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Trente-trois objets ou fragments d’objets sont alors dénombrés, mais un an plus tard Mantellier, directeur du Musée départemental historique de l’Orléanais, parle de quarante-deux objets*. Aujourd’hui le trésor s’est enrichi de deux objets supplémentaires : une statuette féminine retrouvée et achetée par le musée d’Orléans en 1882 à Maître Daguerre, notaire à Tigy, et une statuette masculine achetée à Christie’s (Londres) en 1992. - La statuette de femme faisait incontestablement partie du trésor d’origine, elle avait été substituée par un ouvrier inventeur qui l’avait vendue au notaire. - La statuette achetée à Christie’s proviendrait par comparaison d’une autre statuette (l’homme nu marchant) du dépôt de Neuvy-en-Sullias. Rien d’autre ne permet cependant d’affirmer que cette statuette faisait bien partie du trésor découvert et qu’elle y aurait été substituée (toutefois, l’expertise confirme la même date de fabrication que celle des autres statuettes, mais la marge est de deux siècles). * L'inventaire officiel a disparu dans l'incendie du musée lors des bombardements allemands de juin 1940. Heureusement, le trésor lui-même avait été mis à l'abri en 1939 dans un château proche de Jargeau (20 km d'Orléans). Il ne sera à nouveau exposé qu'en 1966, après restauration du bâtiment. Une acquisition longue et difficile
Le manque de
précision sur la composition du trésor montre les difficultés rencontrées par
les autorités pour mettre le trésor à l’abri et son acquisition. La législation
de l’époque précise qu’un trésor trouvé sur le terrain d’autrui appartient par
moitié à celui qui l’a découvert et pour l’autre moitié au propriétaire du
terrain. Le fait que les inventeurs (découvreurs) soient au nombre de sept et
que la propriété du terrain n’est pas bien établie compliquent l’affaire. Ainsi, les 7 et 14 juin 1861, trois ouvriers vendent leur part à Mantellier, à Périgon et à Hazard (1) pour la somme de 400 francs chacun. Le 26 mars 1862, Hazard achète la part d’un quatrième ouvrier pour Mantellier au prix de 1000 francs. Cet ouvrier a fait monter les enchères car ayant donné le premier coup de pioche, il prétend avoir droit, lui seul, à la part entière et il saisit la justice pour obtenir gain de cause. En définitive, il négociera sa part à 1000 francs (un ouvrier travaillant à la construction du chemin de fer Orléans-Vierzon en 1845 gagne 55 francs par mois) Deux autres ouvriers vendent leur part pour 600 francs chacun à un marchand de Paris. Mantellier rachète ces deux parts pour la somme de 1 425 francs. Ce n’est qu’un an après la découverte, le 1er juin 1862, que Mantellier peut prendre possession des objets acquis pour les transporter à Orléans. Cependant, la propriété du terrain où a été découvert le trésor étant disputée par plusieurs, dont la commune de Neuvy-en-Sullias, il faudra attende encore trois ans pour que l’achat soit entièrement soldé. La propriété du terrain est finalement attribuée à la veuve Grandjean. Elle obtiendra la somme de 3000 francs pour sa part. Le terrain où a eu lieu la découverte est également acheté par la ville d’Orléans pour le prix de 7 080 francs. Ce n’est donc qu’en 1864, quatre ans après la découverte, que la ville d’Orléans (2) devient réellement propriétaire du trésor. Le trésor estimé à 5 600 francs a donc été négocié à 6 625 francs en sachant qu’il manque la statuette de la « petite danseuse » vendue par un ouvrier au notaire de Tigy qui la restituera plus tard (en 1882) pour la somme de 25 francs. (1) Edouard Hazard avait chargé les sept ouvriers d’extraire du sable dans la carrière où se trouvait la cachette (2) En fait, le financement a été réalisé conjointement par moitié par la ville d’Orléans et le Conseil Général du Loiret pour la somme totale de 7 200 francs (25 000 €) sans compter l’achat du terrain. D ‘autres objets ont-ils été substitués ? Le petit-fils d’un des ouvriers a déclaré qu’il avait été retrouvé avec les bronzes des monnaies. Ces monnaies ne figurent à aucun inventaire. En revanche, Mantellier dans son premier rapport manuscrit de juin 1861 au préfet signale des objets disparus dans les premiers jours de la découverte : - une cuiller en argent - des fragments paraissant provenir de la bride du cheval - deux plaques circulaires incrustées d’argent poli Il est aussi constaté que le site de la découverte n’a pas fait l’objet d’une surveillance particulière et que des tuiles à rebord, des tessons de poteries et divers fragments sont ramassés par Pillon, membre de la Société archéologique de l’Orléanais. Deux objets seront donnés en 1886 par l’abbé Desnoyers au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain en Laye : une tuile faisant partie de la couverture de la cachette et un fragment de soie du grand sanglier (ce dernier objet est déposé à nouveau au musée historique d'Orléans en 1994). Les incertitudes qui demeurent Si
quelques pièces qui faisaient partie du trésor ont disparu, on peut
raisonnablement penser que la plus grande partie a été récupérée et que les
objets manquants sont sans doute de taille modeste. Il reste toutefois une
incertitude sur l’origine de la statue achetée à Londres. Faisait-elle
réellement partie du trésor de Neuvy-en-Sullias ?
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