Avant la mort?
Tout Egyptien se préparait à la mort dès son plus jeune âge car, pour
lui, la mort n'est pas une fin mais le début d'une nouvelle vie. Mourir sans
sépulture ou à l'étranger* est la pire des choses qui puisse arriver à un
Egyptien. Il
fallait donc penser à faire construire et décorer sa tombe dès que possible,
acheter son cercueil, préparer les divers objets que l'on voulait emporter
dans sa tombe pour ne manquer de rien, faire des donations ou prévoir
l'argent nécessaire pour que les prêtres continuent à rendre les offrandes
et le culte... Tous ces préparatifs coûtaient fort chers mais il n'y a pas
de prix pour accéder à la vie éternelle.
*Pharaon conseille à Sinouhé : "Rentre en Egypte, il ne faut pas que tu
meures en pays étranger, il ne faut pas que les Asiatiques t'enterrent!
Pense à ton cadavre et reviens!"
Que se passe-t-il
après la mort?
Depuis l'époque la plus reculée, les Egyptiens pensent qu'il y a une vie
après la mort mais ils ne se font pas une idée très précise de cette seconde
vie et les croyances évoluent selon les époques. Certains pensent que le
défunt entre dans dans une sorte de paradis champêtre : les champs d'Ialou,
d'autres qu'il habite le monde souterrain d'Osiris ou qu'il trouve place
dans le ciel parmi les étoiles, d'autres encore qu'il continue de vivre dans
sa tombe ou qu'il perche dans les arbres avec les oiseaux.
De même, la représentation du défunt après la mort n'est pas vraiment fixée.
Le défunt peut réapparaître sous la forme d'un héron, d'un scarabée, d'une
fleur de lotus sur l'eau...
A l'origine, seul le pharaon peut accéder à la vie éternelle, on pensait que
son corps momifié continuait à vivre dans sa tombe tandis que ses principes
spirituels s'unissaient au soleil. Mais peu à peu, l'idée que tout homme
peut atteindre cette seconde vie se développe. Dès l'Ancien Empire, les
notables peuvent prétendre à l'éternité. Au Moyen Empire, le privilège de la
survie après a mort se démocratise et tout homme peut y aspirer s'il
respecte certaines conditions, mais le commun des mortels n'a pas la même
destinée cosmique que celle du pharaon (voir ici
et ici)
La condition première et indispensable pour accéder à la vie éternelle est
la conservation du corps du défunt. La momification
est donc le passage obligé pour tout homme qui veut accéder à la vie
éternelle.
En effet, les Egyptiens ne conçoivent pas l'être humain comme un être
unitaire mais comme une composition de plusieurs éléments charnels et
spirituels. A la mort, les éléments spirituels sont libérés du corps mais
ils doivent retrouver la partie charnelle du corps pour qu'ils puissent
continuer de vivre.
Les sept principes de la personne humaine :
- le djet : c'est le corps matériel (la partie qui doit être
momifiée)
- l'akh : la puissance céleste. L'akh, c'est l'un des éléments
immatériels de la personne, il
contribue à la survie dans l'au-delà, il est représenté par un ibis à crête
(aigrette)
et incarne l'esprit lumineux qui rejoint les dieux. L'akh permet au défunt
d'accéder aux étoiles lors du passage dans l'au-delà. A l'origine, seuls les
rois et les dieux étaient pourvus de l'akh.
- le ba : l'âme extérieure. Le ba incarne l'âme du mort et est représenté sous la forme
d'un oiseau, ibis ou faucon par exemple, à tête humaine. Sorte de double de
l'individu, le ba reprend sa liberté après la mort : comme un fantôme volant, il sort de la tombe, survole les
endroits qu'aimait le défunt pour le faire participer à la vie extérieure
puis revient se poser sur la momie. Le corps et le ba doivent rester unis :
"Tu montes, tu descends... tu glisses, comme ton coeur le désire, tu sors de
ton tombeau chaque matin, tu y rentres chaque soir".
- le ka : l'énergie vitale. Le ka c'est sans doute l'élément le plus important. C'est
l'énergie vitale, sorte de force qui entretient la vie, confère par sa
présence nourriture, protection, santé, bonheur au corps. Quand un homme
naît, son ka est modelé par le dieu créateur Khnoum sur son tour de potier.
Le ka ne quitte jamais la personne, il grandit avec elle. Après la mort,
pour survivre, le ka a besoin d'un support : le corps momifié ou àdéfaut une
représentation du défunt, statue ou image gravée ou peinte*. C'est au ka du
défunt que l'on apporte les offrandes alimentaires nécessaires à la vie dans
l'au-delà. Le pharaon est le seul à être uni à son ka de son vivant, c'est
la personnification de sa nature divine. Les autres hommes ne fusionnent
avec leur ka qu'après leur mort. Les formules "rejoindre" ou "passer son ka"
sont synonymes de mourir.
* cette conception fait de l'art égyptien, un art utilitaire accordant à l'homme
une vie éternelle.
- le shouyt : l'ombre (les dieux ont aussi une ombre). L'ombre
ne quitte jamais l'homme ; dans un pays de soleil, elle évoque l'idée de
bien-être, de repos, de calme. Elle peut aussi représenter la puissance sexuelle
de l'individu.
|
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Le ka est
représenté sous la forme d'un double de la personne portant sur la tête les
bras du signe hiéroglyphique "ka". |
Le shouyt
(l'ombre, représentée ici par une silhouette noire) et le ba (oiseau
à tête humaine) |
Le ba
(symbolisé par un oiseau à tête humaine).
Tombe d'Irinefer (N° 29). Musée de la momie - Louxor. |
L'akh,
sous la forme d'un ibis |
- le nom du vivant
: en prononçant le nom du vivant, même après la mort, on perpétue son
existence
- le coeur : pour les Egyptiens, le coeur est le siège de la pensée,
de la raison et de la conscience morale. Lors du jugement d'Osiris, le
coeur est pesé pour savoir si le défunt est digne d'être sauvé (voir plu
bas)
Ces sept entités qui composent la personne humaine sont inséparables, durant
la vie et après la mort.
La
momification
suffit-elle pour accéder à la vie éternelle?
Si la conservation du corps (pratique coûteuse) avait suffi pour accéder à
la vie éternelle, cela aurait été profondément injuste et favorisé les plus
riches. Or, on sait combien les Egyptiens étaient attachés à la notion de
justice et de bien. La deuxième condition pour accéder à la vie éternelle
est donc naturellement basée sur la morale. Nul ne
peut accéder au royaume d'Osiris s'il n'a pas pratiqué la bonté et la
justice durant sa vie terrestre.
Déjà dans les
Textes des Pyramides, le roi défunt était soumis à un
interrogatoire avant d'être admis à rejoindre son père Rê.
A partir du Moyen Empire, le développement de la religion osirienne impose à
tout être humain une bonne conduite durant la vie terrestre pour
prétendre à la vie éternelle. Les stèles des tombes abondent de "J’ai
donné du pain à celui qui avait faim, de l’eau à celui qui avait soif, un
vêtement à celui qui était nu...".
Au Nouvel Empire,
le
Livre des Morts
impose un véritable jugement du coeur du défunt devant le tribunal d'Osiris.
Pour peser sur le jugement, le défunt recourt à des formules magiques (la
confession négative) qui rappellent la probité de sa vie terrestre : " Je
n’ai pas commis d’iniquité contre les hommes, je n’ai pas fait le mal, je
n’ai pas porté la main sur l’homme de petite condition, je n’ai pas affamé,
je n’ai pas fait pleurer, je n’ai pas tué..." Ces formules deviennent si
nombreuses qu'il n'y a plus assez de place pour les inscrire sur les
cercueils, on les écrit alors sur un rouleau de papyrus (le Livre des Morts)
qu'on dépose entre les jambes des momies.
Toutefois,
avant de se présenter devant le juge Osiris, le défunt doit :
- traverser le fleuve qui le sépare du
royaume des dieux. Pour cela, il doit demander à tous les éléments du bateau
de s'assembler, décliner son nom et sa destination. Puis il nomme tous les
composants* de la barque funéraire (amarres, gouvernail, mât, voile etc.)
pour les mettre en mouvement.
- triompher des
embûches du monde souterrain : passer des portes gardées, combattre le
serpent Apophis... Pour cela, le défunt est aidé par les amulettes, les
formules magiques du Livre des Morts et certains dieux lui portent aussi
de l'aide (Atoum), de la nourriture (Hathor).
Quand le défunt a triomphé
de tous les obstacles du monde souterrain il peut enfin affronter le
jugement d'Osiris (scène
ci-dessous).
* Chaque composant du bateau est un symbole divin : les rames sont les
doigts d'Horus, la voile représente la déesse Nout, l'écope est la main
d'Isis, la barque elle-même symbolise la jambe d'Isis tandis que les flancs
du navire se nomment "fils d'Horus".
Le tribunal d'Osiris : la pesée des âmes (la psychostasie)
|
Extrait du Livre des Morts : le papyrus du scribe Hunefer - Vers 1370 av
JC - British Museum. |
|
La scène se lit de gauche à droite et peut être décomposée en quatre
tableaux.
1 : Anubis, gardien du monde des morts, dieu de la momification conduit
le défunt (le scribe Hunefer) dans la salle de la Double Maât ou salle
des Deux Justices (Maât est la déesse de la sagesse et de la justice)
2 : Anubis procède au jugement du défunt (la pesée des âmes), il ajuste
le peson de la la balance afin de vérifier si le coeur placé dans un pot
dans le plateau gauche de la balance est plus léger que la plume de Maât
dans le plateau droit. Thot, patron des scribes enregistre le résultat
de la pesée sur sa tablette d'argile. Si le coeur du défunt (comprendre
la conscience) est plus lourd que la plume d'autruche de Maât, c'est le
signe que le défunt a commis beaucoup de péchés durant sa vie terrestre
et son coeur sera avalé par la Grande Dévorante, monstre combinant les
traits du crocodile, du lion et de l'hippopotame. Dans ce cas, le défunt
ne peut plus accéder à la vie éternelle.
3 : Horus, fils d'Osiris, invite Hunefer à pénétrer dans le royaume
d'Osiris car son coeur est aussi plus léger que la plume d'autruche et
il peut, de ce fait, accéder à la vie éternelle et entrer dans les
champs d'Ialou : un pays magnifique qui ressemble beaucoup au delta du
Nil mais sans les aléas de l'inondation et avec des récoltes toujours
abondantes. Le défunt pourra y mener une vie paisible en se reposant
sous les palmiers et en buvant de l'eau fraîche
(voir
Sennedjem)
4 : Osiris, président du tribunal, assis sur son trône (placé sur le
"lac de natron") s'apprête à accueillir le défunt dans son royaume
d'éternité (l'Amenti).
Derrière Osiris, se tiennent les deux soeurs d'Osiris, Isis et Nephtys
qui ont pour rôle de protéger le défunt.
Devant Osiris, sur une fleur de lotus (signe de renaissance) se tiennent
les quatre fils d'Horus, ils préservent les organes du mort dans des
vases à leur effigie.
Sur le registre du haut, à gauche, Hunefer a déposé sur une table des
offrandes destinées aux juges du tribunal,
certains tiennent la croix de vie ankh.
Les juges sont au nombre de 42, un pour chaque province de l'Egypte et
chacun représente un péché que le mort a pu commettre. Devant chaque
juge, le défunt doit dire qu'il n'a pas commis le péché qu'il
représente.
Le papyrus est couvert des formules du
Livre des Morts.
Pour faire pencher la balance du bon côté, le défunt doit réciter ces
formules sans se tromper. Pour le prix de deux vaches ou de six mois de
salaire d'un ouvrier, on pouvait acheter le Livre des Morts tout prêt,
il suffisait d'y insérer le nom du propriétaire. C'est le dieu Thot qui
avait rédigé lui-même ces formules (200 environ) pour aider les défunts
à triompher des périls rencontrés dans le royaume des morts. Ainsi, la
125ème formule devait être récitée au moment de la pesée du coeur : |
" Salut à toi
dieu grand, possesseur des deux Maât... Je viens vers toi et t'apporte
la Vérité et la Justice après que, pour toi, j'ai chassé mes mauvaises
actions. Je n'ai pas maltraité les gens. Je n'ai pas blasphémé Dieu. Je
n'ai pas appauvri l'homme pauvre... Je n'ai pas affamé. Je n'ai pas
faussé le peson de la balance. Je n'ai pas ôté le lait de la bouche des
petits enfants. Je n'ai pas fait pleurer. Je n'ai pas tué. Je n'ai pas
diminué la part des aliments offerts dans les temples... Je n'ai pas
retenu l'eau au moment de l'inondation... Je suis pur ! je suis pur ! Je
suis pur ! Je suis pur ! " . Chapitre 125 du Livre des Morts.
Certes, le texte correspond rarement à la vérité mais il a le
pouvoir magique de faire s'équilibrer les deux plateaux de la balance.
Avec cette précaution, le mort est immanquablement sauvé et devient un
Osiris.
Voir Anubis réanimant la momie d'Inherkhaou. |
Papyrus Ani, XVIIIème dynastie - British Museum.
A gauche, le pot contenant le coeur du défunt, à droite, la plume de
Maât, symbole de l'ordre divin
Voir une autre scène
du jugement des morts :
ici |
La momification et le jugement d'Osiris suffisent-ils à assurer la vie
éternelle? (les offrandes) |
Quand le défunt (ou
plutôt son ka) entre dans le domaine d'Osiris, le monde d'en-bas, on
pourrait penser qu'il ne peut plus rien lui arriver de dommageable et
que les champs d'Ialou sont un paradis total. En fait, ce n'est pas le
cas car le défunt est soumis à toutes les contraintes de la vie
terrestre, dont la première : se nourrir.
Il s'offre donc deux solutions au défunt pour ne pas mourir de faim et
de soif, soit recevoir de la nourriture des vivants (les offrandes), soit travailler
lui-même (en cultivant les champs d'Osiris) pour se la procurer.
Les Egyptiens ont adopté conjointement ces deux solutions.
Dès l'époque la plus reculée, la famille du défunt a déposé directement
dans la tombe des offrandes et tout le mobilier nécessaire pour que le
mort mène une existence semblable à celle de la vie terrestre et qu'il
puisse en premier lieu s'alimenter. Les offrandes étaient déposées dans
des emplacements déterminés dans la tombe, le plus souvent dans la
partie orientale. La cuisse antérieure d'un boeuf représentait le
prototype de l'offrande funéraire.
Plus tard, quand les tombes (mastabas) se perfectionnent, le défunt
repose dans un caveau souterrain comblé et non accessible aux vivants.
Pour assurer le culte des offrandes, une structure aérienne est accessible
aux vivants. Elle est divisée en deux :
- le serdab qui abrite une statue du défunt qui renferme son ka
- une autre chambre contenant une table d'offrande alimentée
régulièrement par la famille du défunt
Le serdab n'est séparé de l'autre chambre que par un mur (en forme de
fausse porte1) d'Ainsi, le ka peut recevoir, par
l'intermédiaire d'une fente aménagée dans la stèle fausse-porte, les prières,
l'encens et les offrandes nécessaires à sa survie.
1 La fausse porte marque la direction de l'occident, celui du
royaume des morts, direction vers laquelle les prières doivent être
effectuées par la famille du défunt.
2 La table d'offrandes remplace alors la simple natte de jonc
que les plus pauvres disposaient sur les tombes de leurs défunts pour y
déposer le pain et la bière.
Le prêtre funéraire avait pour devoir d'appeler le mort à franchir la
stèle fausse-porte ou à occuper la statue afin que son ka puisse se
nourrir des offrandes déposées sur la table d'offrande. C'est pour cela
que l'offrande au défunt était appelée "peret-shérou" ("la sortie à
l'appel"). Le repas à base de pain frais devint le prototype des scènes
de repas funéraire représentant le défunt assis devant la table
d'offrande. A côté de cette scène représentée sur les stèles et les
parois des tombeaux, on trouve souvent un texte détaillé mentionnant la
nature des offrandes : étoffes, huiles, ustensiles aliments de toutes
sortes avec, en regard, leur quantité.
|
Repas funéraire de
la princesse Néfertiabet.
Règne de Khéops (2555 -
2575 avant JC), IVème dynastie. Stèle en calcaire peint de Toura
trouvée emmurée* à Gizeh dans une
chapelle d'une tombe qui faisait partie de la nécropole
associée à la grande pyramide de Khéops.
H : 37,70 cm, L : 52,50 cm, P : 8,30 cm.
Musée du Louvre.
* ce qui explique l'état de conservation exceptionnel de cette stèle
de l'Ancien Empire. |
Néfertiabet
était sans doute la sœur de Khéops, son père étant Snéfrou
(l'inscription au-dessus de sa tête la nomme "La fille royale,
Néfertiabet").
La princesse est installée dans la scène traditionnelle du repas
funéraire, assise sur un tabouret à pieds de taureau devant la table
qui porte les offrandes alimentaires. Elle tend la main vers un
plateau à pied en pierre blanche, posé sur un support cylindrique en
terre cuite, et couvert de tranches de gâteau à croûte dorée et mie
blanche. Un double tableau, situé au-dessus de la table, contient
l'inscription des offrandes : des fards, de l'encens, de la
vaisselle, des boissons, des friandises, etc. A droite, un grand
tableau vertical découpé en trois parties énumère une liste
d’étoffes sans doute en rapport avec la momification. Devant le
visage de la princesse et autour de la table, des idéogrammes
disséminés sont employés de façon picturale ; "libation" devant le
visage, "lustration"
devant la poitrine, "cuisse de boeuf", "côtes", "canard", "linges",
"vaisselle", "pain", "bière", "viandes et volailles", accompagnés du
signe hiéroglyphique "1 000" qui les multiplie ainsi par milliers
pour l’éternité. Ainsi, cette stèle avait
bien pour fonction d'assurer par magie l'alimentation éternelle de
la défunte.
Le vêtement en peau de panthère, couvrant l'épaule et le bras
gauches de la princesse indique qu'elle exerçait la fonction de
prêtresse. Sa coiffure, originale, tripartite, dégage son oreille.
Un large collier noir serre son cou. Sa parure est complétée par des
bracelets. |
Les offrandes effectuées chaque jour pour le repas des défunts prenaient
la forme d'une procession. L'ultime privilège pour un haut fonctionnaire
était de pouvoir faire construite sa tombe près de celle du pharaon afin
de bénéficier "gratuitement" du culte funéraire royal.
|
Au cas où les offrandes funéraires
viendraient à manquer, en plus des aliments réels déposés et des
stèles funéraires, on prenait soin de mettre aussi dans la tombe des
simulacres d'aliments qui prenaient le relais (des oies rôties en
albâtre, des cruches de boisson en bois...) ou l'on représentait ces
aliments (peintures, gravures) sur les parois de la tombe (voir
un exemple).
Oies prêtes à cuire - Ver 2200 av JC - Fouilles Dara.
Musée du Louvre. |
Ainsi la tombe a bien une double fonction : préserver la momie dans un
endroit soigneusement caché, permettre au ka de disposer des aliments
nécessaires pour survivre dans l'au-delà.
|
|
Stèle
fausse-porte de Nikaouré et de son épouse Ihat.
Ancien Empire, H : 227 cm. Musée du Caire.
A la partie supérieure : les deux époux défunts devant la table
d'offrandes.
Au milieu : la défunte dans la niche et de part et d'autre, ses
enfants.
En dessous : les prêtres funéraires faisant les offrandes, un
harpiste et une chanteuse.
Cliquez sur les photos pour les agrandir. |
Partie supérieure de la stèle fausse-porte du prêtre funéraire
Néfernésout. Ancien Empire - Provenance : Gizeh, près de la Grande
Pyramide - Hildesheim, Pelizaeus-Museum.
Le couple défunt est assis à la table d'offrandes sur
laquelle sont déposés de longs pains. Au-dessus et en dessous,
d'autres offrandes sont citées : "de l'encens, des fards à paupières
verts, du khôl noir, un nécessaire de toilette, mille pains, des
vêtements et des récipients en albâtre". L'inscription tout en haut
précise que le défunt recevra une offrande (peret-shérou)
"chaque jour et chaque fête" dans le cadre du culte funéraire royal |
Pour en savoir plus sur les tables d'offrandes
Quant à la deuxième solution : le mort travaille lui-même dans les
champs d'Ialou (voir
Sennedjem ou
Menna ou
Djedhor) pour en tirer sa subsistance, elle est moins attractive,
même si la terre y est réputée fertile. En effet, si le dur labeur des
champs était concevable pour les paysans (sans doute peu nombreux à
accéder à la vie éternelle compte tenu du coût de la momification) habitués aux travaux des champs, il ne
devait pas en être de même pour les privilégiés mal préparés à manier la
charrue et la faucille. Là encore, les Egyptiens ont trouvé une solution
pour que le paradis reste un pays de rêve : faire travailler des
statuettes à la place du défunt, les ouschebti ou chaouabi. Déjà à
partir de l'Ancien Empire, on mettait dans les tombes des petits
statuettes qui représentaient les serviteurs du défunt pendant sa vie
terrestre. Ainsi, le mort n'avait pas le souci de faire son pain et de
fabriquer sa bière. Mais à partir du Moyen Empire et surtout au Nouvel
Empire, ces figurines se développent et deviennent de véritables armées
de serviteurs (413 pour Toutankhamon) qui remplacent le défunt quand il est appelé par Osiris à
cultiver ses champs.
|
Oushebti de Ptahmès -
Faïence polychrome - H : 20 cm - XVIIIème dynastie - Musée du Caire.
Cet Oushebti provient de la zone nord
de la nécropole d'Abydos. Depuis le Moyen Empire, de nombreux
fonctionnaires y faisaient ériger des chapelles ou cénotaphes afin
de profiter de la protection d'Osiris qui avait dans ce lieu la
sépulture de sa tête. Ptahmès fut enterré à Thèbes mais il fit
placer des oushebti à Abydos. Quand Osiris demandait au défunt de
travailler dans les champs de l'au-delà, la figurine serviteur
devait répondre à sa place "oushebti " ("je suis ici"). Le nom lui
est resté.
Sur cet oushebti de facture
remarquable, on distingue un vautour aux ailes déployées, un
imposant collier polychrome, et des hiéroglyphes qui rapportent le
chapitre 6 du Livre des Morts. La colonne médiane livre le nom set
les titres du défunt.
Pour en savoir plus sur les oushebti
Voir ceux de la tombe de Toutankhamon. |
|
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Momie avec
sa panoplie d'oushebti
Musée de Louxor |
Coffre de
Panedjem pour ranger les oushebti - XXI ème dynastie.
Provenance : Deir el-Bahari. Musée de Louxor.
Coffre de
Tchaouenhouy avec scène du jugement dernier. Musée du Louvre. |
Si malgré toutes ces précautions, le défunt se trouvait par hasard
dépourvu de nourriture, il restait les amulettes qui avec leur pouvoir
magique prémunissaient contre tous les maux.
Les prières magiques formulées par la famille pouvaient aussi remplacer
les offrandes.
Certes, d'autres périls attendent le défunt dans le royaume souterrain
d'Osiris, mais là encore, les formules magiques sont là pour les
conjurer (voir
Néfertari)
En résumé, pour
accéder à la vie éternelle et la conserver, il faut :
- que le corps du défunt soit conservé (momifié). Le corps peut
cependant être remplacé par une statue ou une image du défunt.
- que le ka du défunt soit justifié, c'est-à-dire que le tribunal
d'Osiris reconnaisse que le postulant à la vie éternelle la mérite par
sa vie exemplaire.
Voir la Tombe de Khabekhenet.
- que le ka soit alimenté pour ne pas mourir de faim et de soif
Comme les deux dernières conditions sont quasiment accessibles à tous
grâce aux pouvoirs magiques, la seule réelle exigence pour atteindre la
vie éternelle est la momification. L'accès à l'au-delà est donc en fait
réservé aux plus riches compte tenu du coût de la momification.
Toutefois, il est à noter que de nombreux corps déposés dans une simple
tombe de sable se sont en définitive mieux conservés par la momification
naturelle, la momification artificielle pratiquée par les embaumeurs
n'ayant été efficace qu'au Nouvel Empire et si elle était pratiquée avec
soin. |
LA RELIGION |
LA MORT - Les conditions
pour accéder à la vie éternelle |
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