L’antiquité, à
travers la mythologie et l’histoire, est très présente dans des expressions
courantes ou plus rares ; d’autre part, des noms propres sont devenus en
français moderne des noms communs et continuent à vivre dans la vie quotidienne
ou dans le langage recherché ou littéraire.
I/ Noms ou
expressions tirés de la mythologie gréco-romaine
II/ Expressions
tirées de l’histoire antique
1/ Boîte de Pandore
- Mythologie :
Pandore est la première femme, créée par Héphaïstos à la demande de Zeus qui
voulait se venger des hommes (il avait obtenu la plus mauvaise part dans les
sacrifices, à cause d’une ruse de Prométhée, grand défenseur des hommes).
Pandore possédait tous les dons (c’est ce que signifie son nom en grec) mais
elle apportait avec elle une jarre contenant tous les maux, jusqu’alors inconnus
des hommes. Lorsqu’elle ouvrit cette jarre, tous les maux s’envolèrent et
s’abattirent sur les hommes. Seul l’espoir resta à l’intérieur de la jarre :
c’est la seule consolation des hommes. Dans une tradition plus tardive, on parle
d’une boîte et non plus d’une jarre.
- Sens actuel : cela
désigne une source de catastrophes sans fin mais se présentant souvent sous une
apparence séduisante.
2/ Cerbère
- Mythologie :
Cerbère est le chien à trois têtes et à queue de serpent qui garde les Enfers et
empêche quiconque d’en sortir.
- Sens actuel : un
cerbère empêche plutôt les gens d’entrer, mais de toutes façons, c’est un
gardien inflexible.
3/ C’est une chimère
- Mythologie : la
Chimère est un monstre crachant du feu ; elle a la tête d’un lion, le corps
d’une chèvre et la queue d’un serpent.
- Sens actuel : une
chimère est une idée ou un projet qui n’existent que dans un monde imaginaire,
sans aucune existence réelle.
4/ Cheval de Troie
- Mythologie : pour
pouvoir entrer dans Troie assiégée par les Grecs depuis dix ans, Ulysse, l’un
des chefs grecs, imagine une ruse : il fait construire un énorme cheval de bois
dans lequel des soldats prennent place. Le cheval est abandonné sur la plage, de
façon à ce que les Troyens pensent qu’il s’agit d’un cadeau aux dieux laissé là
par les Grecs après leur départ. Les Troyens décident en effet de s’approprier
le cheval. Pour cela ils vont jusqu’à démolir une partie de la muraille. Lorsque
la nuit est tombée, les soldats grecs sortent du cheval et ouvrent les portes
de la ville au reste de l’armée. Troie est pillée et incendiée. Cet épisode est
raconté par Homère dans l’Odyssée.
- Sens actuel :
cette expression désigne une personne chargée d’infiltrer un milieu pour le
détruire de l’intérieur. En langage informatique, l’image est la même puisque
cela désigne un virus dont le rôle est de prendre le contrôle d’un ordinateur et
de le détruire de l’intérieur. Paradoxalement, on appelle aussi ces virus des
« Troyens », alors que les Troyens étaient les victimes et non les agresseurs !
5/ Chien d’Ulysse
- Mythologie :
malgré son très grand âge, le chien d’Ulysse, Argos, avait attendu le retour de
son maître avant de mourir. Quand celui-ci rentra à Ithaque, déguisé en
mendiant afin de ne pas être reconnu par les prétendants qui voulaient épouser
sa femme Pénélope et s’emparer de ses biens, le chien fut le premier à le
reconnaître. Malgré le temps écoulé (dix années de guerre et autant d’errance),
l’animal n’avait pas oublié son maître.
- Sens actuel : le
chien d’Ulysse symbolise encore aujourd’hui une fidélité à toute épreuve.
6/ Complexe d’ Œdipe
- Mythologie : Œdipe
avait été adopté mais il ne le savait pas. Pour fuir la malédiction qui
annonçait qu’il tuerait son père et épouserait sa mère, il quitta sa famille et
son pays. Mais en cours de route, à la suite d’une altercation, il tua
accidentellement son père, sans le savoir. Arrivé à Thèbes, il trouva la réponse
à l’énigme posée par la sphinx qui se donna la mort de dépit.
En guise de remerciement pour
avoir débarrassé le pays d’un tel monstre, Œdipe obtint la main de Jocaste,
sans savoir qu’il s’agissait de sa propre mère et en eut des enfants. Quand il
se rendit compte des crimes qu’il avait involontairement commis, il se creva
les yeux et passa la fin de sa vie sur les routes en mendiant sa nourriture.
- Sens actuel :
l’inventeur de la psychanalyse, Sigmund Freud, pense que tous les petits
garçons, à une étape de leur développement, éprouve une attirance particulière
pour leur mère (et les filles pour leur père), et cette étape transitoire est
appelée « complexe d’Œdipe ».
7/ Corne d’abondance
- Mythologie :
pendant son enfance, alors qu’il devait se cacher de son père Cronos, Zeus fut
nourri par le lait de la chèvre Amalthée. Un jour qu’il jouait avec elle, il lui
cassa accidentellement une corne. Il décida d’en faire une corne d’abondance,
offrant à profusion les richesses de la terre.
- Sens actuel : une
corne d’abondance désigne une source de richesse inépuisable.
8/ Dédale
- Mythologie :
Dédale est un architecte de génie, chargé par Minos, roi de Crète, de fabriquer
un édifice d’où ne pourrait s’échapper le monstrueux Minotaure (mi-homme
mi-taureau), né des amours contre nature de son épouse Pasiphaé et d’un taureau
envoyé par Poséidon. Le roi, pour être sûr que son secret ne serait pas
divulgué, décida d’enfermer aussi l’architecte dans le Labyrinthe qu’il avait
construit, ainsi que son neveu Icare.
- Sens actuel : un
dédale est un endroit tellement compliqué que l’on ne peut que difficilement s’y
retrouver. C’est un synonyme de « labyrinthe ».
9/ Echo
- Mythologie : la
nymphe Echo a été punie par Héra qui lui en voulait de l’avoir vue en train
d’observer les amours de son époux, Zeus, avec d’autres nymphes. Elle fut
condamnée à ne plus pouvoir parler, sauf pour répéter les derniers mots de ses
interlocuteurs. Une autre légende la montre amoureuse de Narcisse, qui la
repoussa et la poussa ainsi au désespoir. Elle dépérit et il ne resta d’elle que
sa voix.
- Sens actuel :
l’écho désigne le phénomène acoustique de réflexion du son sur un obstacle qui
le répercute, d’où l’impression qu’il est répété comme par la malheureuse
nymphe.
10/ Etre dans les bras de
Morphée
- Mythologie :
Morphée, fils d’Hypnos (le Sommeil) est le dieu des rêves.
- Sens actuel :
cette expression signifie « dormir profondément ».
11/ Etre le sosie
de quelqu’un
- Mythologie : pour
séduire la mortelle Alcmène, Zeus prit les traits de son mari Amphitryon ;
pendant ce temps, l’esclave de la maison, Sosie, vit apparaître devant lui un
autre Sosie : il s’agissait de Mercure qui avait pris son apparence. C’est le
dramaturge latin Plaute qui nous parle de Sosie dans Amphitryon.
- Sens actuel : être
le sosie de quelqu’un, c’est présenter une très forte ressemblance avec une
personne, au point qu’on puisse confondre les deux, comme Sosie et Mercure.
12/ Etre sous l’égide
de
- Mythologie :
l’égide est le bouclier donné par Zeus à sa fille Athéna. Il est recouvert (ou
est constitué) par la peau de la chèvre (en grec : aigidos) Amalthée, qui a
nourri de son lait Zeus quand il était bébé. A sa mort, il conserva la peau de
sa « nourrice ». Athéna y ajouta la tête de la Gorgone, entourée de serpents :
elle était chargée d’effrayer ses ennemis et protéger ses amis.
- Sens actuel :
cette expression signifie être sous la protection et le patronage d’une autorité
reconnue.
13/ Fil d’Ariane
- Mythologie :
lorsque Thésée aborda en Crète pour vaincre le Minotaure et mettre fin au
sacrifice annuel ou pluriannuel de neuf jeunes gens et neuf jeunes filles
d’Athènes, il reçut l’aide d’Ariane, la fille du roi Minos. Elle lui donna une
pelote de fil afin que, après avoir tué le Minotaure, il puisse retrouver la
sortie du Labyrinthe.
- Sens actuel : un
fil d’Ariane est un moyen utilisé pour avoir des points de repère dans une
situation difficile et pouvoir s’en sortir. En informatique, un fil d’ariane est
une succession de liens hiérarchisés permettant la navigation sur internet
jusqu’à la page recherchée et séparés par le signe >. Ex : civilisation grecque
> Grèce >Athènes > Pages thématiques > Les dieux
14/ Harpie
- Mythologie : les
Harpies sont la personnification de vents violents : Aellô (« vent de
tempête »), Ocypeté (« au vol rapide »), Podargè (« aux pieds rapides ») et
Celanès (« sombre »). Elles se présentent sous la forme d’oiseaux dotés de
visages humains
- Sens actuel : une
harpie est une personne particulièrement vindicative, à l’image de l’épisode de
l’Odyssée où les Harpies s’acharnent sur Phinée (elles emportent ou
souillent toute sa nourriture).
15/ Jugement de Pâris
- Mythologie : lors
des noces de Thétis et Pélée, la déesse de la Discorde, Eris, lança dans la
salle du banquet, une pomme d’or portant l’inscription « à la plus belle ».
Comme les déesses se disputaient la possession de la pomme, Zeus ne voulut pas
trancher, de peur de mécontenter son épouse Héra qui faisait partie des
prétendantes. C’est pourquoi il chargea le Troyen Pâris de désigner la plus
belle entre Aphrodite, Athéna et Héra. Pour le convaincre, Héra lui promit la
puissance sur l’Europe et l’Asie ; Athéna, la sagesse ; et Aphrodite, l’amour de
la plus belle mortelle. Pâris ayant choisi Aphrodite, il obtint l’amour
d’Hélène, la plus belle mortelle ; mais celle-ci était l’épouse du roi de
Sparte, Ménélas. Celui-ci prit la tête d’une expédition contre Troie. La guerre
dura dix ans et s’acheva par la destruction de la ville.
- Sens actuel : un
jugement de Pâris est une décision apparemment banale mais qui risque d’avoir
des conséquences incalculables.
16/ Lit de Procuste
- Mythologie :
Procuste (fils de Poséidon) était un bandit qui vivait au bord de la route entre
Athènes et Eleusis. Il attirait les voyageurs en leur offrant l’hospitalité,
mais ensuite il les attachait sur un lit : un petit lit pour les grands, et il
leur coupait la partie des jambes qui dépassait ou un grand lit pour les petits
et il les étirait aux dimensions du lit. C’est le héros Thésée qui mit fin à sa
carrière sanglante en lui faisant subir le même sort.
- Sens actuel :
un lit de Procuste désigne une tentative de réduire les hommes à un seul modèle,
à une seule façon de penser ou d'agir, quitte à réduire à néant en eux toute
personnalité ou toute originalité.
17/ Mégère
- Mythologie :
Mégère est l’une des Furies (ou Erynies), chargées de poursuivre sans répit les
criminels, en particulier ceux qui ont commis des crimes contre un membre de
leur famille. Elles ont un aspect redoutable : elles portent des torches et des
fouets et leurs cheveux sont entremêlés de serpents.
- Sens actuel : une
mégère est une femme redoutable, méchante.
18/ Narcisse
- Mythologie : la
nymphe Echo était tombée amoureuse du beau Narcisse, mais il la repoussa.
Aphrodite, la déesse de l’amour, le punit en le rendant amoureux de son propre
reflet dans l’eau. Il essayait vainement d’embrasser son image et, n’y parvenant
pas, il se noya ou en mourut de désespoir.
- Sens actuel : une
personne narcissique est une personne qui se contemple (au sens figuré du terme)
et s’admire au point de porter peu d’intérêt aux personnes qui l’entourent.
19/ Odyssée
- Mythologie :
l’Odyssée d’Homère raconte le long périple d’Ulysse pour rentrer chez lui
après la fin de la guerre de Troie. Ce chemin du retour a été aussi long que la
guerre elle-même et a exposé le héros grec à de très nombreux dangers et à des
aventures extraordinaires.
- Sens actuel : une
odyssée est une aventure aux multiples rebondissements, un peu à la façon de celle
vécue par le héros homérique.
20/ Les
Parques
- Mythologie : les
Parques sont au nombre de trois. Elles représentent le destin de tout homme car
elles filent le fil de sa vie. Ces trois vieilles femmes s’appellent Klotho
(« la fileuse » : elle manie le rouet), Lachésis (« celle qui répartit » : elle
tire le fil) et Atropos (« inflexible » : elle coupe le fil).
- Sens actuel : les
Parques représentent encore l’idée du destin, dans ce qu’il a d’inflexible et
d’inexorable. Rien ne permet de s’y soustraire ou de le modifier.
21/ Rocher de
Sisyphe
- Mythologie :
condamné à un supplice éternel aux Enfers pour avoir mécontenté les dieux à de
nombreuses reprises, Sisyphe était obligé de pousser en haut d’une montagne un
gros rocher. Chaque fois que le rocher atteignait le sommet, il retombait
aussitôt et Sisyphe devait recommencer sans fin ses efforts.
- Sens actuel :
c’est un travail sans fin, qui n’aboutit jamais, qui est toujours à recommencer.
Le philosophe et écrivain Albert Camus en a fait le symbole de la condition
humaine.
22/ Sortir de la
cuisse de Jupiter
- Mythologie : parmi
les nombreuses liaisons de Zeus figure la mortelle Sémélé. Alors qu’elle
attendait Dionysos, elle se laissa persuader par Héra de demander à son divin amant
de se montrer à elle dans toute sa splendeur divine. Zeus ne put refuser, et
Sémélé fut carbonisée car aucun humain ne peut voir un dieu sous sa forme
divine. Zeus préleva l’enfant dans le ventre de sa mère et le mit dans sa cuisse
où il resta jusqu’à sa naissance.
- Sens actuel :
sortir de la cuisse de Jupiter (Zeus en grec), c’est avoir une très haute
opinion de soi, comme si on était d’essence divine et si on descendait de
Jupiter en personne.
23/ Sortir tout
armé
de la tête de quelqu’un
- Mythologie : la
première épouse de Zeus, Métis (la Raison) était enceinte d’Athéna, mais Zeus
avait peur d’être détrôné par l’un des ses enfants. C’est pourquoi il avala
Métis changée en goutte d’eau. Ainsi, il intégra la raison. Quelques temps plus
tard, il fut pris d’un violent mal de tête. Héphaïstos lui fendit le crâne d’un
coup de hache et Athéna en sortit, déjà adulte, armée et casquée.
- Sens actuel : il
s’agit d’un projet complètement bouclé, auquel on ne peut plus rien apporter.
24/ Supplice de
Tantale
- Mythologie :
Tantale est un autre condamné célèbre. Voulant mettre les dieux et leur
clairvoyance à l’épreuve, il leur offrit en festin son propre fils. Les dieux
découvrirent la supercherie et furent offensés car les dieux grecs ne mangent
pas de chair humaine. Tantale fut précipité dans le Tartare, un lieu de supplice
des Enfers. Il fut condamné à souffrir perpétuellement de la faim et de la soif
tout en ayant à sa portée une source d’eau fraîche et des fruits exquis. Mais
chaque fois qu’il tendait la main, l’eau se dérobait et l’arbre relèvait ses
branches.
- Sens actuel : un
supplice de Tantale est une tentation insupportable et sans cesse renouvelée.
25/ Talon d’Achille
- Mythologie :
Achille était seulement un demi-dieu (ou héros) car si sa mère Thétis était une
déesse, son père, quant à lui, était mortel. C’est pourquoi sa mère voulut le
rendre immortel en le plongeant dans les eaux du Styx, le fleuve des Enfers.
Mais le talon, par où elle le tenait, resta mortel. C’est pourquoi Pâris, au
cours de la guerre de Troie, put le blesser mortellement en lui décochant une
flèche au talon.
- Sens actuel : le
talon d’Achille est le point faible d’une personne.
26/ Taquiner la
muse
- Mythologie : les
muses président aux différents arts : Calliope (poésie épique), Clio (histoire),
Euterpe (la flûte et la poésie lyrique), Melpomène (la tragédie), Terpsichore
(la danse chorale), Erato (la lyre et la poésie lyrique), Polymnie (les hymnes
destinés aux dieux ou la pantomime), Uranie (l’astronomie), Thalie (la comédie
et la poésie bucolique).
- Sens actuel :
taquiner la muse c’est s’adonner à l’une des activités patronnées par les Muses,
essentiellement la poésie.
27/ Tomber de
Charybde en Scylla
- Mythologie :
Charybde est un tourbillon situé dans le détroit de Messine, entre l’Italie et
la Sicile. D’après Homère (l’Odyssée) c’est un monstre féminin. Tout
aussi monstrueuse, pourvue de six têtes munies de trois rangées de dents, ainsi
que de douze pieds, Scylla vit dans une grotte située dans le détroit de
Messine, en face de Charybde. Elle se nourrit de poisson mais aussi des marins
dont le bateau a fait naufrage.
- Sens actuel :
tomber de Charybde en Scylla, c’est échapper à un danger pour tomber dans un
autre aussi grand.
28/
Tonneau des
Danaïdes
- Mythologie : les
cinquante filles de Danaos, les Danaïdes, ont été condamnées à un châtiment
éternel pour avoir tué leurs maris à la demande de leur père. Elles doivent sans
fin remplir des tonneaux percés.
- Sens actuel : le
tonneau des Danaïdes symbolise la tâche impossible à accomplir et, par le fait
même, décourageante.
29/ Travail
d’Hercule
- Mythologie :
Hercule (Héraclès en grec) est un héros, fils de Zeus et de la mortelle Alcmène.
Par jalousie, l’épouse légitime de Zeus, Héra, s’acharna sur le héros : tout
d’abord elle lui envoya deux énormes serpents alors qu’il était encore au
berceau. Puis elle le rendit fou et l’amena à tuer sa femme et ses enfants. Pour
expier ce crime, il dut se mettre au service de son cousin, le roi Eurysthée et
effectuer à sa demande (mais il était conseillé par Héra !) des travaux dont
chacun était réputé impossible à accomplir : ce sont les Douze travaux
d’Hercule : vaincre le lion de Némée, l’hydre de Lerne, le sanglier d’Erymanthe,
la biche aux sabots d’airain de Cérynie et les oiseaux du lac Stymphale,
nettoyer les écuries d’Augias, dompter le taureau de Crète et les chevaux de
Diomède, ramener la ceinture d’Hippolyte (reine des Amazones), conduire les
bœufs de Géryon, ramener les pommes d’or du jardin des Hespérides, descendre aux
Enfers à la recherche de Cerbère. Mais Hercule sortit vainqueur de toutes ces
épreuves.
- Sens actuel : un
travail d’Hercule est un travail à priori impossible à accomplir et que seul un
héros réputé pour sa force et sa bravoure comme Hercule aurait pu réussir.
30/ Travail de
Titan
- Mythologie : les
douze Titans sont les dieux les plus anciens dans la mythologie grecque ; ils
sont les enfants d’Ouranos (le Ciel) et de Gaia (la Terre). Pour prendre le
pouvoir, Zeus, aidé de ses frères et sœurs, a dû mener un combat difficile
contre les Titans (dont son père Cronos). Ils sont caractérisés par leur force
considérable.
- Sens actuel : un
travail de titan est travail si difficile et d’une ampleur telle que seul un
Titan pourrait le réaliser. De là, l’adjectif « titanesque ».
31/ Tunique de
Nessus
- Mythologie :
Héraclès et son épouse Déjanire voulaient traverser un fleuve en crue. Le
centaure Nessus se proposa de faire traverser Déjanire, mais pendant la
traversée, il essaya de la violer. Resté sur la rive, Héraclès le tua d’une
flèche. Avant de mourir Nessus conseilla à Déjanire de prendre un peu de son
sang : si un jour Héraclès lui était infidèle, elle n’aurait qu’à enduire la
tunique du héros de ce sang et aussitôt il lui reviendrait. Lorsque Héraclès
tomba amoureux de Iole, la fille d’Eurytos, roi d’Oechalia, Déjanire se souvint
des conseils du centaure et les appliqua. Mais quand Héraclès revêtit sa tunique
enduite du sang de Nessus, elle se colla à lui et le fit atrocement souffrir.
Cette douleur était si cruelle qu’il se jeta sur un bûcher sur le mont Oeta.
- Sens actuel : une
tunique de Nessus est quelque chose dont on ne peut se débarrasser et qui cause
les plus vives souffrances morales ou physiques.
32/ Un
colosse aux
pieds d’argile
- Mythologie :
l’expression « colosse aux pieds d’argile » se trouve dans la Bible (le roi
Nabuchodonosor rêve d’une superbe statue en or, en argent, en bronze et en fer ;
mais cette statue a les pieds en argile ; une seule pierre suffit à la détruire
toute entière). On trouve la même image dans la mythologie grecque avec Talos,
le géant de bronze fabriqué par Héphaïstos. Son seul point faible était la veine
qui parcourait son corps et qui était apparente sur sa cheville. Il empêchait
les voyageurs d’aborder sur l’île de Crète, c’est pourquoi Médée dut le faire
mourir en le vidant de son sang grâce à ses pouvoirs magiques, pour permettre aux
Argonautes de débarquer sur l’île.
- Sens actuel :
cette expression désigne une personne ou un pays en apparence très puissant mais
qui en fait recèle des faiblesses cachées et qui risquent d’être fatales.
- Mythologie : le
héros Hercule (Héraclès en grec) est célèbre pour sa force considérable et pour
la bravoure qu’il a manifestée en toute occasion, pendant ses Douze travaux,
mais aussi au cours de bien d’autres exploits.
- Sens actuel : un
hercule est un personnage que sa force et son courage rapprochent du célèbre
héros grec.
34/ Une
panacée
- Mythologie :
Panacée est une déesse (fille d’Asclépios, dieu de la médecine) qui donne aux
hommes des remèdes à base de plantes. Son nom vient de la racine « pan » : tout,
et « akos » : remède
- Sens actuel :
c’est une solution capable (ou qui passe pour être capable) de résoudre toute
difficulté en toutes circonstances, la solution ou le produit « miracle ».
35/ Un travail de
Pénélope
- Mythologie :
pendant qu’Ulysse participait au siège de Troie, pendant dix ans, puis passait
encore autant d'années à rentrer à Ithaque, son épouse Pénélope s’efforçait de
gagner du temps. En effet de nombreux prétendants la demandaient en mariage, la
rumeur disant que son époux était mort. Mais elle leur répondait qu’elle ne
pouvait envisager un remariage tant qu’elle n’aurait pas fini de tisser le
linceul destiné au père d’Ulysse. Mais, si le jour elle tissait le linceul, la
nuit elle défaisait le travail déjà effectué. La ruse dura jusqu’à ce qu’une
servante ne révélât la vérité et Pénélope dut inventer autre chose.
- Sens actuel : un
travail de Pénélope est un travail inutile puisqu’il consiste à défaire sans
cesse ce que l’on a fait.
36/ Voix de
sirène
- Mythologie : les
Sirènes sont des créatures féminines dont le chant merveilleux est fatal aux
marins puisque, oubliant tout, ils vont se fracasser sur les rochers. Ulysse est
le seul à avoir pu les entendre sans le payer de sa vie : il demanda à ses
marins de l’attacher au mât du bateau et de se boucher les oreilles avec de la
cire. Ainsi, il put entendre le chant des sirènes sans risque, tandis que ses
marins continuaient à ramer sans se laisser distraire.
- Sens actuel : on
appelle chant des sirènes des conseils séduisants mais très dangereux. Il est
très difficile d’y résister
37/ Voix de
Stentor
- Mythologie :
Stentor participa à la guerre de Troie. Il est surtout connu pour sa voix :
Homère (dans l’Iliade) dit qu’elle avait la puissance de celles de
cinquante hommes réunis.
- Sens actuel :
avoir une voix de stentor, c’est avoir une voix particulièrement puissante et
qui porte très loin.
38/ Yeux d’Argus
- Mythologie : Argus
(ou Argos) était un berger à qui Héra avait confié la garde d’Io, la princesse
qu’elle avait changée en vache car Zeus était tombé amoureux d’elle. Il avait
cent yeux sur tout le corps, dont la moitié restait toujours éveillée ; à sa
mort (il fut tué par Hermès), Héra disposa ses yeux sur la queue du paon, son
animal préféré.
- Sens actuel :
l’expression désigne quelqu’un qui a la capacité de tout voir, d’où son
utilisation pour nommer des organismes chargés d’un contrôle.
II/ Expressions
tirées de l’histoire antique
1/ Catilinaire
- Histoire romaine
et littérature : le patricien romain Catilina avait des ambitions politiques
qu’il était prêt à satisfaire en utilisant des moyens peu légaux : extorsion de
fonds, agitation politique, tentative de révolution… . Cicéron s’opposa à lui et
le battit à l’élection pour le consulat de – 63, puis prononça contre lui quatre
discours implacables, les Catilinaires, dans lesquels il exposait les
exactions commises par Catilina. Celui-ci dut s’enfuir de Rome puis il fut
battu à la tête de son armée et mourut en – 62.
- Sens actuel : une
catilinaire est un discours très dur et une attaque très vive.
2/ De bon
augure
-
Histoire religieuse romaine: l’augure est le prêtre chargé de prendre les
auspices, c’est-à-dire de lire les signes marquant la volonté des dieux en
observant le vol des oiseaux ou l’appétit des poulets sacrés. On consulte la
volonté des dieux par l’intermédiaire d’un augure avant chaque décision ou
événement politique ou militaire important.
- Sens actuel :
cette expression signifie qu’une chose s’annonce bien et qu’elle semble
favorisée par les dieux.
3/ Délices de
Capoue
- Histoire romaine :
au cours de la seconde guerre punique (- 218 à - 202), le général carthaginois
Hannibal remporta de nombreuses victoires contre les Romains, si bien qu’il
semblait prêt à envahir Rome. Mais, pour des raisons inexpliquées, au lieu de
marcher tout de suite sur Rome, il préféra rester à Capoue avec son armée.
Pendant ce temps, Rome eut le temps de se ressaisir, de recruter de nouveaux
hommes et ainsi de reprendre l’avantage.
- Sens actuel : les
délices de Capoue signifient le ramollissement causé par le luxe qui empêche
toute action. Cela signifie également l’incapacité à exploiter sa victoire.
Tite-Live en effet rapporte les paroles de Maharbal (le maître de la cavalerie
punique) : « "Tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de ta
victoire" (Histoire romaine). C’est ce qui expliquerait son échec.
4/ Etre
laconique
- Histoire : la
Laconie est la région de Sparte. Or les Spartiates étaient connus pour leur peu
de propension pour la parole et pour leurs discours concis, contrairement aux
Athéniens. Une anecdote raconte que lorsque Philippe de Macédoine leur écrivit :
« Si j’envahis la Laconie, vous serez chassés », ils répondirent : « Si ».
- Sens actuel : être
laconique, c’est faire preuve d’une grande concision et éviter toute parole
inutile.
5/ Etre sous les
auspices de
-
Histoire religieuse romaine : à Rome, avant tout acte politique ou civil, il est
indispensable de demander d’abord l’approbation des dieux. Pour connaître leurs
volontés, il faut s’adresser à des prêtres, en particulier les augures, chargés
d’observer le vol des oiseaux ou l’appétit des poulets sacrés.
- Sens actuel :
cette expression signifie qu’une chose se place sous la protection des dieux ou
d’une autre puissance et en attend une influence positive.
6/ Epée de
Damoclès
- Histoire :
Damoclès enviait le sort du tyran de Syracuse, Denys Ier l’Ancien (qui régna de
–405 à – 367), et aurait bien voulu prendre sa place. Le tyran l’invita alors à
un festin durant lequel Damoclès goûta les mets les plus délicieux et les vins
les plus fins. A un moment, Denys lui demanda de lever la tête : alors Damoclès
vit au-dessus de lui une épée suspendue par un crin de cheval, menaçant à tout
instant de tomber sur lui.
- Sens actuel :
cette expression désigne un danger imminent, susceptible de se concrétiser à
tout moment, mais aussi le caractère précaire du bonheur.
7/ Flèche du
Parthe
- Histoire : les
Parthes (Asie occidentale) étaient célèbres pour leur cavalerie ; leurs
cavaliers avaient la capacité de pouvoir tirer à l’arc en arrière, au moment où
ils s’éloignaient de l’ennemi qui en était d’autant plus surpris et effrayé.
- Sens actuel :
envoyer la flèche du Parthe signifie contre-attaquer au moment où l’adversaire
s’y attend le moins et croit s’en être tiré à bon compte.
8/ Franchir le
Rubicon
- Histoire romaine :
en lutte contre son rival Pompée, César reçut l’ordre en – 49 de ne pas entrer avec
son armée sur le territoire romain, délimité par le cours d’eau du Rubicon,
entre la Gaule Cisalpine et l’Italie. Mais César savait que ses ennemis
l’attendaient ; il décida de franchir le Rubicon avec ses soldats et, ce
faisant, il transgressa les ordres du Sénat. Il se mit ainsi hors-la-loi. Ce fut
le début de la guerre civile qui vit l’affrontement entre ses partisans et ceux
de Pompée et le Sénat. C’est César qui remporta la victoire.
- Sens actuel :
franchir le Rubicon, c’est prendre une décision difficile et sur laquelle on ne
pourra pas revenir. Il n’y aura pas de retour en arrière possible. D’ailleurs,
on dit que César, en franchissant le Rubicon, aurait dit : « Alea jacta » ( « le
sort en est jeté »).
9/
Garde prétorienne
- Histoire romaine :
sous la République, la garde (ou cohorte) prétorienne sert de garde du corps à
un général. Sous l’empire, Auguste crée neuf cohortes pour protéger l’Italie,
composées de vétérans qu’il connaît bien. Ce sont des troupes placées sous le
commandement direct de l’empereur. Elles sont au côté de l’empereur et de sa
famille, à Rome comme en voyage et sont très bien payées. Elles ont même pu
jouer un rôle politique, en particulier dans le choix des empereurs.
- Sens actuel : une
garde prétorienne est un ensemble d’hommes qui n’ont de compte à rendre qu’ à
celui qui les emploie ; ce sont des hommes de main, à la limite de la légalité.
10/ Huitième
merveille du monde
- Histoire : à
l’époque alexandrine, on dressa la liste des sept réalisations les plus dignes
d’admiration : les pyramides d’Egypte, les jardins suspendus de Babylone, le
mausolée d’Halicarnasse, le temple d’Artémis à Ephèse, la statue de Zeus à
Olympie, le colosse de Rhodes et le phare d’Alexandrie.
- Sens actuel : cela
désigne quelque chose d’exceptionnel, digne d’être admiré comme les Sept
Merveilles du monde antique. Cette expression peut aussi être utilisée dans un
sens ironique : « se prendre pour la huitième merveille du monde », c’est avoir
une très haute opinion de soi.
11/ Loi
draconienne
- Histoire grecque :
le législateur Dracon (le premier à avoir établi des lois écrites), en – 621, a
donné à Athènes des lois particulièrement sévères : presque tous les délits
étaient punis de la peine de mort.
- Sens actuel : tout
ce qui est draconien est très sévère et ne tolère aucune faiblesse : par exemple
un régime draconien ne laisse place à aucun aménagement possible.
12/
Messaline
- Histoire romaine :
épouse de l’empereur Claude (-10 à + 54), Messaline était connue pour ses
infidélités conjugales.
- Sens actuel : une
Messaline est une femme de moralité légère.
13/ Passer sous les
fourches caudines
- Histoire romaine :
en – 321, après avoir été encerclée dans le défilé de Caudium à la suite d’une
information trompeuse, l’armée romaine fut obligée de se rendre aux Samnites,
dans les Abruzzes : les soldats et leurs consuls durent passer sous le joug
dressé par les vainqueurs, en un défilé humiliant, d’où le nom de Fourches
Caudines (Furculae Caudinae) donné par la suite à ce défilé.
- Sens actuel :
passer sous les fourches caudines signifie être obligé d’accepter des conditions
humiliantes.
14/
Philippique
- Histoire grecque :
l’homme politique athénien Démosthène s’efforçait d’attirer l’attention de ses
concitoyens sur le danger que représentaient pour eux les ambitions de Philippe
de Macédoine qui peu à peu s’emparait de toute la Grèce. Pour cela il écrivit
des discours violents contre Philippe : les Philippiques. L’influence de
Démosthène sur tous les orateurs grecs et romains des générations suivantes fut
telle que Cicéron appela Philippiques ses discours contre Antoine et
que par la suite ce terme fut adopté pour désigner toute invective politique.
- Sens actuel :
encore aujourd’hui, une philippique, tout comme une catilinaire, est un discours
implacable.
15/
Quadrature du
cercle
- Sciences
antiques : le premier scientifique grec à s’intéresser à ce problème de
géométrie a été Anaxagore de Clazomènes. Il s’agit de construire un carré de
même aire qu’un cercle à l’aide d’une règle et d’un compas.
(cf.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Quadrature_du_cercle )
- Sens actuel : cela
désigne quelque chose d’impossible à réaliser car pendant longtemps ce problème
de géométrie a été réputé insoluble..
16/ Renvoyer aux
calendes grecques
- Histoire : les
calendes grecques n’existent pas puisque les calendes appartiennent au
calendrier romain.
- Sens actuel : cela
signifie une date qui n’existe pas. Renvoyer une chose aux calendes grecques,
c’est la renvoyer à jamais.
17/ Riche comme
Crésus
- Histoire :
dernier roi de Lydie, Crésus (- 560 à – 546) était d’une richesse proverbiale.
- Sens actuel : être
riche comme Crésus, c’est posséder une fortune comparable au roi de Lydie.
18/
Rire homérique
- Littérature
grecque : cette expression fait allusion à la place du rire dans l’œuvre
d’Homère. Par exemple, lors du banquet divin sur l’Olympe (Iliade, chant
I), les dieux sont pris d’un fou rire incoercible en voyant Héphaïstos, le dieu
boiteux qui leur sert d’échanson (il verse le vin dans les coupes), s’agiter
devant eux. Le thème du rire revient avec une certaine constance dans l’œuvre
car il accompagne la victoire et sert à humilier le vaincu.
- Sens actuel : un
rire homérique est un rire inextinguible, comme celui des dieux de l’Olympe.
19/ Se reposer sur
ses lauriers
- Histoire romaine :
les généraux romains, lors de la cérémonie du triomphe (qui vient sanctionner
une victoire décisive avec des pertes considérables pour l’ennemi), défilent à
la tête de leurs troupes, suivis du butin et des prisonniers, le front couronné
de lauriers. Le laurier symbolise donc la victoire. C’était déjà le cas en
Grèce : aux Jeux de Pythiques de Delphes, les athlètes vainqueurs recevaient une
couronne de lauriers.
- Sens actuel :
se
reposer sur ses lauriers signifie ne pas continuer une carrière qui avait bien
commencé, ne pas poursuivre ses efforts.
20/ Se retirer sur
l’Aventin
- Histoire romaine :
l’Aventin est l’une des sept collines de Rome. Au début de la République, les
plébéiens étaient en lutte contre les patriciens (la noblesse) pour obtenir les
droits que ceux-ci leur refusaient. Se rendant compte que la survie économique
de la Ville dépendait d’eux et non des patriciens, pour faire pression sur eux,
ils décidèrent de se retirer sur l’Aventin qui à cette époque était à
l’extérieur de la muraille de la ville. Ménénius Agrippa, d’après Tite-live (Histoire
romaine) prononça alors un célèbre discours (Apologue des membres et de
l’estomac) pour convaincre la plèbe que chacun jouait un rôle dans un organisme
tel qu’une ville et que les patriciens aussi étaient utiles à la communauté. Les
plébéiens obtinrent leurs propres magistrats (tribuns et édiles) et leur
assemblée. Mais il faudra longtemps encore pour que la plèbe acquière d’autres
droits.
- Sens actuel : se
retirer sur l’Aventin signifie se retirer et renoncer à poursuivre des
négociations.
21/ Toucher le
pactole
Géographie : le
Pactole est un fleuve, en Lydie, dont le sable contenait de l’or.
Sens actuel :
toucher le pactole signifie devenir brusquement très riche.
22/ Trancher le nœud
gordien
- Histoire
grecque et légende : d’après la légende, la ville de Gordion, en Phrygie, porte
ce nom d’après le roi Gordios. Un oracle venait d’annoncer qu’un char allait
amener le futur roi, capable d’apaiser les querelles civiles, lorsqu’un paysan
arriva juste à ce moment sur son char. Il fut proclamé roi et consacra à Zeus
son char et le joug auquel les bœufs avaient été attachés. Un autre oracle
déclara que celui qui pourrait défaire le nœud du joug (beaucoup avaient essayé
en vain) régnerait sur toute l’Asie. Quand Alexandre le Grand (- 356 à – 323)
arriva à Gordion, il trancha le nœud d’un coup d’épée. Le fait est qu’il régna
sur toute une partie de l’Asie…
- Sens actuel :
trancher le nœud gordien signifie choisir une solution expéditive et radicale
mais efficace pour résoudre une difficulté.
23/ Une discussion
byzantine
- Histoire grecque :
l’époque byzantine commence en 330 après J.C. pour s’achever à la chute de
Byzance en 1453. C’est une période très riche sur le plan culturel et
littéraire ; les savants byzantins étudiaient la grammaire, ils commentaient
les œuvres du passé dans des ouvrages érudits, ils écrivaient des abrégés
d’ouvrages classiques et jouèrent ainsi un grand rôle dans la transmission des
auteurs anciens, mais cette période est parfois marquée aussi par des querelles
de spécialistes. C’est ce dernier aspect qui est retenu dans l’expression
« discussion (ou querelle) byzantine ».
- Sens actuel : une
discussion byzantine est une discussion sur un point de détail, sans aucun
intérêt ; c’est déployer toutes les ressources de la rhétorique sur un thème qui
n’en vaut pas la peine.
24/
Veni, vidi, vici
(= je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu)
- Histoire romaine :
Jules César, en – 47, remporta une victoire éclair contre Pharnace, roi du Pont,
à Zéla et, à cette occasion, il prononça sa célèbre phrase : « Veni, vidi vici »
pour souligner l’extrême facilité de sa victoire. L’asyndète (absence de liens
logiques entre les trois propositions, très rare en latin et toujours
signifiante) renforce l’impression de rapidité et l’effet de crescendo (chaque
verbe est plus fort que le précédent).
- Sens actuel :
cette expression désigne une action si rapide qu’on a l’impression qu’elle n’a
été qu’une formalité. Sa concision extrême, son rythme ternaire et les
assonances en i ont particulièrement marqué les esprits et cela explique que V.
Hugo par exemple ait fait un jeu de mots à partir de cette formule : veni, vidi,
vixi (= « je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu »). Plus proche de nous, le Canard
Enchaîné fait régulièrement des jeux de mots à partir de cette expression : par
exemple il a fait dire à un homme politique de retour de Nouvelle – Calédonie :
« Je suis venu, j’ai vu, je suis pas plus avançu », et à un homme politique
d’extrême droite au lendemain d’élections : « veni, vidi, et bientôt si tout va
bien … Vichy ».
25/ Victoire à la
Pyrrhus
- Histoire : le roi
d’Epire (nord de la Grèce), Pyrrhus (- 319 à – 272), était venu avec ses
éléphants, au secours de la ville grecque de Tarente, au sud de la botte
italienne. Il remporta un certain nombre de victoires, mais après celle d’Asculum,
en - 279, bien qu’ayant mis les Romains en déroute, ses pertes en hommes furent
si importantes qu’il fut incapable de s’implanter en Italie.
- Sens actuel : une
victoire à la Pyrrhus est une victoire au cours de laquelle le vainqueur est
presque aussi mal en point que le vaincu. On raconte qu’après sa victoire,
Pyrrhus aurait dit : « Encore une victoire comme celle-ci et nous sommes
perdus ».
Isabelle
Didierjean, professeur agrégé de lettres classiques au collège public Jeanne
d'Arc - Orléans.
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