jeux olympiques
Page Thématique                                            LES JEUX OLYMPIQUES  (Isabelle Didierjean, professeur agrégé de Lettres classiques)
Voir aussi :

Exposé classe de 6èmeTimoklès aux Jeux Olympiques (texte de
Camille  Bouteille classe de 5ème)
Fichier de J. Galhardo pour les 3èmes

LES JEUX OLYMPIQUES
TA 'OLUMPIADA (police Greek nécessaire - Télécharger dans le répertoire "Fonts")

Plan : INTRODUCTION - I/ LA LÉGENDE - II/ L’HISTOIRE - III/ LE SITE - IV/ LE DÉROULEMENT DES JEUX - V/ LES ÉPREUVES - VI/ LES ATHLÈTES - VII/ POURQUOI LES JEUX ? - VIII/ LES J.O. AUJOURD’HUI


INTRODUCTION

            Le fait que les Jeux Olympiques actuels portent le même nom que ceux de l’Antiquité ne doit pas prêter à confusion. Les différences sont considérables : aspect religieux, valeurs dont se réclament les athlètes et les spectateurs, contenu des épreuves etc… Le terme de « Jeux » ne doit pas non plus induire en erreur et suggérer une dimension ludique. En grec, on parle d’agônès (oƒ ¢gîne$) c’est-à-dire de « concours », avec une idée d’émulation et de compétition. De même, la notion de « sport », pratiqué comme un but en soi, n’existe pas dans l’Antiquité : les jeunes hommes s’exercent à la palestre pour être de bons soldats, capables de défendre leur cité, leur liberté, leur civilisation ; les athlètes se dépassent dans l’effort physique en l’honneur des dieux : rien n’est gratuit dans tout cela. En outre, l’exercice physique a une place importante dans la civilisation grecque car, pour les Grecs, la perfection morale et l’excellence physique vont ensemble. Le but est d’obtenir l’équilibre du corps et de l’esprit, ce que les Grecs résument par la formule : KalÒ$ k¢gaqÒ$ (kalos kagathos): « beau et bon ». Les Romains résument cette idée par la formule : « Mens sana in corpore sano » : « un corps sain dans un esprit sain ».

            La première mention des Jeux dans la littérature se trouve dans l’Iliade d’Homère. Il s’agit de Jeux funèbres en l’honneur du héros Patrocle : la dimension religieuse, là encore, est très importante. En effet Achille organise des Jeux pour son ami :

            « Fils d’Atrée, et vous autres, Achéens porteurs de bonnes jambières, voici déposés là les prix qui, dans la compétition, attendent les hommes d’attelages. Si nous, les Achéens, nous faisions aujourd’hui des jeux en l’honneur d’un autre, croyez-moi, je m’emparerais du premier prix et l’emporterais dans mon pavillon.[…] Bien sûr, je resterai sans bouger, comme mes chevaux aux sabots massifs : tel fut le conducteur dont ils ont perdu la noble gloire, leur doux guide qui très souvent versait sur leurs longs crins l’huile fluide, les ayant baignés dans l’eau qui luit. Ils restent là, debout, à le pleurer douloureusement. Leurs longs crins se sont abattus sur le sol. Ils restent là, l’affliction dans le cœur… Equipez-vous, sans moi, d’un bout à l’autre de l’armée : tous ceux des Achéens qui ont confiance en leurs chevaux et dans leurs chars de solide assemblage. »

Homère, Iliade, chant XXIII

            Par la suite, Jeux et littérature ou art restent étroitement liés : les concours athlétiques s’accompagnent de concours de poésie, de concours musicaux et de lectures publiques d’œuvres littéraires (par exemple l’historien Hérodote a lu ses œuvres à Olympie).

I/ LA LEGENDE

            Contrairement aux Jeux modernes, les Jeux antiques (qu’il s’agisse de ceux d’Olympie, de Delphes, de l’Isthme de Corinthe ou de Némée) s’inscrivent très nettement dans un contexte religieux. Ils ont un caractère sacré car ils sont une manifestation religieuse, une pratique rituelle, en l’honneur d’une divinité ; les exploits sportifs ne sont donc pas recherchés pour eux-mêmes mais dans le but d’honorer un dieu. C’est ce que nous montre la légende qui explique la naissance des Jeux d’Olympie et cela justifie la présence à Olympie et dans les autres sites athlétiques de monuments religieux tels que temples et autels : ces lieux sont avant tout des sanctuaires.

            1/ Zeus

            Parvenu à l’âge adulte, Zeus oblige son père, Kronos, à recracher ses frères et sœurs (qu’il a avalés à leur naissance) et il prend le pouvoir. Il s’installe à sa place à Olympie. Kronos désormais réside sur la colline qui porte son nom, le Mont Kronion. Quant au sanctuaire, il prend le nom d’Olympie en l’honneur du maître de l’Olympe, Zeus. Certaines versions de la légende disent que c’est lui qui a instauré les Jeux ; d’autres prétendent que c’est Héraclès Idaos (ne pas confondre avec l'Héraclès des 12 travaux, avec ses quatre frères, il a gardé Zeus enfant et a organisé pour l’amuser un jeu du course).

            2/ Pélops

            Selon d’autres traditions, la naissance des Jeux remonte à Pélops (ancêtre des Atrides). Le roi de Pisa (ville proche d’Olympie), Oenomaos, fils d’Arès, a une fille, appelée Hippodamie. Un oracle de la Pythie l’a averti que son gendre le tuerait ; quand sa fille est en âge de se marier, il organise une course de char, d’Olympie à l’Isthme de Corinthe, qui l’oppose à chacun des prétendants de sa fille. Le prétendant victorieux épousera Hippodamie. Mais Oenomaos gagne toujours la course grâce à ses chevaux, donnés par son père, Arès, et le vaincu est décapité. 

            Quand Pélops arrive à Olympie, Hippodamie (la « dompteuse de chevaux ») en tombe amoureuse et elle décide de lui venir en aide en soudoyant le cocher du char de son père, Myrtilos. Celui-ci remplace une pièce de l’essieu du char par de la cire. Quand celle-ci fond, le char se renverse. Pélops est vainqueur. On dit qu’Oenomaos est mort soit dans l’accident du char soit de la main de son gendre. Pélops épouse Hippodamie et devient roi de Pisa. Il donne son nom au Péloponnèse (« l’île de Pélops »). Pour célébrer sa victoire ou pour les funérailles d’Oenomaos, il organise des Jeux en l’honneur de Zeus. Son tombeau, le Pélopéion, est l’endroit le plus sacré du sanctuaire.

            Pour remercier Héra (déesse du mariage) de son mariage avec l’homme qu’elle aime, Hippodamie instaure de son côté les Héraia. Tous les quatre ans, mais à une période différente des Jeux réservés aux hommes, des jeunes filles d’Elis (ville à proximité d’Olympie) tissent le péplos de la déesse et participent à une course. Les vainqueurs sont couronnées d’une branche d’olivier, elles ont droit à une part de la vache sacrifiée à Héra et peuvent élever leur statue dans le sanctuaire.

            3/ Héraclès

            Enfin selon d’autres versions de la légende, c’est Héraclès, fils de Zeus, qui a instauré les Jeux : 

« Parmi tant de hauts faits qu’il convient de célébrer, Héraclès a droit à notre souvenir parce que, le premier, par amour pour les Grecs, il les rassembla à cette fête. Jusque là les cités étaient divisées entre elles. Mais, après avoir mis fin à la tyrannie et réprimé la violence, il institua une fête qui fut un concours de force, une émulation de richesse, un déploiement d’intelligence, dans le plus beau lieu de la Grèce : ainsi, les Grecs se réuniraient pour voir et entendre des merveilles, et ce rapprochement, pensait-il, serait propre à faire naître entre eux une mutuelle affection. Tel est l’exemple qu’il nous a légué. »

                                                Lysias (vers 440 – 380 avant J.C.), Discours Olympiques

            Héraclès est dans la région pour nettoyer les écuries du roi d’Elis, Augias (c’est l’un de ses douze travaux). Pour cela, il détourne le cours du fleuve Alphée (l’un de deux fleuves qui entourent le site d’Olympie). Mais le roi Augias refuse de lui accorder le paiement promis, alors Héraclès le tue. Puis, d’après le poète Pindare, il institue les Jeux : 

            « Les prescriptions de Zeus m’invitent à chanter cette fête suprême, que, près de l’antique sépulcre de Pélops, Héraclès fonda, en élevant six autels, quand il eut tué le fils de Poséidon, l’irréprochable Ctéatos et quand il eut tué Eurytos, pour arracher, bon gré mal gré, à l’insolent Augias le prix de ses services.

           Alors le vaillant fils de Zeus, rassemblant à Pisa toute son armée et tout le butin, traça, en l’honneur de son père sublime, le sanctuaire divin. Il délimita par des palissades le terrain nu de l’Altis et destina la plaine environnante à abriter le repos des festins. Il honora le fleuve Alphée parmi les douze dieux souverains.

            Le Temps, en s’écoulant, a appris à la postérité, par une tradition certaine, comment Héraclès partagea le butin de guerre et en consacra les prémices, comment aussi il institua la fête quinquennale, par la célébration de la première olympiade, et les prix donnés pour la première fois aux vainqueurs ! »

                                                                                                Pindare, Dixième Olympique

Le stade est construit en le prenant comme référence puisqu’il représente 600 fois la longueur de son pied, c’est-à-dire environ 192 m.

La figure d’Héraclès, célèbre pour son extraordinaire force physique, est particulièrement bien adaptée aux concours athlétiques d’Olympie.

II/ L’HISTOIRE

            Les traces archéologiques montrent  que le site d’Olympie a été occupé très tôt, aux alentours de 3000 avant J.C.. A cette époque, c’est la déesse-mère Gê qui est adorée. Un culte est également rendu à Kronos, Elithyie et Thémis, sur les pentes du Mont Kronion.

            Vers 1000 avant J.C., des peuplades doriennes arrivent à Olympie, sous la direction de leur chef Oxylos. Ils s’emparent de l’administration du sanctuaire d’Olympie, ce qui crée un conflit avec la ville de Pisa, jusque là administratrice des lieux.

            Au VIII° siècle avant J.C (période archaïque), Iphitos d’Elis (avec l’aide de Clisthène de Pisa et Lycurgue de Sparte) réorganise les Jeux et est à l’origine de la numération des olympiades (les olympiades sont numérotées, elles sont représentées également par le nom du vainqueur à la course et elles permettent de situer dans le temps un événement en datation relative : par exemple tel événement s’est déroulé un an après la douzième olympiade ou un an après la victoire de tel coureur ; cette datation est également utilisée ailleurs qu’en Grèce). Pour faire face à une épidémie de peste et aux querelles incessantes entre cités voisines, il consulte l’oracle de Delphes. La Pythie lui conseille de rétablir les concours qui permettaient autrefois aux cités de s’affronter pacifiquement. La tradition veut qu’Iphitos ait rétabli les Jeux en 776 avant J.C., date qui sert de point de départ à la chronologie par olympiades. A cette époque, dans le sanctuaire , il y a juste un autel dédié à Zeus et sur lequel des sacrifices lui sont offerts, et le stade n’est qu’un pré qui retourne à la culture en dehors des Jeux. Les concurrents sont originaires d’Elis ou de Pisa. Cependant le nom du vainqueur de la première olympiade est gravé dans le marbre  et célèbre pour l’éternité : c’est Koroibos, un berger de la région. Peu à peu, la renommée des Jeux grandit et le sanctuaire devient un lien entre tous les Grecs et en particulier entre les colonies et leur métropoles.

            Les VII° et VI° siècles avant J.C. représentent une période florissante pour Olympie, grâce aux nombreuses offrandes des cités et aux travaux de construction (par exemple le temple de Héra).

            Aux V° et IV° siècles avant J.C. (époque classique), les constructions continuent à embellir le site : temple de Zeus, bains, hôtelleries (Léonidaion) pour accueillir les hôtes importants etc… Les statues offertes au sanctuaire font de lui un « concentré » de l’art grec. Les guerres médiques (contre les Perses), qui ont vu la victoire des Grecs grâce à leur entraînement physique et à leur solidarité dans leur lutte pour la liberté, renforcent l’idéal olympique. Cependant Elis et Pisa sont toujours en conflit pour la gestion d’Olympie. 

            De la fin des guerres médiques (- 479) jusqu’au début de la guerre du Péloponnèse, guerre entre cités grecques et qui a débuté en 431 avant J.C., Olympie fait le lien entre les Grecs d’orient et d’occident. Si à Delphes les Barbares peuvent faire des offrandes au sanctuaire et consulter l’oracle, ce n’est pas le cas à Olympie. Seuls les Grecs peuvent offrir des sacrifices et des ex-voto, participer aux Jeux et interroger l’oracle.

            Pendant la période hellénistique, Olympie poursuit son essor. Les cités à l’honneur ne sont plus les grandes cités de la Grèce continentale (affaiblies par la guerre du Péloponnèse qui les a opposées), mais celles autrefois considérées comme moins importantes ou celles d’Asie Mineure ou d’Egypte. Olympie ne fait plus le lien entre les métropoles et leurs colonies comme à la période archaïque ; ce n’est plus le centre de l’hellénisme (la conscience d’appartenir à la même civilisation et de partager les mêmes valeur) comme à la période classique. Le site devient cosmopolite et ce que les cités viennent y célébrer, c’est surtout le souvenir d’un idéal olympique appartenant déjà au passé.

            En 85 avant J.C., Sylla (dictateur romain, né en 138 et mort en 78 avant J.C.) pille le sanctuaire, qui est détruit par un tremblement de terre en – 40. Sous le règne d’Auguste, Olympie connaît un renouveau. Il devient cette fois un lien entre Rome et les provinces de l’est de l’Empire. Il est restauré et de nouvelles constructions sont édifiées. Néron participe aux Jeux. Hérode Atticus contribue à l’embellissement du sanctuaire, comme ailleurs en Grèce. Mais Olympie n’est plus qu’un centre de négociations commerciales ; les mythes ont perdu de leur vie : des guides les expliquent aux visiteurs.

            En 267 après J.C., les incursions des Hérules (peuplade germanique originaire de Scandinavie) conduisent les autorités à construire un rempart pour protéger le temple et la statue de Zeus.

            En 394, Théodose Ier interdit les cultes païens et fait fermer tous les sanctuaires, dont Olympie.

  En 426, Théodose II fait détruire les monuments d’Olympie. Au VI° siècle une église byzantine est construite sur l’atelier du sculpteur Phidias. Les tremblements de terre de 522 et 551 achèvent la destruction du site. Paradoxalement, c’est ce qui va protéger les vestiges : le site n’ayant pas été occupé par la suite, un grand nombre de statues et d’objets, recouverts de terre, peuvent attendre que les archéologues les redécouvrent.

III/ LE SITE

            1/ Le sanctuaire

            Le sanctuaire s’appelle l’Altis (« bois sacré » en dialecte local) , ce qui est pleinement justifié par l’atmosphère bucolique des lieux. En Grèce, tout sanctuaire est clos ; c’est aussi le cas de l’Altis, séparé du monde extérieur par un mur d’enceinte (construit selon la légende par Héraclès). Les principales constructions religieuses sont :

-         l’Héraion : dédié à Héra, l’épouse de Zeus, c’est le plus ancien temple d’Olympie (vers 600 avant J.C.) ; de style dorique, ses colonnes sont d’abord en bois puis remplacées progressivement par de la pierre ; c’est dans ce temple qu’a été retrouvé l’Hermès de Praxitèle ;

-         le temple de Zeus a été construit entre 472 et 457 avant J.C. environ ; son naos (la partie la plus sacrée) abrite la statue chryséléphantine (« en or et en ivoire ») du dieu, sculptée par Phidias dans l’atelier situé juste en face du temple ;

-         le grand autel de Zeus sur lequel chaque année ont lieu des sacrifices ; il est constitué par une base en pierre ; les parties de l’animal réservées au dieu se consument lentement et les cendres en se solidifiant ont fini par former une sorte de pyramide dans laquelle a été creusé un escalier pour accéder au sommet ;

-         le Pélopéion : le tombeau de Pélops est un endroit particulièrement sacré, entre le temple de Zeus et celui de Héra ;

-         le Métrôon : c’est le temple consacré à Rhéa, mère de Zeus.

2/ Les édifices civils et sportifs

-         le gymnase et la palestre n’ont été construits qu’à l’époque hellénistique ; ils ne servent qu’à l’entraînement ;

-        le stade : il y a eu trois stades successifs ; aucun ne comportait de gradins ; les spectateurs assistent aux épreuves de courses assis sur les talus qui entourent la piste ; le stade mesure 600 fois la longueur du pied d’Héraclès (environ 192 mètres) ; seuls les juges (hellanodices) ont une tribune en pierre ;

-         l’hippodrome, dont il ne reste aucune trace car il n’y avait pas de construction en pierre ; il mesurait probablement 600 mètres environ et comportait une borne à chacune de ses extrémités, autour de laquelle devaient passer les chars des concurrents ;

-         le Prytanée abrite l’autel d’Hestia, déesse du foyer, dont la flamme est toujours alimentée ; il accueille les prêtres et les magistrats d’Olympie mais aussi les hôtes publics qui y prennent leurs repas ;

-         le Bouleutérion : les magistrats s’y réunissent pour la gestion des Jeux ; c’est là que se trouve la statue de Zeus Horkios (« serment ») devant laquelle les concurrents prêtent serment ;

-         la terrasse des trésors, avant l’entrée du stade et au-dessus de celui-ci ; les trésors renferment des ex-voto et ils sont édifiés par les cités ; juste au-dessous sont situés les zanès (dont le nom est dérivé de celui de Zeus) qui représentent les amendes payées par les athlètes qui ont triché et leur cité. Les zanès sont des statues de Zeus en bronze.

IV/ LE DEROULEMENT DES JEUX

            1/ La trêve

            Condition suggérée à Iphitos par la Pythie pour remédier aux luttes incessantes entre les cités, la trêve sacrée qui précède et qui suit les Jeux permet à chacun de gagner Olympie et d’en repartir en toute sécurité. Elle est sacrée car elle est garantie par les dieux et parce qu’elle a permis pendant mille ans aux cérémonies religieuses que sont les Jeux de se dérouler sans problème majeur. Toute cité qui viole la trêve est sanctionnée et exclue du sanctuaire et des Jeux. L’autorité morale et religieuse sanctuaire est telle que cela a été peu souvent le cas.

            Des émissaires (les spondophores) parcourent la Grèce pour annoncer la date des Jeux (à la pleine lune, entre fin juin et début septembre) et le début de la trêve. Les cités sont en état de guerre quasi permanent, entre elles ou contre des menaces extérieures. Les moments de trêve sont donc rares et par conséquent d’autant plus précieux. Cela augmente encore le prestige des Jeux. Au moment de la trêve, les Grecs sont heureux d’être ensemble et de partager les mêmes valeurs de piété, de courage et d’amour de la beauté.

            2/ L’entraînement

            Un mois avant la date de début des Jeux, les athlètes, sous la surveillance des hellanodices (les juges) et accompagnés de leur entraîneur, de leurs amis et de leur famille, s’exercent dans ce que l’on pourrait qualifier de « village olympique », à Elis. Ils ont des conditions d’entraînement particulièrement favorables. Ils sont sélectionnés par leur cité, mais les hellanodices vérifient également qu’ils ont le niveau requis.

            3/ Le programme des Jeux

            Malgré d’inévitables changements en mille ans, il est possible de donner un aperçu de l’ordre des épreuves et les festivités qui jalonnent les six jours (mais le nombre de jours aussi a varié) des Jeux en se basant sur une période de référence, aux alentours de l’an 300 avant J.C.

            a/ Le premier jour

            La procession des pèlerins arrive à Olympie par la voie sacrée. L’atmosphère autour du site ressemble à celle d’une vaste foire, avec ses commerçants, ses visiteurs qui campent sur les rives de l’Alphée, les peintres et les sculpteurs qui vendent leurs œuvres, les lectures publiques d’ouvrages littéraires etc… Pour éviter les débordements, la police d’Olympie veille : ce sont les Alytes, munis de longs fouets.

            Ce premier jour est marqué par le serment des athlètes dans le Bouleutérion, devant la statue de Zeus Horkios, sur les entrailles d’un sanglier : ils jurent de respecter le règlement. Celui-ci stipule que :

-         Sont exclus des Jeux Olympiques : les esclaves, les barbares, les repris de justice, les sacrilèges, les citoyens des cités qui n’ont pas acquitté leurs amendes (même les Romains n’ont été admis à concourir que lorsque la Grèce est devenue province romaine).

-         Tous les concurrents doivent se faire inscrire à l’avance, dans les délais légaux, accomplir un stage d’un mois à Elis et prêter serment.

-         Défense absolue aux femmes mariées de se montrer dans l’Altis ou les champs de course (stade et hippodrome) pendant la durée des Jeux.

-         Lors des courses ou exercices du stade, les entraîneurs se tiendront entièrement nus dans une enceinte particulière.

-         Défense de tuer son adversaire, volontairement ou non, à la boxe et au pugilat, sous peine d’amende et de disqualification.

-         Défense d’intimider son adversaire, de le pousser, de le soudoyer, de recourir à aucune manœuvre déloyale.

-         Sera fouetté de verges quiconque cherchera à corrompre les juges ou manifestera contre eux en public.

-         Tout concurrent mécontent de la décision des juges peut en appeler au sénat olympique.

Toute infraction au règlement pouvait être punie de mort (pour les femmes mariées) ou d’une amende plus ou moins importante. La famille de l’athlète et la cité qu’il représente sont solidairement responsables de la somme à acquitter. A propos de l’interdiction pour les femmes mariées d’assister aux Jeux (même si elles sont propriétaires de chevaux inscrits à une course), on raconte une anecdote : Kallipateira s’était déguisée en homme (en entraîneur) pour suivre son fils. Découverte, elle n’a pas été condamnée à mort car elle était fille, sœur, tante et mère d’Olympionique. On dit aussi que c’est à partir de cet épisode qu’il a été fait obligation aux entraîneurs et aux gymnastes d’entrer nus au stade pour que pareille mésaventure ne se reproduise pas !

            De leur côté, les hellanodices (« juges des Grecs ») jurent de juger les épreuves en toute impartialité. Il semble qu’il y ait eu peu de tricherie ou de corruption, en particulier tant que la dimension religieuse des Jeux  resta importante.

            Cette journée, consacrée aux rituels religieux, se termine par un sacrifice et des libations au tombeau de Pélops (Pélopéion), c’est-à-dire l’ancêtre des conducteurs de char.

            b/ Le deuxième jour

            La journée débute par une procession et un sacrifice sur les autels de l’Altis : il faut mettre les épreuves sous la protection des dieux, et notamment le premier d’entre eux, Zeus. Ce premier jour de compétition est consacré aux courses de chars, en souvenir de Pélops.

On commence par les courses de quadriges (quatre chevaux) puis de biges (deux chevaux) et enfin les courses de chevaux montés. A une époque, il y a eu des courses de mules. Toutes ont lieu à l’hippodrome.

Le reste de la journée est consacré au pentathlon, au stade. Trois épreuves sont spécifiques au pentathlon : le lancer du disque, le saut en longueur et le lancer du javelot ; la lutte et la course étant des épreuves également disputées en tant que spécialités.

c/ Le troisième jour

C’est la journée des épreuves de lutte et aussi des athlètes massifs, largement avantagés par leur poids à une époque où il n’y a que des catégories en fonction de l’âge et non du poids. Ces épreuves se déroulent  au stade :

-         la lutte ;

-         le pugilat ;

-         le pancrace.

d/ Le quatrième jour

Il coïncide avec la pleine lune et est donc particulièrement sacré. Le matin, une procession emmène les délégations officielles des cités, les magistrats, les prêtres, les hellanodices et les athlètes au Prytanée vers le grand autel de Zeus. Une hécatombe (sacrifice de cent bœufs) est offerte par les habitants d’Elis à Zeus. Les cuisses sont brûlées sur l’autel ; quant aux autres morceaux, une fois rôtis, ils sont partagés entre les pèlerins.

L’après-midi ont lieu les épreuves des jeunes athlètes de 17 à 19 ans : course simple (stade), lutte et pugilat.

e/ Le cinquième jour

C’est le jour des courses au stade. En procession, les athlètes, les magistrats et les hellanodices se dirigent vers le stade.

f/Le sixième jour

C’est le moment de la distribution de toutes les récompenses. Il n’y a pas de deuxième ou de troisième places : seul le vainqueur est couronné. L’olympionique (vainqueur) reçoit une couronne de l’olivier sacré ; son front est ceint d’une bandelette de laine. Après des sacrifices dans l’Altis, la procession va vers le temple de Zeus. A l’entrée de celui-ci, le héraut donne le nom des olympioniques auxquels les hellanodices remettent la couronne. Puis la procession va au Prytanée pour un banquet. Le nom des olympioniques est gravé sur le catalogue officiel dans le gymnase. L’athlète vainqueur dans une discipline aux quatre Jeux panhelléniques consécutifs (Olympie, Delphes, Corinthe et Némée) est appelé « périodonique » (la période désignant la durée de quatre ans pendant laquelle se déroulent ces quatre Jeux).

4/ Le retour

Bénéficiant encore de la trêve sacrée, pèlerins et athlètes rentrent dans leur cité. L’athlète vainqueur ne rapporte qu’une couronne mais il offre aussi la gloire à sa famille et à sa cité. Il n’est donc pas étonnant que ses concitoyens lui accordent des privilèges honorifiques et financiers. On abat une partie des murailles de la cité pour faire entrer son char, on lui offre des banquets…. Il offre sa couronne à la divinité protectrice de la cité.

V/ LES EPREUVES

            Pour chaque épreuve, les concurrents sont répartis en fonction de l’âge : enfants, jeunes gens, hommes. Chacun peut concourir dans une catégorie supérieure : il y a de nombreux exemples de victoires remportées par un candidat dans deux voire trois catégories différentes pour la même épreuve lors du même concours. Même pour les épreuves de lutte, les concurrents sont classés en fonction de leur âge et non de leur poids, ce qui avantage très nettement les « poids lourds ».

Les épreuves de courses sont considérées comme les plus prestigieuses. Il n’y a pas de notion de record, ni du point de vue du temps, ni de la distance ni du poids. De toutes façons, pour les courses, il n’y a pas de chronomètre. Seule compte la première place. On ne peut comparer les performances d’une olympiade à l’autre (et parfois même d’un concours à l’autre puisque les distances ou le poids du disque ne sont pas forcément les mêmes à Olympie et à Delphes par exemple). Quand on compare deux champions, c’est pour le nombre de victoires et non pour des records. L’athlète grec ne se mesure ni au temps ni au poids ni à la distance mais à autrui (c’est précisément ce que signifie le mot « agôn »). Cet esprit de rivalité a son reflet dans l’effort des cités pour offrir au sanctuaire les édifices ou les statues les plus remarquables. 

1/ Les courses de char

La course de chars à deux chevaux (biges) est déjà présente chez Homère : c’est l’épreuve choisie par Achille pour les Jeux funéraires en l’honneur de son ami Patrocle.

« Tous en même temps sur leurs chevaux levèrent le fouet, les frappèrent avec les rênes. Impatients, ils donnaient de la voix et leur parlaient. Et les chevaux promptement d’aller au bout de la plaine, s’éloignant des nefs avec rapidité. Sous leur poitrine, la poussière se dressait, soulevée. C’était comme un nuage ; c’était comme une tempête. Leurs longs crins s’agitaient parmi les souffles du vent. Les chars tantôt s’approchaient de la terre qui tant d’êtres nourrit, tantôt bondissaient dans les airs. Les conducteurs étaient debout sur leur  plate-forme, et, dans leur désir de la victoire, chacun avait le cœur qui cognait. Et chacun d’exhorter ses chevaux, et ceux-ci de voler à travers la plaine, soulevant la poussière. »

Homère, Iliade, chant XXIII

Les courses de chars à quatre chevaux (quadriges) se déroulent sur une distance représentant 12 000 mètres ; les chars font vingt tours. Au passage de la borne, les collisions sont fréquentes et rendent les courses dangereuses. La première course de chars, dont Pélops est vainqueur, est représentée sur le fronton est du temple de Zeus. Pour les courses de chevaux montés, les jockeys montent à cru et sans étriers.

Les courses de chars, et c’est déjà le cas chez Homère, sont pratiquées par l’aristocratie. Ce sont les propriétaires de chevaux (les plus riches) qui sont couronnés, et non les auriges (les conducteurs) qui portent simplement une bandelette de laine sur le front (cf la statue de l’aurige de Delphes). C’est la seule épreuve olympique où une femme peut être couronnée, en tant que propriétaire de chevaux.

2/ Le pentathlon

Comme son nom l’indique (« penta » (penta ) signifiant : « cinq »), il est composé de cinq épreuves :

-         le lancer de disque : le disque (d…sko$- diskos ) en bronze pèse environ deux kilos et mesure environ 20 cm de diamètre ; l’athlète se frotte les mains de sable et lance le disque avec un mouvement de rotation ; il a droit à trois ou cinq essais ;

-         le saut (p»dhma - pèdèma) en longueur : il se pratique sans élan ; l’athlète utilise des haltères de deux kilos pour faciliter sa propulsion ; on ne sait pas s’il s’agit de double ou de triple saut ; (En savoir plus sur cette technique bizarre de saut)

-         le lancer du javelot : la pointe du javelot (¢kÒntion - askontion) est en bronze ; il mesure entre 1m80 et 2m ; il est propulsé à l’aide d’une lanière enroulée autour de la hampe après quelques pas d’élan ;

-         la course simple : st£dion ou drÒmo$ (stadion ou dromos) sur 192 m environ ;

-         la lutte :  sans doute oppose-t-elle les meilleurs concurrents du pentathlon.

Personne ne sait exactement comment est désigné le vainqueur du pentathlon. Peut- être les quatre premières épreuves servent-elles d’éliminatoires pour la dernière, c’est-à-dire la lutte. C’est à l’issue de celle-ci que la victoire est décernée.

3/ La lutte à main plate (p£lh – palè, qui a donné son nom à la palestre)

Les concurrents tirent au sort (on dit que c’est la main des dieux qui choisit) dans une urne en argent pour former des paires qui vont s’affronter jusqu’à la finale. En position de départ, les deux athlètes sont tête à tête, la jambe d’appui en arrière.

4/ Le pugilat (pÚgmh - pugmè)

Les pugilistes portent des lanières en cuir autour des mains et des avant-bras pour se protéger mais aussi pour blesser l’adversaire. Le pugiliste est souvent reconnaissable à son nez cassé, à ses oreilles « en chou-fleur » et à ses cicatrices. C’est le poing droit qui frappe, le gauche servant à se protéger.

5/ Le pancrace (pagkr£tion - pancration)

C’est un mélange de lutte et de pugilat. Les pancratistes ont les mains et les pieds nus ; ils combattent sur un sol mouillé et boueux. Tous les coups ou presque sont permis. Le combat est continu et sans limite, tout comme le pugilat. L’arbitre arrête le combat lorsque l’un des adversaires lève un ou deux doigts en signe de défaite.

6/ La course au stade

Il y a quatre types de courses :

-         le stadion : cela correspond à une longueur de stade, c’est-à-dire environ 192 m ; c’est la course la plus attendue, celle qui est présente depuis le début ; le vainqueur donne son nom à l’olympiade ; le premier vainqueur de toute l’histoire des Jeux est Koroibos ;

-         le diaulos (d…aulo$) : un aller-retour donc deux fois 192m ;

-         le dolichos (dÒlico$) : c’est une course de fond d’environ 4000m ;

-         l’hoplitodromos (Ðplitodrom…a) : c’est une course en armes (casque, jambières, bouclier en bronze) sur 400 m ; c’est une course introduite tardivement, vers 520 avant J.C. ; peut-être s’agit-il d’honorer les soldats (hoplites) qui défendent les cités.

Les courses sont les plus anciennes disciplines des Jeux. De nombreux concurrents ont réussi à remporter  deux épreuves différentes lors de la même olympiade, par exemple le stadion et le diaulos. Pour chaque épreuve de course, les athlètes accèdent au stade en passant par un tunnel (la cryptè). Ils prennent position sur les sillons de la ligne de départ ¥fhsi$ » - « aphésis »), le corps légèrement penché en avant. Ils obéissent aux mêmes ordres qu’aujourd’hui : « pÒda p£ra pÒda » - « poda para poda » (« à vos marques ! »), « œtime » - « etimi »  (« prêts ? »), « ¤pite » - « apité » (« partez ! »). Ils courent jusqu’à la ligne d’arrivée (« tšrma » - « terma »).

VI/ LES ATHLETES

            1/ L’origine sociale

            Conformément à leur serment devant la statue de Zeus  Horkios, les concurrents doivent êtres Grecs, libres et exempts de toute condamnation. Tous les jeunes Grecs libres vont s’exercer à la palestre, mais l’athlète de concours représente une élite. Au départ, il appartient d’ailleurs à l’aristocratie ; à partir du V° siècle avant J.C., surtout dans les disciplines de combats, de plus en plus de paysans ou d’artisans se présentent aux Jeux Olympiques. Peu à peu l’aristocratie ne participe plus qu’aux courses de chars : elle confie ses chars à un aurige. L’athlète représente sa cité, solidaire avec lui dans la gloire ou dans le déshonneur en cas de tricherie.

            2/ L’entraînement

            Le pédotribe (maître de gymnastique ou entraîneur) repère à la palestre les meilleurs éléments. Il forme les athlètes, les conseille, veille sur leur technique (le but impératif étant de joindre la beauté à l’efficacité du geste), leur inculque la résistance morale. On le reconnaît sur les bas-reliefs et les vases à son long bâton.

            Les athlètes professionnels sont également entourés de masseurs, médecins etc… On réfléchit déjà à la meilleure diététique pour améliorer les performances. La viande est souvent au menu : certains conseillent même de manger de la chèvre pour sauter plus loin !

            La vie des athlètes est difficile, comme le rappelle le philosophe stoïcien Epictète (début du II° siècle après J.C.):

            « Tu dois accepter une discipline, te soumettre à un régime, t’abstenir de friandises, faire de l’exercice par nécessité, sous la chaleur et le froid, ne pas boire frais, ni de vin quand tu en as l’occasion ; tu dois t’être livré, en un mot, à ton entraîneur comme à un médecin. De plus, dans le combat, tu devras ramasser de la poussière, parfois te démettre la main, te fouler le pied, avaler beaucoup de sable, recevoir le fouet [de l’arbitre] et, avec tout cela, il pourra t’arriver d’être vaincu. Quand tu auras réfléchi à ces choses, si tu le veux encore, prends le métier d’athlète. »

Epictète, Entretiens, III, 15, 3-5

3/ La professionnalisation

 Au départ, les athlètes ne concourent que pour la gloire, pour eux et pour leur cité, en l’honneur de Zeus. Mais peu à peu ils sont pris en charge financièrement par les cités qu’ils représentent. D’autant plus que le programme est chargé : chaque année ont lieu des Jeux panhelléniques : Olympie,  Delphes, Corinthe ou Némée. Il est donc difficile d’exercer une profession en dehors de celle d’athlète. Aux grands concours panhelléniques et où le prix consiste en une couronne (d’olivier à Olympie, de branche de pin à Némée, de céleri  sauvage à Corinthe et de lauriers à Delphes) et appelés pour cela « stéphanitès » (du grec stšfano$ : couronne), s’ajoutent un grand nombre de concours locaux, appelés « chrématidès » car dotés de prix (du grec crh£ta : richesses).

La professionnalisation va entraîner des transferts comme aujourd’hui. Cette pratique entraîne une image négatives chez les philosophes et va à l’encontre de l’amour de la cité. On s’éloigne ainsi de l’idéal olympique.

4/ Des émules d’Héraclès

Les athlètes vainqueurs sont considérés comme des héros, qui ont leur statue dans le sanctuaire,  dont le nom est gravé dans le catalogue des olympioniques et qui sont les sujets de poèmes à leur gloire. Ils sont nourris aux frais de leur cité (au Prytanée à Athènes); certains obtiennent des charges civiques importantes ; tous sont considérés comme des citoyens importants : avoir souffert  tant de peines, avec pour seul prix la gloire, en fait des citoyens modèles et dévoués envers leur cité aux yeux de leurs concitoyens. Certains ont laissé une trace particulière dans les mémoires grâce à leurs exploits, qui les placent au-dessus du commun des mortels.

a/ Milon de Crotone

Entre 540 et 516 avant J.C, il remporte cinq victoires au pancrace à Olympie, six à l’Isthme de Corinthe, dix à Delphes et neuf à Némée. On le compare à Héraclès. Sa mort est tragique et dérisoire : apercevant un arbre dont le tronc fissuré était tenu ouvert par des cales, il a voulu l’écarteler de ses propres mains, mais l’arbre s’est refermé sur lui et l’a emprisonné. Il est mort dévoré par les bêtes sauvages de la forêt. Sa statue était entourée d’une vénération particulière : on lui prêtait des pouvoirs de guérison.

b/ Théagène de Thasos

            Il a été vainqueur au pancrace ou au pugilat à Olympie en 480, 476, et 472 avant J.C., à trois reprises à Delphes, neuf à Némée et dix à l’Isthme de Corinthe. Il a également remporté un très grand nombre de concours locaux : entre 1300 et 1400.

            c/ Léonidas de Rhodes

            Il a été le plus grand coureur de l’Antiquité. En quatre olympiades (entre 164 et 152 avant J.C.), il a remporté douze victoires olympiques en course simple, en course double et en course en armes : c’est exceptionnel pour un sprinter.

VII/ POURQUOI LES JEUX ?

            1/ L’idéal olympique

            Il faut insister sur l’aspect religieux des Jeux : ce sont des cérémonies en l’honneur de Zeus. L’athlète n’est pas qu’un sportif. Ses efforts sont couronnés de succès par la volonté des dieux :

            « Mère des Jeux, où se décernent les couronnes aussi précieuses que l’or, Olympie, Reine de Vérité, où les devins, en interrogeant la flamme des sacrifices, demandent à Zeus, le maître de la foudre étincelante, s’il veut favoriser les hommes dont le cœur brûle du désir d’obtenir une grande victoire et le réconfort des labeurs.»

Pindare, Olympiques (dans une ode dédiée à Alcidéron d’Egine, vainqueur à la lutte)

Tout comme l’artiste ou le poète, l’athlète est habité par l’enthousiasme au sens religieux du terme, c’est-à-dire qu’il porte le dieu en son cœur. Ainsi, grâce à des efforts permanents et à une force d’âme hors du commun, l’athlète peut-il se rapprocher du héros Héraclès. De ce fait les Jeux sont aussi le reflet du culte des Grecs pour la santé, l’endurance et  la beauté physique mais également l’équilibre entre le corps et l’esprit, et la perfection morale. Loin d’être de simples épreuves sportives, les Jeux olympiques ont aussi une dimension spirituelle et morale.

Dès l’origine, Olympie est un lieu de rassemblement des Grecs, au-delà de leurs querelles et de leurs rivalités. A ce titre, on peut dire qu’Olympie est le centre de l’hellénisme. Rivaux en dehors des Jeux, les Grecs ont le sentiment quand ils sont à Olympie d’appartenir à un même peuple et  à une même culture et de partager les mêmes valeurs. Les Jeux sont l’occasion de tisser des liens, de conclure des alliances : Olympie joue un rôle de centre diplomatique.

Cependant tout n’est pas idéal dans le monde de l’olympisme : s’affronter pacifiquement, c’est s’affronter quand même. Ce n’est pas seulement le sentiment religieux qui pousse les cités à embellir continuellement le sanctuaire, mais aussi l’orgueil et l’ambition. Il faut montrer sa puissance aux autres cités. C’est ce que nous dit l’Athénien Alcibiade :

« Les Grecs s’imaginaient d’abord que notre cité [Athènes] était sortie épuisée de la guerre [du Péloponnèse], mais la démonstration éclatante que j’ai faite devant eux aux Jeux Olympiques leur a maintenant donné une idée presque exagérée de sa puissance. N’ai-je pas fait courir sept chars à la fois, c’est-à-dire plus qu’aucun particulier  avant moi ? Et j’ai remporté la première place, ainsi que la seconde et la quatrième et j’ai ensuite fait ce qu’il fallait pour célébrer dignement une telle victoire. Indépendamment de l’honneur qui s’attache traditionnellement à ces choses, le fait d’avoir pu réaliser un tel exploit constitue aux yeux de l’opinion un indice de puissance.»

Thucydide (vers 465 – 395 avant J.C.), la Guerre du Péloponnèse, VI

Cet esprit d’émulation nous vaut un grand nombre de merveilles artistiques (statues, vases, ex-voto etc .. ). Le musée construit à côté du site archéologique témoigne de la richesse artistique du sanctuaire et présente certaines des plus belles œuvres de l’art grec : l’Hermès de Praxitèle, les sculptures des frontons du temples de Zeus, des bronzes, des statues en terre cuite comme celle de Zeus enlevant Ganymède etc … La fameuse statue chryséléphantine de Phidias a disparu.

2/ Les aspects négatifs

La professionnalisation croissante des athlètes s’accommode mal de la gloire purement honorifique. Peu à peu les athlètes sont rémunérés par les cités et deviennent de véritables professionnels. L’exigence morale, le désintéressement et le sens religieux cèdent le pas à l’ambition et à la recherche de récompense (dans les concours locaux, dotés de prix). Cela explique la vision négative que l’on trouve chez certains auteurs :

« Qu’un homme remporte la victoire à la course ou au pentathle à Olympie où se trouve l’enceinte sacrée de Zeus […] ; qu’il soit vainqueur à la lutte ou en pratiquant le rude pugilat ou encore dans la terrible épreuve que l’on appelle le pancrace ; le voilà comblé d’honneurs par ses concitoyens, obtenant dans les concours une des premières places, bien en vue, recevant aux frais de la cité des vivres pour son entretien et des dons accordés à titre de souvenir. S’il est vainqueur à la course de chars, ce sera la même chose, bien qu’il ne me vaille pas absolument. Car notre science vaut beaucoup plus que la vigueur des hommes et des chevaux. Eh bien ! cette façon de juger est tout à fait arbitraire et il n’est pas juste de préférer la force physique aux avantages de l’esprit. En effet, ce n’est pas la présence dans la cité d’un pugiliste, ni d’un homme capable de triompher au pentathle   ou à la lutte, voire à la course –quoiqu’on estime plus la vitesse que la force- bref, d’un vainqueur dans toutes les compétitions masculines des Jeux, qui fera que la cité sera régie par de meilleures lois. Bien faible est la joie qu’une cité peut retirer d’une victoire remportée par un de ses membres sur les rives de Pisa. Il n’y a rien là qui rende opulentes les maisons des citoyens. »

Xénophane de Colophon (fin du VI° siècle avant J.C.), Fragments, Athénée, X

            L’argent finit par l’emporter sur l’idéal olympique. La tendance s’accentue à la période romaine. C’est cependant en tant que culte païen que le sanctuaire est fermé par Théodose Ier en 394 après J.C.     

VIII/ LES J.O. AUJOURD’HUI

            1/ Les Jeux olympiques modernes

            Entre 1875 et 1881, les Allemands entreprennent des fouilles à Olympie. Les découvertes effectuées sur le site remettent les Jeux à l’honneur. Fasciné par l’idéal olympique antique, Pierre de Coubertin fait renaître les Jeux en 1896. Ils ont lieu à Athènes ; treize pays y participent, c’est-à-dire 484 athlètes. Depuis les Jeux changent de ville à chaque fois. Les disciplines représentées sont de plus en plus nombreuses, ce qui rallonge la durée des Jeux. Juste retour des choses, en 2004, c’est Athènes qui accueille à nouveau les Jeux. Pour rappeler la tradition antique, tout vainqueur olympique a la possibilité de séjourner gratuitement dans le village d’Olympie. Par contre la cérémonie de la flamme est une invention moderne.

            2/ L’héritage des Jeux dans le vocabulaire français

            Beaucoup de mots appartenant au vocabulaire sportif proviennent du grec . Certains sont passés directement du grec au français, d’autres l’ont fait par l’intermédiaire du latin. Le sens a pu changer entre temps. Certains mots sont de création récente mais utilisent une racine ancienne.

·        « Gymnase », « gymnastique » et « gymnaste » viennent du grec « gumnÒ$ » -  « gumnos » (« nu », puisque les athlètes pratiquent leur discipline presque nus ; sur les vases et dans la sculpture, ils le sont complètement, mais c’est sans doute plus par souci d’esthétisme -montrer un corps beau et sain- que par souci de réalisme).

·        « Marathon » vient de la plaine de Marathon. Ce n’est pas une discipline olympique dans l’Antiquité. Dans l’épreuve moderne, la distance de 42,195 km  est celle qui sépare la plaine de Marathon d’Athènes et qui est le parcours suivi par Phidippidès pour annoncer aux Athéniens la victoire des Grecs contre les Perses en 490 avant J.C. Une fausse étymologie (la racine –thon n’existe pas) a créé sur ce nom propre d’autres mots comme  « téléthon » pour désigner une longue épreuve, quelqu’en soit la nature et le but, à l’image de la course du marathon.

·        En ce qui concerne le « pentathlon » (de « penta  » - « penta » : « cinq » et de « «qlon » - « athlon » : « épreuve ») , le sens n’a pas changé, sauf en ce qui concerne le contenu des épreuves puisqu’aujourd’hui il comprend le cross, l’équitation, la natation, l’escrime et le tir. On retrouve la racine « athlon » dans des épreuves sportives modernes : « triathlon » (« tri » : « trois »), « heptathlon » («  ™pt£ » - « hepta » : « sept »), « décathlon » dška » - « déca » : « dix »).

·         « Athlète » et « athlétisme » proviennent du mot grec « ¢qlht»$ » - « athlétès » (lui-même appartenant à la même famille que « athlon ») qui a le même sens qu’en français.

·        Le mot « stade » vient du grec « stadion » qui désigne d’abord une distance (600 fois la longueur du pied d’Héraclès) et par conséquent la course d’une distance égale à ce stade, puis la piste où a lieu la course et enfin l’équipement sportif dans son ensemble.

·        Le mot « hippodrome » (de « †ppo$ » - « hippos » : « cheval » et de « drÒmo$ » - « dromos » : « course ») a gardé son sens antique et abrite toujours des courses de chevaux, montés ou attelés. La racine « drome » se retrouve dans des mots français tels que « aérodrome », « vélodrome », « dromadaire » (animal « apte à la course ») ; la racine « hippos » est présente dans « hippisme » ou « hippique ».

·        « Cycle », « bicyclette » (« bi » : « deux ») et « cyclisme » viennent de « kÚklo$ » - « kuklos » : « cercle », d’où « roue ».

·        « Haltère », « haltérophilie », « haltérophile » (de « filo$ » - « philos » : « qui aime ») utilisent la racine grecque « ¡ltÁre$ » - « haltérès », c’est-à-dire « haltères ». 

Isabelle Didierjean, professeur de lettres classiques au collège public Jeanne d'Arc - Orléans.

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