LES HIÉROGLYPHES LE DÉCHIFFREMENT DES HIÉROGLYPHES
Page réalisée par Jean-Louis Prady
Plan : Quatorze siècles de silence - Jean-François Champollion - Vers une philologie égyptienne moderne

QUATORZE SIECLES DE SILENCE

I- L’oubli et ses raisons.
Les textes égyptiens didactiques relatifs à l’écriture hiéroglyphique sont rarissimes. Le « papyrus de Tanis », document de loin le plus intéressant, n’est qu’une liste incomplète de hiéroglyphes avec leur correspondance hiératique et figurative.
47 av. J.-C. César, assiégé dans Alexandrie, brûle accidentellement la ville et sa bibliothèque. De très nombreux ouvrages disparaissent à jamais, en particulier ceux traitant éventuellement du système hiéroglyphique.
391 ap. J.-C. le « décret de Théodose I » proclame le christianisme religion d’Etat. Les temples païens sont fermés, or le secret de l’écriture hiéroglyphique est détenu par les seuls prêtres égyptiens.
Le Sérapeum d’Alexandrie, qui inclut en son enceinte la bibliothèque contenant entre autres des doubles des ouvrages de l’ancienne bibliothèque, est pillé sous l’impulsion de l’archevêque Théophile.
La dernière inscription hiéroglyphique connue se trouve à Philae et est datée du 24 août 394 ; la dernière inscription en démotique, écriture supplantée par le copte, gravée par un païen à Philae, date de 452.
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle l’église condamne l’écriture hiéroglyphique et ses possibles relations avec la langue biblique copte.

II- Les dépositaires hasardeux du système.
Hérodote d’Halicarnasse : (vers 485-vers 425 av. J.-C.) : grec, historien, voyageur.
Hérodote d’Halicarnasse : « Historiae » (étrangement traduit par L’Enquête) : le Livre II et le début du Livre III concernent l’Egypte.
Hérodote d’Halicarnasse : il y a coexistence d’une écriture « hiératique » (iératikos [iéros : sacré, divin] ; hiératicus) et « démotique » (dêmotikos [dêmos : peuple] ; démoticus) ; les Egyptiens écrivent de droite à gauche.
Diodore de Sicile : vers 50 ou 20 av. J.-C. : grec, historien, voyageur.
Diodore de Sicile : « Bibliothèque historique ».
Diodore de Sicile : il y a coexistence d’une écriture « hiératique » et « démotique », cette dernière étant la plus courante ; il établit quelques bonnes équivalences de signes ; l’écriture égyptienne est symbolique.
Chaerémon ou Chérémon : vers 60 : stoïcien, grammairien, un des précepteurs de Néron, directeur du Musée (et donc de la bibliothèque) d’Alexandrie.
Chaerémon ou Chérémon : « Hieroglyphica ».
Chaerémon ou Chérémon : les hiéroglyphes sont des « images » et des « sons » ; il établit quelques très bonnes équivalences de signes.
Pomponius Méla : Ier siècle : romain, géographe.
Pomponius Méla : « De situ orbis ».
Pomponius Méla : les Egyptiens écrivent de droite à gauche.
Plutarque de Chéronée : (vers 45-vers 130) : grec, biographe, moraliste, voyageur, proche de Trajan et précepteur de son fils adoptif Hadrien, gouverneur d’Illyrie, prêtre d’Apollon à Delphes.
Plutarque de Chéronée : « Du silence des oracles », « De Iside et Osiride » (D’Isis et d’Osiris).
Plutarque de Chéronée : l’alphabet égyptien est composé de 25 signes ; il établit quelques bonnes équivalences de signes ; l’écriture égyptienne à un caractère mystérieux comparable aux sentences de Pythagore.
Clément d’Alexandrie : (vers 180-215) : grec, Saint, évêque, père de l’église, platonicien, maître d’Origène.
Clément d’Alexandrie : « Stromates » (Mélanges), ouvrage qui nous est parvenue par l’intermédiaire de Suidas (Xe ou XIe siècle, lexicographe, grammairien) et surtout de Jean Tzetzès (1120-1183) (également dénommé Caecius, byzantin, prêtre, grammairien).
                                     : ses traductions ne sont que symbolisme fantaisiste ; il y a coexistence d’une écriture « épistolographique », « hiératique » et « hiéroglyphique » (iérogluphikos [iéros : sacré, divin ; gluphô : tailler, sculpter, graver, ciseler] ; hiéroglyphicus) ; l’écriture égyptienne est idéographique.
Plotin : (205-270) : égyptien d’origine romaine, représentant principal de l’école néo-platonicienne dite « école d’Alexandrie », il ouvre une école à Rome dans laquelle il a pour disciple Porphyre.
Plotin : « Ennéades ».
Plotin : l’écriture hiéroglyphique est symbolique.
Porphyre : (233-304) : néo-platonicien, élève de Plotin.
Porphyre : « Vie de Pythagore ».
Porphyre : il y a coexistence d’une écriture « épistolographique », « hiéroglyphique » et « symbolique » ; l’écriture égyptienne est symbolique.
Héliodore : IIIe-IVe siècle : grec, rhéteur, romancier, évêque de Tricca en Thessalie.
Héliodore : « Les Ethiopiques ».
Héliodore : il y a coexistence d’une écriture démotique et hiératique.
Ammien Marcellin : (vers 320-vers 390) : romain d’origine grecque, militaire, historien.
Ammien Marcellin : « Rerum gestarum » dans le Livre XXXI.
Ammien Marcellin : il établit quelques bonnes équivalences de signes ; l’écriture égyptienne est symbolique.
Hermapion : vers 390.
Hermapion : ses traductions ne sont que symbolisme fantaisiste ; il a néanmoins parfaitement retranscrit la traduction d’un obélisque héliopolitain bilingue de Ramsès II se trouvant à Rome.
Horapollon ou Horapollo : IVe siècle : égyptien, néo-platonicien, grammairien, converti au christianisme.
Horapollon ou Horapollo : « Hieroglyphica », manuscrit rédigé en copte, est découvert et acheté par la cité de Florence sur l’île grecque d’Andos. Sa traduction en grec en 1505 par un certain Philippe se range parmi les premiers livres imprimés et une réédition en latin est illustrée par Albrecht Dürer.
Horapollon ou Horapollo : il explique le sens de deux cents hiéroglyphes sans jamais tenter de traduire des inscriptions ; il établit quelques bonnes équivalences de signes.
Cyrille d’Alexandrie : (vers 380-444) : grec, Saint, patriarche d’Alexandrie en 412, il combat les hérésies et notamment le nestorianisme.
Cyrille d’Alexandrie : « Contre Julien ».
Cyrille d’Alexandrie : il établit quelques bonnes équivalences de signes.
Macrobe : IVe-Ve siècle : romain, compagnon de guerre de l’empereur Julien, homme politique, écrivain, grammairien.
Macrobe : « Saturnaliorum libri » (Saturnales).
Macrobe : il établit quelques bonnes équivalences de signes.
Cosmas Indiacopleustès : (« voyageur en Inde ») : V Ie siècle : alexandrin, marchand puis moine, voyageur, géographe.
Cosmas Indiacopleustès : (« voyageur en Inde ») : « Topographie chrétienne ».
Cosmas Indiacopleustès : (« voyageur en Inde ») : l’écriture égyptienne est symbolique.
Abénéphi : arabe, médecin.
Abénéphi : « Des sciences des anciens égyptiens ».
Abénéphi : il établit quelques bonnes équivalences de signes ; les hiéroglyphes sont de nature légendaire.
Alkandi : (IXe siècle-872) : arabe, médecin, philosophe.
Alkandi : les hiéroglyphes sont de nature légendaire.

III- Les collecteurs de signes.
A- Les égarés.
Jan Pierius Valerianus : 1556 « Hieroglyphica ».
Jan Pierius Valerianus : ses traductions ne sont que symbolisme fantaisiste.
Pierre Langlois : 1583 « Discours sur les hiéroglyphes Egyptiens ».
Pierre Langlois : ses traductions ne sont que symbolisme fantaisiste et poétique.
B- Les amateurs éclairés.
Nicolas Claude Fabri de Peiresc : (1580-1637) : grand érudit, diplômé de droit à Padoue, conseiller au Parlement d’Aix-en-Provence, philologue, voyageur, collectionneur, numismate,
astronome (il établit la première carte de la lune avec Pierre Gassendi), naturaliste (il introduit en France de nombreuses plantes et le chat Angora).
Nicolas Claude Fabri de Peiresc : initiateur du copte en France ; le copte est le dernier dérivé de l’écriture hiéroglyphique.

Le copte : alphabet grec augmenté de 7 signes empruntés au démotique afin de répondre aux spécificités phonétiques de la langue et de l’écriture égyptienne (absence de voyelles et consonnes particulières). Il est en particulier utilisé par les descendants chrétiens des anciens égyptiens.
Le copte : le pré-copte est apparu vers 500 av. J.-C., le vieux copte au Ier siècle, le copte classique au IIIe siècle. S’il s’est éteint au XVIe siècle, il est toujours lu dans les églises de rite copte.
Le copte : les premiers livres coptes ayant été traduits en arabe, celui qui maîtrise cette langue a donc accès à la forme ultime de la langue ancienne égyptienne.

Pietro della Valle : (1586-1652) : italien, voyageur.
Pietro della Valle : « Scala vat. Copte 21 », lexique copto-arabe qu’il transmet à Thomas (d’) Obicini.
Pietro della Valle : pionnier dans l’étude du copte.
Claude Saumaise : (1588-1653) : grand érudit, philologue, voyageur, appartenant à l’église réformée il vit à Leyde.
Claude Saumaise : pionnier dans l’étude du copte.
Gilles de Loches : XVIe-XVIIe siècle : capucin.
Gilles de Loches : pionnier dans l’étude du copte.
Thomas (d’) Obicini ou Thomas de Novarre : XVIe-XVIIe siècle : franciscain, orientaliste, Pietro della Valle lui transmet son lexique copto-arabe « Scala vat. Copte 21 ».
Thomas (d’) Obicini ou Thomas de Novarre : pionnier dans l’étude du copte.
Athanase Kircher : (1602 Hesse-1680 Rome) : Athanasius Kircher, jésuite, mathématicien, physicien, astronome, naturaliste, philosophe, linguiste (mais il ne maîtrise ni le copte ni l’arabe), pasigraphe, musicologue, inventeur de la lanterne magique, de la « trompette stantorphonique », du pantomètre et d’une machine à écrire, professeur de perspective de Nicolas Poussin, fondateur du Museum Kircherianum à Rome en 1678.
Athanase Kircher : 1636 « Prodromus Coptus Sive Aegyptiacus » ; 1643 « Lingua Aegyptiaca Restituta » (La langue égyptienne restituée) ; 1652-1654 « Oedipus Aegyptiacus », œuvre
en 4 volumes basée sur une étude des obélisques européens.
Athanase Kircher : il possède un ouvrage attribué à Barachias Nephi de Babylone prétendant donner l’explication de l’écriture hiéroglyphique
Athanase Kircher : le copte est le dernier dérivé de l’écriture hiéroglyphique ; il existe une relation entre l’écriture hiéroglyphique et la « cursive hiéroglyphique » (le hiératique) ; ses
traductions ne sont que symbolisme fantaisiste ; il détourne les travaux sur le copte de Thomas (d’) Obicini et ne tient aucun compte des conseils de Nicolas Claude Fabri de Peiresc
concernant cette langue ; à sa décharge il est lié par Rome qui considère le copte comme une langue biblique.
John Wilkins : (1614-1672) : Monseigneur, archevêque anglican de Chester, pasigraphe.
John Wilkins : 1668 « An Essay towards a real character, and a philosophical language ».
John Wilkins : l’écriture hiéroglyphique est un « système d’images élémentaires ».
Bernard de Montfaucon : (1655-1741) : militaire puis bénédictin, il séjourne à Rome, linguiste, traducteur des pères de l’église grecque, numismate, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Bernard de Montfaucon : 1719 « Antiquité expliquée ».
Bernard de Montfaucon : spécialiste en copte.
Paul-Ernst Jablonsky : (1693-1757) : prussien, arrière-petit-fils de Coménius, pasteur.
Paul-Ernst Jablonsky : 1740 « Phanteon Aegyptiorum ».
Paul-Ernst Jablonsky : ses traductions ne sont que symbolisme fantaisiste ; le copte est le dernier dérivé de l’écriture hiéroglyphique, conclusion tirée d’une étude basée sur des noms de divinités.
William Warburton : (1698-1779) : Monseigneur, évêque anglican de Gloucester, juriste, ennemi de Voltaire.
William Warburton : 1744 « Essai sur les hiéroglyphes des égyptiens » est une traduction de Marc Antoine Léonard de Malpeines tiré arbitrairement de « The legation of Moses »
(la divine mission de Moïse) écrite en 1738.
William Warburton : les hiéroglyphes sont des phonétiques et des idéogrammes ; il y a unicité des trois écritures (hiéroglyphique, hiératique et démotique).
Olof Gerhard Tychsen : (1734 -1815) : duché de Slesvig , orientaliste.

C- Les orientalistes-sinologues.
Nicolas Fréret : (1668-1749) : érudit, historien, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Nicolas Fréret : l’écriture hiéroglyphique est symbolique.
Etienne Fourmont : (1683-1745) : professeur d’arabe au Collège de France, professeur de Joseph de Guignes et d’Abel de Rémusat.
Joseph de Guignes : (1721-1800) : comte, élève d’Etienne Fourmont, professeur de syriaque au Collège de France, garde des antiques au Louvre, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Joseph de Guignes : 1758 il présente deux mémoires devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres ; 1764 « Essai sur le moyen de parvenir à la lecture et à l’intelligence des Hiéroglyphes Egyptiens ».
Joseph de Guignes : il y a unicité des trois écritures ; il y a absence de voyelles ; les « ovales » (les cartouches) contiennent des noms de rois ; la Chine étant une colonie égyptienne, l’écriture chinoise procède de l’écriture hiéroglyphique !
Abel de Rémusat : (1788-1832) : élève d’Etienne Fourmont, titulaire de la chaire de chinois au Collège de France, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Abel de Rémusat : 1759 « Mémoire dans lequel on prouve que les chinois sont une colonie égyptienne ».
Cibot.

D- Les pionniers.
Jean-Jacques Barthélemy : (1716-1795) : abbé, numismate, conservateur du cabinet des antiques et médailles de la Bibliothèque Nationale, écrivain, ami du duc de Choiseul, membre de
l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1747, membre de l’Académie française en 1789.
Jean-Jacques Barthélemy : 1762 compte rendu écrit dans le « Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines » du comte de Caylus.
Jean-Jacques Barthélemy : les cartouches contiennent des noms de rois ou de divinités ; le copte est le dernier dérivé de l’écriture hiéroglyphique ; il établit le sens de lecture de
l’écriture hiéroglyphique.
Karsten Niebuhr : (1733-1815) : danois, voyageur, géographe, il a relevé les inscriptions qui ont permis de déchiffrer l’écriture cunéiforme.
Karsten Niebuhr : en raison de leur nombre les hiéroglyphes sont des phonétiques et des idéogrammes.
Jörgen Zoëga : (1755-1809) : danois, diplomate, numismate.
Jörgen Zoëga : 1797 « De Usu et Origine Obeliscum » (De l’usage et de l’origine des obélisques), ouvrage basée sur une étude des obélisques romains.
Jörgen Zoëga : les cartouches contiennent des noms de rois ; les hiéroglyphes sont des phonétiques et des idéogrammes ; l’écriture hiéroglyphique est intangible ; il dresse un tableau
récapitulatif des hiéroglyphes.

IV- Les adorateurs de la pierre de Rosette.
Le 19 juillet 1799, durant l’expédition d’Egypte, des travaux de terrassement sont effectués dans le fort Julien de Rosette. Le lieutenant du génie Pierre Bouchard (1772-1832) (polytechnicien) découvre une stèle de granit noir de 1 m 14 de haut, 72 cm de large, 28 cm d’épaisseur et pesant 762 kg, dite « pierre de Rosette ».
Il s’agit d’un décret sacerdotal memphite de 196 av. J.C. dans lequel un concile de prêtres rend les honneurs à Ptolémée V Epiphane à l’occasion de la commémoration de la neuvième année de son couronnement. Le texte trilingue est rédigé en grec, en démotique (écriture appelée « anchoriale » par les savants de Bonaparte) et en hiéroglyphes.
La pierre de Rosette est envoyée à l’Institut d’Egypte du Caire où sont effectués des copies par encrage ainsi qu’un moulage. Afin d’échapper aux anglais elle est transférée dans un entrepôt d’Alexandrie avec les bagages du général Menou. Lors du traité de capitulation d’Alexandrie de 1801 elle est remise au colonel Turner et envoyée à la Society of Antiquaries de Londres où sont effectués moulages et copies. Enfin, en 1802 elle est déposée au British Museum.

A- Encore les égarés.
Constantin de Chasseboeuf dit Volnay : (« Voltaire et Fernay ») : (1757-1820) : comte, érudit, lié aux encyclopédistes, médecin, linguiste, voyageur, représentant du tiers état aux Etats généraux, sénateur d’Empire, membre de la Chambre des pairs, membre de l’Académie française en 1803.
Alexandre Lenoir : (1762-1839) : conservateur des bâtiments publics, créateur et directeur du musée des monuments français.
Alexandre Lenoir : 1797 « Explication des hiéroglyphes » ; 1808 « Nouvelle explication des hiéroglyphes ».
Wilhelm de Humboldt : (1767-1835) : baron, prussien, frère d’Alexander, homme d’Etat, conseiller du roi de Prusse, un des rédacteurs du traité de Vienne de 1815, philologue, fondateur
de l’université de Berlin.
Alexander de Humboldt : (1769-1859) : baron, prussien, frère de Wilhelm, explorateur, géographe (créateur de la géographie botanique), naturaliste, un des premiers climatologues et
océanographes.
Joseph Fourier : (1768-1830) : baron d’empire, géomètre, mathématicien, physicien, membre de l’expédition d’Egypte, secrétaire général de l’Institut d’Egypte fondé en 1798, fondateur de
la bibliothèque du Caire, préfacier de la « Description de l’Egypte », préfet de l’Isère en 1802, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences en 1822, membre de l’Académie
française en 1827.
Joseph Ripault : (1775 -1823) : ecclésiastique, philologue, collectionneur, libraire, membre de l’expédition d’Egypte, bibliothécaire de l’Institut d’Egypte.
Edme Jomard : (1777-1862) : ingénieur, géographe, collectionneur, membre de l’expédition d ’Egypte, directeur la Commission d’Egypte chargée de la publication de la « Description de
l’Egypte » en 1807, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1818, membre de l’Académie française en 1838, fondateur avec Ferdinand de Lesseps de la
Compagnie du canal de Suez, opposant de J-F.
Edme Jomard : 1816-1819 « Sur les signes numériques des anciens Egyptiens ».
Etienne Quatremère : (1782-1857) : élève de Silvestre de Sacy, orientaliste spécialiste en copte, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1815, professeur
d’hébreu et de syriaque au Collège de France, opposant de J-F.
Etienne Quatremère : 1808 « Recherches critiques et historiques sur la langue et la littérature de l’Egypte » ; 1811 « Mémoire géographique et historique sur l’Egypte ».
Jean Letronne : (1787-1848) : helléniste, géographe, voyageur, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1816, professeur d’archéologie au Collège de France,
directeur de l’Ecole des chartes, un temps opposant de J-F.
Jean Letronne : 1840 « Inscription de Rosette ».
N. Palin ou Pahlin : comte, sinologue.
N. Palin ou Pahlin : 1802 « Lettres sur les Hiéroglyphes » ; 1804 « Essai sur les Hiéroglyphes » ; 1804 « Analyse de l’Inscription en Hiéroglyphes du Monument trouvé à Rosette » ;
1830 « Nouvelles Recherches ».
N. Palin ou Pahlin : l’écriture hiéroglyphique est symbolique ; l’écriture chinoise et hiéroglyphique sont liées.
Johann Séverin : XIXe siècle : ecclésiastique.
Johann Séverin : il propose un alphabet de 30 signes hiératiques.

B- Les candidats à la solution.
Silvestre de Sacy : (1758-1838) : baron en 1812, membre de la chambre des pairs, orientaliste, administrateur du Collège de France où il est titulaire de la chaire de persan, un des fondateurs en 1795 de l’Ecole Spéciale des Langues Orientales dont il est directeur et titulaire de la chaire d’arabe, recteur de l’université de Paris, professeur d’Etienne Quatremère, de Johann David Akerblad et de J-F dont il est longtemps un des opposants, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1833 à la suite du décès
de Bon Joseph Dacier (infra).
Silvestre de Sacy : 1802 « Lettre à M. Chaptal » (ministre).
Silvestre de Sacy : il identifie des noms propres grecs par rapport au texte démotique (« Alexandre », « Alexandrie », « Ptolémée », « Arsinoé ») ; les noms propres précédents étant alphabétiques, le démotique est donc alphabétique ; il classe les hiéroglyphes en 25 groupes afin de se recouper avec Plutarque.
Johann David Akerblad : (1763-1819) : (prononcer Okerblad), suédois, diplomate, élève de Sylvestre de Sacy alors qu’il est attaché au consulat de Suède à Paris, linguiste spécialiste de
copte et d’arabe, il entretient une correspondance avec J-F et Thomas Young à qui il transmet son alphabet en 1814.
Johann David Akerblad : 1801 « Lettre sur l’écriture cursive copte, adressée au citoyen S. de Sacy » ; 1802 « Lettre sur l’Inscription Egyptienne de Rosette, adressée au citoyen S. de
Sacy ».
Johann David Akerblad : il identifie des noms propres grecs par rapport au texte démotique (« Alexandre », « Arsinoé », « Ptolémée », « Bérénice ») ; il identifie les mots « temple » et « Grecs » ; il établit un début d’alphabet démotique de 16 signes ; les noms propres précédents étant alphabétique, le démotique est donc alphabétique.
Thomas Young : (1773-1829) : anglais, mathématicien, physicien, chimiste, opticien et médecin ophtalmologiste (découvreur des interférences optiques et de l’accommodation du cristallin), botaniste, philosophe, il étudie les langues orientales (mais pas le copte).
Thomas Young : 1814 Johann David Akerblad lui transmet son alphabet. 1815 il publie un article intitulé « Remarks on Egyptian Papyri and on the Inscription of Rosetta » dans « Archaeologia » : certains signes démotiques dérivent de signes hiéroglyphiques ; l’écriture hiéroglyphique n’est pas alphabétique. 1819 il publie un article intitulé « Egypt » dans
l’« Encyclopaedia Britannica » : il met en rapport 86 mots démotiques avec le texte grec ; il isole 13 signes à partir de « Ptolémée » et de « Bérénice » (ce dernier nom étant tiré d’une inscription de Karnak reproduite dans la « Description de l’Egypte » dont 6 sont bons ; il isole 218 mots hiéroglyphiques dont de nombreux sont bons ; il établit un alphabet démotique.
Thomas Young : sa méthode est comparative et non systémique, les signes sont devinés et non démontrés ; l’écriture hiéroglyphique est idéographique hormis les noms propres étrangers qui sont phonétiques ; il y a unicité des trois écritures.
Thomas Young : il est soutenu par Edme Jomard et, durant longtemps, par Silvestre de Sacy et Jean Letronne.

JEAN-FRANÇOIS CHAMPOLLION « LE JEUNE » FONDATEUR D’ UNE SCIENCE : L’EGYPTOLOGIE

I- Figeac : la petite enfance : de 1 à 10 ans.
Le 23 décembre 1790 J-F naît à Figeac, impasse de la Boudousquerie (actuelle impasse Champollion) dans une belle maison de bourg transformée en 1986 en « musée Champollion ».
Jacques (1744-1821), son père, ancien colporteur en livres, est libraire. Jeanne-Françoise Gualieu (1744-1807), sa mère, est une bourgeoise analphabète de 48 ans à qui un mage aurait annoncé qu’elle donnerait naissance à « la lumière des siècles à venir ». Il a trois sœurs, Thérèse (1774-1850), Pétronille (1776-?) et Marie-Jeanne (1782-1833), et un frère, Jacques Joseph dit « Figeac » (1778-1867), qui est également son parrain.
1798 J-J sollicite sans succès la faveur d’être attaché à la commission scientifique de l’expédition d’Egypte.
Jusqu’en 1798 J-J se charge de l’éducation de J-F.
1799 à la suite du départ de J-J à Grenoble comme commis dans l’entreprise familiale d’import-export J-F entre à l’école primaire. Il est ensuite confié à l’abbé dom Calmels (ancien
précepteur de J-J) qui lui enseigne les rudiments de latin (et de grec ?).

II- Grenoble : l’influence de J-J sur J-F ou l’Egypte en Dauphiné : de 10 à 17 ans.
1801 J-F rejoint J-J à Grenoble. J-J bibliophile, érudit, spécialiste en lettres anciennes, est chargé de s’occuper des antiquités locales par son ami Joseph Fourier.
J-F est confié à un instituteur. Ensuite, tout en suivant les cours de l’école centrale de la circonscription, il est éduqué par J-J puis par l’abbé Dussert qui lui enseigne l’hébreu, l’arabe, le syriaque et le chaldéen ou araméen.
1803 J-J est reçu à l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble.
1804 J-F entre au lycée impérial de l’abbé Claude-Marie Gattel (1743-1812) (proviseur, professeur de grammaire de Stendhal). Il y rencontre Augustin Thévenet, son ami le plus cher.
Joseph Fourier, chargé de la rédaction de l’introduction de la « Description de l’Egypte », demande à J-J de l’aider dans ses recherches.
J-J fait une communication relative à la pierre de Rosette devant l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble.
J-F écrit « Remarques sur la Fable des Géants d’après les étymologies hébraïques ».
1805 J-J traduit le texte grec de la pierre de Rosette.
Chez Joseph Fourier J-F rencontre dom Raphaël de Monachis (1759-1831) (Antün Zakkür, prêtre syrien de rite catholique grec, étudiant à Rome, membre de l’expédition d’Egypte en tant qu’interprète d’arabe auprès de Joseph Fourier, il retourne en Egypte en 1816) qui l’intéresse au copte.
1806 J-J est nommé secrétaire général de l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble.
J-J adresse à Joseph Fourier une « Lettre sur une inscription grecque du temple de Dendérah ».
1807 J-F tombe amoureux de Pauline Berriat, fille du futur maire de Grenoble. J-J épouse Zoé, la sœur de Pauline, qui apporte en dot une maison de campagne située à Vif ouverte au public en 2004.
J-F quitte le lycée impérial.
Il présente « Essai de description géographique de l’Egypte avant la conquête de Cambyse » devant l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble.

III- Paris (8, rue de l’Echelle-Saint-Honoré, chez les Mécran) : J-F l’étudiant : de 17 à 18 ans.
1807 (suite) J-F est élève au Collège de France avec pour professeurs Silvestre de Sacy (cours d’arabe et de persan), Jean-Jacques Caussin de Perceval (cours d’arabe) (1759-1835)
(membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1809), Louis Langlès (cours de persan et de malais) (1763-1824) (un des fondateurs en 1795 de l’Ecole Spéciale des Langues Orientales, un de ses futurs opposants) et enfin Prosper Audran (cours d’arabe, d’hébreu, de syriaque et de chaldéen ou araméen) qu’il remplace parfois en cours !
Il est également étudiant à l’Ecole Spéciale des Langues Orientales avec pour enseignants dom Raphaël de Monachis (cours d’arabe et de copte), Louis Langlès et Silvestre de Sacy.
Il est enfin élève à la Bibliothèque Impériale où professe Aubin Millin de Grandmaison (1759-1818) (archéologue, numismate, conservateur du cabinet des antiques et médailles de la Bibliothèque Nationale, naturaliste, un ami).
Il fréquente la Commission d’Egypte ; il visite l’abbé de Tersan qui met à sa disposition une copie de la pierre de Rosette ; à l’église Saint-Roch il étudie avec le vicaire copte Geha ou Icaha Cheftitchi (auxiliaire de l’armée d’Orient, collaborateur occasionnel à la « Description d’Egypte ») pour qui le copte découle de l’ancien égyptien.
Jean-Antoine Saint-Martin, son meilleur ami d’études, deviendra par la suite un de ses pires opposants. Il se lie également d’amitié avec Léon Jean-Joseph Dubois (1780-1846) (dessinateur, mouleur, élève de Gros, futur conservateur adjoint de la division égyptienne et orientale du musée Charles X [futur musée du Louvre] ) qui l’initie à l’art égyptien.
1808 J-F débute sa « grammaire copte ». Il étudie l’inscription démotique de la pierre de Rosette. Il améliore l’alphabet de Johann David Akerblad.
Il devient membre correspondant de l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble grâce au docteur Gagnon (grenoblois, grand-père de Stendhal).
Il tombe amoureux de Louise Deschamp, jeune épouse d’un fonctionnaire.
Naissance d’Ali, fils de J-J.

IV- Grenoble (chez ses beaux-parents les Berriat) : J-F le chercheur, J-J le notable : de 18 à 25 ans.
1809 J-F est nommé professeur adjoint d’histoire ancienne à la faculté des lettres de Grenoble. J-J y enseigne la littérature grecque et en est le secrétaire général et le bibliothécaire adjoint. J-J est également rédacteur en chef des « Annales du département de l’Isère » et conseiller du préfet de l’Isère Joseph Fourier.
J-F participe aux recherches de J-J relatives à la rédaction de l’introduction de la « Description de l’Egypte » dont est chargé Joseph Fourier.
« Dissertation sur l’inscription de Rosette » est une étude de J-J sur le texte grec de la pierre de Rosette.
1810 J-J et J-F sont nommés docteur ès lettres. Ils établissent le catalogue des œuvres antiques du musée de Grenoble et participent aux « mercredis » de Joseph Fourier, réunions rassemblant des spécialistes de toutes disciplines.
J-F écrit le « Discours d’ouverture du cours d’histoire de l’Académie de Grenoble ».
Il présente « Ecritures anciennes des égyptiens » devant l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble : l’écriture hiéroglyphique est idéographique et phonétique ; il y a unicité des trois écritures.
1811 J-F écrit l’introduction de « L’Egypte sous les Pharaons ».
1812 J-J est nommé conservateur en chef de la bibliothèque et doyen de la faculté des lettres de Grenoble mais perd son poste de rédacteur en chef des « Annales du département de l’Isère ».
J-F est nommé assistant bibliothécaire et secrétaire à la faculté des lettres de Grenoble.
Il fréquente Rose dite « Rosine » Blanc (1794 -?), fille d’un gantier grenoblois, cousine des sœurs Berriat.
Décès de Pauline Berriat.
1814 « L’Egypte sous les Pharaons. Description géographique » de J-F : l’écriture hiéroglyphique comporte peu de voyelles.
A la chute du premier Empire J-J et J-F se rallient aux Bourbons.

V- Les Cent Jours et l’exil fijeacois des « Champoléon » : de 25 à 26 ans.
1815 J-J rencontre Napoléon à Grenoble, le suit à Paris où il fait partie de son entourage et obtient la Légion d’Honneur.
J-F appartient au courant libéral napoléonien et est à la tête de la « Fédération » regroupant les tendances dauphinoises napoléoniennes. Il est nommé rédacteur en chef des « Annales du département de l’Isère » dont il est rapidement chassé en raison de son opposition aux ultras. Sa chaire d’histoire ancienne à la faculté des lettres de Grenoble est
supprimée.
J-J et J-F s’opposent au nouveau préfet ultra de l’Isère le comte de Montlivault.
J-F entretien une correspondance avec Thomas Young.
1816 les « Champoléon » sont expulsés à Figeac. Ils découvrent Uxellodunum (Capdenac-le-Haut), dernière place forte de Gaule prise par César. Ils s’occupent de l’école d’enseignement mutuel ou lancastérienne dans laquelle, selon la théorie de Joseph Lancaster (1771-1838) (anglais, quaker) appliquée depuis un décret de 1815 les enfants les plus avancés
enseignent à leurs camarades.

VI- Grenoble : recherches et errements : de 26 à 31 ans.
1817 J-J et J-F sont libérés. J-J part à Paris où il devient secrétaire et ami de Bon-Joseph Dacier (1742-33) (baron en 1830, fiscaliste, helléniste, conservateur de la Bibliothèque Nationale, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1782, membre de l’Académie française en 1822).
J-F revient à Grenoble avec son neveu Ali qu’il éduque. Il est proche du préfet de l’Isère François Chopin d’Arnouville, un libéral bourbon.
1818 J-F est nommé professeur d’histoire au lycée de Grenoble et réintègre ses fonctions de bibliothécaire à la faculté des lettres. Il crée et dirige l’école d’enseignement mutuel.
J-J devient membre correspondant de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres après avoir publié « Annales des Lagides, ou chronologie des rois grecs d’Egypte successeurs d’Alexandre le Grand ».
J-F épouse Rosine Blanc en l’absence de J-J qui désapprouve cette union.
« Quelques hiéroglyphes de la pierre de Rosette », mémoire de J-F présenté devant l’Académie des Sciences et des Arts de Grenoble, n’est qu’errements : les hiéroglyphes sont symboliques ; le démotique est antérieur à l’écriture hiéroglyphique ; le démotique est alphabétique.
1820 animateur du cercle républicain « L’union », J-F s’oppose à Charles Lemercier de Longpré baron d’Haussez (1778-1854) (ministre de la marine en 1830), le préfet anti-libéral de l’Isère.
J-J échoue une première fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
1821 pensant à tort que Louis XVIII était mort, J-F participe à une « insurrection » étudiante à l’issue de laquelle il est jugé et relaxé. Il perd sa place de professeur d’histoire au lycée de Grenoble et de directeur de l’école d’enseignement mutuel. Il décide donc de partir à Paris et de se consacrer à ses recherches.

VII- Paris (28, rue Mazarine, chez J-J) : J-F tient son affaire ou quatre années de recherches pour quatorze siècles de silence : de 31 à 34 ans.
1821 (suite) la querelle du zodiaque de Denderah oppose J-F à Edme Jomard qui le date vers 1200 av. J.-C. alors que J-F le situe à l’époque romaine.
« De l’écriture hiératique des anciens Egyptiens », mémoire présenté par J-F devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, comporte des conclusions contrastées : il y a unicité des trois écritures ; l’hiératique est une simplification de l’écriture hiéroglyphique ; il établit un tableau de correspondance entre hiéroglyphes et hiératique ; l’écriture hiéroglyphique est idéographique.
J-F rencontre Thomas Young.
Il revient à son postulat de 1810 : la pierre de Rosette comportant 486 mots grecs pour 1419 hiéroglyphes, ces derniers sont donc idéographiques et phonétiques.
A partir de la pierre de Rosette, mais sans pouvoir le prouver, il attribue à 7 hiéroglyphes la valeur des 7 lettres du nom copte « PTOLMIS ».
1822 « De l’obélisque égyptien de Philae » est une étude de J-F basée sur une lithographie d’un obélisque bilingue (hiéroglyphes et grec) de Philae, improprement appelée « aiguille de Cléopâtre », ramenée par William Bankes (-1855) (anglais, voyageur, collectionneur) dans sa demeure de Kingston Lacy dans le Dorset en 1819. Le texte comportant le cartouche de Cléopâtre, il peut donc comparer « PTOLMIS » avec « KLEOPATRA » : il traduit 12 hiéroglyphes ; si les hiéroglyphes P, O et L sont communs aux deux noms, ce n’est pas le cas du T, donc pour une même phonétique il y a plusieurs hiéroglyphes possibles.
A partir du zodiaque de Denderah J-F traduit « AUTOCRATOR » pour César, preuve de sa datation romaine, alors que Thomas Young déduisait « Arsinoé » !
Dans ce même zodiaque, le nom d’une étoile est suivi de la représentation d’une étoile : il met en évidence l’existence des « déterminatifs ».
Son discours devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres sur le démotique marque sa réconciliation avec le président de l’Académie Silvestre de Sacy : les trois écritures procèdent d’un même système.
Le 14 septembre, travaillant sur des copies de cartouches d’Abou Simbel et d’Amada envoyées par son ami Jean Nicolas Huyot (1780-1840) (voyageur, architecte, il termine l’édification de l’Arc de Triomphe), J-F déchiffre « RAMSÈS » et « THOUTMÈS » : ses thèses prévalent pour toutes les périodes ; de l’Arc de Triomphe), J-F déchiffre « RAMSÈS » et « THOUTMÈS » : des phonétiques sont associées à des idéogrammes :
RA

en copte 

idéogramme

  THOUT

donc idéogramme

MS

déchiffré, « micé » en copte  

phonétique

PUIS MS

 phonétique

SS

déjà déchiffré

phonétique

  S

phonétique

Selon les sources il se rend soit de l’Institut Royal à la rue Mazarine, soit de la rue Mazarine à la bibliothèque de l’Institut Royal où J-J est bibliothécaire, et lui dit « je tiens mon (l’)affaire ! ». Il tomberait alors en syncope durant cinq jours !
Le 27 septembre J-F lit devant l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres sa « Lettre à M. Dacier, secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques employés par les Egyptiens pour inscrire sur leurs monuments les titres, les noms et les surnoms des souverains grecs et
romains » à laquelle J-J a fortement contribué. Cet exposé, symboliquement considéré comme l’acte de naissance de l’égyptologie, ne porte en fait que sur une partie restreinte de ses résultats. C’est un véritable triomphe auquel Thomas Young, invité, assiste.
1823-1831 « Panthéon égyptien » de J-F est édité en 15 fascicules avec des dessins de Léon Jean-Joseph Dubois.
Il rencontre le duc Louis-Casimir de Blacas d’Aulps (1770-1839) (ministre ultra, ami d’exil puis conseiller de Louis XVIII, ambassadeur à Naples et à Rome, pair de France, collectionneur) qui devient son protecteur.
1824 la première édition du « Précis du système hiéroglyphique des anciens Egyptiens » de J-F (la seconde édition accompagnée de la « Lettre à M. Dacier » sera éditée en 1828) est envoyée à Bon-Joseph Dacier, Joseph Fourier, les frères Humbolt, Henry Salt (1780-1827) (consul général d’Angleterre en Egypte où il travaille avec Gianbattista Belzoni, voyageur, peintre et sculpteur, collectionneur, auteur en 1825 de « Essay on Dr Young and M. Champollion phonetic system of hieroglyphs »), John Gardner Wilkinson (infra) et au duc Louis- Casimir de Blacas d’Aulps.
Edme Jomard, Etienne Quatremère, et pour un temps Jean Letronne et Silvestre de Sacy sont opposés à cet ouvrage. Quant à Thomas Young il abandonne ses recherches alors mêmequ’il nie sa défaite.
J-F est reçu en audience par Louis XVIII.
Naissance de sa fille Zoraïde (1824-1889) qu’il ne verra à Grenoble que deux mois plus tard !

VIII- Voyages en Italie ou l’Egypte en Italie : de 34 à 36 ans.
1824 (suite) la cour de Sardaigne et du Piémont à Turin achète la « Drovettiana » ou collection Drovetti (1776-1852) (Bernardino Drovetti, piémontais naturalisé français, naturaliste, avocat, créateur de la légion piémontaise napoléonienne, colonel proche de Murat lors de l’Expédition d’Egypte, collectionneur, consul général de France à Alexandrie où il travaille avec Jean-Jacques Rifaud [1786-1845] [sculpteur, médiocre archéologue] ) donnant ainsi naissance au musée royal égyptien, l’actuel musée de Turin. Cette collection avait
auparavant échappé à la France par la faute d’Edme Jomard qui la trouvait trop chère.
Grâce au duc Casimir de Blacas d’Aulps, Louis XVIII accepte de financer un voyage de J-F à Turin.
Il se lie d’amitié avec l’abbé Costanzo Gazzera (1778-1859) (orientaliste).
Il établit le catalogue officiel de la collection Drovetti.
Il reconstitue le « papyrus de Turin », canon royal hiératique des souverains antérieurs à la XVIIIe dynastie, ce qui lui donne raison sur Johann Winckelmann (1717-1768) (prussien,
historien d’art, archéologue, antiquaire, bibliothécaire du Vatican) pour qui l’architecture grecque est antérieure à l’architecture égyptienne.
Il restitue le système numérique et le calendrier égyptiens, découvertes que le chevalier Giulio Cordero di San Quintino, directeur du musée royal égyptien, tente vainement de s’approprier.
J-F adresse trois « Lettres à M. le duc de Blacas d’Aulps relatives au Musée royal égyptien de Turin » (les deux autres seront écrites en 1826).
Il est nommé membre correspondant de l’Académie de Turin.
J-J échoue une seconde fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
1825 J-F voyage en Italie.
A Naples il rencontre le duc Casimir de Blacas d’Aulps et Sir William Gell (anglais, archéologue, un ami).
A Rome il étudie les obélisques et les papyrus de la bibliothèque Vaticane. Il rencontre le pape Léon XII qui lui fait avoir la Légion d’Honneur.
A Florence il visite la collection Nizzoli (Guizeppe Nizzoli, consul d’Autriche). Il rencontre Giovanni Battista Caviglia (1770-1875) (marin génois naturalisé anglais, agent de Henry Salt, ésotériste).
A Livourne il visite la collection des banquiers Santoni (Pietro Santoni est un ami de Jean Nicolas Huyot) qui est en fait la collection Salt qu’il désire acheter. Il rencontre Alesandro Ricci (médecin, voyageur).
J-F séjourne ensuite à Grenoble.
La collection Durand, composée de 2042 pièces, constitue le véritable premier fond d’antiquités égyptiennes du futur musée Charles X (le Louvre actuel).
1826 J-F retourne à Livourne où il achète pour Charles X la collection Salt composée de 4014 pièces, collection que l’Angleterre trouvait trop chère. Edme Jomard, opposé à cet achat, préférait la collection Passalacqua (1797-1865) (Giuseppe Passalacqua, ancien maquignon de Trieste) acquise finalement par la Prusse, donnant ainsi naissance à l’actuel musée deBerlin.
Il tombe amoureux de la poétesse grecque Angelica Palli lors de sa réception comme membre correspondant de l’Académie de Livourne. Il lui adressera 30 lettres jusqu’en 1829.
Il rencontre Ippolito Rosellini (1800-1843) (pisan, professeur de langues orientales à Pise) qui devient son élève et un grand ami.
Il ramène la collection Salt à Paris puis repart en voyage en Italie avec Ippolito Rosellini et Léon Jean-Joseph Dubois.

IX- Paris (19, rue Mazarine) : Monsieur le conservateur : de 36 à 37 ans.
1826 (suite) J-F s’installe à Paris avec sa famille et J-J.
L’« ordonnance du 15 mai » crée au Louvre la conservation des antiques, dit musée Charles X, composée d’une division gréco-romaine et d’une division égyptienne et orientale.
Le comte Charles Clarac (1777-1847) (dessinateur, précepteur des enfants Murat, directeur de fouilles à Pompeï) est nommé conservateur de la division gréco-romaine, J-F et Léon Jean-Joseph Dubois respectivement conservateur et conservateur adjoint de la division égyptienne et orientale. Cette même ordonnance charge J-F d’un cours d’archéologie
égyptienne au sein du musée.
Il installe la collection Salt avec Léon Jean-Joseph Dubois, Ippolito Rosellini et Nestor L’Hôte (1804-1842) (douanier, dessinateur et peintre, baron d’Empire, amant de Pauline Bonaparte, cousin d’Auguste Mariette [suite au décès de L’Hôte, en rangeant ses papiers, il découvrira l’Egypte antique).
Il s’oppose au directeur général des musées de France le comte Louis de Forbin (1779-1841) (peintre, élève de David, archéologue, fondateur du musée du Luxembourg) et au comte Charles de Clarac.
J-F écrit la « Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X ».
Il échoue une première fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
J-F adresse un « Mémoire sur un projet de voyage littéraire en Egypte » à Charles X et au grand duc de Toscane Léopold II.
Le 15 décembre 1827 le musée Charles X est inauguré par Charles X en personne.
1828 J-F fait acheter la seconde collection Drovetti composée de 503 pièces.
Le vice-roi d’Egypte Mehemet Ali donne à la France une des deux « aiguilles de Cléopâtre » d’Alexandrie (la seconde revient à l’Angleterre et se dresse aujourd’hui à Waterloo Bridge).

X- L’expédition franco-toscane ou une vie entière pour quinze mois en Egypte : de 37 à 40 ans.
1828 (suite) J-F rencontre Charles X qui accepte l’idée d’une expédition franco-toscane en Egypte.
Départ de l’expédition franco-toscane. La France est représentée par J-F (directeur général de l’expédition), par Nestor L’Hôte, Charles Lenormand(t) (inspecteur général de l’expédition qu’il quittera) (1802-1859) (numismate, inspecteur des beaux-arts, disciple de J-F, membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres en 1839, professeur d’histoire au Collège de France en 1848), Antoine Bibent (architecte, il quittera l’expédition), Alexandre Duchesne aîné (1803-1869) (peintre, élève de Gros, il quittera l’expédition), Pierre Lehoux (1803-1883) (peintre, élève de Gros) et Edouard Bertin fils (1797-1871) (peintre, modèle et éditeur d’Ingres).
La Toscane est représentée par Ippolito Rosellini (directeur en second de l’expédition), Gaetano Rosellini (son oncle, ingénieur, architecte), Salvatore Cherubini (français d’origine
italienne, beau -frère d’Ippolito Rosellini, fils du compositeur Salvador Cherubini, dessinateur, un ami de J-F), Alesandro Ricci (il sera piqué par un scorpion), Giuseppe Angelelli
(1803-1844) (dessinateur), Giuseppe Raddi (1770-1829) (naturaliste, il quittera l’expédition) et son assistant G. Galastri (il quittera l’expédition).
Ils débarquent à Alexandrie où ils sont accueillis par Bernardino Drovetti. Ils rencontrent à plusieurs reprises le vice-roi d’Egypte Mehemet Ali qui leur accorde des firmans malgré l’opposition de Bernardino Drovetti et du consul général de Suède et de Norvège Giovanni Anastasi (arménien d’Egypte, collectionneur) désireux de conserver l’exclusivité des fouilles en Egypte.
Ils embarquent à bord de l’« Isis » et de l’« Athyr ».
La « stèle d’Osortasen » (Sésostris I) du temple d’Isis de Boukhen, dite « stèle de la discorde », est prise par les toscans alors qu’elle revenait aux français.
J-J est nommé conservateur des manuscrits à la Bibliothèque Nationale.
1829 dans une lettre adressée à Bon-Joseph Dacier J-F constate que son alphabet hiéroglyphique est valable pour toutes les époques.
Les membres de l’expédition effectuent des relevés à Abou Simbel.
Le séjour à Thèbes, durant lequel ils logent dans la tombe de Ramsès IV, est marqué par diverses fouilles, le repérage des obélisques de Louxor, la copie des fresques de la tombe de Ramsès VI et l’anniversaire de la fille de J-F Zoraïde qui est fêté dans la tombe de Sethi I.
J-F adresse un « Mémoire sur la conservation des monuments » à Mehemet Ali.
Il échoue une seconde fois à l’entrée à l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Au Caire il est reçu par le futur vice-roi d’Egypte Ibrahim Pacha.
A Alexandrie il rencontre le nouveau consul général de France Jean-François Mimaut (1774-1837). Tous deux commencent à négocier avec Mehemet Ali la session des obélisques de Louxor.
Il ramène plus de cent pièces pour le musée Charles X.
Il effectue une quarantaine très pénible au lazaret de Toulon avec Salvatore Cherubini.

XI- Paris (4, rue Favart) : rédaction de la « Grammaire » ou deux ans pour une œuvre : de 40 à 42 ans.
1830 J-F rejoint Paris en passant par le sud-ouest.
J-J est nommé professeur de paléographie à l’école des Chartes.
J-F est reçu comme membre de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres.
Il rencontre une dernière fois Joseph Fourier qui mourra le lendemain.
Bien que Charles X soit favorable aux insurgés le musée Charles X est dépouillé de certaines de ces pièces d’orfèvrerie.
« Obélisques égyptiens à transporter à Paris » est un rapport adressé par J-F à son ancien opposant le ministre de la marine le baron d’Haussez : il préconise de renoncer à l’« aiguille de Cléopâtre » ; d’obtenir la cession des deux obélisques de Louxor ; de préférer celui de droite dans le cas d’une cession unique.
En Egypte les négociations sont menées par le consul général Jean-François Mimaut et le baron Taylor. De bon cœur Mehemet Ali cède à la France les deux obélisques (elle renoncera à son droit sur le second en 1980).
La mission de transporter le monolithe de droite est confiée à Appolinaire Lebas (1797-1873) (ingénieur du génie maritime). L’allège « Luxor » est spécialement construite à cet effet.
J-F travaille sur « L’enseignement d’Amenhemat », manuscrit hiératique d’Aix-en-Provence.
1831 J-F se lie d’amitié avec le Président du Conseil Jean Casimir-Perier.
L’« ordonnance du 12 mai » crée sa « chaire d’archéologie » (!) au Collège de France, institution dont Silvestre de Sacy est l’administrateur. Le 10 mai il y donne sa première leçon.
Il délaisse la rédaction de « Monuments d’Egypte et de Nubie » avec Ippolito Rosellini au profit de sa grammaire.
Il passe quelques mois à Figeac afin de rétablir sa santé.
L’obélisque de Louxor est abattu et transporté à bord du « Luxor ».
Le 13 décembre J-F est victime d’une attaque alors qu’il donne seulement sa sixième leçon au Collège de France. Il ne quittera plus sa chambre.
Le 4 mars 1832 il meurt d’une phtisie. A sa demande il est enterré au cimetière du Père Lachaise à côté de la tombe de Joseph Fourier.

VERS UNE PHILOLOGIE EGYPTIENNE MODERNE

I- La poursuite de l’œuvre de Jean-François Champollion.
1832 « Examen critique des travaux de feu M. Champollion sur les hiéroglyphes » est un très violent réquisitoire d’Heinrich-Julius Klaproth (1783-1835) (allemand installé en France, voyageur, ethnographe, naturaliste, orientaliste) contre J-F.
Le « Luxor » est déséchoué par la crue du Nil.
1833 Silvestre de Sacy, nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres, fait l’éloge de J-F.
Retour en France du « Luxor » remorqué par le vapeur « Le Sphinx ». Le 25 octobre, sous la direction d’Appolinaire Lebas et en présence de Louis-Philippe, l’obélisque est dressé au centre de la Concorde dans le cadre du réaménagement de la place par l’architecte Jacques-Ignace Hittorff.
« L’obélisque de Louqsor transporté à Paris » de J-J.
1835-1845 « Monuments de l’Egypte et de la Nubie » de J-F est en partie édités par J-J dans un ordre topographique. « Monumenti dell’ Egitto e della Nubia », son équivalent toscan, publié en France entre 1835 et 1845, est composé de « Monumenti storici » 1832, « Monumenti civili » 1834 et « Monumenti del ulto » 1844.
1836 « Grammaire égyptienne ou principes généraux de la langue sacrée appliquée à la représentation de la langue parlée » de J-F est éditée par J-J.
Francesco Salvolini (1810-1838) (italien, élève et ami de J-F) publie « Analyse grammaticale » à partir de manuscrits volés. Il est rapidement démasqué.
1839 « L’Egypte ancienne » de J-J.
1841 « Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique » de J-F est édité par J-J.
1844 « Fourier et Napoléon : l’Egypte et les Cent Jours » de J-J.
1848 J-J perd tous ses postes.
1849 J-J est nommé conservateur de la bibliothèque du palais de Fontainebleau.
1867 décès de J-J.

II- L’école française.
A- « La torche est tombée… ».
1832 seul J-F était en mesure de traduire un texte hiéroglyphique. De plus, ses cours ont eu une faible portée.
Ainsi John Gardner Wilkinson écrit-il à J-J en 1832 : « La torche est tombée à terre et personne n’est capable de la ramasser ». Et les Français encore moins que les autres.
Le Collège de France et les titulaires de la « chaire d’archéologie ».
1832-1837 la chaire reste vide.
1837-1849 Jean Letronne (supra) ! Il enseigne néanmoins l’archéologie égyptienne.
1849-1859 Charles Lenormand (supra). Ne maîtrisant pas la philologie égyptienne il ne peut qu’enseigner l’égyptologie.
1859 François Chabas (1817-1882) (membre de l’Institut, homme d’affaire puis éminent philologue en égyptien, 1876-1878 « L’égyptologie »), dans un article paru dans la « Revue
Archéologique », fustige l’inutilité de l’enseignement de la philologie égyptienne au Collège de France.

B- L’avenir assuré ou le prestige retrouvé.
Le Collège de France
Le « décret du 6 février 1860 » transforme la « chaire d’archéologie » en « chaire de philologie et d’archéologie égyptienne ». Désormais ses titulaires seront toujours de grands égyptologues et philologues :
1860-1873 : le vicomte Emmanuel de Rougé : (1811-1872) : conservateur des monuments égyptiens du Louvre en 1849, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en
1853, chef de la mission en Egypte de 1863-1864.
1860-1873 : le vicomte Emmanuel de Rougé : il traduit l’« Inscription d’Ahmosis fils d’Abana » en 1849, le « Conte des deux frères » en 1851-1852 et le « Poème de Pentaour » en
1856 ; 1860-1861 « Principes du déchiffrement des Ecritures égyptiennes », méthode d’apprentissage ; 1867 «Chrestomathie égyptienne ».
1873-1874 : à la suite des refus de François Chabas et d’Auguste Mariette (1821-1881) la chaire est inoccupée.
1874 : Gaston Maspero : (1846-1916) : directeur du musée de Boulaq et directeur du Service des antiquités égyptiennes, fondateur de l’Ecole du Caire, secrétaire perpétuel de l’Académie
des Inscriptions et Belles Lettres.

L’Ecole des Hautes Etudes
1862 fondation de la future Ecole pratique des Hautes Etudes par Victor Duruy (1811-1894) (historien, ministre de l’instruction publique de 1863 à 1869).
1869 dès sa création la IVe section « Sciences historiques et philologiques » inclue un cours d’archéologie et de langue égyptienne dispensé par Gaston Maspero.
1885 dès sa création la VIIIe section « Sciences religieuses » traite d’égyptologie avec Emile Amélineau (1850-1915).

L’Institut catholique de Paris
1875 fondé sous le nom d’Université catholique de Paris et prenant sa dénomination actuelle en 1880 il dispense des cours d’archéologie, d’histoire, de religion et de philologie
égyptienne. Son professeur le plus célèbre est le chanoine Etienne Drioton (1889-1961).

L’université de Lyon
1878 elle est la première université de France a délivrer une maîtrise d’égyptologie avec Eugène Lefébure (élève de Gaston Maspero).

L’Institut Français d’Archéologie Orientale (I.F.A.O.)
Fondé en 1880.
1870-1923 « Recueil de Travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes » en 40 volumes.
1872-1877 « Mélanges d’archéologie égyptienne et assyrienne » en 3 volumes.
1880-1910 « Revue Egyptologique » en 14 tomes donne une bonne part au démotique grâce à Eugène Revillout (1843-1913).
Paul Pierret : conservateur adjoint de la division des antiquités égyptiennes du musée du Louvre.
Paul Pierret : 1875 « Vocabulaire Hiéroglyphique » est destiné aux étudiants en philologie égyptienne.

III- Les écoles étrangères.
A- L’école italienne.
Ippolito Rosellini : (supra).
Simone Lévi : 1887-1894 « Vocabolario Geroglifico Copto-Ebraico ».

B- L’école prussienne.
Karl (Richard) Lepsius : (1810-1884) : orientaliste, docteur en philosophie, élève de Franz Bopp (1791-1867) (orientaliste, créateur de la grammaire comparée), héritier spirituel de J-F et ami d’Ippolito Rosellini, il séjourne en France, formateur en philologie égyptienne dès 1836, il dirige l’expédition prussienne de 1842-1845, directeur de la collection égyptienne du Bode Museum de Berlin en 1865.
Karl (Richard) Lepsius : 1835-1836 « Zwei Sprachvergleichende Abhandlungen » (deux traités de langues comparées) traite de philologie comparative ; 1837 « Lettre à M. le professeur Rosellini sur l’alphabet hiéroglyphique » paru dans les « Annali dell’ Instituto Archeologia di Roma » complète les travaux de J-F ; 1849-1858 « Denkmäler aus ÄEgypten und
ÄEthiopien » (Monuments d’Egypte et de Nubie) fait suite à l’expédition prussienne ; 1858 « Königsbuch der alten Aegypter » (Le livre des rois des anciens Egyptiens) relatif aux noms royaux.
Karl (Richard) Lepsius : 1866 lors d’une mission en Egypte il découvre le « décret de Canope ». Il s’agit du compte-rendu de l’assemblée qui s’est tenue à Canope en 239 av. J.-C. et au cours de laquelle le titre de « Benefactor » (Bienfaiteur) a été attribué à Ptolémée III. L’étude du texte trilingue, rédigé en grec, hiéroglyphes et démotique, a fortement contribué à la connaissance de cette dernière écriture.
Christian Bunsen : (1791-160) : baron, diplomate et voyageur, fondateur de l’Institut archéologique du Capitole.
Christian Bunsen : 1845 « Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte » (La place de l’Egypte dans l’histoire universelle) en 5 volumes ; 1860-1867 « Historical Investigation into Egypt’s Place in Universal History » (Enquête historique sur la place de l’Egypte dans l’histoire universelle) est sa version anglaise complétée par les travaux de Samuel Birch.
Heinrich Brugsh : (1827-1894) : il dirige la mission en Egypte de 1853-1854.
Heinrich Brugsh : 1851 « Inscriptio Rosettana Hieroglyphica » ; 1855 « Demotische Grammatik » ; 1867 « Hieroglyphisch-Demotisches Wörterbuch » est un remarquable dictionnaire.
Heinrich Brugsh : 1863 « Zeitschrift fur Ägyptische Sprache und AltertumsKunde Ägyptens » (Revue de langue et d’archéologie égyptienne) est la première revue entièrement
consacrée à l’égyptologie.
Adolf Erman : (1854-1937) : conservateur du département des antiquités égyptiennes et assyriennes au Bode Museum de Berlin.
Adolf Erman : 1880 « Neuägyptische Grammatik » ; 1894 « grammaire égyptienne ».
Hermann Grapow et Adolf Erman : « Wörterbuch der Aegyptischen Sprache » (Dictionnaire de langue égyptienne) est un ouvrage majeur.
Ludwig Stern : 1880 « Koptische Grammatik ».
Kurt Sethe : (1869-1934).
Kurt Sethe : 1899-1902 « Das ägyptische Verbum » (Le verbe égyptien).
Herman Junker : (1877-1962).
Herman Junker : 1906 « Grammatik der Denderatexte ».
Wilhelm Spiegelberg : 1925 « Demotische Grammatik ».

C- L’école britannique.
L’égyptologie et la philologie égyptienne britannique de la fin de XIXe siècle ont pour spécificité d’être une branche de l’archéologie biblique.
John Gardner Wilkinson : (1797-1875) : Sir.
John Gardner Wilkinson : 1828 « Materia hieroglyphica » (Traité des hiéroglyphes).
Henry Tattam : 1830 « Coptic Grammar ».
Samuel Birch : (1813-1885) : sinologue de formation, conservateur du département des antiquités orientales au British Museum.
Samuel Birch : 1860-1867 « Historical Investigation into Egypt’s Place in Universal History », version anglaise d’ « Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte » de Christian Bunsen,
inclue ses travaux : le premier volume est suivi de « A complete List of Hieroglyphic Signs according to their Classes » ; le cinquième volume est complété par « The Funeral Ritual
or Book of the Dead », « Dictionnary of Hieroglyphics » et « Hieroglyphic Grammar ».
Samuel Birch : 1872 « Transactions of the Society of Biblical Archoelogy » (Procès-verbaux de la Société d’archéologie biblique) et 1878 « Proceedings of the Society of Biblical
Archoelogy » (Travaux de la Société d’archéologie biblique) sont les premières revues britanniques consacrées à l’égyptologie.
Pierre Le Page-Renouf : (1824-1897) : conservateur du British Museum.
Pierre Le Page-Renouf : « Manuel élémentaire de langue égyptienne ».
Charles Goodwin : (1817-1878) : spécialiste en hiératique.
Charles Wycliffe : spécialiste en hiératique.
James Burton : 1925-1928 « Excerpta Hieroglyphica » (Recueil hiéroglyphique).
Alan Gardiner : (1879-1963) : Sir.
Alan Gardiner : 1927 « Egyptian Grammar » est un ouvrage majeur.

D- L’école belge.
M.G. Hagemans : 1896 « Lexique Français-Hiéroglyphique ».

LES HIÉROGLYPHES LE DÉCHIFFREMENT DES HIÉROGLYPHES
Page réalisée par Jean-Louis Prady
Plan : Quatorze siècles de silence - Jean-François Champollion - Vers une philologie égyptienne moderne

Compte tenu des nombreux piratages du site, le click droit pour le copiage du texte et des images est dorénavant interdit. Site sous copyright.
Les élèves peuvent cependant récupérer les images à l'aide d'une copie d'écran pour leurs travaux pédagogiques non lucratifs et non publiables, y compris sur Internet.
Pour tout autre usage, contacter l'auteur:Contact