LES THERMES ROMAINS

Voir aussi les thermes à St-Romain-en-Gal

            Pour les Grecs, les thermes sont un lieu où détendre ses muscles après l’exercice physique à la palestre et se laver avant d’enduire son corps d’huile. Pour les Romains, les thermes, appelés aussi bains (balneum, i, n : bain privé ; balna, ae, f : bain public), sont bien plus que cela et ont un rôle social extrêmement important. Ils sont un élément essentiel de la civilisation romaine, dont on trouve encore de nombreuses traces archéologiques dans toutes les cités de l’empire romain : en Italie, en Grèce, en Asie Mineure, en Afrique du Nord, en Gaule etc…

            Les citoyens les plus riches possèdent des thermes privés dans leur domus. Les thermes publics (exploités par une entreprise privée ou offerts par un magistrat ou l’empereur) sont à la disposition  des autres habitants, moyennant un faible droit d’entrée. Certains thermes sont totalement gratuits.  A la fin du premier siècle avant J.C., il y avait plus de 170 thermes à Rome et par la suite ils devinrent encore plus nombreux.

I) L’ARCHITECTURE DES THERMES

Bien que de taille et de formes très variées, les thermes comportent toujours les équipements suivants :

-         apodyterium : (vestiaire) : salle équipée de bancs de pierre et de niches pour déposer les vêtements (quand on en a les moyens, on paie un esclave pour qu’il surveille les vêtements et évite les vols) ;

-         frigidarium : (bain froid) : salle de petite taille, souvent obscure et surmontée d’une coupole ouverte en son centre ;

-         tepidarium (bain tiède) : salle munie de bancs sur lesquels on s’accoutume à la chaleur  avant de passer dans la salle chaude ; on peut aussi prendre un bain tiède ;

-         caldarium (bain chaud) : salle très éclairée, souvent divisée en plusieurs bassins; parfois on y trouve une piscine (natatio).

Les thermes les plus importants comportent également un sudatorium (bain de vapeur, sorte de hammam) ou un laconicum (étuve sèche). En général, on termine par le bain froid.

Exemple : les thermes de Pompéi :

En plus de ces équipements concernant directement les bains, les thermes offrent des palestres (où l’on s’échauffe avant le bain grâce à des exercices recommandés par les médecins, tels que différents jeux de balle, courses, haltères etc…) et différentes pièces destinées à la gymnastique, aux massages, aux frictions etc… Certains comportent de grandes piscines, des boutiques, des tavernes etc… Les plus grands thermes, comme ceux de Caracalla, disposent même de bibliothèques et de salles de lecture publique, ainsi que des jardins pour la promenade, des fontaines et des bancs.

            Exemple : thermes de Caracalla, construits sur la colline de l’Aventin, à Rome, avec une superficie de 12 hectares en carré de 350 mètres de côté.

            Dans les thermes de Dioclétien (14 hectares), 3000 personnes pouvaient se baigner en même temps. Les thermes les plus importants sont décorés de marbre et de mosaïques ; les colonnades sont surmontées de chapiteaux sculptés. Les thermes impériaux abritent des chefs d’œuvre de la sculpture, comme l’ont montré les fouilles : c’est dans les thermes de  Trajan qu’a été retrouvé le groupe du Laocoon et ses fils ; les thermes de  Caracalla étaient ornés du Taureau Farnèse, de l’Hercule Farnèse, du torse du Belvédère etc…

II) LES ACTIVITES LIEES AUX THERMES

            Les Romains passent une grande partie de leur après-midi dans les thermes, après une longue matinée (commencée dès le lever du soleil) consacrée au travail ou aux affaires et à la vie publique. S’étant débarbouillés le matin de façon très rapide, ils vont aux thermes pour se laver, se faire raser, mais aussi pour rencontrer des amis, faire du sport ou écouter des lectures publiques. Ces différentes activités expliquent la place qu’occupent les thermes dans la vie des Romains : les thermes offrent en effet des occupations physiques et intellectuelles et sont au centre de la vie sociale.

            Les thermes ouvrent à midi. Ceux qui ne possèdent pas de locaux séparés pour les hommes et les femmes pratiquent des horaires alternés : les femmes s’y rendent en début d’après-midi et les hommes ensuite. Il n’y a pas de parcours obligé, et l’on choisit son bain en fonction de ses goûts et de son état de santé. De façon générale, les Romains aiment alterner les bains chauds et les bains froids, et souvent ils terminent par un bain froid pour raffermir leurs muscles. Certains thermes sont réputés pour leurs vertus curatives. Les Romains sont en effet inventeurs de ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui le thermalisme.

            Les baigneurs apportent leur strigile (sorte de racloir recourbé en métal) et leur soude (ancêtre du savon) pour se racler la peau et la débarrasser de la poussière accumulée lors des exercices à la palestre, leur huile de massage et leurs serviettes. Les riches sont accompagnés de leurs esclaves pour les assister :

-         le balneator aide son maître pendant son bain ;

-         l’unctor le masse ;

-         l’alipus l’épile etc…

Les pauvres peuvent recourir aux nombreux esclaves qui travaillent dans les thermes. Toutes ces personnes et ces activités créent une atmosphère très vivante, pas toujours au goût du voisinage, comme en témoigne le philosophe Sénèque :

« Imagine toutes les sortes de voix qui peuvent te faire prendre tes oreilles en haine ; lorsque les sportifs s’exercent et travaillent aux haltères, pendant leur effort, ou leur semblant d’effort, j’entends des gémissements, et, chaque fois qu’ils reprennent haleine, c’est un sifflement et une respiration aiguë. Lorsque je tombe sur un paresseux et quelqu’un qui se contente d’une friction à bon marché, j’entends le claquement de la main sur les épaules, qui, selon qu’elle frappe à plat ou en creux, rend un son différent. Et s’il vient par là-dessus un joueur de balles, qui commence à compter les coups, tout est consommé !  Ajoute à cela le querelleur, et le voleur pris sur le fait, et l’homme qui aime entendre sa voix, quand il prend un bain. Ajoute encore les gens qui sautent dans la piscine au milieu d’un fracas d’eau éclaboussée. Mais en plus de ces gens-là, dont la voix est au moins normale, imagine la voix aiguë et aigre des épileurs, qui veulent se faire ainsi mieux entendre, et poussent tout d’un coup des cris, sans se taire jamais, sinon lorsqu’ils épilent une aisselle et alors, font crier les autres à leur place. Et puis, les cris variés du pâtissier, et le marchand de saucisses, et le vendeur de petits pâtés, et tous les garçons de taverne qui annoncent leur marchandise avec une mélopée caractéristique. »

Sénèque, dans une lettre rapportée par P. Grimal, dans La Vie à Rome dans l’antiquité, PUF.

Alternant les exercices physiques et les activités intellectuelles, associant les plaisirs de la conversation à ceux de l’art, les Romains pratiquaient dans les thermes un art de vivre que l’écrivain Juvénal résume par ces mots : « mens sana in corpore sano » : « un esprit sain dans un corps sain. »

 III) LE CHAUFFAGE (Voir aussi Le chauffage à Argentomagus et à St Romain-en-Gal)

             La source de chaleur est située sous les thermes : ce type de chauffage est appelé hypocauste (de hypo : sous et kaiô : brûler). La chaleur produite par le foyer (praefurnium) circule entre des pilettes de briques qui supportent les pièces chaudes ou tièdes. Ce système est complété par des tubulures (ou tuyaux en terre cuite) insérés dans le mur et permettant ainsi à la chaleur d’envelopper les salles chaudes jusqu’au plafond où elle est évacuée (voir le chauffage à Argentomagus). Les salles tièdes sont plus éloignées de la source de chaleur que les pièces chaudes.


Schémas extraits du guide Néos, Michelin

IV) L’ADDUCTION D’EAU (voir aussi à St Romain-en-Gal)

            L’eau nécessaire au fonctionnement des thermes est amenée, depuis des sources plus ou moins éloignées, par des aqueducs et des conduites, et ensuite stockée dans des réservoirs. La pente des conduites et des aqueducs est calculée de façon à assurer la régularité du débit pour éviter que l’eau ne stagne et ne soit croupie. De nombreux points de contrôle permettent l’entretien et le nettoyage des installations. A la fin de l’Empire,  Rome comptait 11 aqueducs. Dans les provinces, le plus remarquable est celui du pont du Gard, près de Nemausus (Nîmes).

Pages en liaison avec ce thème sur le site :
- ..\..\GRECEANTIQUE\ASIE MINEURE\EPHESE\ephese13.php3
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TP sur les thermes

Page réalisée par Isabelle Didierjean, professeur de Lettres classiques


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