Découvertes archéologiques réalisées à l'occasion de la construction de l'autoroute A19

Deux cent archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives ont travaillé pendant 18 mois le long de la future autoroute A19, en préalable, et parfois simultanément, à l'intervention des premiers engins de travaux publics. Leurs découvertes permettent de raconter la grande aventure des hommes et des femmes qui vécurent là, du Paléolithique à la fin du Moyen Age.

D'Artenay à Courtenay, la future A19, traversera le Loiret sur 101 kilomètres, un tracé qui permettra d'approfondir la connaissance archéologique de la région. Sa construction est en effet l'occasion d'une aventure scientifique peu ordinaire. Le gigantesque chantier de l'A19 parcourt, en effet, sur 101 kilomètres, une des régions les plus riches de l'histoire de France. Toutes les époques sont représentées et de nouveaux épisodes de l'histoire du Loiret se révèlent.

Trente chantiers de fouilles. Dans un champ, un habitat néolithique attendait les découvreurs. Plus loin, une vaste " ferme " de l'âge du Fer. Là, à quelques kilomètres, tout près du " chemin de César ", une villa gallo-romaine a été mise au jour. Ici une nécropole médiévale. Plus loin encore, un mystérieux souterrain servait de système de défense pendant la guerre de Cent Ans. C'est une carte inédite de la région qui se dessine.

Le travail des archéologues est long, difficile et peut sembler ingrat. Leurs efforts trouvent leur récompense dans cette histoire qui s'ébauche. Avec la trentaine de chantiers de fouille, parmi plus de 2 500 hectares sondés, la vie des hommes qui ont habité le Loiret prend les dimensions d'une épopée. Une épopée historique et une aventure humaine à vivre sur France 5.

 

Découvertes à Chevilly.
D'août 2006 à mars 2007, les archéologues de l'INRAP ont mis à jour un ensemble de vestiges remarquables datant du IIIe et IIe siècles avant JC (période gauloise) à Chevilly, sur le site de "la Pièce de Chameul". Il s'agit d'un vaste établissement agricole dont plusieurs objets, structures et ossements attestent la vocation. Une nécropole associée à cet établissement a pu être entièrement fouillée. Le mobilier trouvé dans les sépultures, éléments de parure ou d'armements, atteste du statut élevé des habitants de cette ferme.


Le chantier de l'A19 a mis à jour de nombreuses découvertes archéologiques. (D.C.)

Source : Conseil Général du Loiret : http://minilien.com/?Wvarzw5xuN

Le site de l'INRAP rend compte du résultat des fouilles :

Consultez les notices de quelques uns des sites archéologiques fouillés :

L'habitat aristocratique gaulois de Chevilly (voir le site de l'INRA)
Le site de La Pièce de Chameul à Chevilly regroupe, dans une zone de fouille de près de 4 hectares, un habitat rural aristocratique gaulois et une nécropole de près de 40 tombes à inhumation et à incinération (IIIe-Ier siècle avant notre ère). L’habitat gaulois s’organise dans un enclos fossoyé de plan carré de 80 m de côté, où sont répartis plusieurs dizaines de grandes fosses et de silos destinés au stockage des productions agricoles. Les emplacements des trous de poteau révèlent la présence de bâtiments ayant subi un violent incendie, comme en témoignent des éléments de torchis brûlé. Le mobilier découvert confirme le statut aristocratique du site : amphores importées de Méditerranée (Grèce et Italie) pour la consommation de vin, dépôts d’animaux dans de grandes fosses (crânes de chevaux et de boeufs : rituels d’offrandes), pièces d’armement métallique (épée, fourreau).
La bonne conservation du site et l’association d’un habitat aristocratique gaulois et de sa nécropole sont très rares en France et actuellement uniques en région Centre. Responsable de l’opération : David Josset. Réalisation de la fouille : août 2006-janvier 2007.
Source : http://www.inrap.fr/upload/c_bloc/2178_fichier_evenement_41.pdf


Vue aérienne de la fouille près de l’autoroute A10
© Thibaud Guiot, Inrap
Chevilly, La Pièce de Chameu

Les sépultures en silos de Neuville-aux-Bois (voir le site de l'INRA)
La majorité des enclos, fossés, bâtiments légers et greniers est attribuée à deux périodes du second âge du Fer : l’une vers 450 avant notre ère, l’autre à la fin du IIe siècle et dans le courant du Ier siècle avant notre ère. La vocation agricole de ce site celtique est confirmée par de nombreux silos : grandes fosses de stockage, hermétiquement bouchées, qui assuraient une atmosphère confinée aux céréales engrangées.
À Neuville-aux-Bois, sept des quinze silos recèlent des dépouilles humaines. Six fosses contiennent un seul squelette, une septième associe deux individus déposés successivement. Ces dépôts humains témoignent de la réutilisation de structures domestiques pour une fonction funéraire, associant le monde agricole au monde des morts. La mise au jour d’une femme parée d’un torque (collier rigide en bronze) et de deux bracelets, d’un dépôt d’objets métalliques (bracelet, gobelet), des quatre membres d’un cheval soigneusement mis en scène et d’un cochon entier conduisent à renforcer la théorie des « silos offrandes » : il ne s’agirait pas du rejet d’individus marginaux mais d’une offrande aux dieux, celle d’un individu choisi (souvent une femme), d’un animal à forte valeur symbolique et sociale (ici un cheval) et d’objets métalliques.
Responsable de l’opération : David Josset
Réalisation de la fouille : avril-juillet 2006
Source : http://www.inrap.fr/upload/c_bloc/2178_fichier_evenement_41.pdf


Sépulture de femme, parée d’un torque et d’un bracelet en bronze, déposée dans un silo de La Tène - © David Josset, Inrap
Neuville-aux-Bois, La Grande Route

La nécropole tumulaire de Courcelles (voir le site de l'INRA)
Ces tumulus de la fin de l’âge du Bronze (800 avant notre ère) sont implantés dans une petite vallée près d’un cours d’eau. Les sépultures à incinération (en vase ou dans un contenant en matériau périssable) sont déposées dans des chambres funéraires et parfois accompagnées de vases à offrandes, disposés au centre de monuments révélés par un « cercle de pierres ». Chaque cercle constitue la base du tumulus qui recouvrait la sépulture. Toutes les sépultures présentent des caractéristiques similaires et seule la taille des cercles diffère : six petits cercles sont répartis autour d’un grand cercle qui, avec un diamètre de 9 m, constitue certainement le monument funéraire d’un personnage d’un rang social supérieur, mais aucun mobilier prestigieux n’était présent.
Plusieurs sépultures à incinération en urnes mais sans monument ostentatoire ont également été découvertes dans la surface fouillée, à proximité des cercles.
Responsable de l’opération : Hélène Froquet
Réalisation de la fouille : juin-juillet 2006

Source : http://www.inrap.fr/upload/c_bloc/2178_fichier_evenement_41.pdf


Tumulus funéraire en cours de fouille
© Loïc de Cargouët, Inrap
Courcelles, Le Haut de l’Aunette

La résidence aristocratique de Batilly-en-Gâtinais (voir le site de l'INRA)
Le site, découvert lors de prospections aériennes, est composé d’une résidence aristocratique monumentale du second âge du Fer (IIe siècle avant notre ère), entourée d’un vaste enclos d’environ 160 m de côté (2,5 hectares de surface intérieure !). Il est délimité par des fossés larges de 6 m et profonds de 3,50 m, vraisemblablement associés à un talus défensif. L’aménagement du fossé révèle l’emplacement d’une porte d’accès à l’enclos. Celui-ci, partagé en deux, comprend une cour et plusieurs bâtiments et constructions monumentales identifiés par l’emplacement des poteaux et des installations de palissades.
La zone de fouille couvre près de 5 hectares et concerne également une zone de vestiges du premier âge du Fer (IVe-Ve siècle avant notre ère), caractérisée par une batterie de grands silos de stockage agricoles ainsi que plusieurs bâtiments gaulois construits sur poteaux.
Responsable de l’opération : Sophie Liégard
Réalisation de la fouille : juillet 2006-janvier 2007
Source : http://www.inrap.fr/upload/c_bloc/2178_fichier_evenement_41.pdf


Fossés monumentaux délimitant la résidence aristocratique celtique
© Thibaud Guiot, Inrap
Batilly-en-Gâtinais, Les Pierrières