Un trésor de l'âge du bronze trouvé par un amateur
Source:
Le Monde
Article publié le 11 Avril 2007
Par Christiane Galus
Mis à jour le 10.04.07 | 14h55
Extrait : Quelques 1 500 objets vieux de trois millénaires, attribués à une femme de haut rang, ont été mis au jour, par hasard, dans une forêt de Franche-Comté. Depuis trois mille ans, le bois communal de Mathay (Doubs) recelait, sous terre, un trésor caché dans un vase de céramique. Il s'agit d'une parure de bijoux complète appartenant à une princesse de l'âge du bronze et datée de 1000 av. J.-C. Ce dépôt a été découvert par hasard, fin 2006, par un utilisateur occasionnel de détecteurs de métaux, Eric Revert, qui a averti la commune de sa trouvaille, comme l'exige la loi, puis les archéologues locaux.
Une partie du contenu du vase de Mathay (photo J.-F. Piningre)
Depuis trois mille ans, le bois communal de Mathay
(Doubs) recelait, sous terre, un trésor caché dans un vase de céramique. Il
s'agit d'une parure de bijoux complète appartenant à une princesse de l'âge du
bronze et datée de 1000 av. J.-C. Ce dépôt a été découvert par hasard, fin 2006,
par un utilisateur occasionnel de détecteurs de métaux, Eric Revert, qui a
averti la commune de sa trouvaille, comme l'exige la loi, puis les archéologues
locaux.
Sous la houlette de Jean-François Piningre, conservateur du patrimoine au
service régional de l'archéologie de Besançon (Doubs), les scientifiques ont
soigneusement extrait en laboratoire les différents objets. "Un coup de pioche,
et tout était détruit, explique Jean-François Piningre. Or "c'est un ensemble
d'un intérêt exceptionnel au niveau européen, en raison de l'association des
objets qui le composent. Il faudra le comparer avec d'autres trésors de la même
période. Certains bijoux présentent des similitudes avec le dépôt mis au jour il
y a dix ans à Blanot (Côte-d'Or), lui aussi de l'âge du bronze".
En fouillant le vase de Mathay, les archéologues ont extrait près de mille cinq
cents pièces : plusieurs colliers faits de perles de verre, d'ambre et de
feuilles d'or enroulées ; une série de bracelets différents en bronze ; une
ceinture articulée constituée de maillons de bronze dotés de pendeloques ; des
anneaux de cheville en bronze ; des plaques de 10 cm de long recouvertes d'une
feuille d'or, qui devaient être cousues sur un costume, et enfin une quantité
étonnante de petits anneaux de bronze enfilés en série. Le dépôt contient aussi
plusieurs sphères en tôle de bronze de 4 centimètres de diamètre revêtues d'une
feuille d'or. Plutôt rares, elles étaient, peut-être, utilisées comme ornements
de coiffure.
UN PROSPECTEUR HONNÊTE
Une fois la fouille terminée, les différents éléments de la parure trimillénaire
seront remis au Musée de Montbéliard (Doubs), qui en assurera la restauration et
la préservation, et les présentera ensuite au public. Puis les bijoux feront
l'objet d'études scientifiques plus fouillées pour connaître, par exemple,
l'origine des métaux (étain et cuivre) utilisés.
Dans cette région de France, le bronze provenait d'Europe centrale, de Bohême et
d'Autriche, qui constituaient l'un deux centres dynamiques de la métallurgie du
cuivre et du bronze en Europe. L'autre étant situé sur la façade atlantique et
les rivages de la Manche et de la mer du Nord.
Bon nombre d'outils et de parures ont déjà été mis au jour grâce à la découverte
de milliers de caches dans le sol pratiquées pendant la période du bronze final
(- 1400 à - 800). "Il s'agissait soit de dépôts d'outillages fragmentés, qui
étaient peut-être des cachettes de fondeurs, soit d'outils complets ou de
parures", précise M. Piningre. A cette époque, les morts étaient incinérés avec
peu d'objets personnels, qui étaient sans doute ensuite enfouis ailleurs.
Le vase de Mathay n'aurait jamais été étudié par les scientifiques si le
découvreur n'avait pas été honnête. Beaucoup d'objets anciens détectés de cette
manière échappent, en effet, aux études archéologiques, car beaucoup tentent de
les monnayer directement. Bruno Bréart, conservateur régional de l'archéologie
en Franche-Comté, a trouvé depuis dix ans un moyen de contourner ce problème, en
associant les prospecteurs bénévoles - armés de "poêles à frire" - aux travaux
des archéologues. Trente d'entre eux, regroupés au sein de l'Association de
recherche et d'études des sites archéologiques comtois (Aresac), "ont une
autorisation officielle de prospection et maillent tout le territoire de la
Franche-Comté", explique M. Bréart. "Les véritables pilleurs sont rarement
sanctionnés", assure l'archéologue.
Le code du patrimoine (2004) réunit toutes les lois concernant l'archéologie et
l'utilisation des détecteurs de métaux. Complexes, elles sont peu connues des
prospecteurs occasionnels. Au niveau national, Pierre Angeli, responsable de la
Fédération nationale des utilisateurs de détecteurs de métaux (Fnudem), qui
collabore régulièrement avec les archéologues, regrette que cette pratique ne
soit pas encouragée par les pouvoirs publics.
Christiane Galus
Article paru dans l'édition du 11.04.07
Auteur:
Robert Michel
Source :
http://www.ceramostratigraphie.ch/blog/?p=55
“En fouillant le vase de
Mathay, les archéologues ont extrait près de mille cinq cents pièces : plusieurs
colliers faits de perles de verre, d’ambre et de feuilles d’or enroulées ; une
série de bracelets différents en bronze ; une ceinture articulée constituée de
maillons de bronze dotés de pendeloques ; des anneaux de cheville en bronze ;
des plaques de 10 cm de long recouvertes d’une feuille d’or, qui devaient être
cousues sur un costume, et enfin une quantité étonnante de petits anneaux de
bronze enfilés en série. Le dépôt contient aussi plusieurs sphères en tôle de
bronze de 4 centimètres de diamètre revêtues d’une feuille d’or. Plutôt rares,
elles étaient, peut-être, utilisées comme ornements de coiffure.”
Le village de Mathay, situé dans le département du Doubs en France, était connu
jusqu’à présent, archéologiquement parlant, comme un faubourg de la ville
romaine de Mandeure près de Montbéliard. Dorénavant elle sera également célèbre
pour le trésor remarquable contenu dans un vase mis au jour lors d’une campagne
de recherche effectuée sur le territoire de cette commune par trois prospecteurs
affiliés à la Fédération nationale des utilisateurs de détecteurs de métaux (FNUDEM).
Mais avant le trésor, ce qu’il y a surtout de remarquable dans cette découverte
c’est qu’elle a été faite par des utilisateurs de détecteur à métaux qui ont
immédiatement fait part de leur importante découverte aux autorités communales
et archéologiques compétentes comme l’exige le nouveau
code du patrimoine français. Le trésor, proprement dit, est constitué par un
ensemble de plus de 1400 pièces de parures féminines de l’âge du Bronze final.
La découverte telle que relatée dans
Le Monde du 10 avril annonce la mise au jour de « plusieurs colliers faits
de perles de verre, d’ambre et de feuilles d’or enroulées ; une série de
bracelets différents en bronze ; une ceinture articulée constituée de maillons
de bronze dotés de pendeloques ; des anneaux de cheville en bronze; des plaques
de 10 cm de long recouvertes d’une feuille d’or, qui devaient être cousues sur
un costume, et enfin une quantité étonnante de petits anneaux de bronze enfilés
en série. Le dépôt contient aussi plusieurs sphères en tôle de bronze de quatre
centimètres de diamètre revêtues d’une feuille d’or ». Grâce à cette découverte
en ensemble clos et à l’assemblage des différents types représentés, on peut
dater l’enfouissement des vestiges aux alentours de l’an 1000 avant J.-C.
Les conversations sur le forum des prospecteurs, nous apprennent qu’ils se félicitent d’avoir déclaré le trésor et de ce que, dans cette affaire, tout se soit bien passé avec la direction du Service régional d’archéologie de Franche-Comté. En outre on y découvre des photos du trésor lors de sa découverte et après l’extraction du vase dans un plâtre. La FNUDEM se targue d’avoir déjà déclaré une dizaine de trésor, plus de 2500 sites archéologiques inédits et des milliers d’artéfacts et de monnaies, dont certaines inédites. Grâce à l’exemple d’amateurs honnêtes comme Eric Rovert, l’inventeur du vase de Mathay, la collaboration entre les archéologues et les prospecteurs ne peut que s’en trouver renforcée.
Bernard Fauchille : un intérêt "
exceptionnel "
Source :
http://www.europa-jetzt.org/alesia/spip.php?article10
Le directeur des musées de Montbéliard se réjouit de l’intérêt exceptionnel de la découverte du " vase de Mathay ". Hier matin, dans son bureau au Châtel-devant, Bernard Fauchille commentait : " On ne peut que se réjouir en effet de la découverte d’un trésor de cet acabit avec ses objets de très grande valeur : peignes, bijoux, série de bracelets, boucle de ceinture… Voilà pour nous une découverte exceptionnelle qui va enrichir nos collections d’archéologie provenant du site de Mathay-Mandeure. "
Mais le
trésor n’est pas encore tout à fait à Montbéliard. " Le dossier
de transfert et de dépôt est en effet en cours de constitution au service
régional d’archéologie, reprend Bernard Fauchille. On attend
désormais un courrier adressé à la Ville de Montbéliard pour son éventuel dépôt
au musée. " Le " vase de Mathay " et son contenu permettront donc, si le
dépôt est effectif, d’enrichir les collections montbéliardaises dans un domaine
encore peu représenté au second étage du musée du Château : l’Âge du Bronze,
c’est-à-dire 1000 ans avant Jésus-Christ. " En effet, pour nous,
c’est inespéré alors que la plupart de nos collections d’archéologie de
Mathay-Mandeure portent sur la période gallo-romaine des II, III et IVe siècles
après JC. " Le directeur des musées espère enfin qu’il y aura d’autres
trouvailles de ce type sur le site d’Epomanduodurum (du nom de la ville romaine
de Mathay-Mandeure). " Mais elles devront se faire en relation
étroite avec le service régional d’archéologie et avec des méthodes
respectueuses des techniques de prélèvement. Il me semble que le respect des
conventions passées entre l’association des utilisateurs de détecteurs est
primordial dans ce domaine ! " En effet, Bernard Fauchille met en avant le
code de déontologie mis au point par la fédération nationale des utilisateurs de
détecteurs de métaux. A.R .
Jean-François Piningre, le conservateur du patrimoine au service régional de
l’archéologie de Franche-Comté, a mis près de six mois pour identifier toutes
les pièces du fameux trésor de Mathay découvert en septembre 2006. C’est par
hasard qu’une parure de bijoux datant de 1000 ans avant Jésus-Christ a été
découverte dans une forêt de Mathay, dans le Doubs (notre édition d’hier). Ce
trésor était caché sous 20 centimètres de terre dans un vase de céramique.
" Quand l’inventeur nous a appelés, nous avons prélevé le vase
avec un bloc de terre pour ne rien abîmer, et ensuite, nous avons tout
décortiqué en laboratoire à Besançon. Il nous a fallu près de six mois pour
identifier et nettoyer les 2500 pièces que contenait ce vase. Nous avons terminé
seulement la semaine dernière ", explique Jean-François Piningre.
" C’est un ensemble exceptionnel au niveau européen, en raison
de l’association de l’association des objets qui le composent " poursuit
l’archéologue. Et pourtant, dans cette région de Mathay, " on ne
connaissait pas de vestiges de cette époque ", précise Jean-François
Piningre.
Pourtant, la vallée du Doubs était peuplée durant cette période datant de 1000 à
1050 avant Jésus-Christ, " notamment à Valentigney, ou nous
avons fouillé dans les années soixante et en 1980 à l’emplacement du collège.
Nous avons une documentation très complète sur les objets, mais c’est plus rare
sur une sépulture ", reconnaît le chercheur. De même que les archéologues
ont trouvé des vestiges similaires, mais en petite quantité à Arbouans, Bavans,
Pont-de-Roide et Dampierre-sur-le-Doubs. " Mais certains bijoux
découverts à Mathay présentent des similitudes avec le dépôt mis au jour il y a
dix ans à Blanot en Côte d’Or, lui aussi de l’Âge du bronze ", note
l’archéologue bisontin. Pour Jean-François Piningre, " il s’agit
d’une parure féminine qui appartenait probablement à un personnage élevé dans la
hiérarchie. Et la présence d’ambre et d’or, qui ne se trouvent pas à l’état
naturel dans la région, fait penser qu’il y avait déjà des échanges à l’échelle
de l’Europe. Nous allons étudier ces différents métaux afin de savoir d’où ils
venaient. "
Et maintenant ? Une fois le travail de recherche terminé, les éléments de la
parure trimillénaire seront remis au Musée de Montbéliard afin de les présenter
au public. La ville de Mathay a également demandé le trésor pour en faire une
exposition temporaire.
Jean Bec