n'ai pas retenu l'eau au moment de l'inondation... Je suis pur ! je suis pur ! Je suis pur ! Je suis pur ! " . Chapitre 125 du Livre des Morts.
Certes, le texte correspond rarement à la vérité mais il a le pouvoir magique de faire s'équilibrer les deux plateaux de la balance. Avec cette précaution, le mort est immanquablement sauvé et devient un Osiris.
Voir Anubis réanimant la momie d'Inherkhaou.


Papyrus Ani, XVIIIème dynastie - British Museum.
A gauche, le pot contenant le coeur du défunt, à droite, la plume de Maât, symbole de l'ordre divin

Voir une autre scène du jugement des morts : ici


La momification et le jugement d'Osiris suffisent-ils à assurer la vie éternelle? (les offrandes)
Quand le défunt (ou plutôt son ka) entre dans le domaine d'Osiris, le monde d'en-bas, on pourrait penser qu'il ne peut plus rien lui arriver de dommageable et que les champs d'Ialou sont un paradis total. En fait, ce n'est pas le cas car le défunt est soumis à toutes les contraintes de la vie terrestre, dont la première : se nourrir.
Il s'offre donc deux solutions au défunt pour ne pas mourir de faim et de soif, soit recevoir de la nourriture des vivants (les offrandes), soit travailler lui-même (en cultivant les champs d'Osiris) pour se la procurer.
Les Egyptiens ont adopté conjointement ces deux solutions.
Dès l'époque la plus reculée, la famille du défunt a déposé directement dans la tombe des offrandes et tout le mobilier nécessaire pour que le mort mène une existence semblable à celle de la vie terrestre et qu'il puisse en premier lieu s'alimenter. Les offrandes étaient déposées dans des emplacements déterminés dans la tombe, le plus souvent dans la partie orientale. La cuisse antérieure d'un boeuf représentait le prototype de l'offrande funéraire.
Plus tard, quand les tombes (mastabas) se perfectionnent, le défunt repose dans un caveau souterrain comblé et non accessible aux vivants. Pour assurer le culte des offrandes, une structure aérienne est accessible aux vivants. Elle est divisée en deux :
- le serdab qui abrite une statue du défunt qui renferme son ka
- une autre chambre contenant une table d'offrande alimentée régulièrement par la famille du défunt
Le serdab n'est séparé de l'autre chambre que par un mur (en forme de fausse porte1) d'Ainsi, le ka peut recevoir, par l'intermédiaire d'une fente aménagée dans la stèle fausse-porte, les prières, l'encens et les offrandes nécessaires à sa survie.
1
La fausse porte marque la direction de l'occident, celui du royaume des morts, direction vers laquelle les prières doivent être effectuées par la famille du défunt.
2 La table d'offrandes remplace alors la simple natte de jonc que les plus pauvres disposaient sur les tombes de leurs défunts pour y déposer le pain et la bière.
Le prêtre funéraire avait pour devoir d'appeler le mort à franchir la stèle fausse-porte ou à occuper la statue afin que son ka puisse se nourrir des offrandes déposées sur la table d'offrande. C'est pour cela que l'offrande au défunt était appelée "peret-shérou" ("la sortie à l'appel"). Le repas à base de pain frais devint le prototype des scènes de repas funéraire représentant le défunt assis devant la table d'offrande. A côté de cette scène représentée sur les stèles et les parois des tombeaux, on trouve souvent un texte détaillé mentionnant la nature des offrandes : étoffes, huiles, ustensiles aliments de toutes sortes avec, en regard, leur quantité.

Règne de Khéops (2555 - 2575 avant JC), IVème dynastie. Stèle en calcaire peint de Toura trouvée emmurée* à Gizeh dans une chapelle d'une tombe qui faisait partie de la nécropole associée à la grande pyramide de Khéops.
H : 37,70 cm, L : 52,50 cm,  P : 8,30 cm.
Musée du Louvre.
* ce qui explique l'état de conservation exceptionnel de cette stèle de l'Ancien Empire.
était sans doute la sœur de Khéops, son père étant Snéfrou (l'inscription au-dessus de sa tête la nomme "La fille royale, Néfertiabet").
La princesse est installée dans la scène traditionnelle du repas funéraire, assise sur un tabouret à pieds de taureau devant la table qui porte les offrandes alimentaires. Elle tend la main vers un plateau à pied en pierre blanche, posé sur un support cylindrique en terre cuite, et couvert de tranches de gâteau à croûte dorée et mie blanche. Un double tableau, situé au-dessus de la table, contient l'inscription des offrandes : des fards, de l'encens, de la vaisselle, des boissons, des friandises, etc. A droite, un grand tableau vertical découpé en trois parties énumère une liste d’étoffes sans doute en rapport avec la momification. Devant le visage de la princesse et autour de la table, des idéogrammes disséminés sont employés de façon picturale ; "libation" devant le visage, "lustration" devant la poitrine, "cuisse de boeuf", "côtes", "canard", "linges", "vaisselle", "pain", "bière", "viandes et volailles", accompagnés du signe hiéroglyphique "1 000" qui les multiplie ainsi par milliers pour l’éternité. Ainsi, cette stèle avait bien pour fonction d'assurer par magie l'alimentation éternelle de la défunte.
Le vêtement en peau de panthère, couvrant l'épaule et le bras gauches de la princesse indique qu'elle exerçait la fonction de prêtresse. Sa coiffure, originale, tripartite, dégage son oreille. Un large collier noir serre son cou. Sa parure est complétée par des bracelets.

Les offrandes effectuées chaque jour pour le repas des défunts prenaient la forme d'une procession. L'ultime privilège pour un haut fonctionnaire était de pouvoir faire construite sa tombe près de celle du pharaon afin de bénéficier "gratuitement" du culte funéraire royal.

Au cas où les offrandes funéraires viendraient à manquer, en plus des aliments réels déposés et des stèles funéraires, on prenait soin de mettre aussi dans la tombe des simulacres d'aliments qui prenaient le relais (des oies rôties en albâtre, des cruches de boisson en bois...) ou l'on représentait ces aliments (peintures, gravures) sur les parois de la tombe (voir un exemple).

Oies prêtes à cuire - Ver 2200 av JC - Fouilles Dara.
Musée du Louvre.

Ainsi la tombe a bien une double fonction : préserver la momie dans un endroit soigneusement caché, permettre au ka de disposer des aliments nécessaires pour survivre dans l'au-delà.

Stèle fausse-porte de Nikaouré et de son épouse Ihat.
Ancien Empire, H : 227 cm. Musée du Caire.
A la partie supérieure : les deux époux défunts devant la table d'offrandes.
Au milieu : la défunte dans la niche et de part et d'autre, ses enfants.
En dessous : les prêtres funéraires faisant les offrandes, un harpiste et une chanteuse.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Partie supérieure de la stèle fausse-porte du prêtre funéraire Néfernésout. Ancien Empire - Provenance : Gizeh, près de la Grande Pyramide - Hildesheim, Pelizaeus-Museum.
Le couple défunt est assis à la table d'offrandes sur laquelle sont déposés de longs pains. Au-dessus et en dessous, d'autres offrandes sont citées : "de l'encens, des fards à paupières verts, du khôl noir, un nécessaire de toilette, mille pains, des vêtements et des récipients en albâtre". L'inscription tout en haut précise que le défunt recevra une offrande (
peret-shérou) "chaque jour et chaque fête" dans le cadre du culte funéraire royal

Pour en savoir plus sur les tables d'offrandes
Quant à la deuxième solution : le mort travaille lui-même dans les champs d'Ialou (voir Sennedjem ou Menna ou Djedhor) pour en tirer sa subsistance, elle est moins attractive, même si la terre y est réputée fertile. En effet, si le dur labeur des champs était concevable pour les paysans (sans doute peu nombreux à accéder à la vie éternelle compte tenu du coût de la momification) habitués aux travaux des champs, il ne devait pas en être de même pour les privilégiés mal préparés à manier la charrue et la faucille. Là encore, les Egyptiens ont trouvé une solution pour que le paradis reste un pays de rêve : faire travailler des statuettes à la place du défunt, les ouschebti ou chaouabi. Déjà à partir de l'Ancien Empire, on mettait dans les tombes des petits statuettes qui représentaient les serviteurs du défunt pendant sa vie terrestre. Ainsi, le mort n'avait pas le souci de faire son pain et de fabriquer sa bière. Mais à partir du Moyen Empire et surtout au Nouvel Empire, ces figurines se développent et deviennent de véritables armées de serviteurs (413 pour Toutankhamon) qui remplacent le défunt quand il est appelé par Osiris à cultiver ses champs.

Oushebti de Ptahmès - Faïence polychrome - H : 20 cm - XVIIIème dynastie - Musée du Caire.

Cet Oushebti provient de la zone nord de la nécropole d'Abydos. Depuis le Moyen Empire, de nombreux fonctionnaires y faisaient ériger des chapelles ou cénotaphes afin de profiter de la protection d'Osiris qui avait dans ce lieu la sépulture de sa tête. Ptahmès fut enterré à Thèbes mais il fit placer des oushebti à Abydos. Quand Osiris demandait au défunt de travailler dans les champs de l'au-delà, la figurine serviteur devait répondre à sa place "oushebti " ("je suis ici"). Le nom lui est resté.

Sur cet oushebti de facture remarquable, on distingue un vautour aux ailes déployées, un imposant collier polychrome, et des hiéroglyphes qui rapportent le chapitre 6 du Livre des Morts. La colonne médiane livre le nom set les titres du défunt.
Pour en savoir plus sur les oushebti   
Voir ceux de la tombe de Toutankhamon.

Momie avec sa panoplie d'oushebti
Musée de Louxor
Coffre de Panedjem pour ranger les oushebti - XXI ème dynastie. Provenance : Deir el-Bahari. Musée de Louxor.
Coffre de Tchaouenhouy avec scène du jugement dernier. Musée du Louvre.

Si malgré toutes ces précautions, le défunt se trouvait par hasard dépourvu de nourriture, il restait les amulettes qui avec leur pouvoir magique prémunissaient contre tous les maux. Les prières magiques formulées par la famille pouvaient aussi remplacer les offrandes.
Certes, d'autres périls attendent le défunt dans le royaume souterrain d'Osiris, mais là encore, les formules magiques sont là pour les conjurer (voir Néfertari)

En résumé, pour accéder à la vie éternelle et la conserver, il faut :
- que le corps du défunt soit conservé (momifié). Le corps peut cependant être remplacé par une statue ou une image du défunt.
- que le ka du défunt soit justifié, c'est-à-dire que le tribunal d'Osiris reconnaisse que le postulant à la vie éternelle la mérite par sa vie exemplaire.
Voir la Tombe de Khabekhenet.
- que le ka soit alimenté pour ne pas mourir de faim et de soif
Comme les deux dernières conditions sont quasiment accessibles à tous grâce aux pouvoirs magiques, la seule réelle exigence pour atteindre la vie éternelle est la momification. L'accès à l'au-delà est donc en fait réservé aux plus riches compte tenu du coût de la momification. Toutefois, il est à noter que de nombreux corps déposés dans une simple tombe de sable se sont en définitive mieux conservés par la momification naturelle, la momification artificielle pratiquée par les embaumeurs n'ayant été efficace qu'au Nouvel Empire et si elle était pratiquée avec soin.

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