La religion égyptienne antique

LA RELIGION

GÉNÉRALITÉS

Plan de cette page : Les principales caractéristiques de la religion - La genèse du monde - L'équilibre du monde (la Maât) est menacé en permanence - Le monde a une fin - La vision du monde selon les Egyptiens - L'astronomie - Mythes et légendes - Le mythe d'Osiris - La magie - Les fêtes
Les principales caractéristiques de la religion :
- ancienne : une des religions les plus anciennes de l'humanité, ses prémisses datent sans doute de l'époque du néolithique (5000 ans av JC).
- sur une longue durée : pendant près de quatre millénaires, les Egyptiens ont adoré les mêmes dieux, accompli les mêmes rites.
- avec des évolutions : sur une aussi longue période, il est évident que les croyances religieuses ont changé, évolué.
- mal connue : il nous est bien difficile de rendre compte pas à pas des transformations de la religion au cours des siècles car les textes théologiques laissés par les Egyptiens sont quasiment inexistants.
- un aspect local très marqué : chacun des quarante-deux sepet (appelés nomes par les Grecs), chaque ville, chaque village possède ses propres dieux. Certes, deux nomes (provinces) distincts pouvaient adorer le même dieu, mais dans chacun des deux il avait un nom et un aspect différents.
- polythéiste profond ou polythéiste avec un caractère monothéiste? : religion polythéiste profonde car il y a des milliers de dieux et de génies! (conséquence du point précédent).
Mais certains ont pu parler de monothéisme car si les dieux sont d'aspect et de nom différents, ils ont les mêmes caractères divins. De plus, quand les Egyptiens s'adressent à Osiris, à Amon ou à un autre dieu, ils lui disent "tu es l'unique" et quand ils parlent en terme général de "dieu", ils emploient le mot "neter" (au pluriel : "neterou"). Il est bien difficile de savoir dans ce cas si ce mot correspond à l'idée abstraite de Dieu ou s'il s'agit d'un dieu local précis (les deux traductions sont en général possibles). Dans cette conception, l'unité du divin s'exprimerait à travers des formes multiples et changeantes, les dieux exprimeraient les diverses facettes d'un créateur unique. Il y aurait donc polythéisme pour la forme et un certain monothéisme pour le fond.
Mais d'autres rétorquent que cette attitude de considérer son dieu comme unique ne découle pas d'un dogme mais révèle seulement la ferveur d'un croyant pour le dieu, souvent local, qu'il a choisi de vénérer et qu'il place à la tête de toutes les autres divinités. Chaque dieu est unique pour son fidèle, il ne s'agit pas d'un monothéisme, mais de donner à un dieu une place éminente dans sa croyance.
Quant au monothéisme imposé par le pharaon Aménophis IV avec le dieu Aton il fut de courte durée, les prêtres et le peuple étant restés attachés aux autres dieux qu'ils avaient l'habitude de vénérer. Cette épisode montrerait donc que le monothéisme était éloigné de la tradition religieuse des Egyptiens.
- complexe : la longue durée, les évolutions, le manque de textes religieux, le caractère local, la multitude des dieux conduisent à la complexité. On a trop tendance a appréhender les dieux globalement et de manière universelle : chaque dieu fait référence à un lieu précis et une époque déterminée.
- de première importance pour les hommes : Hérodote a dit que les Egyptiens étaient "les plus religieux de tous les hommes". La religion est partout en Egypte antique, tout s'explique à partir d'elle, elle est la raison d'être de chacun. Les dieux résident dans toutes les parties constituantes du monde : le ciel, la terre, les fleuves, les champs, la végétation, les déserts... Les monuments et vestiges qui demeurent montrent les efforts gigantesques accomplis par les Egyptiens pour leurs dieux.
- avec des dieux d'inégale renommée : il se trouve que certains dieux sont sortis de leur sphère locale pour s'imposer dans le cadre national, ils sont donc mieux connus. Ce phénomène s'explique par le fait qu'avant l'unification de l'Egypte, les nomes se sont combattus, ceux qui ont triomphé ont pu imposer aux vaincus leurs dieux. Ensuite, les rois ont mis en avant les dieux de la ville où ils exerçaient le pouvoir. Ainsi, Amon, simple divinité thébaine au départ, a pris une dimension nationale quand les pharaons ont résidé à Thèbes.
- l'importance des animaux : Pour les Egyptiens, toutes les formes de la nature expriment le divin. Il était donc naturel que la religion accorde une grande importance aux animaux : le bélier, la vache, le taureau, le cobra, le vautour, le crocodile, le chat, l'ibis ... Ce culte des animaux est antérieur aux premières dynasties : on a retrouvé de cette période des cimetières entiers de chats, de chiens, de taureaux, de béliers... de hannetons... Chaque nome adorait un animal particulier (le chien à Cynopolis, le chat à Bubastis, l'hippopotame à Papremis, le crocodile au Fayoum...).
Il y a cependant lieu de différencier les animaux simplement associés au culte du dieu local et les animaux sacrés où un dieu vient s'incarner, comme le dieu Ptah qui prend la forme du taureau Apis. Cela ne signifie pas toutefois que les Egyptiens sont zoolâtres, l'animal n'est pas adoré en tant que tel, on honore à travers l'animal le symbole, la puissance qu'il est censé incarner ou le dieu qui prend sa forme (le faucon pour Horus, l'oie ou le bélier pour Amon, le crocodile pour Sobek, le singe pour Thot...). Dans ce cas, pour le temple, les prêtres choisissent un seul animal selon des critères précis (couleur du pelage, forme des cornes...) et lui rendent le même culte que la statue du dieu dans le temple. A sa mort, l'animal est enterré selon les mêmes rites funéraires que ceux des humains et devient un Osiris. Les prêtres doivent alors trouver, dans la même espèce, le nouvel animal dans lequel le dieu s'est réincarné. Les hommes ne mangent pas la viande de l'espèce choisie pour l'animal sacré : à Memphis on ne mangera pas de taureau (animal sacré, Apis), à Denderah, on ne mangera pas de vache (animal sacré, Hathor). Diodore de Sicile (Ier siècle av J.-C) précisait que les Egyptiens, en période de famine, préféraient s'entredévorer plutôt que manger les animaux sacrés.
- une religion anthropomorphe : Mais, très vite, les dieux sont représentés sous forme humaine ou sous un mélange humain-animal (un corps d'homme et une tête d'animal par exemple). Un même dieu peut être représenté de façon différente : Hathor peut apparaître sous la forme animale (une vache), sous la forme humaine (une femme) ou un mélange des deux (une femme avec une tête de vache). De même, Amon peut être représenté sous la forme humaine, sous celle d'un bélier ou d'un homme à tête de bélier. Les dieux possèdent aussi des attributs spécifiques qui peuvent aider à leur identification, ils tiennent également dans les mains les signes de leur pouvoir : sceptre ouas, croix de vie ankh, mais les couronnes dont ils sont coiffés sont interchangeables.
Les dieux sont à l'image des hommes, ils ont une âme, ne sont pas parfaits, se querellent, se font la guerre, se marient, ont des enfants et meurent même, mais comme ils ont droit (comme les hommes) à la résurrection, ils ne meurent jamais définitivement.
- une religion utilitaire : les Egyptiens attendent des dieux une aide dans toutes leurs activités humaines, ils leur apportent des hommages en remerciement de leurs bienfaits (la vache nourricière, le soleil qui permet la vie, le sycomore qui donne l'ombre...) ou pour se concilier leur malveillance (le serpent, le crocodile, la lionne, l'hippopotame...)

- les regroupements de dieux : à l'intérieur d'un même nome ou d'un même sanctuaire, il peut exister deux grands types de regroupements : la triade sur le modèle familial "père - mère - fils" et l'ennéade : ensemble de neuf divinités.
Quelques triades : le père Amon, la mère Mout et le fils Khonsou (celle de Thèbes) - Osiris, Isis, Horus (la plus connue) - Ptah, Sekhmet, Néfertoum.
L'ennéade est l'oeuvre de théologiens pour expliquer la création du monde. Il y a autant d'ennéades que de grands sanctuaires, la plus ancienne est celle d'Héliopolis, centre du culte solaire.
Ci-contre : la triade d'Osorkon II : Horus, Osiris, Isis. (bijou en or et lapis-lazuli - H : 9 cm - vers 850 av JC. Musée du Louvre).

La genèse du monde : la création du monde varie selon les cosmogonies mais toutes partent d'un chaos primordial : un océan  primitif (le Noun) d'où sort l'univers organisé sous l'action d'un démiurge.

Selon le cycle osirien, Rê avait condamné Nout à la stérilité. Thot, pour tourner la malédiction, avait inventé les jours «épagomènes», les cinq jours «en plus» de l’année, non prévus par Rê dans sa condamnation. Cela permit à Nout de mettre au monde cinq enfants, un par jour : Osiris, Haroeris (Horus l’Ancien), Seth, Isis et Nephtys. Adulte, Osiris succède à son père Geb. Il ne faut donc pas confondre l'Horus fils d'Isis avec Horus l'Ancien (céleste), fils de Nout.

Selon la cosmogonie d'Héliopolis (qui date de l'époque prédynastique), le démiurge créateur est le Soleil Atoum qui sort du Noun et trouve un endroit pour se poser : la butte primordiale. Il se lève ensuite sur la pierre "benben" qui servira de modèle aux obélisques. Atoum tire alors de sa propre substance* le couple divin, Shou et Tefnout, d’où sortent les autres membres de l’ennéade. Shou est le dieu de la lumière, le l'air, de la vie, Tefnout est la déesse de l'humidité. De ce premier couple de dieux, sont issus Geb (la Terre) et Nout (le ciel). Shou soulève alors Nout au-dessus de Geb et conçoit le monde terrestre et la voûte céleste.
De l'union entre Geb et Nout naissent les deux couples Osiris-Isis, Seth-Nephtys (l'ennéade est alors complète). Une ennéade secondaire est ensuite ajoutée pour les dieux mineurs. Pour les Egyptiens, l
e chiffre neuf est le symbole de l’universalité : aux neuf dieux primordiaux correspondent les Neuf Arcs, groupant l’Égypte et les pays étrangers qui constituent l’univers humain.
* Selon un rouleau de papyrus datant du IVème siècle av JC : «j'ai produit l'excitation avec mon poing, je me suis masturbé avec ma main et j'ai expectoré (la semence) par ma bouche : j'ai craché Shou et j'ai expectoré Tefnout ».

Selon la cosmogonie de Memphis, le dieu créateur est Ptah ; de sa pensée sont issues huit autre divinités. Dans cette conception, la création est issue du "Verbe", comme dans la religion chrétienne.
La cosmogonie d'Hermopolis attribue l'origine du monde à l'Ogdoade, groupe de huit divinités (quatre couples). Les huit dieux (des grenouilles et des serpents) habitant l'Océan primordial conçoivent un oeuf qu'ils déposent sur une butte. De cet oeuf sort le Soleil qui crée le monde (le dieu créateur et donc ici, comme à Héliopolis, un dieu solaire).
L'équilibre du monde (la Maât) est menacé en permanence : le monde créé n'est pas définitif, il est précaire, menacé en permanence de destruction par les forces du chaos. Par exemple, chaque nuit, le dieu solaire, dans sa course souterraine, doit triompher du serpent Apophis pour renaître chaque matin. Pour conserver l'équilibre du monde, faire en sorte que les phénomènes naturels se répètent comme "la première fois" (la course journalière du soleil dans le ciel, le cycle des saisons, la crue annuelle du Nil...) les hommes et le pharaon en premier lieu ont une grande responsabilité : ils doivent entretenir la puissance du divin, nourrir ses forces indispensables au maintien de l'équilibre. Sans le culte quotidien, les offrandes, les rites des fêtes cycliques, les dieux mourront et le monde retournera au chaos originel. Les mondes divins et humains sont interdépendants. Ne pas obéir à Maât (déesse de la Justice et de la Vérité, symbole de l'ordre universel), c'est mettre en danger l'harmonie du monde. Le premier rôle de pharaon est donc avant tout religieux, il est l'intermédiaire entre les hommes et les dieux, il doit maintenir l'équilibre du monde en honorant Maât et tous les autres dieux, il est le garant de la justice sociale et de la vérité. Certes, pharaon délègue en grande partie ce pouvoir au clergé, mais il en assume la responsabilité.
Le monde a une fin : parallèlement au concept des cycles, les Egyptiens ont conscience d'un écoulement linéaire du temps, le monde a donc une fin. Cette fin résulte d'un acte conscient, inverse à celui de la création, mais dans un avenir lointain : dans "des millions d'années". Atoum parle : « Mais moi, je détruirai tout ce que j'ai créé. Ce monde reviendra à l'état des eaux primordiales, à l'état du flot primordial, comme à son commencement. Je suis ce qui restera avec Osiris ». D'ailleurs, une légende retrace une tentative de Rê, déçu par le hommes, de détruire l'humanité. Mais le massacre commencé, il regrette son geste et met fin à son projet.
La vision du monde selon les Egyptiens : le monde est divisé en trois : la terre, le ciel, le monde souterrain
- le monde terrestre : c'est le monde des hommes, leur naissance n'est évoquée que de manière brève («Tandis que je (Atoum) pleurais ..., les hommes vinrent à l'existence tels des larmes sorties de mon oeil ». Pour les Egyptiens, la Terre est un disque entouré par les eaux primordiales (le Noun), l'Egypte se trouve au centre des terres (égyptocentrisme). Le Nil sort du Noun, ainsi que sporadiquement la pluie. Au-delà des frontières de l'Egypte, s'étendent le régions où règnent le désordre : les pays étrangers.


Amon, aidé de Shou et Tefnout soutiennent la voûte céleste (Nout) au-dessus de Geb (la Terre), gisant au sol (British Museum).

- le monde céleste : c'est le royaume des divinités cosmiques : le dieu solaire, la lune, les étoiles. Les Egyptiens voient le ciel comme une sorte de voûte soutenue par quatre piliers disposés aux quatre coins de la Terre. Selon une autre conception, c'est la déesse Nout penchée sur la terre qui forme avec son corps la voûte céleste. Le soleil effectue sa course orbitale en suivant cette voûte, le soir, Nout avale le soleil pour l'engendrer à nouveau le matin. Chaque position du Soleil est symbolisé par un dieu différent : Soleil levant (Khepri), Soleil de midi (Rê-Horakhty), Soleil couchant (Atoum). De même, les étoiles parcourent le corps de la déesse la nuit.

- le monde souterrain : c'est le domaine des dieux de l'au-delà et des morts.
Chaque jour, le soleil disparaît de l'horizon à l'ouest pour entrer dans la monde souterrain, il y poursuit sa course en direction de l'est pour réapparaître le matin à l'orient. Mais le monde souterrain est rempli de dangers (notamment le terrible serpent Apophis) et le Soleil le parcourt dans les douze heures de la nuit, debout sur une barque, protégé par diverses divinités. Au cours de son voyage nocturne, le soleil apporte la lumière, source de vie, aux habitants du monde souterrain : les morts. Ceux-ci accomplissent le même périple que le soleil, affrontent les mêmes dangers avant de se présenter devant le tribunal d'Osiris pour être jugés et accéder éventuellement à la vie éternelle. Pour se protéger et s'orienter dans le monde souterrain, les défunts disposent de sortes de guides : "Livre des Deux Chemins, Livre des Portes, Livre des Cavernes, Livre de la Terre, Livre des Morts, l'Amdouat".
Voir ici pour plus de détails sur le monde souterrain et ici

L'astronomie est pratiquée par les prêtres, ils observent le ciel de la terrasse des temples. Ces observations ont permis d'établir un calendrier simple et précis (celui que nous utilisons aujourd'hui) et de repérer étoiles et constellations qui sont assimilées soit à des animaux (le taureau, le crocodile, le lion...), soit à des dieux. L'astronomie égyptienne resta cependant assez rudimentaire, elle n'atteignit pas celle des Babyloniens (les inventeurs du zodiaque) et celle des Grecs. Le mérite des Egyptiens réside dans l'invention d'un calendrier qui sera le socle des travaux des astronomes futurs.
Voir le célèbre zodiaque de Dendérah

Voir le plafond astronomique de la chambre funéraire de Ramsès VI
Voir le plafond astronomique de la tombe de Séthi Ier

Mythes et légendes : ces légendes (nombreuses) s'appuient sur des croyances populaires, connues seulement par des textes tardifs, elles sont cependant anciennes. On peut les classer dans trois grandes catégories :
- le cycle solaire : ces légendes se rattachent à la théologie d'Héliopolis. Le poème, repris dans le Livre de la Vache Céleste, se situe à une époque où les dieux et les hommes cohabitent sur terre sous l'autorité du maître de l'univers Rê. Au début, tout était parfait mais peu à peu Rê a subi l'effet du vieillissement alors que l'obscurité n'est pas soumise à ce phénomène. Les hommes décident alors de se révolter contre ce roi moins efficace. Alerté du complot, Rê décide de les combattre en envoyant contre eux son oeil* qui prend la forme de la lionne Sekhmet (ou la déesse Hathor dans d'autres versions). La lionne poursuit les hommes réfugiés dans le désert de Nubie. Mais le fauve dévore les hommes sans discontinuer et dans sa fureur refuse d'arrêter quand Rê lui demande de cesser son oeuvre destructrice. Pour sauver le reste de l'humanité Rê est obligé de recourir à une ruse : il mélange une teinte rouge à de la bière et répand le liquide sur les champs, la lionne croyant boire du sang humain s'enivre et oublie sa poursuite. Sekhmet se transforme alors en Hathor et ramène l'inondation du Nil qui se déclenche en juillet sous le signe du lion. Rê, lassé des hommes, décide alors avec les autres dieux (l'ennéade) de quitter le monde terrestre, seul Osiris réside dans le monde souterrain. Ainsi les hommes demeurent seuls sur terre et se combattent, isolés des dieux, ils ont perdu le monde paradisiaque du début, soumis au vieillissement, ils ne peuvent prétendre retrouver le paradis qu'après la mort.
* Oeil : le dieu du ciel avait le Soleil et la Lune pour yeux. Le dieu du ciel, le faucon Horus, fut identifié à Rê par
le clergé d’Héliopolis, son œil solaire devint la propriété de Rê, Horus ne gardant que l’œil lunaire. L'oeil de Rê peut se transformer tantôt en déesse lionne, tantôt en urœus (le cobra protecteur du pharaon).
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Le cycle horien (Horus) : ces légendes se mêlent étroitement à celles des cycles solaires et osiriens. A l’origine, Horus, dieu du Ciel, était distinct du Soleil, mais il fut accaparé d’une part par les prêtres d’Héliopolis qui le subordonnèrent à Atoum-Rê, et d’autre part par le cycle osirien qui le confondit avec un autre Horus, fils d’Osiris. Dans la Légende de l’œil d’Horus, Horus cherche à reprendre à son ennemi Seth, assassin d’Osiris, non pas son œil à lui, l’œil oudjat  que Seth lui avait arraché, mais l’œil de son père Rê.
- Le cycle osirien (Osiris) : ces légendes mêlent souvent les divinités des deux autres cycles. Le mythe d'Osiris est très important dans la religion égyptienne, c'est aussi le plus connu. Plutarque (historien grec, 46 - 120 ap JC) lui consacre un traité complet, De Iside et Osiride, où il consigne tous les renseignements qu’il put réunir lors de son voyage à Alexandrie. L’authenticité de son récit est confirmée notamment par les Textes des pyramides.
Le mythe d'Osiris :
Geb, dieu de la terre, et Nout, déesse du ciel, donnèrent naissance à quatre enfants : Osiris, Seth, Isis et Nephthys. Nephthys épousa son frère Seth, Osiris épousa sa soeur Isis. Pendant son règne, Osiris commença par délivrer les Égyptiens de la misère et de la sauvagerie, leur fit connaître l'agriculture, leur donna des lois et leur apprit à honorer les dieux et l’ordre universel (la Maât), puis il s'en alla par toute la terre apporter la civilisation. Pendant son absence, Isis assurait le pouvoir, mais à son retour Seth, jaloux d’Osiris, monta un complot contre lui. Il fit fabriquer un coffre aux dimensions d'Osiris et lors d'un banquet, auquel il avait invité Osiris, promit de l'offrir à quiconque s'y allongerait et le trouverait à sa taille. Osiris s'y allongea, Seth et ses complices refermèrent le couvercle avec des clous et du plomb fondu  et le jetèrent dans le Nil. Isis prit les habits du deuil et chercha le corps d'Osiris (c'est la première quête d’Isis). Après une longue recherche, elle le retrouva sur la côte phénicienne où un sapin, en poussant autour du coffre, l’avait protégé. Avec l’aide du roi de Byblos, Isis reprit le cadavre d’Osiris et le ramena en Égypte. Grâce à ses talents de magicienne et aidée d'Anubis, Isis réussit à ranimer un moment le corps de son mari, elle se transforma alors en faucon pour être fécondée. De cette union, naquit Horus. Isis se réfugia avec son nouveau-né et le cercueil d’Osiris dans les marais du Delta, à Chemnis. Mais Seth, une nuit où il chassait, le découvrit par hasard, il partagea le cadavre d'Osiris en quatorze morceaux qu'il dispersa dans le Nil. Isis l'apprit et se mit à la recherche des morceaux du corps de son mari (la seconde quête d’Isis). Elle retrouva un à un les morceaux d'Osiris, à l’exception du phallus qui avait été avalé par un poisson, l’oxyrhinque. Selon certaines sources, à chaque morceau qu'elle découvrait, Isis élevait un tombeau ; selon d'autres, aidée par Anubis, elle reconstitua le corps de son époux avec des bandelettes (c'est la première momie). A partir de ce moment, Osiris devint le roi du royaume des morts.
Par la suite, Osiris revint à la vie pour entraîner Horus au combat. Ce dernier, adulte, chercha alors à venger son père. Le combat contre Seth dura quatre-vingts ans. Lors d'une bataille, Seth arracha l'oeil gauche d'Horus, le découpa en six morceaux et le jeta dans le Nil. Mais Horus riposta en émasculant son ennemi, ainsi le mal restera stérile. Seth, vaincu fut enchaîné.
Thot, à l'aide d'un filet, repêcha tous les morceaux de l'oeil d'Horus, sauf un ; grand magicien, il reconstitua complètement l'oeil estropié d'Horus (l'oeil Oudjat). L'oeil Oudjat symbolise le triomphe du bien contre le mal et revêt une importance primordiale dans le culte funéraire égyptien. Horus fit don de son oeil à son père Osiris qui recouvrit ainsi la vue. Ce geste symbolise la piété filiale.
Isis ayant pitié de son frère le délia, lui rendit la liberté et l'envoya au désert.
Horus reprit l’héritage de son père Osiris, c’est-à-dire la souveraineté de l’Égypte. A ce titre, Horus est l’ancêtre de tous les pharaons, comme l’indique le nom sous lequel ils sont fréquemment désignés (Chéops, par exemple, s’appelle l’Horus «Ouser-ib» (l’Horus «Puissant de cœur»).
Certains ont pu voir
dans ce mythe, des événements historiques qui se seraient produits avant l’unification de l’Égypte vers 3200 avant J.-C. L’Égypte aurait été divisée en deux royaumes, l’un au sud gouverné par Seth, l’autre au nord dirigé par Osiris. Dans un premier temps, les luttes entre royaumes se seraient terminées par une victoire de Seth sur Osiris, le dieu civilisateur dont il jalousait les succès. Avec l’aide de partisans fidèles à son père, Horus, fils d’Osiris, aurait, dans une seconde phase, reconquis son propre royaume et, au cours de la lutte, envahi celui de Seth, dans le Sud, devenant ainsi le premier roi d’une Égypte unifiée. Seth aurait été alors rejeté hors des frontières du pays et serait devenu le dieu des déserts et des pays étrangers.
La magie : la religion égyptienne est imprégnée de magie. Par exemple, connaître le nom d'un dieu ou d'un ennemi c'est avoir du pouvoir sur lui, ainsi on inscrit les noms des ennemis de pharaon sur des statuettes ou des vases qui sont ensuite brisés et enterrés. Les Egyptiens écrivent aussi des lettres aux morts pour leur demander d'intervenir en leur faveur ; ces lettres sont déposées dans leurs tombes. Ils versent aussi de l'eau sur les images et les textes des statues de dieux, puis la boivent pour acquérir la puissance des dieux et des textes. Cette pratique pouvait immuniser contre des dangers terrestres (piqûres de scorpion, morsure de serpent) ou surnaturels (hostilité d’un dieu ou d’un génie malfaisant, voire d’un revenant). Les amulettes sont aussi considérées comme bénéfiques, elles représentent des divinités ou des objets contenant de la force magique, elles sont portées par les vivants et déposées sur la momie. Les Égyptiens croyaient aussi au rapport entre les événements mythologiques et la vie quotidienne, dans ce sens, ils dressèrent de véritables calendriers des jours fastes et néfastes. De même, ils croyaient que les rêves étaient prémonitoires, ils pouvaient éviter un malheur annoncé en faisant appel à la grande magicienne : Isis.
Les fêtes : elles sont indispensables au bon fonctionnement de l'univers car elle font revivre les événements fondateurs. Elles sont aussi des moments de divertissement, Hérodote rapporte qu'à la fête de Boubastis on consomme plus de vin que dans tout le reste de l'année. Pour en savoir plus sur les fêtes.

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